Oscar Wilde et le nid de vipères

(Oscar Wilde and the Nest of Vipers)

  1. Crocs acérés

    Lors d’une soirée mondaine à laquelle participent, entre autres, Oscar Wilde et Arthur Conan Doyle, la duchesse d’Albemarle est retrouvée morte. Même si bien des gens tentent de taire l’affaire, et surtout les circonstances de ce décès, le trouble demeure : la jeune femme était à moitié dévêtue, les seins zébrés de coups de couteau, et elle portait au cou deux profondes entailles. Oscar Wilde et Arthur Conan Doyle vont alors enquêter.

    Opus de la série écrite par Gyles Brandreth et consacrée à un Oscar Wilde devenu détective, ce Nid de vipères est une nouvelle réussite. Même si certains lecteurs pourront de nouveau trouver assez tiré par les cheveux – voire irrespectueux de l’Histoire – de mettre un personnage réel dans une situation totalement fictive, il faut reconnaître à l’auteur un talent rare, à la fois de conteur et de scénariste. Les divers protagonistes sont tous brillamment campés, depuis les membres de la cour jusqu’aux domestiques, en passant bien évidemment par l’inénarrable Oscar Wilde, dandy tourmenté, et Arthur Conan Doyle. L’ambiance, les lieux ainsi que les mœurs sont parfaitement retranscrits, rendant d’autant plus vivante la peinture de ce Londres victorien. Gyles Brandreth a imaginé et bâti une intrigue à la fois solide et efficace, avec de nombreux rebondissements, et qui ne s’achève que dans les ultimes pages.
    Par ailleurs, la structure du roman semble beaucoup plus concise que dans les précédents ouvrages. Il y a bien moins de digressions, et le récit nous est rendu à travers des correspondances et mémoires, tous émanant des divers personnages, offrant un rythme plus cadencé à l’histoire. C’est aussi pour le lecteur l’occasion de se familiariser avec les sphères royales, les traitements de l’hystérie, et de fréquenter des individus illustres comme Bram Stoker ou Anton Dvorak.

    Ce Nid de vipères – titre ô combien symbolique – est un polar historique de premier rang. En plus de divertir, il propose au lecteur de côtoyer un Oscar Wilde tonitruant : iconoclaste, empreint d’humour et de gravité, torturé par ses démons intérieurs, auteur d’aphorismes tantôt acides tantôt hilarants.

    /5