JohnSteed

559 votes

  • ... Et justice pour tous

    Michaël Mention

    9/10 On termine à peine … Et justice pour tous qu’on ne peut s’empêcher de constater que cette trilogie anglaise de Michaël Mention est une réussite. Aucune faute, aucun défaut dans ces 3 livres qui la composent.
    …Et justice pour tous conclut admirablement bien le cycle initié avec Sale temps pour le pays. On retrouve ici Mark Burstyn, viré après l'affaire de l'éventreur du Yorkshire, et son ancien collègue Clarence Cooper.

    Rongé par l’alcool et les remords, Burstyn va venger sa filleule, tuée par un chauffard qui a pris la fuite sans laisser d’adresse. Mais voilà, le fin limier reprend du service, de manière officieuse. Il va quitter Paris où il vivait reclus avec ses démons pour en retrouver et en combattre d’autres aussi puissants et ravageurs.
    Parallèlement, Clarence Cooper mène une enquête sur des corps d’enfants retrouvés dans les sous-sols de l’orphelinat St Ann. Si le père Tom est accusé, cette affaire va se révéler plus périlleuse pour beaucoup de personnes voire personnages. On est au Yorkshire et ce pays est sale, ne l’oublions pas.

    Michaël Mention a accouché d’un livre qui sent aussi bien la tristesse, que le malheur ou la testostérone. Encore une fois, l’auteur français ne ménage pas son lecteur. Il le bouleverse, le secoue, le prend par les tripes pour mieux l’achever. Le pire, c’est qu’on en redemanderait bien encore. Masos ? Peut-être. Admiratif du talent de Mention ? Certainement.

    13/02/2024 à 15:45 5

  • A coeur perdu

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    6/10 Eve est une chanteuse à succès des chansons écrites par son mari, Maurice Faugères, compositeur talentueux. Leur couple, comme une concession mutuelle, connaît des histoires parallèles. Maurice a séduit sa nouvelle protégée, Florence Brunstein, et Eve a pour amant, un jeune pianiste ambitieux, Jean Leprat. Lors d’une explication dans laquelle Maurice voulait qu’Eve revienne à lui, Jean tue Faugères. Il arrive à maquiller le meurtre en accident de voiture.
    Mais quelques jours après la mort de Faugères, une nouvelle chanson de l’auteur arrive par courrier à Eve et Jean. Comme un pied de nez à l’amour des amants, chanté par Florence, ce morceau est diffusé sur les radios, et devient un immense succès. Mais qui a envoyé cette lettre ? Est-ce l’imprésario ? Et si Maurice n’était pas mort ? D’autres lettres avec des disques où Maurice parle à Eve arrivent. Il annonce qu’il va tout dénoncer au procureur. Les amants sont sous pression. Et leur amour est mis à l’épreuve.

    L’histoire débute vraiment bien : on retrouve les ingrédients (la dissimulation du crime) qui a fait de Les Diaboliques un succès. On espère ainsi avoir entre les mains un autre chef d’œuvre. Sauf que l’histoire s’essouffle. Les auteurs proposent une approche plus sentimentale que psychologique de cette histoire. Dommage.

    10/10/2020 à 18:08 2

  • A la gorge

    Max Monnehay

    9/10 Lors de son entretien avec Émilien Milkovitch, emprisonné depuis 10 ans au centre pénitentiaire de l’île de Ré, Victor Caranne, psychologue carcéral, se rend compte qu’il est devant une situation pas banale. Que ce prisonnier surnommé Milou clame son innocence en cette période d’anniversaire n’est pas nouveau, mais Caranne est intimement persuadé qu’il n’a pas commis ce double homicide.

    Le psy est donc confronté à une situation où sa conscience professionnelle est malmenée. Mais comment prouver l’innocence de Milou dans tous les tout prochains jours ? Car, le prsionnier ayant indiqué qu’il allait se suicider, à la date même de ses 10 ans d’emprisonnement, les minutes sont comptées. Caranne ne peut que persuader Anaïs, la policière du commissariat de La Rochelle de l’aider, en Off, sur ce vieux dossier.

