Norbert

308 votes

  • Chambre 507

    J. C. Hutchins, Jordan Weisman

    5/10 Un "petit" thriller divertissant, plutôt fun et bien troussé, avec des personnages intéressants et dont le principal intérêt vient de son flirt très léger avec le surnaturel. Dommage que le potentiel initial de l'intrigue ne soit pas plus exploitée. Si sa fin ouverte (les auteurs avaient peut-être prévu d'en faire une série ?) fera grincer des dents les lecteurs trop rationnels mais ne constitue pas en soi un problème ; ce qui est plus gênant et frustrant vient en revanche du fait qu'un grande partie des questions que l'intrigue avait soulevée sur le passé familial du héros ne trouve au final aucune réponse. Pas inoubliable (loin de là), pas indispensable, mais pas mauvais non plus et assez rafraîchissant.

    06/01/2015 à 07:42 3

  • Drive

    James Sallis

    8/10 Dédié aux grands Ed McBain, Donald Westlake et Lawrence Block, ce bijou, petit par sa taille mais immense par son propos, est un exercice de style particulièrement brillant, en guise d' hommage au roman noir. Rapide, dense et corsé, une écriture sèche et nerveuse : l' idéal pour découvrir l' immense talent de James Sallis. Un régal!

    23/10/2007 à 22:03 6

  • Ils vivent la nuit

    Dennis Lehane

    9/10 Une très belle fresque sur l'Amérique de la Prohibition, avec ses trafics, sa corruption, ses gangsters et leurs organisations, qui n'avaient déjà rien à envier à ceux de la drogue et de ses cartels qui s'installera un peu plus tard. En suivant l'apprentissage puis l'essor de Joe Coughlin, dont les origines irlandaises ainsi qu'un père commissaire de police ne le prédestinaient pourtant pas particulièrement à embrasser à cette époque la vie hors-la-loi, Dennis Lehane dresse avec le talent qu'on lui connait le portrait aussi complexe que fascinant d'un homme qui souhaite vivre comme bon lui semble et refuse les règles que lui impose la société, un homme en quête de libertés, d'aventures et de richesses, mais aussi et surtout en quête d'amour. Et c'est à travers ce personnage éblouissant de Joe Coughlin que Lehane parvient à s'émanciper du simple roman de gangsters pour offrir à ses lecteurs un roman noir aussi ambitieux que réussi. Avec une narration d'une fluidité exemplaire, il déroule un récit parfaitement maîtrisé, puissamment visuel et même étonnamment cinématographique - peut-être trop, diront certains. En effet, il n'y a pas une seule scène dans Ils vivent la nuit que l'on n'imagine pas aisément retranscrite à l'écran.
    Tout comme il n'y a pas un seul chapitre de cet excellent roman noir dont on ne se délecte pas...

    13/09/2014 à 17:35 6

  • L'Etoile du nord

    D. B. John

    9/10 Coup de coeur pour ce polar d'autant plus passionnant qu'il est fondé sur des faits réels et offre une plongée inédite et vertigineuse dans l'enfer nord-coréen.
    L'auteur, journaliste d'investigation, a parfaitement réussi son pari : conjuguer l'immersion et l'information fouillée et précise d'un documentaire, avec le plaisir de lecture et le suspense d'un véritable page-turner. Il permet ainsi au lecteur de se divertir, tout en découvrant les arcanes et les horreurs de l'une des dictatures les plus effroyables de la planète, bien trop méconnue.
    Glaçant, effroyable, captivant et pourtant très documenté, avec des personnages fouillés et bien dessinés aux destins poignants : un grand thriller d'espionnage exceptionnel, intelligent et impossible à lâcher. Une vraie révélation, qui mérite vraiment d'être largement découverte !

    « Les séparatistes ou les ennemis de classe doivent être éliminés sur trois générations. » Kim Il-sung, an 58 du Juche, 1970.

    22/09/2023 à 17:55 6

  • La Médium

    J. P. Smith

    7/10 Le quotidien d'une fausse médium bascule lorsque ses séances de spiritisme commencent à devenir dangereusement réelles. Le scénariste J. P. Smith livre un thriller psychologique hitchcockien aux frontières du paranormal.

