Et on dévora leur coeur

  1. L'ombre des malédictions indiennes

    La situation de Samuel Johnson n'est guère reluisante. Après avoir volé cinquante mille dollars à un mafieux, Miguel Beaufort, il découvre son ami tué dans une chambre d'hôtel. Deux tueurs à gages aux trousses, il n'a plus d'autre choix que de s'enfuir vers les montagnes... avant de découvrir un nouveau cadavre près d'un village isolé. Murton Caves est un endroit étrange, où les hommes ne se déplacent qu'armés, les maisons entourées d'une clôture électrifiée, et où domine une curieuse loi du silence. Samuel Johnson va l'apprendre à ses dépens : certains passés ne doivent surtout pas être déterrés.

    Premier ouvrage de Sylvain Blanchot récompensé au Festival de Beaune, Et on dévora leur cœur est un thriller fantastique très prenant. L'auteur est également scénariste, et cela se sent sans peine à la lecture de son œuvre : les chapitres sont habilement menés, alternant les divers points de vue – la vie au village, Samuel, les criminels qui le pourchassent –, au point qu'il est très difficile d'en quitter la lecture. On retrouve avec plaisir des ambiances sombres et tourmentées à la Stephen King, avec son lot de phénomènes inexpliqués, la terreur des protagonistes, l'ambiance lourde de tourments. Par la suite, le roman s'ouvre sur des scènes d'action tonitruantes, très visuelles, avec force courses-poursuites, fusillades et explosions, au rythme échevelé, parfois même trop, ce qui nuit un peu à la crédibilité de l'ouvrage. Le lecteur aura également le plaisir de découvrir une intrigue habile, malgré quelques poncifs, l'emmenant sur les terres de la mythologie amérindienne, avec des accents à la Tony Hillerman ou Kirk Mitchell.

    Et on dévora leur cœur est donc un premier roman de belle tenue, prenant et efficace, auquel on pardonne sans problème quelques modiques péchés de jeunesse. Indéniablement, la plume de Sylvain Blanchot est talentueuse, et on ne pourra que se ruer sur ses prochains romans.

    /5