    Caranne va découvrir une intrigue des plus complexes et dangereuses où le temps est un ennemi. De plus, du côté de sa privée, des vieux démons ressurgissent. Et c’est peu dire que la vie n’épargnera pas le psy.

    A la gorge, le 3ème volet de la série mettant en scène ce psychologue attachant, est trépidant. On n’a pas le temps de souffler, cette enquête va à vitesse grand V. Tous les protagonistes, que l’on retrouve d’un tome à l’autre (du coup, vaut mieux prendre cette série du début), ont leur place et constituent une part entière dans cette histoire. Je dévore les livres de Max Monnehaye même si elle n’épargne pas ni ses personnages, ni le lecteur, et j’ai hâte de connaître la suite des « aventures » de Victor Caranne.

    27/03/2024 à 13:36 2

  • Abîmes

    Sonja Delzongle

    7/10 Sonja Delzongle que je découvre seulement maintenant avec ce livre m’a totalement emporté dans cette intrigue. Que d’interrogations sur les différentes affaires que regorge ce livre. Et ces personnages, qui, au premier abord, paraissent trop nombreux ont toute leur place dans cette affaire avec leur lot de mystère, d’horreur, d’attirance et de sympathie. Et que dire du cadre choisi : ce village montagneux aussi majestueux que dangereux.

    J’ai été emporté par cette avalange de mystères… jusqu’aux ¾ du livre. Car après, pour moi, tout s’écroule. L’intrigue commence à s’épaissir, à trouver des justificatifs et des situations non plausibles, des explications trop alambiquées. Tout devient nébuleux à ne plus savoir au final qui est qui.

    Malgré cette demi-déception, et ce plaisir en demi-teinte, c’est une auteure dont je vais lire d’autres livres avec intérêt.

    22/08/2022 à 15:20 4

  • Adieu

    Jacques Expert

    7/10 Je ne vais pas y aller par quatre chemins : je fais partie de celles et ceux qui n’ont pas compris pourquoi Jacques Expert suicide son histoire.

    Et pourtant ma lecture avait bien démarré : j’étais happé par cette intrigue alléchante. Je soutenais la théorie de ce commissaire, qui mettait à dos sa hiérarchie et ses collègues. Ce personnage qui n’en dormait plus qui perdait sa femme et ses filles pour son enquête. Lui que je voyais sombrer dans l’obsession puis la folie de ces recherches qu’il menait en parallèle. Un policier qui ne vivait que pour cette enquête et prouver à ceux qui avait ruiné sa carrière qu’il avait raison depuis le début.

    Et puis patrata…. Non, non et non !!! Pas ça ! Pas comme ça !! La fin ne tient pas la route, Monsieur Expert. Je comprends que vous vouliez faire une révélation fracassante. Mais ça n’a pas marché avec moi. Dommage, il y avait tout pour faire une superbe intrigue.

    14/11/2021 à 16:58 3

  • Adieu demain

    Michaël Mention

    9/10 20 ans après l’Affaire de l’éventreur du Yorkshire, la police de Leeds est confrontée à un autre tueur en série de prostituées qui s’inspire de Witcliffe. Une sorte de copy cat mais avec une arbalète.

    Mark Burstyne et son coéquipier Clarence Cooper concentrent leurs efforts sur un seul suspect : Peter. Ce sympathisant de Wittcliffe l’a côtoyé en hôpital psychiatrique et a fait une thèse sur lui. Le suspect idéal, donc. Mais pour avoir des preuves accablantes, Clarence est sommé de s’infiltrer sous une fausse identité dans le groupe de patients suivi par un troublant docteur. Et que dire des autres membres du groupe qui deviennent les uns après les autres d’idéaux suspects également ?

    Si Michaël Mention continue de disséquer la société anglaise pour se concentrer désormais aux années 90, Adieu demain se pose comme un cran au-dessus de son prédécesseur. Moins de personnages et leur approche psychologique est beaucoup plus approfondie. Avec une mention spéciale pour les passages sur le développement de l’arachnophobie de Clarence. En résumé, j’ai vraiment beaucoup aimé ce 2ème volet de la Trilogie anglaise. Un roman qui méritait amplement son Prix Polars Pourpres 2014.

