JohnSteed

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  • Debout les Morts

    Fred Vargas

    8/10 La belle et séduisante cantatrice Sophia Siméonidis constate un matin qu’un arbre a été planté dans son jardin pendant la nuit. Elle demande à un homme qui vient chercher un nouveau logement, Marc, quel est ce type d’arbre. Marc, historien spécialiste du Moyen-Age, lui indique qu’il s’agit d’un hêtre. Sophia demande à Marc de vérifier que rien d’illégal ou de compromettant ne se trouve caché sous l’arbre. Aidé par ses colocataires, d’autres potes qui se trouvent également dans la merde, Lucien, historien de la Première Guerre mondiale, Mathias, spécialiste de la Préhistoire et Vandoosler, un ancien flic pourri, Marc creuse et ne découvre rien.
    Le temps passe, permettant aux nouveaux voisins de se connaître et de s’apprécier le temps de soirées en compagnie de Juliette, la patronne du bar restaurant Le Tonneau. Un jour, Sophia disparaît. Son mari, indiffèrent aux événements, ne s’inquiète pas. Sophia a reçu une carte postale d’un ancien amant et fan qu’il est parti rejoindre à Lyon. Mais Alexandra, la nièce de la cantatrice, vient chez sa tante, comme cela avait été convenu depuis plusieurs mois, suite à la séparation d’avec son mari. La disparition de sa tante l’inquiète. Elle ne l’aurait pas laissé à la porte sans la prévenir.

    St Marc, St Luc et St Mathieu, comme aime à les appeler Vandossler, prennent à cœur cette disparition. Ils vont mener l’enquête à leur manière. C’est drôle, cocasse et prenant.
    Une des premières œuvres de la talentueuse Fred Vargas qui, on le sent, a pris autant de plaisir à écrire Debout les morts, que nous, à le lire.

    13/11/2018 à 14:00 7

  • Le Syndrome Copernic

    Henri Loevenbruck

    8/10 Le syndrome Copernic est un syndrome récurrent chez nombre de patients atteints de paranoïa ou de schizophrénie paranoïde : la certitude de posséder une vérité capitale, essentielle, qui les place au-dessus du commun des mortels, mais à laquelle le monde entier refuse de croire.
    Vigo Ravel, diagnostiqué comme atteint de schizophrénie, semble posséder ce syndrome : il est persuadé d’avoir la capacité d’entendre les pensées des autres. En plus, ce pouvoir lui a permis d’échapper à l’attentat perpétré contre la Tour de la Défense, où il se rendait ce 8 août, à 8 heures précises, en visite chez son psychiatre.
    Vigo Ravel souhaite rechercher s’il est vraiment schizophrène. D’autant que tous les éléments semblent lui montrer qu’il n’est pas malade ou alors, au contraire, véritablement paranoïaque : le cabinet Mater et le Dr Guillaume au dernier étage de la Défense n’existent pas. Ses parents sont injoignables et semblent ne pas se dénommer Ravel. Leur appartement a été dévalisé. Vigo pense être poursuivis et traqués par des inconnus.
    Ravel doit alors savoir et connaître qui il est réellement et s’il est véritablement schizophrène à tendance paranoïaque.

    Tous les ingrédients d’un thriller captivant sont réunis : la compassion pour un anti-héro attachant, la belle princesse /amoureuse inaccessible, une intrigue originale, un suspens et un rythme puissant, le complot de l’Etat, …
    Mais Le Syndrome de Copernic aurait pu n’être qu’un simple page turner que l’on dévore pendant un bronzage sur les plages abandonnées.
    Ce qui fait pour moi que le Syndrome Copernic est un livre original et dépasse ceux des auteurs aux millions de ventes, c’est qu’il va au-delà de la recherche de la vérité, qu’il propose plus qu’une quête aux réponses sur la vie de Vigo Ravel.

    A l’instar de son « parrain littéraire » Bernard Weber, Henri Loevenbruck propose avec le Syndrome Copernic une réflexion sur le devenir de l’individu et sur la capacité de l’homo sapiens à s’auto- détruire ou bien à changer pour assurer son existence.

