Une Île sous le temps

Depuis cinq ans, l’île avait obtenu un statut d’autonomie qui la rendait maîtresse de son destin intérieur ce qui permettait à la bourgeoisie locale d’organiser la société dans le sens de ses intérêts. Les chefs nationalistes, ceux du moins qui avaient échappé aux tueries jalonnant la phase d’accession au pouvoir, s’étaient rapidement mis d’accord pour se répartir les places, les postes et les honneurs auxquels sont sensibles les carriéristes de tous poils, en tous lieux, de tout temps. Le rôle envié de président de l’assemblée autonome était revenu à l’avocat vieillissant qui s’était habilement entouré d’une kyrielle de vice-présidences attribuées aux impatients qui jouissaient d’autant mieux de leurs fonctions qu’elles étaient imprécises. Cet aréopage d’anciens combattants en vérité peu glorieux tant la répression fut mesurée à leur égard, avait pris en main l’administration territoriale. L’emploi y était distribué dans la tradition insulaire, en fonction des cercles de famille, des intérêts électoraux ou des dominances locales. La libération nationale et la libération sociale s’étaient limitées à un simple transfert de pouvoir entre les anciens clans et le nouveau même si les nationalistes s’efforçaient encore d’abuser le peuple à l’évocation des symboles patriotiques. Mais, on sentait bien que la situation, devenue de plus en plus fluide, ne tarderait pas à leur échapper.

Non polar

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Soumis le 18/05/2023 par El Marco

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