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Petits meurtres à Manhattan
8/10 Joey DePino est l’archétype du loser. Et quand on est un parieur invétéré, ça ne fait pas bon ménage. A chaque pari, il perd. La preuve, le dernier cheval sur lequel il vient de parier a bien fini premier…. Mais il a été disqualifié. Et c’est quand il ne parie pas que ses pronostics tombent justes. La lose totale. Résultat, il doit une coquette somme aux bootleggers. Et il ne voit pas comment il va pouvoir les rembourser. D’autant que, à trop traîner les champs de courses, et ce même pendant ses heures de boulot, il vient de perdre son travail. Il n’a que le mensonge pour rassurer sa femme, la belle et intelligente Maureen, sur le prochain paiement du loyer et des factures. Cette dernière avait espéré une meilleure vie, avec bel appartement et surtout un enfant. A l’image de sa meilleure amie, Leslie et son mari, David.
Ce dernier est un homme qui a réussi dans l’agence de publicité qui l’emploie. En plus, il aime bien faire quelques coups de canif dans le contrat, de temps en temps. Le dernier en date c’est avec Amy Lee, une de ses collègues de travail. Mais David s’est un peu avancé dans cette relation, en lui promettant le mariage. Et pour Amy, David doit tenir son engagement sinon elle dira tout à sa femme. Mais David est aussi courageux que Joey est chanceux.
D’ailleurs Joey réfléchit à monter une petite escroquerie avec son pote d’enfance, Billy Balls ("Grosses Burnes") qui depuis son dernier accident, n’a pas retrouvé toutes ses facultés. On se doute bien que ce coup foireux va lui péter à la gueule.
Mais voilà, on ne sait pas vraiment comment tout ça va finir. Une seule certitude cependant : on sait que ça va foirer…
On sourit, on lit avec plaisir cette histoire de losers à la manière de Westlake dans ce premier polar de Jason Starr dont l’œuvre est aussi méconnue qu’incontournable.19/07/2019 à 21:31 1
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Maldonne
Pierre Boileau, Thomas Narcejac
8/10 Violoniste dans des cabarets minables parisiens, Jacques Christen voit sa vie au plus bas quand un inconnu l’aborde en lui proposant un chèque d’un million de francs. Ressemblant étrangement à Paul de Baer, disparu incognito en mer après avoir abandonné son épouse avec qui il avait des relations assez froides et distantes, Jacques Christen se voit offrir le rôle du sosie qui rentre chez lui sans aucun souvenir. Cet inconnu, Frank Mayer, est le valet de la famille de Baer. Il souhaite permettre à Gilberte, la femme de de Baer, de toucher un héritage qui se profile grâce à la mort prochaine d’un vieil oncle, dont seul Paul de Baer est l’héritier.
Bien que bourré de principes, Jacques Christen est surtout bourré de dettes. Ses réticences ne font pas le poids face au nombre de zéro présent sur le chèque. Arrivé à la demeure familiale, Jacques Christen se voit aider par le valet pour tenir au mieux son rôle : celui de Paul de Baer à la personnalité froide, hautaine et odieuse.
Et cette usurpation d’identité semble bien fonctionner. La femme et le beau-frère paraissent troubler par ce retour de cet horrible Paul de Baer. Mais Jacques Christen n’est pas insensible aux charmes de Gilberte. L’amour va venir troubler le stratagème.
A la manière D’entre les morts du duo Boileau-Narcejac, qui a inspiré à Hitchcock son meilleur film (pour moi), Sueurs Froides (Vertigo en VO), le lecteur est manipulé et pris au piège comme ce Jacques Christen. Un livre prenant et une intrigue qui donne des….. sueurs froides.
17/07/2019 à 20:30 1
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La Bête et la Belle
8/10 On retrouve dans La bête et la belle , le 4ème livre dans la magnifique œuvre de ce maître du polar hexagonal, ce qui est la marque de fabrique de Thierry Jonquet. Un puzzle qui délivre sa splendeur et son originalité dans les toutes dernières lignes.
