Dieux et guerriers

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  • 6/10 … ou comment Anthony Horowitz, écrivain majeur de la littérature jeunesse, porte à notre connaissance seize contes issus de tous les âges et de tous les continentes. Au programme : l’énigme du Sphinx, le pittoresque combat de Saint Georges et du dragon, un géant africains aux cheveux presque interminables, l’histoire de Perséphone et la naissance des saisons, Gauvain et le chevalier vert, Polyphème face à Ulysse et ses compagnons, le cruel roi Nidud face à un orfèvre qui prépare une terrible vengeance, un autre épisode du cycle arthurien mettant en scène une femme particulièrement repoussante, une légende amérindienne mettant en scène le dénommé Geriguiaguiatugo (un défi pour le scrabble…), l’un des travaux d’Hercule, Beowulf face au Grendel, l’affrontement de Romulus et de Remus, et enfin le sanguinaire Procuste. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en entreprenant la lecture de ce recueil : l’auteur allait-il mettre en lumière quelques histoires moins connues ? Procéder à une relecture de l’ensemble ? Uniquement compiler ces légendes ? En fait, je trouve que c’est là la principale faiblesse de ce spicilège : il n’a pas de véritable ton. Certaines sont amusantes (Saint Georges, ou encore Polyphème croqué comme un imbécile fini), d’autres m’ont parues sans réel intérêt, si ce n’est de porter un éclairage sur des contrées où les contes et mythes ont fleuri mais dont, nous Français, n’en connaissons que peu (le récit de Geriguiaguiatugo m’a laissé parfaitement froid, celle de Beowulf se lit et s’oublie aussitôt, et celle du géant africain est plaisante mais pas mémorable), et d’autres sont tellement connues que la lecture n’en présente que peu d’intérêt (Romulus, Hercule, Perséphone). Demeurent quelques histoires plus saisissantes, que j’ai vraiment appréciées (Procuste, dont je ne me lasse pas, ou Nidud). C’est un véritable bouquet, au sens formel du terme, avec des récits qui ne se ressemblent pas, ont le mérite de divertir, mais dont je n’ai toujours pas saisi la raison de leur présence ici. Anthony Horowitz les a-t-il appréciés ? Voulait-il nous faire parcourir le monde au gré de ces textes ? Parce que sinon, ils n’ont vraiment rien en commun, que ça soit l’histoire, les ressorts, les morales (beaucoup n’en ont d’ailleurs pas) ou la tonalité. Et le fait qui m’a le plus déçu, c’est que l’écrivain ne fait que les réécrire sans rien leur apporter, au point que ce livre aurait pu être écrit par n’importe qui, même si la langue y est belle et la lecture globale plutôt agréable. Sincèrement, j’aurais beaucoup apprécié une relecture, à la sauce Horowitz, quitte à s’écarter de ces histoires telles qu’on les avait en tête, que ça soit avec des anachronismes, l’humour que l’on connaît chez l’auteur, ou de l’action comme il sait en distiller avec sa série Alex Rider. Bref, une lecture plaisante pour les jeunes auxquels s’adresse ce bouquin, avec de la distraction et un peu de réflexion, mais certainement pas de quoi figurer parmi mes recueils préférés, que ça soit dans le fond ou dans la forme : j’ai plus lu un copier/coller divertissant mais sans âme qu’un ouvrage ayant une véritable personnalité.

    09/04/2019 à 09:04 El Marco (3233 votes, 7.2/10 de moyenne) 1