    17/01/2024 à 16:53 7

  • Affaire classée

    Danielle Thiéry

    8/10 La Commissaire Edwige Marion (que tout le monde appelle Marion) gère comme elle peut sa vie personnelle et professionnelle. Célibataire, l’adoption récente de la fille de son défunt collègue lui laisse peu de répit. Et sa grossesse l’oblige à demander sa mutation et son départ du commissariat de Lyon. Un soir, un inconnu dépose sur sa boîte aux lettre un scellé contenant les chaussures de Lili-Rose. Une affaire de plus de 5 ans, le corps sans vie de la jeune fille retrouvée sans vie dans le puits de la propriété familiale. L’affaire a été classée comme mort accidentelle. Qui a été déposé le paquet ? Et pour quelle autre raison que celle de rouvrir l’enquête ? Contre l’avis de sa hiérarchie, Marion va reprendre à sa compte l’affaire. Elle croisera une famille terrassée et éclatée, un mystérieux Olivier Martin, docteur spécialisé en espèce d’oiseaux antiques …

    Prendre en cours la série consacrée à la Commissaire Marion n’a gêné en rien la compréhension des relations entre les personnages du commissariat. Par son écriture et son style, on sent que Danielle Thiéry est une ancienne policière. L’ambiance du commissariat, la vie des agents, les procédures… On lit donc avec intérêt et avec plaisir cette affaire. Et la courageuse et tenace Edwige Marion m’a vraiment séduit.

    19/12/2021 à 19:57 5

  • Affronter l'orage

    Larry Brown

    9/10 En quatrième de couverture, pour présenter Larry Brown, l’éditeur reprend les termes publiés par Le Monde qualifiant l’auteur américain de « romancier des rêves égarés et des âmes perdues ». Dans les neufs nouvelles qui composent Affronter l’orage, on rencontre des personnages ravagés par la vie, oubliés par le bonheur, fuis ou apeurés par l’amour, des miséreux sans être pour autant exclus de la société. Larry Brown peint la vie américaine comme il la voit, sans fioriture avec ses mots et un style inégalable qui touchent et emportent le lecteur tout au long des 160 pages.
    Si Affronter l’orage (ou Faire face, titre de la première édition sortie chez Gallimard) est le dernier et ultime livre publié en France de l’auteur américain, il s’agit, paradoxalement de ses premiers écrits. On y trouve toute la pertinence, la justesse et la sensibilité qui composeront ses chefs d’œuvre que sont Joe, Fay et L’usine à lapins.

    Mort en 2004, Larry Brown a gagné 2 fois le prestigieux Southern Book Award for Fiction. A la lecture de son œuvre, on comprend pourquoi il est le seul auteur à l’avoir remporté autant de fois. Larry Brown est un Maître du polar américain.

    15/08/2021 à 11:28 2

  • Ainsi Berlin

    Laurent Petitmangin

    6/10 Dans une Allemagne d’après-guerre, en pleine reconstruction, un programme secret vise à développer une élite scientifique au sein même du Bloc de l’Est, de manière séparée de l’ami russe et discrète des Alliés : le programme Spitzweiler.

    Du nom de son instigatrice, Käthe Spitzweiler, celle-ci va avec Gerd, le narrateur, résistant communiste, élaborer ce programme où d’éminents scientifiques devront assurer par leur procréation l’avenir de la RDA.

    Mais loin d’une approche historique, d’un décryptage des activités clandestines, d’une spirale conspirationniste où les espions foisonnent à tous les coins de rue, Laurent Petitmangin offre une vision très sentimentale du programme Spitzweiler. A l’image de Berlin de l’après-guerre Gerd est tiraillé par ses sentiments entre Käthe, son grand amour de l’Est et Liz, une architecte américaine, qui serait prête à tout quitter pour lui. Un parti pris qui laisse un goût d’inachevé : on apprend plus sur le décryptage des émotions ambiguës d’un homme que sur la mise en place du programme Spitzweiler.