    Depuis qu'elle a perdu son mari dans les attentats du 11-Septembre, Kit Capriol se sent proche des morts, comme si elle n'était séparée d'eux que par un infime voile. Pourtant, elle n'entre pas réellement en contact avec eux, contrairement à ce qu'elle affirme à ses clients. Elle qui est comédienne n'a aucun mal à se glisser dans ce rôle de médium qu'elle s'est inventée pour tenter de joindre les deux bouts.
    Car courir les castings entre deux cours de théâtre dans l'espoir de décrocher un nouveau rôle ne suffit plus à payer son loyer à Manhattan et, surtout, à régler les factures d'hôpital de sa fille Zooey, tombée dans le coma quatre ans plus tôt en étant témoin d'un accident tragique dans le métro.
    Mais le bouche-à-oreille de ses clients satisfaits a fini par alerter le service de répression des fraudes de la police. L'inspecteur Tony Cabrini va tenter de la prendre en flagrant délit, en soudoyant une vieille femme pour qu'elle vienne consulter Kit à propos d'un défunt imaginaire. Pas évident, car Kit est maline : la première consultation est gratuite, et pour les suivantes elle n'accepte que les dons déposés dans une corbeille. Pas d'échange d'argent de main à main. Par contre, ce qu'elle n'avait pas prévu, c'est que la séance de spiritisme fonctionne : Kit sent une réelle présence et entend la voix d'une femme qui semble vouloir l'avertir d'un danger...

    Si le lecteur ressent de la sympathie et de l'empathie pour Kit, c'est parce qu'elle est marquée par le deuil et la solitude, une solitude que ni l'alcool ni les rencontres d'un soir ne comblent. « Parce qu'elle avait appris que vivre seule - être seule - était presque aussi dur que la mort de Peter. Un adieu qui n'en finissait pas. » De plus, ses séances de spiritisme, si elles reposent sur une arnaque, sont aussi - et surtout ? - pour elle l'occasion d'apporter du réconfort aux famille des défunts, de leur rappeler que les personnes aimées continueront à exister à travers leurs souvenirs. « Ceux que nous aimons sont autour de nous. Ils ne nous quittent jamais. Nous devons nous souvenir et croire. C'est ce qui les attire vers nous. La fidélité et la mémoire. » Un mantra qu'elle répète à ses clients - peut-être qu'elle-même aurait aimé l'entendre dans les moments les plus difficiles - et dont elle a fini par se convaincre.

    Lorsque le paranormal va surgir dans sa vie et bousculer son quotidien, Kit baigne déjà dans un sentiment d'irréalité diffus mais troublant que J. P. Smith parvient parfaitement à retranscrire, et dans lequel il immerge le lecteur dès les premières lignes : « Je réunis quelques informations sur les défunts et j'improvise. Et la plupart du temps, les gens me croient. Parce que c'est ce qu'ils veulent entendre. Sauf qu'il s'est passé quelque chose. Maintenant je communique vraiment avec les morts. Et je pense qu'ils sont en train d'envahir ma vie. » Kit est réveillée la nuit à heures fixes, entend quelqu'un jouer sur le piano qui est pourtant resté fermé depuis que sa fille est à l'hôpital. Tout en croyant devenir folle, elle tente désespérément de conserver un quotidien normal, entre les visites au chevet de Zooey et les castings. « Je galère depuis trop longtemps. Et je suis seule depuis presque autant de temps. Je tourne en rond et ce n'est pas bon pour la tête. » La rencontre un soir dans un bar de David Brier, un homme charmant qui lui plaît et lui explique que lui aussi a perdu sa femme quelques années plus tôt, va t-elle lui permettre de se raccrocher à une réalité qui, pourtant, semble se déliter peu à peu ? Mais qui est David ? Cherche t-il vraiment à l'aider ?

    Si, à travers le personnage de Kit, J. P. Smith parle du deuil et de la solitude qu'il peut entraîner, il parsème son texte de mystères et de faux-semblants et se joue avant tout magistralement du lecteur, qui ne sait plus qui croire et échafaude les hypothèses les plus folles. La citation de Sueurs froides de Hitchcock en exergue de son roman annonce la couleur et, du début à la fin, La Médium ne cesse de naviguer entre suspense psychologique, roman noir, surnaturel et thriller domestique, en évitant habilement les habituels travers de chaque genre. Et si la fin peut éventuellement déstabiliser les plus rationnels, voire dans une certaine mesure décevoir les autres avec une conclusion fataliste un peu moins fracassante que prévue, elle est pourtant parfaitement cohérente avec l'ensemble du texte. « Si on feuillette le livre des morts, on voit bien sur les photos qu'aucun d'entre eux n'est prêt. Ils sont tous au bord d'autre chose : ils font des projets, échafaudent des combines, espèrent, croisent les doigts. Sourient, agitent la main, sirotent un cocktail sur une plage appelée Paradis. Et puis un beau matin tout s'arrête. »
    Un thriller addictif et troublant qui sort des sentiers battus.