Je n’ai rien vu venir. Je n’ai pas compris la résolution de cette histoire avant les toutes dernières lignes. Je me suis laissé porté pour cette enquête menée par le commissaire Gabelou. Et les différents protagonistes relatent leur vision des faits de cet assassinat de « la mégère » par « le Coupable ». Léon, le vieux sale, cohabite avec « le Coupable » dans cet appartement où s’accumulent les sacs de déchets pour cacher ce mystère et la vérité. Léon sait tout de cette histoire. Mais il ne dira rien à Gabelou. Comment toute cette histoire s’est déroulée. Car dans le livre, les acteurs de l’intrigue ne portent pas leur nom.
C’est du Jonquet pur et dur. Le style parlé rend si aisé et accessible cette lecture comme ce nombre de pages peu important. C’est toujours un régal de lire ses livres qui n’en font jamais trop et qui sont toujours gages de surprise et de talent. Chapeau bas Maître Jonquet !
13/07/2019 à 14:56 6
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Hôtel du Grand Cerf
9/10 En ce dernier été du XXème siècle, Charles Raviotini, producteur parisien, demande à Nicolas Tèque, journaliste à la petite semaine, d’enquêter sur le mystérieux décès de l’actrice Rosa Gulinguen. Il y a 40 ans de cela, elle a été retrouvée morte noyée dans la baignoire de son hôtel, lieu de tournage : l’Hôtel du Grand Cerf. Son compagnon de scène comme dans la vie, Armand Grétry, bien inquiété, était soupçonné. L’enquête a officiellement conclu à un accident mortel. Charles Raviotini doute de ces conclusions. Nicolas Tèque a une semaine pour rencontrer les gens du coin, collecter photos, témoignages, … pour constituer un reportage sur l’actrice. Il se rend donc à Reugny, lieu du drame.
Pendant ce temps-là, dans cette petite bourgade belge à la limite de la frontière française dans les Ardennes, Jeff Rousselet, le douanier, est sauvagement assassiné au Point de vue de la Fourche. C’est à cet endroit qu’Anne-Sophie Londroit, la fille de l’hôtelière, a disparu. L’idiot du village, Brice Meyer, est tué peu après.
A 15 jours de sa retraite, l’inspecteur Vertigo Kulbertus est enlevé de sa pré-retraite. Lui qui est beaucoup plus réputé pour son poids que pour son aptitude à résoudre les affaires criminelles doit se rendre à Reugny. Il adopte une discipline alimentaire très strict (frites à tous ses 4 repas journaliers) afin de pouvoir résoudre cette affaire.
On se doute que le journaliste au grand cœur et cet inspecteur obèse vont trouver ensemble réponse à leurs questions. Mais l’important, même si les enquêtes font preuve de subtilité et malice, à la façon d’un huis-clos à la Agatha Christie, c’est le ton du livre. C’est cocasse, bondé d’humour noir et les tirades de l’inspecteur virent au burlesque, à un one man show. On regrette la fin du livre et de ne pouvoir retrouver cet inspecteur aussi loufoque qu’attachant dans une autre histoire.
10/07/2019 à 19:23 6
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Moon
7/10 Petit rédacteur dans un quotidien de presse local, Moon Mathias reçoit un message de sa mère lui demandant de la rappeler de manière urgente. Victime d’un malaise cardiaque alors qu’elle devait prendre un avion, elle a été hospitalisée. Moon se précipite à son chevet. Sa mère lui annonce que son frère, soldat au Vietnam, est mort et laisse dans ce pays en guerre une petite fille. En avril 1975, les soldats de Pol Pot, chef des Khmers rouges, gagnent le Sud Vitenam. C’est la déroute pour les Américains.
C’est dans ce contexte que Moon va devoir retrouver la trace de son frère et espérer trouver sa fille pour la ramener vers sa grand-mère aux Etats-Unis. Ni courageux, ni lâche, Moon est confronté à ses démons et à son passé. Il rencontrera des personnages originaux et troublants qui l’aideront à trouver la force pour construire son avenir.
