L'instinct de la meute

(The Burning of Rachel Hayes)

  1. Le fantôme de Rachel Hayes

    David Westbrook est un ancien détenu devenu vétérinaire qui tente de redonner un sens à sa vie dans le Michigan. Alerté par l’appel de détresse d’une jeune mère, il porte secours à un gamin tombé dans le fond d’un puits. David découvre dans la cavité deux cadavres d’êtres humains ainsi que celui d’un chien. Le drame semble remonter à 1871, quand un immense incendie avait ravagé la région. Plus d’un siècle plus tard, des drames vont encore se nouer sur ces terres que l’on croyait si paisibles.

    Doug Allyn, l’auteur du remarquable Sombres créatures met de nouveau en scène son personnage fétiche David Westbrook. C’est un plaisir de le retrouver. Broyé par la perte de son enfant, devenu alcoolique et ayant commis l’erreur de lever la main sur un agent de l’ordre, il cherche désespérément à s’établir comme vétérinaire. Sa richesse intellectuelle, son sens de l’humour et son immense humanité avaient largement séduit dans le précédent ouvrage, recueil de nouvelles où il était le protagoniste central. Ici, Doug Allyn lui offre une dimension psychologique encore supérieure puisqu’elle peut s’épanouir au gré d’une intrigue plus longue et homogène. L’écrivain n’a pas son pareil pour dépeindre les paysages somptueux du Michigan comme les portraits des individus auxquels il donne littéralement vie. Et par-delà les hommes, il insuffle une réelle puissance à d’autres personnages : les chiens. David Westbrook accepte de prendre en charge une horde de lévriers abandonnés. Dès qu’ils apparaissent, le lecteur les sent véritablement vivre, penser, s’ouvrir à celui qui les a recueillis. Lentement, d’animaux menaçants et sauvages, ils vont devenir de redoutables alliés, doués d’une bravoure et d’une loyauté déchirantes. L’intrigue est solidement structurée et intelligemment pensée, et c’est avec de lourds soupirs que le livre s’achève.

    Doug Allyn est un écrivain de premier ordre. Avec ses histoires brillantes, ses protagonistes si denses et son sens inouï pour magnifier l’espèce canine, il se singularise avec une élégance et un panache ahurissants. Ayant écrit peu de livres, les occasions de pénétrer son univers si original sont si rares qu’elles ne peuvent être manquées.

    /5