    23/08/2022 à 17:25 1

  • Alabama 1963

    Ludovic Manchette, Christian Niemiec

    8/10 Bud, détective bougon et alcoolique au grand cœur, enquête sur le meurtre de jeunes filles noires, à la demande des familles et sur la pression de sa femme de manage afro-américaine, Adela. Car dans ce pays à cette époque, la police n’a cure de l’assassinat des personnes qui n’ont pas une peau blanche.

    Roman bluffant tant le sujet de la ségrégation est maitrisé et la tension sociale sous-jacente comme l’ambiance magnifiquement retranscrites ici. Mais c’est ce couple improbable Bud et Adela, formant un duo de détectives aussi perspicace, que complémentaire et attachant qui m’a le plus séduit.

    17/08/2022 à 13:53 10

  • American Rust

    Philipp Meyer

    9/10 Isaac English, intello, et Billy Poe, grand sportif, sont, bien qu’opposés physiquement et intellectuellement, des potes inséparables, liés par les forces indéfectibles de l’amitié. Ces deux « frères » ont un point commun : leur avenir s’est arrêté alors que les portes des grandes universités pour ses compétences sportives, pour l’un, ou pour son QI très élevé pour l’autre, étaient grande ouvertes. Billy est tenaillé par un sentiment de culpabilité d’avoir échappé de peu à la prison, grâce à la bienveillance et les relations du shérif. Issac cultive un sentiment d’infériorité, sa sœur ainée étant rentrée facilement à Yale, et s’occupe de son père handicapé dans cette ville industrielle de Pennsylvanie en déclin, Buell, où le désespoir rime avec chômage.

    Un soir, alors qu’ils entrent dans une usine désaffectée et sont pris à partie par des squatteurs, les deux amis tuent un SDF. Harris serait prêt, encore une fois, à passer l’éponge si le nouveau procureur ne voulait pas montrer qu’il sait assurer la sécurité de ses électeurs. Après avoir volé 4000 $ à son père, Isaac part en véritable hobo tenter de s’inscrire à l’université de Berkeley. Pendant ce temps-là, Billy est arrêté. S’ensuit toute une procédure dont les conséquences pour chacun des amis leur échapperont.

    Un roman choral aussi attachant que bouleversant. L’auteur américain nous dépeint, avec ses personnages aussi complexes que tendres, une fresque familiale touchante. American rust pourrait être une sorte de Germinal américain du XXI et Philipp Meyer, du coup, le Zola américain contemporain.

    01/12/2022 à 11:53 6

  • America[s]

    Ludovic Manchette, Christian Niemiec

    8/10 Parce que, du haut de ses 13 ans et demi, elle n’est plus en phase avec ses parents, Amy décide de traverser les Etats-Unis et de rejoindre sa sœur à Los Angeles. Cette dernière avait un an auparavant fuit également le domicile parental pour devenir playmate pour le célèbre magazine Playboy. Sans nouvelle de sa part, Amy veut la retrouver et construire sa vie avec elle.

    On est en 1973. C’est l’époque des hippies et du flower power. Amy fera tout le périple en auto-stop et, du haut de son innocence, se fera voler, agresser,… mais surtout rencontrera toutes les célébrités de l’époque, toute catégorie confondue, et principalement du show-bizz avec the Boss en personne.

    Ce livre, il faut le prendre pour ce qu’il propose. Loin du polar, on est dans le roman « plaisir ». Les auteurs se sont amusés à construire une histoire où se mêle la Grande Histoire, et nous lecteur, on sourit beaucoup de cette jeune Amy qui s’invite des noms, des vies mais, avant tout, rencontre de belles personnes. Oui, c’est un roman rempli de bienveillance, de chaleur et d’humanité. On passera outre les extravagances et le manque de crédibilité. Si vous aimez les Etats-Unis, les années 70 et Bruce Springsteen, America[s] est fait pour vous !

