Le chien de Dieu

  1. Sur les traces de la Bête du Gévaudan

    Alors que les armées de Bonaparte sont en train de piller le Vatican, une poignée d'individus à la fois prêtres et bibliothécaires forme un groupuscule afin de dérober au pillage des manuscrits de valeur. Antonin Fages est l'un de ces rebelles. Le plus grand des hasards fait qu'il entre en possession d'une confession intitulée "Siài lo Calamitat del bon Dieu" – "Je suis la calamité du bon Dieu", écrite par un dénommé Hughues François Du Villaret de Mazan. L'auteur y raconte ses liens avec l'affaire de la Bête du Gévaudan, ce monstre qui massacra entre cent et cent-cinquante personnes de 1764 à 1767. Ce récit captive d'autant plus Antonin Fages qu'il a été lui-même confronté à cet animal carnassier dans son jeune temps. Mais pourquoi tant de gens cherchent-ils à récupérer les aveux de Villaret ? Un secret serait-il tapi sous le récit historique ?

    Cinquième roman de Patrick Bard, Le chien de Dieu est un livre ensorcelant, et ce pour plusieurs raisons. L'auteur s'est servi d'une solide documentation pour étayer sa vision toute personnelle d'un fait historique avéré et reconstituer l'ambiance sombre et tourmentée d'avant la Révolution. Patrick Bard restitue avec fidélité le langage ainsi que les mentalités, peignant un tableau saisissant des lieux et de l'époque. Par ailleurs, la thèse avancée est intéressante et, quoique purement romanesque et empruntant certains postulats déjà adoptés par d'autres spécialistes de la Bête du Gévaudan, apparaît crédible. L'angoisse est extrêmement bien rendue et les personnages, nombreux, composent une galerie captivante. A la croisée des chemins entre œuvre documentaire, polar historique et thriller, le suspense est maintenu jusqu'au bout.

    Le chien de Dieu est donc un opus d'une rare intelligence, passionnant et passionné, instructif et instruit, qui, malgré quelques longueurs dues à l'effort de véracité de l'écrivain, ne pourra qu'emporter l'adhésion du lecteur. Le brillant auteur de La frontière et de L'attrapeur d'ombres est décidément un écrivain à suivre et qui sait parfaitement changer de registre.

    /5