Roman sensible et touchant, Moon est une quête de soi, de ses racines, de l’amour et des valeurs humaines et familiales. Un livre à part dans l’univers navajo de Tony Hillerman.07/07/2019 à 17:01 2
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La Promesse
9/10 Darian Richards a quitté par la petite porte sa vie d’enquêteur au sein de la police de Melbourne. Celui qui a le meilleur taux d’élucidation d’affaires criminelles avait fait une promesse à Diane, la mère de Lorna, une victime du Violeur du Train : qu’elle retrouverait sa fille vivante. Comme les précédentes. Mais deux mois après sa disparition, le doute n’était plus permis : elle était morte. Ne supportant plus les meurtres, les enquêtes, les captures, ces morts par les tueurs, synonymes de cauchemars, de victimes qui l’appelaient dans son sommeil, il a rendu son badge.
Ayant déménagé dans un cottage au bord de la Noosa, sur la côte est de l’Australie, Darian s’apprête à mener une vie frugale et à rester assis au bord de l’eau pendant quelques années.
Mais plusieurs filles disparaissent mystérieusement dans le comté. Aussi, ses cauchemars reviennent. Et la promesse non tenue faite quelques mois auparavant revient le hanter. Il décide dès lors de mener son enquête. Il s’appuiera sur son meilleur ami, Casey, un ex-gangster de Melbourne, et sur sa compagne, Maria, la belle et jeune agent de police qu’il saura bien manipuler. Il pourra compter également sur le mystérieux geek, Isosceles. Quand il ne travaille pas pour la CIA ou les services secrets australiens, il rend service gracieusement à Darian.
Dans son premier livre consacré à son personnage Darian Richards, Tony Cavanaugh nous plonge dans une affaire aussi noire que terrifiante. En faisant parler les différents protagonistes, son héro ténébreux au caractère bien trempé, et ce tueur en série aussi abominable qu’effrayant, l’auteur australien montre son talent dans ce polar qui bouleversera immanquablement ses lecteurs.03/07/2019 à 22:32 6
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Sang mêlé
6/10 J’ai peiné à rentrer dans ce livre. Difficile pour moi de bien appréhender dans les toutes les premières pages les personnages et l’époque de l’histoire. Il m’a fallu un temps d’adaptation, ce qui est rare pour moi avec Jim Thompson, auteur dont j’apprécie particulièrement l’œuvre.
Cependant, cette histoire qui relate les méfaits des frères King, Arlie, Critch et Boz (qui est peu présent et pour cause il a été tué très tôt dans le livre) pour s’approprier les faveurs du père, Ike, pour toucher son héritage, est originale. Oklahoma, en cette période de pleine conquête de l’Ouest où certains territoires sont encore « sauvages », les frangins sont prêts à tout pour pouvoir obtenir les faveurs du père. Oui, comme l’a affirmé Machiavel, peu importe les moyens, tant qu’on obtient ce que l’on veut. Et la famille, ça importe peu. Vol, meurtre, entourloupes, mensonges, séductions,….
Pour nous, lecteurs, le sourire vient vite quand on voit comment les frangins sont prêts à tout pour être l’unique héritier du patrimoine familial. Mais il m’en fallait un peu plus pour vraiment aimer ce livre du Maître du polar.
29/06/2019 à 19:35 5
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Une Ordure
9/10 Psychologiquement, physiquement, tout dans le personnage de Bruce Roberston n'est qu'ordure. En plus d'être un flic pourri (dans tous les sens du terme : il ne se lave jamais, ne change pas d'habits et il a le ténia), c’est un sale con, un odieux personnage, un raciste, il ne pense qu'au et qu'avec son sexe, à la drogue, qu'à se faire payer des heures supp', à sa promotion et à sa femme qui s'est barrée.
Mais comment, pourquoi Bruce Roberston est de cette trempe des ordures ?
Une Ordure d'Irvine Welsh est fortement conseillé à celles et ceux qui ont adoré Le Démon de Selby Jr. Un livre à la lecture facile tant qu'on accepte cet étalage de vulgarité et d'horreur. On en deviendrait compatissant pour ce personnage, à la fin.
Un livre incontournable pour ma part.