    02/01/2023 à 11:55 8

  • Animal

    Sandrine Collette

    8/10 Sandrine Collette est l’auteure des miséreux, des laisser pour compte de nos sociétés. Elle l’a montré avec talent dans ses livres précédents, notamment dans Les larmes noires sur la Terre. On retrouve dans Animal des êtres errants, voués à leur sort et qui essaient désespérant, non pas de sortir de leur misère, mais de survivre au mieux. Ici, ces êtres miséreux sont Nim et Num, deux jeunes enfants abandonnés et « sauvés » par Mara, une jeune veuve dont la vie est des plus précaires. Oui, je mets des guillemets à sauvés car comment vivre décemment au Népal, une des régions les plus pauvres du monde. Si le trio affronte la misère, il a encore plus peur des tigres qui envahissent la forêt et chasse tout ce qui se mange, y compris les humains.

    20 ans plus tard, Lior, chasseuse hors pair, son mari, Hadrien et des amis partent chasser l’ours au Kamchatka. La trace qu’ils suivent est celle d’un ours dont l’instinct de survie est des plus développés. Une chasse hors norme qui met le lecteur sous tension.

    Sandrine Collette propose une histoire haletante, qui transpire la peur par tous les pores. Mais également triste et émouvante, encore une fois. La plume de l’auteure française est à la fois juste, en retenu. Elle laisse les sentiments s’imprégner dans le lecteur qui extrapole, se fait ses propres images, et ne peut que laisser abandonner ses sentiments mélangés. Un livre très attachant même si, après celui-ci, l’auteure a su se dépasser et écrire, ce que je considère, un chef d’œuvre, avec On était des loups.

    10/03/2023 à 09:53 6

  • Arrive un vagabond

    Robert Goolrick

    10/10 Pour faire d’un livre, un ouvrage mémorable, il doit remplir deux conditions : une très belle histoire servie par une très belle écriture. Arrive un vagabond réunit, pour moi, ces deux exigences.

    Pourtant, les histoires d’amour impossible sont pléthores dans la littérature. C’est même un sujet qui a traversé les siècles, qui a été usé jusqu’à la pointe de la plume des meilleurs et moins bons écrivains.

    Mais Robert Goolrick par son style à la fois classique et gracieux, voire poétique, sublime cette histoire. Cet auteur américain contemporain est un digne héritier des Steinbeck Hemigway voire Faulkner. Il nous conte, plus qu’il ne raconte, ce terrible et tragique drame amoureux qu’a connu cette petite ville de Brownsburg en Virginie en 1948. Ce village reculé et profond des Etats-Unis, bourrés de concepts religieux distillés dans les églises les dimanches, voit arriver un homme venu de nulle part : Charlie Beale. Il saura conquérir tous les cœurs, des hommes comme des femmes du village et de cet enfant, Sam, qui sera un ami complice. Lui qui n’avait que la volonté de se créer un endroit où vivre, va trouver l’Amour. En la personne de Mrs Sylvan Glass. Oui une Dame, mariée à l’odieux Boaty Glass. Personnage tellement antipathique, qu’il a été obligé d’acheter sa femme. Sylvan prisonnière de ce couple, se réfugie dans le cinéma et les magnifiques robes des actrices que lui confectionne Claudie, la talentueuse couturière noire du village.

    Ce qui devait arriver arriva, avec l’acceptation tacite des habitants de Brownsburg : Charlie s’éprend de Sylvan. Tant que tout reste secret, ça ne choque personne. Mais la vie, comme dans les films que chérit tant Sylvan, comprend son lot de rebondissements et l’Amour beau n’est peut-être que celui qui est impossible. Surtout cet été 1948 à Brownsburg.

    Coup de cœur pour ce coup de maître.

    04/11/2019 à 18:53 5

  • Assassins d'avant

    Élisa Vix

    7/10 Adèle veut faire la lumière sur la mort de sa mère. Il y a 25 ans de celà, maîtresse de CM2, Marie Moineau a reçu une balle tirée par Ladji, un élève de la classe. Suite à sa mort, renversé par une voiture en tentant d’échapper à la police, il n’a pu donner quelconque explication sur son geste. Affaire classée.

    Aujourd’hui, Adèle souhaite rencontrer les élèves qu’elle a réussi à identifier via une photo de classe. C’est ainsi qu’elle demande à Manuel Ferreira ce qu’il se rappelle de ce jour. Celui-ci, devenu policier n’est pas insensible à la fille de son ancienne institutrice et va multiplier les rencontres.
    Adèle et Manuel, tour à tour, nous livrent l’histoire de ce drame. Autant la fille souhaite lever le voile sur ce drame, autant Manuel souhaite cacher tout ce qui pourrait apporter. Pourquoi ?