    12/11/2018 à 10:06 3

  • On achève bien les chevaux

    Horace McCoy

    10/10 Le juge vient de demander à Robert Syberten de se lever pour que lui soit prononcé le verdict pour le meurtre de Gloria Bettie. Pendant que le juge lui rappelle les chefs d’inculpation et lui signifie la sentence, Robert se remémore sa rencontre avec Gloria. En revenant des studios Paramount, cet apprenti réalisateur prend en stop cette jeune figurante. Tous les deux, dans l’attente qu’Hollywood leur sourit enfin, se portent candidats pour se lancer dans le marathon de danse afin de remporter le concours doté d’une coquette somme de 1 000 $. Même s’ils ne le gagnent pas, au moins seront-ils à l’abri et nourris. De plus, ils y voient un moyen de se faire repérer par un tas de producteurs et de metteurs en scène qui fréquentent ces marathons.

    Mais le marathon apparaît vite comme un spectacle business s’étirant sur plusieurs semaines au rythme d’éliminations des candidats. Tout est organisé comme une mise en scène pour divertir le public qui y assiste en masse. Il s’avère être une vraie épreuve âpre, dur et sans pitié pour les participants.
    Très vite, Gloria se sent épuisée et n’en peut plus de cette danse qui n’en finit plus. Elle révèle sa vraie personnalité, elle qui regrette « que les gens accordent tant d’attention à la vie et si peu à la mort. Voulez-vous me dire pourquoi tous ces savants à grosse tête n’arrêtent pas de se décarcasser pour essayer de prolonger la vie au lieu de chercher des moyens agréables pour la finir ? Il doit bien y avoir dans le monde une tripotée de gens comme moi, qui ont envie de mourir, mais qui n’en ont pas le courage. »

    N’étant absolument pas amateur de danse et exécrant au possible l’industrie du spectacle (et autres émissions télé-réalités actuelles), j’appréhendais la lecture de ce livre. Mais ces thèmes ne sont que secondaires. L’écriture fluide, composée principalement de dialogues et de réflexions du personnage principal, offre une lecture facile et critique de la société actuelle (n’oublions pas qu’il a été écrit en 1936) et du business spectacle en général. Un classique et chef d’œuvre du roman noir.

    03/11/2018 à 10:43 8

  • La différence

    Charles Willeford

    9/10 Johnny Shaw est en fuite. Il vient d’abattre Oxyd Reardon, un des fils du grand propriétaire du Texas. Il voulait la propriété que son père, un des ouvriers des Reardon, avait acheté en toute légalité. Mais même au far west, c’est pas la loi du plus fort qui fait foi. Alors Johnny Shaw a abattu Oxyd Reardon en toute légitime défense. Enfin, il lui a tiré une balle dans la nuque et puis une balle dans le ventre pour faire croire à la légitime défense. Mais bon, ça fait pas une grosse différence. Johnny Shaw est caché par une connaissance de son père : le maréchal ferrant de Twenty-Miles, Jake Dover. Ce dernier lui rappelle que la fuite n’est pas obligatoirement la meilleure des solutions et qu’il doit affronter l’adversité. Aussi, M. Dover qui s’avère être Blackie Clark le tueur à gage et hors-la-loi le plus recherché du Texas, lui apprend à se servir le plus efficacement d’un pistolet. Et Johnny Shaw va se servir de cet apprentissage pour venger impunément le vol de ses terres.

    Magnifique western à la sauce « willefordienne », La Différence nous fait passer un magnifique moment de lecture, tant pour la personnalité épique de Johnny Shaw que pour le magnifique style de l’auteur américain. Découvrez l’œuvre de Charles Willeford. A déguster sans modération.

    02/11/2018 à 11:42 5

  • Les Roubignoles du destin

    Jean-Bernard Pouy

    8/10 Le titre Les roubignoles du destin, nom de la première des douze nouvelles composant ce recueil, résume assez bien ces histoires : la vie peut être drôle, poétique, revancharde, cynique, romantique, belle, noire, mystique, vache, tragique, …

    Jean-Bernard Pouy possède une magnifique plume. Il écrit la vie dans son style inimitable : acéré, brute mais toujours bien maîtrisé et relevé. On aime ou pas ses livres mais on ne peut ignorer cet auteur unique dans l’univers du polar français.