27/06/2019 à 13:12 3
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Schuss
Pierre Boileau, Thomas Narcejac
8/10 Pour prendre à bras-le-corps son dégoût, son spleen, le médecin de George Blancart lui intime de tenir un journal pour consigner par écrit sa vie, son quotidien, le monde qui existe autour de lui. George a une vie aisée et confortable. Mais pas très rangée : il aime Evelyne, la fille d’un premier mariage de sa compagne, Berthe Combaz. Cette dernière préside l’usine familiale qui souhaite sortir une paire de skis révolutionnaire. Avant de la commercialiser, il doit y avoir l’étape des essais sur piste. Mais, tout se passe mal. Gallois, le célèbre skieur, se prend un arbre pendant l’essai et décède. Ce n’est que partie remise avec l’espoir français du ski alpin, Derrien. Or ce dernier se blesse avant de chausser les skis. Ces événements pourraient paraître accidentels, si ce n’est les lettres anonymes annonçant les catastrophes. Et cela compromet la réussite commerciale qui pourrait aboutir à la faillite de l’usine familiale.
George se demande qui est derrière cette machination : Marèze, l’ex-mari de Berthe, qui s’est toujours opposé à la réussite de la famille Combaz ? Langogne, l’ingénieur, qui pourrait avoir des intérêts à vendre ses brevets ? Berthe elle-même ; si les skis présentent des défauts il vaut mieux vendre l’usine plutôt que le déshonneur familial ? A moins que ce soit George lui-même qui a rompu la chaîne Saint-Antoine qui garantissait bonheur à ceux qui continuer de la faire perdurer ?
En mélangeant intrigue et humour subtil, le couple Boileau-Narcejac est au mieux de leur forme avec Schuss. On est à la fois séduit par les personnages et par l’histoire. Inconditionnel des solutions finales, abstenez-vous ! Il faudra faire sa propre conviction à l’issue de ce roman somme toute captivant.
26/06/2019 à 18:49 2
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Go Home, Stranger
8/10 Pete Reno arrive à Waynesport, ville sur la côte américaine du Golfe du Mexique, dès qu’il a appris que sa sœur, Vickie Shane McHugh, la célèbre actrice de radio et de télévision, avait été arrêtée pour le meurtre de son mari. Pour le lieutenant du commissariat de Waynesport, le doute n’est pas possible. Mac McHugh a été assassiné dans sa chambre d’hôtel par sa femme qui l’avait vu monté avec une autre femme. De plus, le couple est réputé pour ses ruptures et ses réconciliations nombreuses. Alors, la jalousie comme mobile, il n’y a pas besoin d’aller chercher plus loin pour le lieutenant.
Mais Pete Reno croit plus en la version de sa sœur. L’assassin est rentré dans la chambre pendant qu’elle se changeait dans la salle de bain. Elle n’a pas pu voir l’assassin mais a écouté le mot « Counsel ». Reno comprend que pour innocenter sa sœur, il va devoir remonter le temps et reprendre la dernière affaire sur laquelle Mac McHugh travaillait, la disparition de M. Conway, et la trace de la femme qui était montée avec Mac Hugh.
La piste l’emmènera dans les méandres du bayou qui cache plein de mystère et de femmes fatales.
Ecrit en 1954, ce polar signé Charles Williams n’a pas pris une ride et se lit avec beaucoup de plaisir.24/06/2019 à 21:00 3
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Mémoire en cage
10/10 Internée depuis deux ans à l’Institut de réadaptation au pavillon des infirmes moteur cérébraux, Cynthia se fait passer pour grabataire et totalement débile. Elle fermente un plan pour se venger de l’ordure. Qui ? Pourquoi ? Comment ?
Dans son premier polar, Jonquet, ce qui sera sa marque de fabrique, pose les éléments d’une machination qui ne se dévoilera que page après page. Mémoire en cage est un livre qui atteint les sommets de la perfection. L’originalité dans le style et dans l’histoire fait de ce livre un incontournable et un chef d’œuvre du polar.23/06/2019 à 18:29 7
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Miserere
7/10 Le meurtre d’un chef de choral dans son église de confession arménienne pousse Kasdan, policier à la retraite, à mener l’enquête en franc-tireur. Il constate l’empreinte d’une chaussure de pointure 36 et un éclat d’un bois aussi rare que mystique : un morceau d’épine de la couronne du Christ. Le mode opératoire aussi intriguant qu’original, l’arme a percé mortellement les tympans de la victime, désarçonne le vieux policier. Alors qu’il débute son enquête, il se rend compte qu’un autre flic s’intéresse à l’affaire d’une manière non officielle : le jeune et beau Volokine.
