Comptine en plomb

  1. Crimes et châtiments à Calais

    En 1965, une série de crimes étranges secoue le Pas-de-Calais : c’est d’abord un éleveur de coqs retrouvé poignardé par une lame hors de prix. Le meurtrier a laissé comme signature une figurine de plomb représentant un soldat de 14-18. Le commissaire Achille Gallois, Pied-noir encore traumatisé et colérique suite à l’abandon de l’Algérie par la France, est mis sur l’enquête. Pour lui, pas l’ombre d’un doute : le tueur ne peut être qu’un notable, sa thèse étant accréditée par le coût de l’arme du crime. Gallois va profiter de cette affaire pour régler ses comptes avec cet Hexagone qu’il exècre et ses bourgeois pour lesquels il voue un très fort ressentiment. Mais l’assassin n’en reste pas là : laissant toujours dans son sillage un soldat de plomb, il poursuit son petit jeu de massacre, sans mobile apparent…

    Après son très bon roman La Gaga des traboules, Philippe Bouin signe un nouvel opus de grande qualité. Il offre au lecteur une galerie de personnages savoureux et grinçants dans une atmosphère du Nord d’après-guerre parfaitement rendue, reposant également sur une documentation solide. Le commissaire Gallois est un protagoniste atypique, rusé, calculateur et en même temps crispé par ses hantises intimes, qui n’a de cesse de bousculer les personnalités importantes au mépris des pressions de sa hiérarchie. L’intrigue est aussi très habile, jouant subtilement sur les non-dits et les faux-semblants, ne déclinant l’identité et les motivations du tueur que dans les dernières pages, au fil d’un récit qui aura ménagé nombre de renversements de situation, et ne lâchant qu’avec parcimonie les indices.

    Au final, Comptine en plomb est un thriller très adroit, concis et marquant, où l’intrigue est aussi exquise que l’ambiance décrite par Philippe Bouin, qui est décidément un auteur à suivre de très près.

    /5