    02/11/2018 à 11:39 8

  • La machine du pavillon 11

    Charles Willeford

    8/10 La machine du Pavillon 11 est un recueil de nouvelles du trop méconnu et talentueux auteur américain Charles Willeford. Dans ce livre, le Californien nous conte l’histoire de Jake C Blake que l’on découvrira morceaux par morceaux le temps des 3 premières des 6 nouvelles que comptent La machine du pavillon 11. Une belle entrée en matière dans l’univers noir et cynique de Charles Willeford pour ceux qui veulent le découvrir. Une confirmation du talent de l’Américain pour les autres.

    La machine du pavillon 11 : Jake C Blake, interné dans un hôpital psychiatrique de Los Angeles, raconte ses journées au sein de cet établissement. Il ne se rappelle pas les causes de son internement. D’ailleurs, il ne se rappelle pas de grand-chose. Jake nous raconte ses jours et ses nuits rythmés par ses réunions des groupes de thérapie du Pavillon 14, ses copains d’infortune, et notamment Ruben, le surveillant qui ne ferme pas la porte de sa cellule, Dave, un patient hanté par le Démon, ou Tommy atteint d’énurésie. Craignant que Jake simule son état, le Dr Fellerman va proposer une thérapie de choc : un passage au Pavillon 11 avec sa machine impitoyable.

    Incidents choisis : Informé de la tentative de suicide de Jake C Blake, un producteur de cinéma délaisse son autobiographie le temps de livrer à son homme de main comment il a rencontré ce réalisateur aussi talentueux qu’hors norme. Mais Hollywood n’aime pas

    Journal de Jake : A une période indéterminée, on découvre le début du journal intime de Jake lors de sa mutation au Tibet en tant que soldat dans les Marines. Est-ce vrai ou une invention de Jake dans sa cellule au sein de l’hôpital psychiatrique ?

    Les autres nouvelles sont aussi bien originales qu’empruntent d’humour noire.

    Lettre aux Alcooliques Anonymes : Georges écrit une lettre au Président des Alcooliques Anonymes dénonçant la situation où il est obligé de rester alcoolique. Dans cette période de prospérité économique, le fait de devenir sobre mettrait au chômage son assistante sociale.

    Exactement comme à la télé : Un suspect est interrogé par les services de police pour le meurtre d’une femme. Lui s’est formé un rôle d’indic exactement comme à la télé.

    L’électromancien : M. Waxmann découvre sur l’île de Bequia aux Antilles un art qui peut être soit drôle pour le commun des hommes soit terrifiant pour ceux qui seraient superstitieux : l’électromancie, soit l’art divinatoire par un coq. M. Waxmann va l’apprendre à ses dépends.

    01/11/2018 à 08:57 3

  • Profondeurs

    Henning Mankell

    8/10 Automne 1914, la Suède n’est pas entrée dans le conflit mondial. Mais sa neutralité ne fait pas d’elle un Etat qui néglige la guerre. La Marine suédoise souhaite renforcer ses côtes en actualisant toutes les mesures des routes maritimes.
    Le capitaine Lars Tobiasson-Svartman, hydrographe, se voit confier cette mission. Cet homme est reconnu comme un maître dans la mesure des profondeurs maritime. Il laisse sa femme à Stockholm, et part avec un équipage sonder les fonds des côtes suédoises pour voir si les nouveaux navires de guerre pourraient naviguer sur des nouvelles routes et ainsi déjouer les éventuelles attaques des Russes ou des Allemands. Lors d’une expédition, il découvre une petite île qu’il rejoint seul en petit bâteau. Il constate que vit ici, une femme, une jeune veuve dont il tombe amoureux. Pour la rejoindre après la fin de sa mission, l’hydrographe usera de mensonges auprès de sa femme et de l’Armée suédoise.

