LeeWeel

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  • La Vierge de glace

    Marc Behm

    8/10 Déjà tombé sous le charme et l'originalité de "Mortelle randonnée", je me suis plongé dans ce roman-ci en me demandant ce que j'allais y trouver. Et il faut bien avouer que la surprise est au rendez-vous. Un roman policier très particulier puisqu'il met en scène une bande de vampires, Cora, Tony et son "père" Brand, qui vont se mettre en tête de braquer un truand pour rafler les gains de sa salle de jeux. Marc Behm use de tous les attributs du vampire classique, y compris de sa dimension érotique, et déroule une histoire folle, très rythmée, dans laquelle ses personnages pour le moins extraordinaires n'en ont pas moins des désirs bien terre à terre, et où la distinction succède dans une même scène à la trivialité la plus crue. Tous ceux qui cherchent du hors-norme peuvent se précipiter sur ce roman.

    25/11/2015 à 13:39

  • Les péchés des pères

    Lawrence Block

    7/10 Il s'agit ici du premier roman consacré à Matt Scudder, l'ex-flic, âme solitaire qui enquête contre rétribution en marge de la police mais sans être détective privé (concept important au vu de son cheminement personnel). Notre homme va devoir débrouiller les circonstances de la mort d'une jeune fille à la demande du père de celle-ci, assassinée par son colocataire. Affaire de pères et de famille, cette enquête, très linéaire dans le déroulé, n'en est pas moins intéressante à suivre d'une part grâce aux portraits psychologiques convaincants dressés par Lawrence Block mais aussi par la présence omniprésente de New York, personnage à part entière, cadre des errances de Scudder.

    25/11/2015 à 13:37 1

  • Le Concasseur

    Otto Friedrich

    7/10 Benny Franzek est un type paumé: père de famille et mari immature, il aimerait apporter à ses proches le confort matériel et pouvoir mener une existence insouciante.
    Il ne trouve rien d'autre pour gagner rapidement de l'argent et satisfaire ses créanciers que d'enlever un bébé pour demander une rançon à ses parents. Mais les faits ne se déroulent pas aussi facilement qu'il le pensait.
    Otto Friedrich souligne dans ce drame la part de responsabilité de chacun et égratigne tout autant la société de consommation que la police, les journalistes en quête de sensationnel que la justice, et insiste sur l'absurdité de la peine de mort.
    Le roman publié au milieu des années 60 n'a rien perdu aujourd'hui de sa force et reste pleinement d'actualité.

    25/11/2015 à 13:25 1

  • Celui qui murmure

    John Dickson Carr

    7/10 John Dickson Carr met de nouveau en scène dans ce roman le Dr Fell face à une énigme en espace clos comme il se doit. Tout débute dans un restaurant de Londres dans lequel doit se réunir le Club du Crime qui a invité pour l'occasion Miles Hammond ainsi que le Pr Rigaud, celui-ci revenant sur l'affaire du meurtre d'un certain Brooke, affaire qui remonte à plusieurs années. Dickson Carr chevauche les époques et nous plonge comme il sait très bien le faire dans une histoire qui lorgne vers le fantastique. De quoi satisfaire tout amateur de whodunit parfaitement huilé et de meurtre en "chambre close".

    25/11/2015 à 08:49

  • La Mort au crépuscule

    William Gay

    9/10 William Gay met en scène un frère et une soeur qui seront la cible de deux grands cinglés, Fenton Breece, le croque-mort, et Granville Sutter, qui tue en toute impunité. Gay parvient à convaincre et à donner froid dans le dos avec ces deux figures de mort et de cauchemar, faisant basculer son roman dans une sorte de conte de fée macabre, le jeune Tyler devant fuir ces redoutables croque-mitaines, que tout le monde semble redouter. La sorte de jeu de cache-cache auquel se livre Tyler et Sutter dans le Harrikin, région fantasmagorique du Tennessee, est proprement hallucinante: personnages et lieux semblent être hors du temps, décors et protagonistes des histoires à faire peur des soirs de veillées. Les descriptions de la nature sont parfaitement en place et de toute beauté. J'ai parfois pensé au Wilderness de Lance Weller, notamment avec l'évocation de la nature et de la présence du mal pouvant surgir à tout instant.

    25/11/2015 à 08:48 3

  • Le Crime de Dédale

    Paul Halter

    7/10 Dans la catégorie des maîtres ès crimes impossibles, les américains ont des auteurs comme John Dickson Carr ou Edward D. Hoch et nous avons Paul Halter, qui met en scène des romans face auxquels le lecteur va devoir se triturer les méninges pour essayer de trouver le fin mot de l'histoire. L'auteur s'empare ici de la mythologie grecque et nous lance sur les traces du labyrinthe du roi Minos. Suite à une série de meurtres de savants qui tentent de déchiffrer un mystérieux parchemin semblant remonter à l'Antiquité, Kate Jones, jeune fille quelque peu écervélée, et forcément agaçante, va quitter son Angleterre douillette pour les paysages de la Crète afin d'essayer de mettre un terme aux agissements de Talos et de répondre aux énigmes de Dédale. Paul Halter parvient avec brio à construire un récit sous forme de puzzle, de jeu et, si l'on fait abstraction de quelques longueurs et des invraisemblances souvent incontournables dans ce type d'exercices, ce roman promet un agréable moment.