    13/05/2023 à 17:27 6

  • Le Manuscrit inachevé

    Franck Thilliez

    4/10 Ca faisait un peu plus de 10 ans que je n'avais pas lu de Thilliez et, après avoir délaissé le polar - et globalement la fiction - pendant 3 mois, je m'étais dit que reprendre la lecture avec un de ses romans me remettrait le pied à l'étrier. J'avais donc acheté son nouveau roman, Il était deux fois, mais comme plusieurs lecteurs de PP conseillaient de lire d'abord Le Manuscrit inachevé, j'ai joué le jeu en me lançant dans ce dernier. Verdict : déçu. Certes je l'ai lu vite et sans ennui, mais je n'ai été ni passionné, ni "transporté" ou "chamboulé" par ce récit.
    La première raison est que si le roman est effectivement un bon page-turner, ce n'est malheureusement pas grand-chose d'autre. Le principal inconvénient est l'absence d'émotion pour le lecteur. Certes, la mécanique du "tourneur de pages" est plutôt efficace et on a envie d'arriver à la fin pour connaître le dénouement mais, entre-temps, niveau émotion - peur, anxiété, joie, tristesse, mélancolie, bonheur ou autres - l'encéphalogramme reste désespérément plat. Les personnages sont tous assez creux, stéréotypés, voire interchangeables, et par conséquent ne suscitent guère d'empathie.

    Autre déception : celle d'avoir anticipé assez tôt l'identité du coupable. D'autant plus qu'en décodant le fameux incipit du roman, on accède aussitôt au "subterfuge" du dénouement. Subterfuge qui, à force d'avoir déjà été utilisé d'innombrables fois dans le domaine du thriller, en est devenu un cliché.

    Bref, si même la mécanique en elle-même est loin d'être parfaite (invraisemblances et grosses ficelles - comme celles relevées par Hoel), elle fonctionne malgré tout, Thilliez restant un habile artisan. Malheureusement, le fond est absent, le texte n'a pas vraiment d'âme, ne véhicule aucune émotion.
    Les mises en abîme sont bien là, mais ne servent à rien et ne sont pas exploitées pour véhiculer quoique ce soit. Léane étant elle-même auteure de thrillers, on aurait pu s'attendre à une mise en perspective, une exploration de la création, ou au moins à découvrir le quotidien d'un écrivain. Mais non, rien de tout cela : au final, elle aurait pu être boulangère, ou exercer toute autre activité, que ça n'aurait pas changé grand-chose.

    J'ai connu Thilliez meilleur. Je ressors donc déçu de ce thriller un peu trop mécanique et désincarné. Toutefois, je redonnerai bientôt une chance à l'auteur puisqu'il me reste maintenant à lire Il était deux fois.

