jackbauer

700 votes

  • N'ouvre pas les yeux

    John Verdon

    8/10 Avec " N'ouvre pas les yeux", John Verdon réussit là où il avait échoué avec "658": il bâtit une intrigue foisonnante et haletante, sans esbroufe, qui, après un démarrage poussif, capte pleinement notre attention. Jusqu'au dénouement assez réussi, il place une fois encore son personnage principal dans une situation inextricable, et sur un détail, remporte l'adhésion.

    09/07/2013 à 21:43 4

  • Où reposent nos ombres

    Sébastien Vidal

    9/10 Qu'il fut bon de m'être immergé Où reposent nos ombres...
    C'est ici que Sébastien Vidal disperse les cendres d'une enfance magnifiée et magnifique, portées par une prose aussi poétique que naturaliste...
    En pleine nature corrézienne, il porte en terre l'innocence évanouie, entre confrontation musclée et expérience traumatisante, pour mieux commémorer ce sentiment aigu de camaraderie qui façonne les plus fortes amitiés...
    On s'attache, et on s'entiche, de ces personnages qui nous ressemblent, qui nous rassemblent...
    Alternance de tranches d'envies adolescentes, et de brusques éclairs de violence enfiévrée, son histoire culmine dans un final de tragédie grecque, qui laisse une drôle de mélancolie au fond des yeux...

    27/12/2022 à 22:26 8

  • Beso de la muerte

    Gilles Vincent

    8/10 Gilles Vincent a ce talent indéniable du raconteur d'histoires qui vous prend par la main, quitte à vous broyer les phalanges et à vous pulvériser les métacarpes... Des histoires à partir desquelles la brutalité des hommes, la noirceur de l'âme et les fardeaux du passé se plaquent sur vos rétines pour composer une chanson de gestes, mélancolique et désespérée, un ciel de traîne dont on guetterait la prochaine éclaircie...
    Ici, le baiser de la mort se donne à pleine bouche, embrassant l'Espagne du franquisme et de Garcia Lorca, embrasant Madrid et Marseille du même feu punitif...
    L'amour à mort, l'amour d'un mort, la ferveur d'une étreinte passionnée et passionnelle, entre envoûtement et déraison, l'essence même du style de Gilles Vincent, à travers cette nouvelle histoire d'une contagieuse exaltation...

    06/11/2016 à 22:38 4

  • Ce pays qu'on assassine

    Gilles Vincent

    7/10 Comme souvent, avec Gilles Vincent, le militantisme affirmé de l'auteur se manifeste dans les combats que s'en vont livrer ses héroïnes...
    J'ai pensé à ces films policiers des années 80, genre " Le Professionnel" ou " I comme Icare", ceux où le héros, en butte à sa hiérarchie, et aux pouvoirs en place, finit par rentrer dans le rang, de gré ou de force...
    Quand la raison d'Etat devient bâillon judiciaire, ses personnages n'ont d'autre choix que de courber l'échine, et plutôt que de sombrer dans une résignation qui colle à l'époque, Gilles Vincent laisse filtrer quelques promesses de meilleur, à l'horizon des prochaines échéances...

    27/02/2018 à 23:46 6

  • Djebel

    Gilles Vincent

    9/10 En prenant comme point de départ l'une des pages les plus sombres de notre histoire contemporaine, les exactions commises durant la guerre d'Algérie, Gilles Vincent choisit de placer l'émotion et l'humain au coeur de son récit... Sébastien Touraine, comme un alter égo du commissaire Sharko, vampirise cette histoire de toute sa détresse et son mal-être, teintant de très noir cette vendetta par procuration...On pense à Thilliez, on pense à Izzo, et pourtant, on ne peut être qu'ébloui par la plume singulière et poignante de l'auteur : " Et dans le ventre de ceux qui regardent un homme pleurer, des chagrins de petits garçons reviennent en mémoire"...Plus qu'une découverte, un véritable coup de coeur...

    05/09/2015 à 14:33 3

  • Hyenae

    Gilles Vincent

    10/10 Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas ressenti ce curieux mélange d'excitation et d'impatience à la lecture d'un roman, qui, paradoxalement, vous tord les tripes et vous régale les pupilles... Une histoire de psychopathe, glauque, terrible, à la limite de l'intolérable, qui, une fois n'est pas coutume, va au bout de ses intentions premières, sans garde-fou, ni restriction aucune; une enquête qui vous plonge au fond de l'abîme, en même temps que son personnage principal...
    Et pourtant, avec Gilles Vincent, la lumière demeure; elle vient même de l'intérieur... De cet amour chevillé au coeur, qui unit ses personnages, de cette humanité qui exsude de tous les pores de leur peau, en contrepoint à la noirceur et à l'infernale succession de coups tordus que le sort inflige à ces paladins éclatants...