    Elisa Vix confirme son talent avec ce roman choral, sa marque de fabrique. Si Assassins d’avant ne constitue pas son meilleur opus, il ne propose pas moins une lecture très prenante.

    05/10/2022 à 17:27 4

  • Attends-moi au ciel

    Carlos Salem

    8/10 Piedad de la Viuda, à la veille de ses 50 ans, vient de perdre son mari, riche homme d’affaire madrilène. Mais si les circonstances sont encore douteuses, ce qui l’est moins, c’est qu’il allait partir vivre au Brésil avec une très jeune ukrainienne.

    Piedad, aussi férue de religion que de vielles citations apprises de son père, doit toutefois assurer la direction de l’entreprise dont elle ne connaît rien de son activité. D’autant que de mystérieux personnages mafieux souhaitent faire main basse sur la société. Alors quand une petite voix aussi rebelle qu’effrontée essaie de prendre le contrôle de Piedad, celle-ci décide de se fier à elle, quitte à remettre en cause toute son éducation bien-pensante. Voilà, elle décide de libérer les chaînes et montrer qui elle est vraiment.

    Carlos Salem m’a énormément fait sourire avec son 6ème roman et surtout avec cette charmante et irrésistible Piedad (à moins que ce soit cette femme qui a pris possession du corps de Piedad ???).

    Si la trame de cette histoire est loin d’être originale, le ton décalé, caustique et drôle m’a procuré un agréable moment de lecture. Je redemanderai bien une autre histoire avec le même ton et ce même personnage.

    25/04/2023 à 17:04 7

  • Au bois dormant

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    9/10 Pierre Aurélien de Muzillac du Quilly, en ce 7 novembre 1818, écrit une lettre où il expose les derniers mois de sa vie. Ayant fui la Révolution française, sa famille s’est exilée en Angleterre. Peu de temps avant sa mort, sa mère lui demande de reprendre leur château familial de Muzillac. Il apprend du notaire local, que le nouveau propriétaire se fera un plaisir de lui vendre pour une somme modique la demeure ancestrale. Et pour cause : une mystérieuse malédiction s’abat sur les différents occupants du château. Pierre se rend sur place. Et là il rencontre la belle Claire, fille du châtelain. Tombé amoureux, il retourne le soir au château. Or il constate que les trois membres de la famille sont sans vie, assis dans le salon. Mais le jour de la signature de la vente, la famille est au complet et bien vivante. Il veut demander la main de Claire. Celle-ci refuse obstinément. Le soir du départ, il rattrape la voiture pour convaincre une dernière fois de rester avec lui. Ayant monté dans la diligence, les Châtelains sont sans vie. Il tombe inconscient et se réveille le lendemain avec Claire. La vie des amoureux aurait pû être heureuse mais la santé de Claire décline vite…

    Cette nouvelle est digne des Histoires extraordinaires d’Edgar Allan Poe. L’ambiance et l’atmosphère fantastique, gothique et mystérieuse rend cette histoire aussi addictive que troublante.

    23/05/2020 à 19:22 2

  • Au bon vieux temps de Dieu

    Sebastian Barry

    6/10 Tom Kettle passe sa retraite de flic dans une annexe d’un château en bordure de mer. Il vit parmi ses souvenirs et les fantômes qui l’habitent. La vie n’a pas épargné Tom Kettle. S’il a pu rentrer dans la police irlandaise, c’est surtout grâce à ses états de services dans l’armée, et ses qualités de tireurs, lui qui a combattu en Malaisie. Car, cela a permis d’oublier qu’il était quasiment un orphelin. Policier méritant, Tom Kettle a aussi été un mari aimant et aimé et un père comblé. Ces êtres chers, sa femme June et ses enfants Winnie et Joseph ne sont plus vivants, sauf dans ses pensées et ses souvenirs.

