Belles et putes

  1. L'ange Gabriel (Lecouvreur) passe

    Un juge est assassiné à Toulon à coups de crucifix, un autre est grièvement blessé suite au plastiquage de sa voiture... Tout porte à croire qu'une mouvance sataniste est à l'origine de ces actes terroristes. Gabriel Lecouvreur, également connu sous le sobriquet du Poulpe, se rend sur place et découvre que ces sectaires sont également en pleine collusion avec l'extrême-droite locale. Ça va saigner !

    Cent-soixante-et-onzième opus du Poulpe, Belles et putes ne déroge pas à la règle érigée par l'initiateur de la série, Jean-Bernard Pouy : le ton est alerte et Gabriel toujours prompt à bastonner les fascisants. Les lieux et milieux décrits sont connus de l'auteur, Claude Ardid, qui a signé des œuvres sur l'assassinat de Yann Piat ainsi que sur l'extrême-droite. On ne peut pas dire que le lecteur va manquer d'action : explosions, fusillades, courses-poursuites, etc. Ça dézingue, cartonne et castagne fréquemment. Par ailleurs, le Poulpe affronte des ennemis particulièrement retors, en l'occurrence des séides de Satan, aux idéologies, rites et agissements détonnants : c'est à se demander s'il sait encore où donner du tentacule. Certes, on pourra objecter que le trait est parfois épais au niveau des personnages décrits, des cordes à nœuds font souvent office de ficelles scénaristiques, et certaines situations frisent le burlesque, mais ouvrir un roman mettant en scène Gabriel Lecouvreur, c'est aussi faire un choix, accepter un postulat. On en redemande quand il bousille du malfaisant, et l'appétit presque gamin avec lequel on dévore ses enquêtes est comparable à celui d'un cinéphile regardant une série B caricaturale à certains égards, mais terriblement efficace et détendante.

    Belles et putes constitue donc un ouvrage réjouissant si l'on consent à pardonner la patte parfois un peu lourde de Claude Ardid. Au fil des cent-quarante pages du livre, on passe un bien agréable moment de distraction pure et décomplexée. N'est-ce déjà pas en soi un gage de qualité ?

    /5