Zanzara

  1. Sortir du quotidien...

    Fred a 28 ans et de l’ambition à revendre. Il écrit pour l’édition web d’un fameux quotidien belge, travaille sans compter ses heures, fréquente une jolie femme mariée et rêve de déterrer le scoop ultime. Celui qui fera de lui le prochain prix Pulitzer ou a minima lui permettra de quitter Le Soir...
    Soir pendant lequel il vit dangereusement, n’aimant rien de mieux que de risquer sa vie dans des paris plus insensés les uns que les autres : prendre le Ring (le périph bruxellois) à contre-sens, se coucher sous un train, se faire électrocuter…
    Cet équilibre précaire va être mis à mal lorsqu’un curieux appel parvient à la rédaction. Un homme, inconnu au bataillon, affirme craindre pour sa vie et demande à se livrer à un journaliste au plus vite. Il ne délivre qu’une seule information : son adresse.
    Seulement, lorsque Fred arrive sur les lieux, rien ne se passe comme prévu…

    On ne présente plus ici Paul Colize, récompensé à de nombreuses reprises pour ses romans enlevés comme Back Up, Concerto pour quatre mains ou encore Un long moment de silence, très beau texte lauréat du Prix Polars Pourpres en 2013.
    Avec Zanzara (moustique en italien), le Belge pique, comme à son habitude, rapidement la curiosité du lecteur. À l’instar de Fred, on n’a alors guère d’autre choix que de vouloir comprendre ce qui s’est tramé. Et ce qui n’était d’apparence qu’un coup de fil que certains de ses collègues auraient sans doute pris pour un canular se révèle être le point de départ d’une (en)quête aussi fastidieuse que périlleuse.
    Le personnage de Fred, un tantinet arrogant, n’est pas spécialement des plus sympathiques, mais on s’attache tout de même à cette tête brûlée et bien faite, qui se révèlera plus tendre qu’il n’y paraît, dans sa relation adultère – au traitement pas inintéressant – comme dans la sphère familiale.
    On soulignera aussi dans cet opus l’immersion réaliste dans le quotidien d’un grand… quotidien (l’auteur s’est rendu dans les locaux du Soir pour documenter son roman).

    Zanzara, sans conteste moins ambitieux qu’Un long moment de silence, pour ne citer que lui, marquera sans doute moins durablement le lecteur. Mais comme le souligne la quatrième de couverture, Paul Colize est avant tout un « raconteur d’histoire », et pour ce qui est de faire tourner les pages à toute vitesse, c’est vrai qu’il sait sacrément y faire.
    On ne voit d’ailleurs pas le temps passer au fil de ces 300 et quelques pages et on en redemande.

    /5