    D’ailleurs, comme souvenir, les deux flics qui viennent frapper à sa porte vont en réveiller un, et des plus douloureux. Car l’enquête sur l’assassinat d’un prêtre n’est pas close et, officiellement, la police demande l’aide de Tom Kettle.

    Au bon vieux temps de Dieu n’est pas un polar. On est dans un roman qui décrit les pensées de Tom Kettle qui vit très fréquemment dans ses tristes souvenirs et ses sombres pensées. On découvre son histoire, sa vie et ses amours pour June et ses enfants. Au bon vieux temps de Dieu est un roman où l’auteur et l’Irlande règlent ses comptes avec l’Eglise et ses actes ignobles de pédophilie. Un roman âpre et difficile dans lequel je me suis souvent perdu. Un roman exigeant proposant un sujet intéressant mais dont le style m’a dérouté.

    23/02/2024 à 08:53 2

  • Au large

    Benjamin Myers

    9/10 Cet été-là, alors qu’il attend les résultats de ses examens, Robert prend une décision qui, il ne le sait pas encore, va bouleverser sa vie. Il quitte sa famille, la cité minière où elle réside et son non-avenir tout tracé en tant que mineur de fond, perpétuant ainsi la tradition familiale. Robert a envie de voir la mer. Besoin de découvrir le monde en cette fin de guerre, aspirant à plus de liberté aussi.

    C’est ainsi qu’il va parcourir à pied les kilomètres qui le séparent de cet éden nappé de bleu, de vagues brumeuses. Il découvre la richesse des paysages qu’ils traversent, la diversité de la faune, l’opulence de la flore au gré de nuits passées chez des fermiers en échange de quelques menus travaux. Après avoir passé plusieurs nuits à la belle étoile, le hasard le mène dans une demeure en bordure de falaise. La propriétaire, Dulcie, une femme libre, cultivée et artiste dans l’âme, lui propose de prendre le repas avec elle. Une invitation qui va perdurer, jour après jour, et les deux personnages vont faire connaissance et se lier d’amitié. Robert, sous la férule de celle qui aurait pu être sa grand-mère, va découvrir la beauté de la poésie, le plaisir des sens, sa place dans la nature, et ainsi libérer ses chaînes, devenir lui-même…

    Une très belle histoire sous la plume de Benjamin Myers, qui quitte ici le roman noir, et offre avec Au large, une ôde à la beauté, un hymne à la vie. Un roman attachant grâce, notamment, à ce personnage Dulcie qui mérite à elle-seule la lecture de ce livre.

    13/02/2023 à 14:34 3

  • Au Nom du Bien

    Jake Hinkson

    8/10 En cette vieille de Pâques 2016, dans cette Amérique divisée entre les candidats Trump et Clinton pour les prochaines élections présidentielles, une petite bourgade dans l’Arkansas, Stock, se prépare à célébrer cette fête religieuse. Mais dans cette Amérique puritaine et bien-pensante, un événement va venir ébranler tous les préceptes moraux et religieux. Richard Weatherford, pasteur de la First Baptist Church, est réveillé dans la nuit par un appel de Gary. Il lui demande 30.000 $, le prix de son silence. Gary, un jeune qui s’est fait viré de l’Université et se cherche sexuellement, souhaite quitter Stock, avec sa nouvelle petite amie, Sarabeth Simmons, une caissière du supermarché local fraîchement licenciée. Pour arriver à refaire leur vie, ils ont monté un plan. Mais tout va foirer, bien évidemment, car le monde n’est pas un long fleuve tranquille.

    On suit page après page ce samedi noir par l’intermédiaire des principaux protagonistes ; le révérend Weatherford prêt à tout (mensonges, manipulations,..) pour préserver sa réputation ; sa femme Penny, dont la foi commence à se fissurer ; Gary, un paumé qui se cherche ; Sarabeth, sa copine aux mœurs légères et aux ambitions mal placées ; Brian Harten qui souhaite à réussir son projet de magasin de vente d’alcools qui, dans cette bourgade, est synonyme de Satan.

    On se régale à lire les déboires des personnages et savoure un final bien mené. Jake Hinkson mérite son titre d’héritier de Jim Thompson.

    16/08/2019 à 16:23 11