    Lars Tobiasson-Svartman adore sonder la mer et calculer la distance entre la surface et les fonds de la mer. Il voit dans sa mission un moyen de mesurer ce qui le sépare de l’existence à la déchéance, de la vie à la mort : un moyen de savoir et de connaître qui il est. Tellement habité par cette distance, Lars Tobiasson-Svartman creusera par ses secrets un abîme, un fossé entre ceux qu’il aime et lui. Se creusera une distance infranchissable. Des profondeurs dont personne ne reviendra indemne.

    Profondeurs est catalogué comme un roman « classique » de Henning Mankell, cet écrivain suédois, mondialement connu pour sa série de polars mettant en scène le capitaine Kurt Wallander. Pourtant Profondeurs doit être perçu comme un roman sombre, voire noir, à l’instar de ceux de Georges Simenon, que l’écrivain belge aurait pu facilement écrire. Ce roman, en racontant la déchéance de Lars Tobiasson-Svartman, est puissamment dérangeant et glaçant.

    20/10/2018 à 10:07 4

  • L'Homme qui regardait passer les trains

    Georges Simenon

    9/10 Kees Popinga marche dans les rues enneigées de Groningue pour vérifier que le ravitaillement de l’Océan III se déroule correctement. Or la citerne de mazout n’est pas venue et les autres provisions n’ont pas été davantage livrées. Aussi consciencieux en tant que fondé de pouvoir qu’il peut être un mari fidèle et un père aimant, Kees Popinga arpente les rues à la recherche de son patron, Julius de Coster en Zoon. Il le trouve au Petit-Saint-Georges, lieu de débauche où Kees Popinga, en bon Hollandais, s’interdit de mettre les pieds. Il rentre malgré tout dans ce débit d’alcool et son patron, ivre, lui avoue qu’il a organisé toute une escroquerie en vue d’entretenir sa maîtresse, Pamela, une danseuse d’Amsterdam. Une mauvaise spéculation sur les sucres l’a complétement ruiné. Aussi, il avoue à Kees qu’il va organiser sa disparition en simulant son suicide dans le canal et refaire sa vie ailleurs.
    Le lendemain matin, loin de ses habitudes de sa vie réglée comme un métronome, Kees Popinga reste alité, et repense aux propos de son patron. Lui qui ne se serait pas permis de penser qu’un endroit au monde pût être plus doux que son foyer, avec sa femme « Maman », et ses deux enfants, qui rougit de honte quand il entend passer un train, réfléchit et envisage d’aller rencontrer la maîtresse de Julius de Coster, cette Pamela, à Amsterdam, histoire de passer du bon temps, lui aussi.

    Simenon n’est jamais aussi talentueux que quand il raconte la descente aux enfers d’un homme normal qui, à la suite d’un événement particulier, découvre que la simplicité de sa vie n’était pas ce à quoi il aspirait. Mais ici Simenon va plus loin que dans les autres livres ayant le même thème : il prend le temps de développer son personnage et les situations qu’il vit. La lettre de Kees Popinga à la presse où il raconte sa vie et qui il est réellement est un passage éprouvant. On ressent un homme qui a besoin de montrer sa vérité, et ce qu’il devait être comme homme, comme mari, comme père. Une vie qu’il s’est inventée. L’homme qui regardait passer le train est pour moi un livre majeur dans l’oeuvre du Belge

    07/10/2018 à 13:46 2

  • Les Cow-Boys

    Marcus Malte

    7/10 Dans une bourgade du Mississippi, le shérif Dan et son adjoint Marty reçoivent des appels alertant d’un type qui se balade en ville avec un lézard de deux mètres de long. Dans cette bourgade qui est vouée à la tranquillité, le shérif va vérifier ce qu’il en est. Il rencontrera des personnages et des situations des plus loufoques (une aveugle qui apprend à tirer à la Winchester, un forniqueur de lamas, …) avant de (véritablement) tomber sur ce type qui se promène avec sa grosse bestiole.

    Le temps d’une nouvelle, Marcus Malte nous dépeint le Mississippi avec ses gens et ses mystères et où les états d’âme d’un cow-boy sensible côtoient les actions d’un autre cow-boy dur à cuire.