Ces deux êtres torturés, que tout oppose, vont s’unir pour mener cette quête où les chants d’enfant semble être le fil conducteur. Ils vont affronter leurs démons et leur passé aussi trouble que noir et traverser des pans horribles et effrayants de l’histoire de notre monde et de notre société : les clubs SM, la Shoah, les tortures issues des dictatures chiliennes,…
L’intérêt du septième polar de Grangé porte sur les personnalités de ces deux flics aussi opposés, chaotiques, intrigants qu’attachants. Leur histoire personnelle porte l’intrigue du livre qui, pour moi, souffre de quelques éléments improbables (l’enclave extra territoriale de la colonie) dont l’auteur aurait pu facilement se passer.
22/06/2019 à 07:54 1
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Des jours sans fin
9/10 Dans ce western sensible, touchant et émouvant, Thomas McNulty relate son arrivée en Amérique, après avoir fui son Irlande natale où toute sa famille a péri, victime de la Grande Famine. Adolescent, avec son amant et ami indéfectible John Cole, il adossera robes sous grimage d’un noir pour gagner sa vie dans des spectacles devant les mineurs avant d’endosser l’habit militaire des Tuniques bleues pour conquérir l’Ouest sauvage. Ensemble ce couple hors norme se verra incorporer l’Union pendant la Guerre de Sécession et aider Lige Magan, un ancien ami soldat, dans son exploitation de tabac dans le Sud profond.
Mais si ces péripéties sont aussi extravagantes, ce sont surtout les personnages aussi loufoques que remplis d’humanité qui constituent le plus grand intérêt de ce livre. Je pense notamment à l’adorable Winoma, la fille adoptive de Thomas et John, cette fille sioux arrachée à sa tribu qui fait preuve d’une envie de vivre à toute épreuve.
Comme dans Candide, Sebastian Barry fait de Thomas McNulty un antihéros qui traverse les événements qui ont constitué le socle de l’Amérique. Mais c’est l’amour qui est présente à toutes les pages. Cet amour qui unit les hommes, qui fait croire en l’avenir, en la justice humaine. Des jours sans fin est un livre qui procure indubitablement du bonheur.
12/06/2019 à 17:56 3
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Glaise
9/10 Franck Bouysse est un peintre en mots. Il arrive à trouver les mots justes pour décrire avec réalisme et humanisme ses personnages et les paysages cantaliens. Glaise est autant un livre qu’une peinture, autant un roman noir qu’une analyse sociologique de la vie rurale au début de cette Première Guerre mondiale. C’est à la fois touchant, dur, sensible et attachant. Et lire, à la fin du livre, les noms des héros tombés au combat inscrits sur le monument de Saint-Paul-de-Salers, lieu de cette histoire, montre que Franck Bouysse nous a offert un livre d’une exceptionnelle expérience littéraire.
08/06/2019 à 13:18 10
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Les Arpenteurs
9/10 Val Millimaki est un être désespéré. Dans le cadre de ses fonctions au bureau du Shérif du comté de Copper, il passe son temps à enquêter sur des délits ruraux et endure son quota d’heures dans le bâtiment de la prison adjacent au tribunal du comté. Mais il préfère le travail sur le terrain, au grand air, avec son chien de berger de trois ans, à pister les disparus. Mais depuis plusieurs semaines, il ne fait que découvrir des corps sans vie. De plus, son mariage avec sa femme Glenda bat de l’aile. Il a l’étrange sentiment qu’il subit sa vie. Acteur de rien. Il vient d’être affecté à la surveillance de nuit à la prison. Il retrouve John Gload, un dangereux tueur sexagénaire, qu’il a contribué à arrêter.
Celui-ci s’entiche de ce policier renfermé et mélancolique. Chaque nuit, des discussions s’engagent de plus en plus personnelles. Une relation étrange et hors normes s’engagent alors entre les deux hommes. Elle ne s’achevera que sur une situation déroutante et morbide.