    08/09/2015 à 14:40 8

  • Parjures

    Gilles Vincent

    8/10 Ce n'est pas cette première enquête en solo d'Aïcha Sadia qui va me guérir de mon addiction aux polars de Gilles Vincent: un récit tumultueux, ramassé sur quelques dizaines de pages, qui, une fois encore, sait nous rudoyer et nous duper, sans avoir l'air d'y toucher, fort de personnages toujours aussi bien campés, fascinants et poignants...

    11/09/2015 à 21:28 2

  • Peine maximum

    Gilles Vincent

    7/10 Après avoir pris perpète lors de la lecture des premières aventures de Sébastien Tourraine, je replonge volontiers dans l'univers tortueux de Gilles Vincent; chronologiquement parlant, cette première enquête de Tourraine prend sa source, une fois de plus, dans le tissu cicatriciel de notre mémoire collective... Comme à son habitude, l'auteur n'épargne rien à ses personnages principaux, et malgré quelques péripéties saugrenues, parvient à exciter notre curiosité jusqu'au dramatique épilogue...

    17/11/2015 à 16:38 1

  • Trois heures avant l'aube

    Gilles Vincent

    8/10 Après le télescopage, le choc frontal: après s'être souvent servi du passé pour interagir avec le présent, Gilles Vincent pioche dans nos maux les plus immédiats ( pédophilie, délocalisation, fanatisme religieux), pour concocter une histoire gigogne dont il a le secret... La misère du quotidien comme terreau de leurs souffrances, les personnages de Gilles Vincent subissent des choix qui n'en sont pas, agissent en dépit d'un bon sens qui n'a plus cours, pour finir par s'empaler sur leurs rêves brisés, ou leurs ambitions déçues... Son style, les trajectoires biseautées de ses protagonistes, sa géométrie de la prostration, peuvent contrarier les esprits cartésiens, ou froisser les esprits chafouins, mais il sait toucher ce qu'il y a de plus profond en nous, de plus viscéral... Une écriture sur le vif, qui ébranle, pour des récits d'écorchés par la vie...

    09/11/2016 à 23:03 4

  • Usual Victims

    Gilles Vincent

    6/10 De Gilles Vincent, j'avais adoré la trilogie Touraine, et plus particulièrement, Hyenae...
    Ici, malheureusement, j'ai la franchise de dire que je suis passé à côté de l'histoire, ou plus précisément, que je n'ai pas saisi la finalité de celle-ci...
    Une intrigue principale qui manque de clarté, et dont on ne saisit pas véritablement les tenants et les aboutissants, un criminel un peu trop omni(ventri)potent, et surtout, le dernier tiers du roman, qui prend un virage censé nous asséner le coup de grâce, mais qui, moi, m'a donné mal à la tête...
    L'auteur a voulu, à l'instar du titre, renversé les codes, en procédant à un changement de cap sorti de nulle part, et que je suis bien en peine d'interpréter...
    Dommage, car le pitch promettait beaucoup...

    05/05/2022 à 23:36 2

  • Assassins d'avant

    Élisa Vix

    8/10 Assassins d'avant, coupables passés, victimes de toujours...
    La rencontre de deux êtres, meurtris dans leur chair, l'un dont la mère décédée n'a jamais été aussi vivante, l'autre dont le frère, vivant, est aux portes de la mort, l'union contre nature, la rédemption ou le pardon...
    Malgré les thèmes abordés, la narration confortable d'Elisa Vix procure un ravissement de lecture, à la limite de l'euphorie, l'envie féroce de connaître le fin mot de l'histoire, heureux ou malheureux, l'essentiel étant qu'il n'arrive pas trop tôt...
    La fluidité du style, l'étude des caractères qui témoigne d'un intérêt sincère pour ses personnages, qu'elle sait nous rendre empathiques, participent au charme vénéneux de l'ouvrage...
    Le final, qui claque comme un coup de revolver, achève de rendre l'ensemble particulièrement séduisant...