    03/10/2018 à 14:50 4

  • Le cri de la fiancée

    Anthony Pastor

    7/10 Julien Ravel, jeune diplômé en médecine, revient passer quelques jours au chalet familiale. Seul, il se remémore son enfance passée dans la montagne quand il entend un cri glacial. Ce dernier provient du chalet voisin, celui des Anthonioz. Après plusieurs appels sans réponse, Julien rentre dans la demeure. Prudemment, il avance dans cette demeure froide, mortellement silencieuse. Il y trouve Franchon, son ami d’enfance, assis au sol, une hâche à la main. Il lui avoue que les cris qui s’éloignent proviennent de sa fiancée.
    S’ensuit un face à face psychologique subliment croqué en noir et blanc par Pastor qui s’achèvera là où les traces de sang s’arrêteront.

    03/10/2018 à 14:48 1

  • Le Corbeau

    Romain Slocombe

    7/10 Pierre Besombes est thanatopracteur, il embaume tous les défunts. Tous sauf celui de sa femme qui s’est suicidée. Depuis sa mort, il prend la vie avec détachement. Il parle aux corps en langues étrangères ou mortes, elles aussi, glisse des objets insolites dans les cercueils à l’insu des familles. Mais toujours une bouteille de scotch à portée de verre. La vie est devenue pour lui une plaisanterie. Alors quand il reçoit une lettre anonyme lui proposant de jouer, il trouve cela amusant. Surtout si c’est au jeu de l’oie. Il a un vieux jeu chez lui. Les lettres suivantes lui annoncent les coups de dés : « qui ira au nombre 31, où il y a un puits, paiera le prix convenu jusqu’à ce qu’un autre, faisant le même point… » …
    Le jeu de l'oie ou la loi du jeu : qu’il soit convenu ou pas, il y a toujours un prix à payer ! Pierre Besombes va l’apprendre et d’autres après lui.

    A l'idée originale, Le Corbeau est une agréable nouvelle signée Romain Slocombe dans laquelle on découvre que le corbeau se transforme en oie et ça fait froid dans le dos.

    02/10/2018 à 18:11 4

  • La Mule du coach

    Dominique Sylvain

    6/10 Alexis est coach personnel : motivation de rugbymen, de jeunes en recherche d’emploi. Voie qu’il a choisi après avoir été radié par l’Ordre des médecins. Fini sa belle vie et le métier qu’il adorait. Et le jour où son ex frappe à la porte, à moitié morte, il reprend du service et lui ouvre le ventre pour en extraire les trente capsules de coke qui la tuaient. Héloïse, sauvée, indique à Alexis qu’elle s’est trouvée à faire la mule pour l’Organisation à Bogota. Imbriqué malgré lui dans cette affaire, Alexis doit connaître qui a pu trahir son ex afin de la blanchir et de la sortir de cette mafia colombienne.

    Dominique Sylvain nous plonge dans cette histoire d’embrouilles à la sauce narcotico-mafieuse. L’histoire aurait pu être intéressante si elle n’avait pas été gâchée par une fin aussi facile, absurde voire illogique.

    01/10/2018 à 11:22 3

  • La Marie du port

    Georges Simenon

    6/10 En ce mardi d’octobre, à Port-en-Bessin, Charles et le Grand-père organisent une collecte suite au décès de Jules Le Flem. Déjà veuf, le marin laisse 5 enfants : Joseph, Hubert, La Limace, Odile et la Marie, la sournoise. Les frères du défunt s’arrangent pour reprendre les trois plus jeunes. Odile vit à Cherbourg auprès de son amant, Chatelard, et la Marie, serveuse au Café de la Marine, aspire à son indépendance.
    Marie, ni belle ni laide, à peine formée du haut de ses 17 ans, les hanches longues et le ventre bombé, les cheveux toujours mal peignés et raides, ne laisse pas insensible Chatelard, le nouvel armateur de Port-en-Bessin. Ce dernier s’arrange pour toujours avoir un prétexte de voir Marie. Cette dernière ne fait que l’ignorer. S’instaure alors un petit jeu entre les deux personnages.

    Loin des livres durs de Simenon, La Marie du port est un roman passionnel à la sauce de l’écrivain belge : froid et introverti. Un livre secondaire dans l’immense œuvre de Simenon.