Grâce à une écriture subtile, profonde et touchante, Kim Zupan développe dans Les Arpenteurs des personnalités complexes et torturées. Val Millimanki est un personnage que Simenon aurait pu créer : taiseux et à l’avenir noirci par un dur passé. John Gload, un prisonnier qui pourrait faire croire qu’une touche d’humanité subsiste encore dans les pires criminels.
Les Arpenteurs ne laissera pas insensibles les lecteurs qui découvriront ce roman sombre à la beauté unique.
03/06/2019 à 18:25 6
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Bleu de Prusse
8/10 Automne 1956, la saison touche à sa fin au Grand Hôtel de Saint Jean-Cap-Ferrat où Bernie Gunther travaille en tant que concierge. Tandis qu’il prépare ses valises, il est approché par des membres de la Stasi. Ces derniers le menacent de s’en prendre à son ex-femme s’il ne remplit pas une mission spéciale : tuer Anne French.
Même si cette dernière a su manipuler Bernie en lui faisant endosser la responsabilité d’un crime, l’ex-Kommissar de la Kripo ne peut accepter ce chantage. Une seule solution s’offre à lui : la fuite vers l’Allemagne. Une course poursuite s’engage entre Gunther et les membres de la Stasi, dont Friedrich Korsch. Ce dernier fut l’adjoint de Gunther en 1939. Le temps de sa cavale, il se remémore l’affaire qui les avait menés sur le Berghof, l’immense propriété luxueuse du Führer. Un ingénieur avait été tué sur la terrasse. Alors qu’Hitler souhaite venir y fêter son cinquantième anniversaire, Heidrich somme Gunther de découvrir le meurtrier dans la plus grande discrétion. Hors de question que l’on puisse apprendre qu’il est facile de tuer quelqu’un au nid d’Aigle.
Philip Kerr nous comble dans cet épisode des aventures de Bernier Gunther. L’enquête, comme toujours, est rondement bien ficelée, le cadre historique très intéressant. Les remarques acerbes, le cynisme, les réflexions toujours aussi piquantes de Gunther sur le régime nazi, le peuple allemand, les Français,… sont aussi pertinentes que dérangeantes. Et on adore ça quand c’est écrit par Philip Kerr.
31/05/2019 à 17:47 10
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En attendant le jour
9/10 Renée Ballard est le nouveau personnage de Michael Connelly, le prolifique et talentueux écrivain américain. En attendant le jour est le premier polar de cette inspectrice qui, suite à un contentieux avec sa hiérarchie, s’est retrouvée à assurer ses fonctions de nuit.
C’est ainsi qu’elle va se trouver à enquêter sur plusieurs affaires : le vol de cartes bancaires, l’agression d’un trans-genre, et une tuerie dans un bar de nuit.
Connelly, comme à son habitude, offre un déroulement des enquêtes très maitrisé (on sent bien qu’il s’attache des conseils de vrais inspecteurs de police) sans oublier une part de suspense et de rebondissement, pour faire de ce livre (comme la majorité de son œuvre) un page-turner.
Si les intrigues sont vraiment alléchantes, l’intérêt de ce polar réside également dans la découverte de la personnalité de l’inspectrice René Ballard : une acharnée du travail, au passé familial difficile et aux principes et aux valeurs indéboulonnables.
Si Connelly a changé de personnage (pour élargir ou renouveler son lectorat ?), cela n’a pas changé son talent d’écrivain. Grâce à cette jeune et talentueuse inspectrice qui est promue à un bel avenir professionnel, l’auteur américain va pouvoir continuer à nous gâter de ses savoureux polars.26/05/2019 à 11:24 8
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Twisted Tree
8/10 J’ai un attrait particulier pour tous les romans polyphoniques. J’apprécie cet exercice de style assez compliqué et qui (quand c’est réussi) force l’admiration. Il permet de dégager une dimension psychologique des personnages toujours intéressante.
Avec Twisted Tree, Kent Meyers propose une démarche subtile en tissant une toile d’araignée où le centre serait cet enlèvement de Hayley Jo par le serial killer de l’autoroute I-91. Ce dernier a traqué sa proie en s’inscrivant sur les réseaux sociaux de filles anorexiques, les ANAS.