    27/11/2017 à 18:25 10

  • Mirror Bay

    Catriona Ward

    7/10 Le prérequis quand on s'engage dans un roman de Catriona Ward, c'est d'accepter de ne pas suivre un chemin balisé, d'être une grande partie de l'histoire totalement désorienté, se laisser porter et voir où elle veut nous mener...
    Après avoir essayé de lire Sa dernière maison avant les bois, et avoir laissé tomber autant de fois passé les vingt premières pages, j'ai finalement intégré le principe...
    Néanmoins, il faut savoir laisser infuser cette histoire si l'on veut vraiment l'appréhender...
    Une histoire en forme de poupée gigogne, sur la mince frontière entre une amitié toxique et un amour maudit, un Jules et Jim adolescent, un jeu de miroirs extrêmement déroutant, un thriller prétexte à une introspection et une réflexion sur la création littéraire...
    Ce roman, c'est un peu tout ça à la fois ; et c'est avant tout, en ce qui me concerne, cette expérience assez édifiante proposée par l'auteur, le cheminement particulièrement retors de l'histoire, et la trajectoire hantée des personnages, qui m'auront marqué...
    J'ai aussi beaucoup pensé à l'univers de Gillian Flynn, en lisant cette histoire : une parenté dans le style et dans les thématiques abordées...
    Un roman qui reste clivant, et qui ne fera sûrement pas l'unanimité...

    29/03/2024 à 22:35 3

  • Avant d'aller dormir

    S. J. Watson

    6/10 Un pitch alléchant mais une mise en situation trop paresseuse; l'action tarde vraiment à décoller et on peut deviner la fin du roman si on est habitué à ce genre de lecture. Dans un genre similaire, préférez " Hématomes " de M. Mayeras

    22/05/2013 à 22:01 1

  • Angles morts

    Tim Weaver

    5/10 Un thriller lénifiant : l'intrigue ne décolle réellement qu'à partir de la moitié du livre, des personnages auxquels on ne croit pas et un dénouement capillotracté. La première aventure de David Raker ne m'a pas laissé un souvenir impérissable...

    25/06/2013 à 20:56

  • L'Ordre des choses

    Frank Wheeler Jr

    4/10 Une histoire elliptique, traversée de bouffées de violence brute, condition sine qua non au statu quo; pour garantir l'ordre moral et assurer la tranquillité de cette petite ville du Nebraska, le dérèglement est un mal nécessaire, et la bordure entre la légalité et l'illicite tend à s'effriter... D'où le côté borderline du personnage principal...
    Sentiments plus que contrastés à la lecture du roman de Franck Wheeler Jr; engageant, mais rarement captivant, soufflant le chaud et le froid, confiné dans cet entre-deux tiédasse jusqu'au terme de son histoire, j'ai eu du mal à en apprécier la saveur... L'aspect assez brut de décoffrage de la narration, cette espèce de no time's land, qui vous balade d'un moment à un autre sans que l'on s'y retrouve, le manque d'empathie vis-à-vis des personnages, assez nombreux, et pour lesquels on ne vibre jamais vraiment, et les manoeuvres abscons qui président à ce jeu de chaises musicales entre les forces de l'ordre et les narcotrafiquants m'ont rendu la lecture fastidieuse... Tout comme la relation qui s'est forgée entre Earl Jr et Camilla, qui manque de densité et de carnation, et vient comme un cheveu sur la soupe, ralentir le rythme...

    03/01/2017 à 10:05 3

  • La Mort selon Turner

    Tim Willocks

    6/10 Un western qui promettait beaucoup, avec ce personnage de Turner, flic implacable et jusqu'au boutiste, lancé dans une vendetta toute personnelle...
    Malheureusement, après 200 pages plutôt exaltantes, l'épisode du désert vient porter un coup à la crédibilité du récit, transformant Turner en une espèce de Bear Grylls shaolin invulnérable...
    Une séquence difficilement envisageable, que l'on ait le cœur bien accroché, ou pas, tant la mise en place de cette stratégie de survie apparaît tirée par les cheveux...
    De même, les très nombreux atermoiements des différents protagonistes, qui s'interrogent sur le bien fondé de leurs actes à longueur de pages, ralentissent considérablement le rythme de l'histoire, obligeant l'auteur à un final tronqué...
    J'attendais plus de ce livre, surtout après les éloges dont il avait fait l'objet ici même...