    30/06/2020 à 18:45 6

  • Leur Domaine

    Jo Nesbo

    9/10 Bon sang, ce roman m'a cloué le bec. J'ai eu l'impression de lire un grand (et gros) roman noir américain, mais qui se déroulerait en Norvège. Et je n'imaginais pas que Nesbo puisse être talentueux à ce point, un conteur hors-pair tout en finesse et subtilité, avec une telle maturité, une telle profondeur d'écriture.
    Leur domaine est à 1000 lieux des enquêtes de Harry Hole, ou d'ailleurs de tout autre thriller, et risque à ce titre d'en décontenancer plus d'un. Il n'aurait absolument pas dépareiller dans une collection "blanche", et Nesbo s'affranchit ici clairement des codes du polar pour se déployer sur le terrain de la littérature dite "générale". "Générale" peut-être, mais en revanche toujours noire. Car s'il a décidé d'explorer le thème de la famille - une famille vivotant dans un petit bourg montagnard en Norvège - et en particulier celui de la fratrie, c'est pour en disséquer un modèle perverti, gangréné.
    Rien avoir ici avec les spécimens tant de fois rencontrés dans le rural noir américain. Pas de dégénérés qui défouraillent aussi vite qu'ils enquillent les litres de bière ou se défoncent à la meth. Au contraire, en évitant les stéréotypes, Nesbo touche à l'universel. Et nous atteint en plein coeur. Amour, loyauté, jalousie, honte, rancoeurs, secrets, vengeance, crime, sacrifice, dévouement, culpabilité, le plus beau comme le plus laid se côtoient et se mélangent dans cette pâte humaine que malaxe Nesbo sous nos yeux pour mieux décortiquer les relations infiniment complexes de ses personnages.
    Ecrit à la première personne du singulier dans une langue aussi fluide que précise, aux dialogues toujours justes, Leur domaine est un roman noir délicieusement immersif qui happe son lecteur dès le début pour mieux le surprendre dès que celui-ci croit en avoir deviné la direction ou percé un secret. Le rythme est lent, le suspense insidieux et le malaise n'hésite pas à pointer dans cette atmosphère toxique de huis clos. Alors oui, il est lent, très lent, mais qu'est-ce que c'est bon, un pur régal ! À tel point qu'en voyant la fin du livre approcher avec appréhension, je faisais tout pour la différer, ralentir ma lecture - ce qui est bien sûr impossible puisque je n'arrivais pas à le lâcher.
    L'étau se referme doucement mais inéluctablement sur les personnages comme sur le lecteur, qui a vraiment l'impression de vivre et d'être littéralement avec eux tellement ce bouquin est immersif et glaçant.
    Un roman noir absolument magistral, proche d'un chef-d'oeuvre moderne. En tout cas, un énorme coup de coeur pour moi, comme je n'en avais pas eu depuis très longtemps!

    10/11/2022 à 19:26 6

  • Monstres à l'état pur

    Miguel Ángel Molfino

    8/10 Porté de bout en bout par une prose limpide et de toute beauté qui parvient à allier précision cinématographique et fulgurances poétiques, Monstres à l'état pur est un roman noir initiatique aussi fascinant qu'envoûtant. Ici, pas d'énigme à résoudre ou d'intrigue au cordeau - celle-ci servant davantage de fil rouge au récit - mais un texte magnétique qui nous fait voyager dans une Argentine méconnue et rurale : « Les épisodes relatés dans ce livre se sont déroulés en 1968 dans la province du Chaco, en Argentine. » Malgré la beauté des paysages, c'est un soleil de plomb qui sculpte ici, avec le dur labeur des terres, des hommes durs, travailleurs, secs comme des lianes. Certains paysans ont pu hériter de ces lopins de terre qui se transmettent de père en fils, uniques moyens de subsistance : c'est le cas du père de Miro. Pour les autres, ceux qui ne sont ni gros propriétaires terriens ni même paysans, seuls les combines et les petits trafics leur permettent de survivre. Confrontés à une police gangrénée par la corruption et capables des pires crimes, mieux vaut avoir la carapace dure. Pour Miro, adolescent solitaire, rêveur et fragile, ce n'est pas un endroit pour vivre. Maltraité par un père aigri par la vie, frustré de ne pas avoir eu un fils digne de lui et capable de reprendre à sa mort la petite exploitation familiale, il ne trouve guère de réconfort auprès d'une mère qui l'aime mais qui a malheureusement fui dans l'alcool. Après le meurtre de ses parents, conscient qu'il va être recherché par la police, il se décide une nuit à faire du stop et se retrouve dans la voiture d'un étrange personnage, Hansen. Celui-ci, trafiquant d'armes, le voit avant tout comme une aide provisoire, un bouclier humain pour la livraison à hauts risques qu'il s'apprête à faire, et dont il se débarrassera ensuite. Mais au fil de la route et des préparatifs à effectuer, il va découvrir peu à peu la personnalité complexe et les multiples facettes de Miro, lequel, de son côté, apprend à goûter à cette nouvelle liberté et à cette nouvelle vie d'aventurier qui s'offre à lui.
    Noir mais lumineux, un roman qui transporte littéralement le lecteur dans une Argentine aussi belle que sauvage, à travers un récit sinueux mais bien agencé qui permet d'en découvrir les plus sombres facettes. À travers une galerie de personnages hauts en couleurs, une atmosphère pleine de contrastes merveilleusement bien restituée et de somptueux paysages, Molfino signe un très beau texte, riche en images fortes et envoûtantes que le lecteur n'est pas prêt d'oublier...