Les chapitres se suivent en alternant les histoires d’autres habitants de Twisted Tree : cette caissière, ancienne missionnaire ; ce chauffeur routier qui téléphone à sa femme comment il a su éviter un troupeau de bisons ; cette femme qui a la hantise des crotales et qui verra conduire tétanisée un serpent sur ses genoux ; …
Si Hayley Jo n’est pas au cœur de la vie des différents personnages, elle figure plus ou moins dans la vie de chaque membre de cette communauté. L’histoire et la tranche de vie des protagonistes constituent une pièce d’un puzzle qui, l’on s’en doute, éclaircira la destinée tragique de cette fille.
Au final, Twisted Tree s’avère être un roman sombre et âpre dont la richesse se dévoilera aux seuls lecteurs les plus coriaces et persévérants.
24/05/2019 à 15:58 4
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Dans l'ombre du brasier
8/10 Avec Dans l’ombre du brasier, Le Corre nous plonge dans une page de l’Histoire de France passée à la trappe des cours d’histoire : la Commune. Cette période insurrectionnelle du printemps 1871 à Paris, qui affronta Monarchistes et Républicains (à connotation « Rouge ») constitue le cœur même du roman.
A la manière des Hugo et Zola, l’auteur français nous fait vivre, ressentir et participer aux tribulations des personnages du livre : les 3 camarades communards Le Rouge (rapport à ses cheveux, mais pas que), Adrien et Nicolas qui, soldats des régiments républicains, affrontent avec leurs tripes et leur sang les Versaillais lors de bombardements aussi dévastateurs que sanglants.
La belle Caroline, qui aide les médecins à soigner les blessés des combats acharnés, et fiancée de Nicolas subira un drôle d’enlèvement que le commissaire Roques essaiera de résoudre.
Le Corre propose plus qu’une lecture avec ce roman. Il arrive admirablement à nous faire ressentir avec tous nos sens les événements qui se déroulent tout au long des quelque 500 pages du livre : on respire, on est touché par notre peau, on entend les événements de la Commune. On devient presque un acteur du livre, tant les descriptions sont magnifiquement précises.
18/05/2019 à 10:00 5
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Station Eleven
8/10 Un virus foudroyant, la grippe de Géorgie, anéantit la population mondiale en seulement quelques heures. Des survivants constituant des microcosmes tentent de continuer d’exister dans ce monde post-apocalyptique.
C’est le cas d’une troupe de théâtre, la Symphonie Itinérante, dont fait partie Kyrsten. Les acteurs errent de cimetières de ville en cimetières de ville à la rencontre de survivants pour leur interpréter des œuvres de Shakespeare. C’est ainsi qu’ils arrivent à St Deborah by the Water près du lac Michigan. Dans cette ville fantôme, les comédiens ne retrouvent plus leurs anciens collègues qu’ils avaient laissé ici il y avait quelques mois à peine. Par contre, au milieu de ce chaos, ils apprennent l’existence d’un être tyrannique qui se trouve à la tête de cette petite communauté et qui se fait appeler le Prophète.
Pendant ce temps, Jeevan traverse les bois. A l’aéroport de Severn City, depuis le moment du chaos où toute activité a cessé, des survivants constituent un musée de la civilisation comprenant les objets de l’ère pré apocalyptique : carte de crédit, téléphone portable, tabloïd,…
Et au milieu de tout ça, une bande dessinée, Station Eleven, que Kyrsten possède depuis la dernière représentation du célèbre acteur Arthur Leander.
C’est ce dernier qui constitue le fil de cette attachante histoire. Car dans ce roman qui alterne les aller retours entre moments pré et post apocalyptiques, tout part et revient vers Arthur Leander : les événements et les personnages qui traversent ou constituent sa vie :Miranda, la première femme d’Arthur Leander, Clark, Elisabeth, une autre ex-femme et son fils Tyler, Kyrsten, Jeevan…
Ne venez pas trouver dans Station Eleven un livre de science-fiction, ou d’horreur. Non, ce livre, à l’architecture intelligente, est rempli d’un profond sentiment d’humanisme et d’espoir.
11/05/2019 à 10:09 7