Misty

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  • 8/10 Samuel Glockenspiel, détective privé à Los Angeles. Sa femme l’a quitté, les affaires mollissent, et sa santé vacille. Il accepte un cas, avec cent mille dollars à la clef. Et ça tombe bien, car il est justement chargé de trouver une mystérieuse clef.

    Avec cet ouvrage atypique, Joseph Incardona rend un hommage appuyé aux romans mettant en scène des détectives privés. À cet égard, Samuel Glockenspiel est sacrément représentatif : malmené par la vie, au physique usé par les épreuves, et toujours en quête d’une affaire qui sera la dernière de sa carrière. Dashiell Hammett et consorts auraient probablement vu en lui un digne successeur. L’intrigue est également soignée, avec des rebondissements prenants ainsi que des scènes marquantes : on se souviendra ainsi longtemps des passages avec les sœurs ennemies, l’une dont les poumons sont emprisonnés dans une geôle métallique, l’autre étant une nymphomane particulièrement inquiétante.
    Alors, Misty est-il une simple marque de respect offerte par Joseph Incardona à ses illustres aînés ? Non, car chez les éditions Baleine, on ne fait jamais rien comme les autres. Ici, l’humour explose à chaque page, dans les situations, les dialogues, les multiples aphorismes, au point que l’hommage tourne parfois à la caricature amplement maîtrisée. Les clichés ? Ils se bousculent avant qu’eux-mêmes ne soient bousculés par l’écrivain. Les codes du genre ? L’auteur en joue avant de se jouer d’eux puis de les déjouer. Et que dire de ces clins d’œil, comme les interventions de l’écrivain Eddie Bunker, ou encore du personnage de Mongo, le célèbre limier nain issu de l’imagination de George C. Chesbro ?

    Ce livre démontre à la fois la créativité débridée de Joseph Incardona ainsi que ses profondes amours pour ce genre autrefois en vogue. Et de cette coexistence entre parodie et considération, naît un très bon moment de lecture, décomplexé et surprenant.

    30/06/2013 à 09:51 El Marco (3225 votes, 7.2/10 de moyenne)