    20/01/2014 à 06:19 6

  • Retour de flammes

    Adrian McKinty

    8/10 Encore un superbe thriller haut de gamme d'Adrian McKinty qui, après "A l'automne je serai peut-être mort" et "Le Fils de la Mort", clôt sa trilogie consacrée au personnage fascinant et dur à cuire de Michael Forsythe. A l'instar des meilleurs films de gangsters américains, l'auteur sait installer une ambiance noire et survoltée et brosser des personnages hors normes et hauts en couleur. L'intrigue, si elle est classique, est un modèle d'efficacité et tient le lecteur en haleine sans aucun temps mort : action, rebondissements, fusillades, situations extrêmes, ça canarde sec dans cette Irlande magnfiquement décrite par McKinty, qui réussit à donner à son récit une profondeur et une atmosphère authentiques, loin des page-turner formatés. Du beau et du grand, très grand polar !
    Définitivement l'un des meilleurs auteurs du genre !

    09/11/2010 à 20:20 6

  • Tokyo

    Mo Hayder

    8/10 Tokyo est vraiment révélateur du talent de Mo Hayder. Ce qui, sous la plume de quelqu' un d' autre, aurait peut-être pu paraître plat et sans intérêt , devient avec elle envoûtant et fascinant. J' ai été captivé par les différents personnages et l' intrigue parfois étrange, autant que par l' atmosphère qui se dégage de cette perle noire. Unique, curieux, puissant.

    21/01/2009 à 22:36 6

  • Tonton Clarinette

    Nick Stone

    9/10 Un thriller envoûtant, une plongée fascinante dans l'enfer haïtien aux côtés d'un héros abimé et dur à cuire particulièrement attachant et bien rendu. L'écriture fluide et très visuelle de l'auteur transporte littéralement le lecteur sur cette île ravagée par la misère et la pourriture avec laquelle on fait connaissance. Dépaysant, instructif, un superbe polar qui vaut autant pour sa description "comme si on y était" de Haïti, sa galerie de personnages forts et fascinants, que par son intrigue captivante et ensorcelante.

    18/03/2008 à 00:16 6

  • Volte-face

    Michael Connelly

    8/10 Plus de 15 ans après la lecture de La défense Lincoln - et après avoir vu le film puis, plus récemment, la série Netflix adaptée du Verdict du plomb -, j'ai eu le plaisir de retrouver autant Connelly que son personnage de Mickey Haller. Et je crois que j'avais fini par oublier à quel point c'est bien !

    Après quelques chapitres d'installation, on se retrouve vite en immersion dans cette affaire et j'avoue qu'après un roman de Grisham un peu mou - mais heureusement bien raconté -, quel régal de se faire embarquer dans un thriller judiciaire aussi haletant ! On vibre avec Bosch et Haller. Avec Mickey qui peut se faire coincer au tribunal par l'avocat de Jessup avec la roublardise dont lui-même faisait preuve lorsqu'il était du côté de la défense. Et qui assiste à la comédie de ce même avocat s'employant à faire passer son client aux yeux des jurés pour un opprimé et une victime du système judiciaire. On ressent leur pression, leurs frustrations et leur tension. Comme eux, on a la même crainte que l'accusé parvienne à duper le jury et être déclaré non coupable.

    Que ce soit pour l'enquête de Bosch et ses filatures nocturnes, ou pour les scènes de prétoire, de la sélection des jurés à la préparation des témoins, ce qui frappe c'est l'expertise absolue de Connelly, la crédibilité impressionnante et le sens du rythme qu'il arrive à insuffler à son roman. Même son dénouement sans happy end est bien amené, et son côté sombre non dénué d'amertume et de questions laissées sans réponses le rapproche encore davantage du réel.
    Avec Volte-face, Connelly prouve qu'il reste un maître du genre et livre un polar de haute volée, d'une efficacité redoutable et d'un réalisme de chaque instant, qu'on a le plus grand mal à lâcher.
    Une chose est sûre : je n'attendrai pas encore 15 ans pour me ruer sur la suite (Le cinquième témoin) !

