De mal à personne

  1. Enfances criminelles

    Lyon, 1920. Un riche industriel, Firmin Dutard, vient d’être poignardé à mort. Deux personnages vont être mis sur l’enquête : le professeur Salacan, qui donne des cours de science criminelle dans le monde entier, et le commissaire Kolvair. Première constatation : le meurtrier est de la taille d’un enfant.

    Deuxième ouvrage de la série consacrée à Salacan et Kolvair après Le Sang des bistanclaques, ce roman est d’une singulière profondeur. Odile Bouhier a brossé des personnages convaincants et crédibles, comme le policier Kolvair, amputé d’une jambe suite à la Première Guerre mondiale, cocaïnomane et amoureux d’une belle aliéniste. Il y a également une belle galerie d’autres protagonistes, souvent traumatisés par le récent conflit, qui errent, défigurés au sens physique ou moral, violentés et violents, victimes ou coupables de trafics. Même si Salacan n’entre que plus tard dans le cœur de l’investigation, ce livre permet aussi de voir les balbutiements de la criminalistique, discipline naissante qui va néanmoins mettre en lumière de nombreux indices dans cette enquête. Avec une cadence effrénée (pour à peine plus de deux-cents pages, l’opus compte soixante-trois chapitres), les épisodes se succèdent, les rebondissements affluent, et c’est vraiment essoufflé que l’on parvient à l’épilogue où se mêlent noirceur et espérance.

    Roman à la puissante charge historique, il n’oublie pas pour autant d’être brillamment construit et écrit. Valant tout à la fois pour son intrigue ténébreuse que pour sa peinture de portraits édifiants, voilà un livre décidément remarquable. A noter que le troisième ouvrage de cette saga, La nuit, in extremis, est paru en avril 2013 et sorti en poche chez 10/18 le 4 septembre.

    /5