    25/09/2018 à 09:18 3

  • Cannibales

    Philip Le Roy

    8/10 En 2003, lors d’un séjour en famille à Bornéo, la fille de dix ans du Docteur Ryan Fletcher, Tanya, disparaît. Les recherches s’organisent : le riche médecin et son épouse déploient les grands moyens à coup de fortes primes pour retrouver leur déesse. Il reviendra seul de l’expédition au cœur de la jungle, peuplée de cannibales et de moudjahidines, sa femme morte et lui amputée d’un bras. Une enquête est ouverte, le médecin étant suspecté d’avoir volontairement tué sa femme et sa fille pour hériter de la fortune familiale.
    10 ans plus tard, bien qu’innocenté, le Docteur Fletcher souhaite prouver à l’opinion publique que les peuples cannibales existent bien à Bornéo et qu’ils ont tué sa femme et sa fille. Il monte une nouvelle expédition et va commencer la quête de la vérité qui montrera que ne sont pas obligatoirement cannibales ceux que l’on pense.

    Cannibales constitue une nouvelle effroyable. Mordez à pleines dents dans ce petit roman noir !

    24/09/2018 à 09:34 3

  • La Volupté du billabong

    Hervé Claude

    7/10 Après une journée torride dans le bush, le groupe de touristes campe au bord du billabong, une grande mare à l’eau fraîche, dans le parc australien de Kakadu. Il y a Simone, brillante ingénieure en nucléaire et son mari Steve, écrivain sans succès, qui forme un couple au bord de l’implosion, d’autant qu’Arthur, cet écolo activiste, n’est pas insensible aux charmes de la belle Simone. Il y a également Wanda, la rouquine et ancienne (petite ?) amie de Simone et Jasper, le guide aborigène.
    Mais la randonnée tourne au tragique : Simone ayant voulu se baigner a été happée par les mâchoires d’un crocodile.
    C’est du moins la version avancée par les protagonistes à Anthony Angos, le Police Officer, en charge de l’enquête. Une enquête qui montera que chacun avait peut-être intérêt à la disparition de la défunte.

    Une enquête courte mais efficace proposée par Hervé Claude. Une lecture très plaisante au milieu du bush australien. Dépaysant.

    24/09/2018 à 08:18 2

  • Le soleil se couche parfois à Montpellier

    Antoine Chainas

    6/10 Dans cette nouvelle, Antoine Chainas nous conte l’histoire récente de cette ville de l’Hérault, la 8ème plus grande ville de France, Montpellier, le temps d'une promenade le long du Lez, à travers M. Z. un tueur à gage. Aujourd’hui, M. Z. s’est rangé en bon père de famille et en bon paysagiste.
    Mais M. Z. rencontre fortuitement Anna, son ancienne binôme, qui continue de remplir les exécutions. C’est alors tout le passé récent de la ville qui ressurgit : ses missions, la construction récente de la ville grâce au tandem Georges Frêche- Ricardo Bofill.

    Si Antoine Chainas sait nous captiver dans ses romans les plus dérangeants (« Versus ») voire loufoques (« Aime-moi Casanova »), on reste un peu sur sa faim sur ce format court.

    23/09/2018 à 19:50 4

  • Dernier été

    Patrick Pécherot

    8/10 Ayant assisté au dernier souffle de son lieutenant dans cette guerre franco-prussienne de 1870, son compagnon d’arme écrit une missive à un destinataire dont l’identité ne sera connue que dans les toutes dernières lignes.
    Son lieutenant n’était pas n’importe qui : Frédéric Bazille, illustre peintre impressionniste connu pour son tableau « Réunion de famille ». Le soldat souhaite apporter une nouvelle lumière sur l’interprétation de ce tableau au regard des derniers mots du lieutenant : « Famille… connerie… ».

    Patrick Pécherot propose dans cette nouvelle en forme de lettre à un célèbre écrivain un véritable exercice de style aussi déstabilisant (au début) qu’extrêmement habile et beau (au final).