    24/06/2023 à 20:58 6

  • Amitiés mortelles

    Ben Elton

    9/10 Un thriller original et époustouflant à découvrir d' urgence! Je l' ai dévoré! C' est à la fois sombre, décapant, haletant, osé, sanglant, drôle et ironique, d' une grande fraîcheur, le suspense est terriblement captivant, les personnages irrésistibles, l' intrigue passionnante et les dialogues savoureux. Le style vif et cru de l' auteur fait des merveilles! Par contre, âmes sensibles...

    09/12/2007 à 23:25 5

  • Des noeuds d'acier

    Sandrine Collette

    7/10 Un premier roman réussi avec lequel Sandrine Collette aborde le huis-clos selon l'angle du roman noir, en traitant avant tout de la dépersonnalisation de la victime et de survie. Elle a également l'habileté d'y confronter un personnage peu sympathique, Théo, un ex-taulard condamné pour avoir quasiment réduit son propre frère en bouillie après que celui-ci ait séduit sa fiancée. Un pari audacieux, car jamais ce personnage principal ne réussira à susciter durant son calvaire beaucoup d'empathie de la part du lecteur. Malgré une écriture parfois un peu plate, elle réussit à planter un décor et une situation crédible et glaçants. Seules la rapidité et la facilité apparentes avec lesquels son personnage se soumet et abandonne toute tentative de révolte ou de fuite sont assez déconcertantes, avec pour résultat une progression dramatique du récit qui semble un peu trop courte, comme amputée d'un dénouement qui aurait pu faire culminer la tension. Malgré cela, le découpage serré du texte et sa relative brièveté facilitent et accélèrent sa lecture. Bien que captivant et globalement bien mené, on peut toutefois être un peu déçu de constater qu'une fois la dernière page tournée, ce premier roman prometteur se révèle au final un peu trop "court en bouche", et qu'il n'ait pas ancré davantage de sensations, d'images, de souvenirs et d'émotions dans l'imaginaire du lecteur.

    20/01/2014 à 03:15 5

  • La Maison des absents

    Tana French

    9/10 Tana French a un talent formidable, une plume envoûtante qui cisèle la psychologie de personnages pour lesquels on éprouve une totale empathie, vivant leurs déceptions, leurs chagrins, leurs blessures. J'ai retrouvé ces mêmes sentiments de mélancolie, d'inéluctabilité qui m'avaient tant subjugué à la lecture de son premier roman, mais ici avec une fin asphyxiante de noirceur, comme une lente agonie, et l'impression que chacune de mes tripes passaient les unes après les autres à la moulinette.
    Tana French signe un roman noir et psychologique d'autant plus poignant qu'il illustre avec intelligence et subtilité l'un des fléaux de notre époque marquée par la crise. Une tragédie d'un réalisme vertigineux, à la conclusion quasi insoutenable.

    01/11/2013 à 00:37 5

  • Le Dahlia Noir

    James Ellroy

    10/10 Une puissance d'évocation rare, des personnages poignants qui crèvent le papier, un grand chef-d'oeuvre du roman noir.

    03/11/2007 à 15:00 5

  • Le Droit au pardon

    John Grisham

    6/10 6,5. Le droit au pardon est donc le premier roman de John Grisham que je lis. C'est donc délicat, pour ne pas dire inapproprié, de juger un auteur ou son oeuvre en n'ayant lu de lui qu'un seul titre. Pourtant, je ne pense pas trop me tromper en disant que Le droit au pardon n'est probablement pas son meilleur roman.
    En effet, pour moi la plus grande surprise de ce roman, c'est justement le fait qu'il en est totalement dépourvu ! Ce gros pavé de 560 pages (en grand format) décrit dans les moindres détails la préparation d'un procès où la peine de mort est demandée par le procureur à l'encontre d'un adolescent de 16 ans qui a tué le compagnon de sa mère, un alcoolique - violent et menaçant avec eux - qui était surtout un adjoint au shérif très respecté. Son avocat Jack Brigance se voit confier l'affaire par le juge, alors même qu'il sait qu'il va se mettre la petite ville où il vit à dos. Il va même devoir s'endetter pour couvrir les frais d'un procès de cette envergure, alors qu'il sait que son client et sa petite famille ne pourront pas le payer et que le dédommagement prévu par l'Etat n'excède pas... mille dollars.

