Utopia

  1. Avis

    Le Caire, 2023, la ville n'est plus qu'un géant bidonville exploité par une minorité de familles très riches, retranchées derrière les murs de la colonie Utopia. Dans ce décor désolant, le fils du directeur d'une entreprise de médicaments aurait tout pour être heureux. Une famille, un foyer, des amis, et de l’argent, beaucoup d’argent. Mais dans ce dessin idéal, alcool, sexe, drogue et surtout ennui font aussi partie du tableau. Alors pour faire comme les autres, et pour sortir de sa routine de fils trop gâté par la vie, ce privilégié décide de quitter sa prison dorée pour aller chasser. Mais pour les habitants d'Utopia, ce n’est pas le gibier que l'on traque, mais l'humain, le pauvre, celui dont on pourra ramener un trophée, comme preuve de son acte.
    C'est ainsi qu’avec Germinal, sa petite amie, ils trompent la vigilance des gardes aux frontières de la colonie et se rendent dans le bidonville du Caire, à la recherche de leur proie. Mais tout ne se passe pas comme prévu, et très vite, ils se retrouvent à la merci de Gaber, un jeune homme pauvre, mais riche de ses rêves et de ses lectures.

    Utopia est un roman dur, noir, où l'espoir n’a pas sa place. Par sa vision sombre de l'Egypte de 2023, Ahmed Khaled Towfik nous montre un avenir possible d'un monde où une minorité possède toutes les richesses et piétine sans scrupule le reste de la population. Tout au long du récit, on suit cet évadé d'Utopia, pris au piège dans un monde qu'il ne comprend pas. Malgré l'aide de Gaber, à aucun moment il ne cesse de mépriser celui qu'il considère comme un moins que rien, simplement parce qu'il n'a pas eu la chance de naître du bon côté de la forteresse. Cependant, l’auteur ne tombe jamais dans les clichés habituels, du pauvre méritant face au riche méprisable. Si Gaber est certes plus humain que Germinal et son ami, il n'en est pas pour autant un héros totalement immaculé.
    Au final Utopia est un livre prenant, que l'on dévore rapidement et dont on ressort avec le souffle coupé.

    /5