La Mort dans l'algue

  1. La marée était en vert

    Marc Cann, un ami de Léo Tanguy, est retrouvé mort sur une plage de Côtes-d'Armor. Le corps a été retrouvé sous un amas d'algues vertes, et le coupable semble alors tout désigné : Ulva armoricana, le nom de cette fameuse algue tueuse.
    Quelques jours plus tard, c'est une truie que la marée verte amène. Un coup de fil anonyme laisse à penser qu'elle est piégée. Aussi les autorités emploient les grands moyens : hélicoptère, équipe de déminage, etc.
    Il n'en faut pas plus à Léo Tanguy pour tenter de comprendre ce qui se trame du côté de la baie de Saint-Eflamm.

    Pour celles et ceux qui ne le connaîtraient pas, Léo Tanguy est un personnage de fiction créé par Gérard Alle qui fait sa première apparition dans son roman Les jeunes tiennent pas la marée. Journaliste à son compte et libertaire, c'est en quelque sorte le cousin breton du Poulpe cher à Jean-Bernard Pouy, qui connaît bien le Centre-Bretagne et a signé un titre au sujet de l'afflux d'Anglais dans la région, Rosbif sanglant. La collection avait été lancée chez Coop Breizh, avant d'être récupérée par la maison costarmoricaine La Gidouille.
    La quatrième de couverture nous apprend que René Péron est chercheur au CNRS. Après 3-4 pages où, par le truchement d'un article de presse, il nous présente ulva armoricana et les perturbations écologiques apportées sur les côtes bretonnes par cette algue verte, certains lecteurs pourront craindre un instant d'avoir ouvert un guide sur la flore du littoral ou un manifeste écologiste.
    Si l'un des propos de ce roman est sans doute de contribuer à dénoncer les ravages causés par l'agriculture intensive, principale responsable de la prolifération de cette algue invasive et nocive pour l'environnement marin, il ne se résume heureusement pas à cela et se lit avec plaisir.
    On se passionne sans mal pour l'intrigue, peut-être un brin convenue dans certains de ses développements. Mais la sensibilité de l'auteur, son sens des dialogues et le charisme de Léo font qu'on passe un bon moment avec le cyber-journaliste tendance Médiapart. À l'instar de son célèbre collègue octopode, Léo ne lâche jamais l'affaire lorsqu'il s'agit de résoudre une enquête et de mettre sous le feu des projecteurs la poussière que d'aucuns avaient cachée sous le tapis sans aucun scrupule.

    Avec La mort dans l'algue, René Péron propose un honnête roman policier, classique dans sa forme et saupoudré d'écologie, qui répondra assurément aux attentes des amateurs de Léo Tanguy.

    /5