    Et pourtant, la seconde surprise de ce roman est que, malgré le fait qu'il en soit dépourvu, je ne me suis pas ennuyé pour autant à sa lecture ! Et c'est là, je pense, le grand talent de Grisham : celui d'être incontestablement un véritable raconteur d'histoire. Malgré son côté très américain et formaté, sa grosse mécanique très (trop ?) huilée, ses personnages presque manichéens, il a le don pour embarquer son lecteur. Un talent de conteur qui m'a rappelé un autre grand auteur américain de polars vivant au Mississippi, hélas bien moins connu que Grisham : Greg Iles (auteur notamment de la superbe trilogie du Mississippi - Brasier noir, L'Arbre aux Morts et Le Sang du Mississippi -, et de l'excellent Cemetery Road).
    Et c'est lorsqu'on arrive enfin au procès (qui ne dure pas plus de 100 pages, en fin d'ouvrage), avec les joutes entre procureur, témoins, avocat et juge, qu'on entrevoit la maestria de l'auteur, son expertise et son habileté pour recréer toute la tension psychologique d'un procès d'envergure, avec la bataille entre l'accusation et la défense. Pourtant, là encore, aucune surprise et aucun gros rebondissement.
    Bref, si j'ai été malgré tout captivé jusqu'à la fin, c'est avant tout grâce au savoir-faire indéniable de Grisham, à son don de conteur, plutôt qu'à son intrigue - plutôt plate et routinière. Preuve que, visiblement, même le moins bon des Grisham reste encore supérieur à beaucoup de titres de la (sur)production actuelle de polars. Tout simplement parce que la mayonnaise prend et que, même si elle paraît un peu fade, ça reste quand même pour moi l'essentiel.

    20/06/2023 à 20:40 5

  • Les Chiens de Belfast

    Sam Millar

    6/10 Première enquête de Karl Kane, privé à Belfast, personnage attachant et bourru, spécialiste en réparties cinglantes, en butte avec les autorités - et particulièrement la police - dont il soupçonne la corruption, ce qui va d'ailleurs lui être démontré ici à un niveau encore jamais vu.
    Un roman rythmé, qui alterne les points de vue à l'aide de courts chapitres, traversé d'éclairs de violence brutale mais aussi éclairé par l'humour noir et les dialogues savoureux de Sam Millar.
    Du pur hard-boiled version irlandaise qui, malgré quelques petites imperfections au niveau de l'intrigue vers la fin, tient le lecteur en haleine et possède une saveur autrement plus authentique que tant de pâles copies formatées et fabriquées à la chaîne qui envahissent les librairies.

    10/02/2015 à 06:52 5

  • Pierre qui roule

    Donald Westlake

    7/10 La 1ère (més)aventure de John Dortmunder, personnage fétiche de Donald Westlake, spécialiste du cambriolage...et de la malchance! Un régal, c' est terriblement drôle, vif, hilarant, inventif et burlesque!

    22/06/2007 à 14:24 5

  • Polarama

    David Gordon

    8/10 Ne vous fiez pas au comnentaire de l'éditeur en 4 de couverture : ce roman n'est pas "d'un goût douteux", c'est au contraire un bel hommage au genre, et aux "mauvais genres" en général (SF, bit-lit, polars, western, romans de gare, etc) avec une mise en abîme de l'auteur particulièrement intéressante. Les personnages sonnent juste, en particulier notre anti-héros Harry Bloch, que j'espère avoir l'occasion de retrouver si l'auteur a la bonne idée de le remettre en scène dans ses prochains romans.
    C'est en tout cas une très belle découverte, une vraie bouffée d'air frais et un polar qui sort des sentiers battus et se joue des clichés qui lui sont accolés. Et puis, il ne faut pas oublier l'intrigue, maline à souhait, et qui nous accroche littéralement à l'aide d'un suspense redoutable.
    Un polar qui se dévore d'une traite et qui, en plus d'offrir une critique pertinente sur les "milieux littéraires" branchés, donne aussi à réfléchir sur l'utilité et le caractère salutaire de la "littérature de genre". Mais tout ceci entre deux battements de coeur, ce qui n'est pas un mince exploit tant celui-ci est emballé par le rythme que prend l'enquête et ses nombreux rebondissements !
    J'en redemande !

    26/08/2013 à 04:38 5