    23/09/2018 à 13:51 4

  • Que ta volonté soit faite

    Marin Ledun

    8/10 Vendredi 16 août 2013 – 8h31 : Pierre Guyot franchit les portes des visiteurs du Centre pénitencier de Saint-Quentin-Fallavier. Ce qui l’emmène ici, c’est la mort de sa femme, Hannah, froidement assassinée de trente et un coups de couteaux en pleine nuit par le type qu’il vient rencontrer.
    Hannah, cette magnifique femme qu’il a rencontrée au début des années 90 au lycée privé catholique Saint-Joseph de Larmont. Cette magnifique femme victime d’insultes antisémites pour laquelle Pierre a frappé Bertrand de La Tour, ce nazillon. Ce fut ainsi le début de leur histoire amoureuse…
    Pierre Guyot rend visite à celui qui a été condamné à quinze ans de réclusion. Que vient-il faire ? Pourquoi ?

    Dans cette nouvelle inédite éditée par Le Monde et la SNCF, Marin Ledun décortique l’histoire de ce couple qui pourrait être le couple que l’on croise au quotidien dans la rue avec leurs deux enfants, un couple banal au demeurant. Une histoire d’amour dont le fondement, l’essence, le ciment se trouvent ébranlé par les faux-semblant.

    23/09/2018 à 08:35 6

  • La Lionne Blanche

    Henning Mankell

    9/10 3ème opus de la saga de Kurt Wallander, la Lionne blanche marque par son originalité et une tension à toute épreuve. Si certains lecteurs pouvaient regretter la lenteur de l’écriture de Mankell, avec La lionne blanche, l’histoire se déroule à vitesse grand V. Pas de moment de répit, tout s’enchaîne vite, à tel point, qu’arrivant aux dernières pages, je me suis demandé s’il y aurait assez de lignes pour construire une fin.
    Mankell continue d’explorer le monde occidental en disséquant l’Afrique du Sud post apartheid, et le terrorisme mondial. Wallander est pris dans une spirale de conspiration et d’horreur dont il se lèvera très difficilement. Mankell nous offre un livre bourré d’humanisme et d’amour pour ce pays africain pas comme les autres.

    31/08/2018 à 15:02 5

  • Les Chiens de Riga

    Henning Mankell

    8/10 Deux contrebandiers qui reviennent de leur livraison en ex RDA aperçoivent aux larges des côtes suédoises un pneumatique avec, à bord, deux hommes morts. Afin d’éviter que leur trafic soit découvert, ils renoncent d’appeler les secours et remorquent le petit bateau qu’ils larguent avant leur arrivée.
    Ayant échoué sur les plages d’Ystad, Wallander constate que les deux hommes ont été exécutés par deux balles dans la tête. Le bateau n’ayant pas de trace de sang, vu l’état de décomposition, Wallander en déduit que les deux hommes ont été tué très loin de la Suède. Il devient urgent et important de connaître leur identité. Après enquête, il s’avère que ces deux morts sont lettoniens en relation avec la mafia locale. Dès lors, Liepa, un major de la police de Riga est dépêché à Ystad pour vérifier l’enquête. Après avoir confirmé l’identité lettonienne des morts, les autorités décident que l’enquête est transférée aux policiers de Riga.

    Mais Wallander doit rapidement aller à la capitale lettone : Liepa a été tué et les policiers souhaitent avoir son aide, lui qui a côtoyé le major pendant ses derniers jours.
    Riga s’avère être une ville de misère, où la transition démocratique se déroule difficilement. Le passé soviétique y est encore très ancré, et Wallander est constamment suivi, espionné dans ses moindres paroles, faits et gestes et constate que tout est mensonge et trahison.

    Dans ce deuxième opus de la saga Wallander, Mankell explore les méandres des anciens satellites de l’URSS qui ont difficilement vécu l’éclatement de cette mère patrie. Une lecture très intéressante pour cet aspect historique et pour Wallander, bien évdemment, personnage torturé par sa vie privée (les relations avec son père et sa fille, ses problèmes de santé, son questionnement sur sa carrière au sein de la police,… ) même si l’intrigue peut paraître du coup un peu secondaire.

    26/08/2018 à 21:18 5