    04/01/2020 à 13:58 8

  • Comme une ombre dans la ville

    Nicolas Zeimet

    8/10 Nicolas Zeimet réussit la prouesse d'imposer à son lecteur une expérience sensorielle inédite, à l'image des tourments psychologiques qu'il inflige à son héros; l'impression d'avoir lu une espèce de roman polymorphe, voire métamorphe... Une mosaïque littéraire, comme une addition de trames, dont on ne discernerait le motif qu'après avoir refermé la dernière page...
    Un "ouvrage à personnalités multiples", comme si plusieurs auteurs s'étaient relayés pour produire cet écrit; d'abord, une première partie qui m'a furieusement rappelé du point de vue de l'intrigue, le manga "Erased", de Kei Sanbe, l'histoire de ce mangaka possédant des capacités de chronokinésie... Zeimet parvient néanmoins à insuffler suffisamment de malice et de mystère à son sujet pour ne pas lasser, et échapper à la redite... Puis, avec l'apparition du principal personnage féminin, la sensation de basculer d'un coup dans l'univers d'une Helen Fielding, ou d'un Gilles Legardinier, ces comédies romantiques légèrement loufoques et assez désopilantes, mettant en scène de jeunes célibattantes à la recherche du grand amour
    Le dernier tiers du roman, à glacer les sangs, tranche (!) avec les deux précédents, et Nicolas Zeimet de démontrer son aptitude à détourner les canons du genre, se les approprier, pour mieux nous frapper d'étonnement...

    05/12/2016 à 23:08 3

  • Retour à Duncan's Creek

    Nicolas Zeimet

    7/10 Comme Nicolas Zeimet, lancé sur l'autoroute des souvenirs, choisissez l'itinéraire bis, celui des chemins de traverse et des impasses de jeunesse...
    Au carrefour des ambitions déçues et des amitiés tronquées, empruntez la voie rapide des regrets, sans trop vous y attarder, et tournez en rond, sans vous appitoyer sur vous-mêmes... Continuez toujours tout droit, pour arriver au terminus des désillusions...
    J'étais prêt à prendre la place du mort pour assister à cet émouvant adieu à la jeunesse perdue, et pourtant, je suis resté sur le bord de la route une bonne partie du trajet... La faute à une alternance temporelle, qui dilue le rythme, les moments présents étant clairement en dessous des épisodes passées..
    Des longueurs donc, malgré quelques bons moments, mais surtout le sentiment que, n'ayant pas lu " Seuls les vautours" avant, il me manque quelque chose, un contexte, un environnement, une vue d'ensemble des événements antérieurs à cette histoire, pour réellement m'attacher à cette chronique adulescente du temps qui passe...
    Peut-être que sa plus belle réussite finalement, ait été de me donner envie de rattraper, moi aussi, le temps perdu, comme ses personnages, en me plongeant dans "Seuls les vautours"...

    23/02/2018 à 19:12 4

  • Roma

    Mirko Zilahy

    6/10 Après les réussites Barbato, Carrisi et Dazieri, la Botte trébuche, avec ce thriller austère, aux allures de masterclass pour profilers émérites... Alléchante 4ème de couverture, qui ne tient pas ses engagements... Une atmosphère humide, dans lequel le lecteur patauge, la faute à une intrigue un poil trop didactique, un manque évident d'interaction entre le groupe d'enquêteurs et le tueur, une politique d'évitement, frustrante sur la longueur...
    Sous ce ciel de plomb, viennent percer ça et là quelques éclaircies, comme le profil atypique de ses personnages, dont celui de ce superflic malgré lui, en état de désespérance annoncé, au sacerdoce douloureux...
    Peut-être la raison qui me poussera à donner sa chance au prochain Mirko Zilahy...

    02/04/2018 à 12:45 5

  • Matière noire

    Ivan Zinberg

    6/10 Tout d'abord, je dois reconnaître à ce roman qu'il réunit de solides atouts, pouvant expliquer cet engouement très fort et unanime d'un certain nombre de lecteurs, et de médias, comme en témoigne le bandeau sur la couverture...
    Une très bonne connaissance des procédures policières, un style très immersif, induits par le fait que l'auteur soit capitaine de police dans la vie civile, et qui à le mérite de nous accrocher dès les premières pages, et la décision, à saluer, de faire de St-Etienne un personnage à part entière...
    Mais pour un gros consommateur de thrillers comme moi, je ne souscris pas totalement à cette ferveur passionnée...
    Le principal reproche que je pourrais lui faire étant quand même un déficit de rythme sur la longueur ; pas, ou peu, de rebondissements pour relancer l'intrigue, une investigation presque à la marge pour les deux principaux protagonistes, qui agissent beaucoup trop en retrait(e), à distance, un final peu convaincant...
    Je lui préfère nettement, dans un registre similaire, un Jean-Christophe Grangé, un Laurent Guillaume ou un Olivier Norek, aux styles beaucoup plus incisifs et efficaces...

    05/03/2020 à 22:40 4