    25/11/2015 à 08:45 1

  • Quitter Zell

    Wolf Haas

    8/10 Si vous cherchez du polar atypique et quelque peu déglingué, précipitez-vous sur ce roman de Wolf Haas. Simon Brenner, après avoir démissionné de la police, reviens à Zell pour enquêter pour le compte d'une compagnie d'assurance sur le meurtre de deux vieux américains retrouvés perchés sur un télésiège de la station. Et notre héros migraineux va réussir après moult circonvolutions tant au milieu des habitants que dans son propre esprit à démêler les fils de cette histoire de famille. Le narrateur des faits, dont on ne sait rien et qui s'adresse au lecteur en le tutoyant, prend de curieux chemins pour retranscrire l'affaire et use tout autant de digressions que d'humour. Un vrai régal où tout est parfaitement en place.

    25/11/2015 à 08:43 3

  • Paris Noir

    Ouvrage collectif

    7/10 Douze nouvelles réunies par Aurélien Masson pour faire un tour de Paris hors des sentiers touristiques en compagnie de grandes plumes hexagonales du genre. Patrick Pécherot nous plonge dans le Paris de l'Occupation via la mémoire défaillante de son personnage. Jean-Bernard Pouy lance des garçons de café à la poursuite d'un surnommé Zatopek. Avec DOA, c'est la mafia russe qui est de la partie face à un cave qui saura se tirer d'affaire. Des flics, des truands, des marginaux et autres dingues peuplent ces pages et les rues de notre capitale au fil d'histoires qui proposent différentes approches du genre jusqu'au très noir, et très bon, texte final d'Hervé Prudon.

    25/11/2015 à 08:40 2

  • Le Dernier Arbre

    Tim Gautreaux

    9/10 Hasard de mes lectures, j'ai débuté "Le dernier arbre" peu de temps après avoir achevé la lecture d'un autre grand roman, "Serena" de Ron Rash, qui mettent tous deux en scène des personnages d'exploitants forestiers dans les Etats-Unis de la première partie du XXème siècle, les années 20 chez Gautreaux et les années 30 chez Rash. Dans les deux cas, le lecteur retrouve une nature dévastée au coeur de l'intrigue, mise en parallèle avec la nature humaine capable de destruction et de sauvagerie. Ici, Randolph Aldridge est chargé par son père d'exploiter une forêt perdue au fin fond de la Louisiane et de reprendre contact avec Byron, son frère aîné qui a quitté sa famille sans donner de nouvelles après son retour de la Grande Guerre. Devenu constable de cet endroit paumé, il tente de faire régner l'ordre à coup de revolver et de manche de hache. Randolph, et par la suite sa femme, vont apporter la civilisation et la discipline dans cet endroit, au milieu de bucherons qui perdent leur paie dans le saloon régi par des mafieux siciliens. Un grand roman sur la fraternité et la filiation, sur l'abnégation, sur la colère, la violence et la folie, sur la place de l'homme face à la nature... Et Gautreaux, comme Ron Rash, savent peindre de beaux personnages féminins, capables de rivaliser et de s'imposer face aux hommes.

    25/11/2015 à 08:39 6

  • Piqué sur la rouge

    Gregorio Manzur

    7/10 Miguel est un jeune étudiant qui, depuis son village de Cayupangui, part chaque jour pour la ville de Mendoza, adossée aux Andes. Et de fréquenter la ville perturbe quelque peu son esprit, l'amenant à rêver d'une autre vie que celle étriquée de son village. Ses pensées sont occupées en grande partie par la belle Sibila, mariée à un barbon du cru, juge alcoolique, mais surtout, il en est persuadé, maîtresse de Demetrio, son meilleur ami. Alors qu'il décide de tout faire pour gagner le coeur de la belle, une mécanique va se mettre en route qui sans pitié va ruiner sa vie. Gregorio Manzur parvient en un très court roman à dresser le portrait convaincant d'un anti-héros bousculé par les événements et ne maîtrisant rien d'un destin qui ressemble à une partie de billard.

    25/11/2015 à 08:37

  • Au seuil de l'abîme

    Hake Talbot

    8/10 Halte-là aux amateurs de crimes impossibles et d'histoires policières riches en rebondissements. Hake Talbot, pseudo d'un magicien qui n'aura écrit que deux romans, mène son histoire de main de maître: dans un chalet perdu au milieu d'une forêt enneigée, une séance de spiritisme est organisée entre plusieurs personnes afin de démêler une affaire de succession avec un homme décédé depuis plusieurs années ! Rien que ça ! Les événements vont alors se succéder apportant leur lot de mystères, chaque fin de chapitre gratifiant le lecteur d'un rebondissement. Talbot a potassé son manuel de spiritisme et autre ouvrage d'ésotérisme pour construire cette intrigue qui prend des allures de pièce de théâtre, avec unité de temps et de lieu (ou presque) et tient en haleine jusqu'au bout, pourvu que l'on se prête au jeu. Claude Chabrol dans la préface nous dit tout le bien qu'il pense du roman et Roland Lacourbe y va de son savoir de maître ès crimes impossibles pour nous éclairer sur le livre.

    25/11/2015 à 08:35 2

  • American Desperado

    Jon Roberts, Evan Wright

    9/10 Le journaliste Evan Wright transcrit dans ce livre le récit de la vie du truand Jon Roberts, récit puisé à la source puisqu'il résulte des rencontres et entretiens entre les deux hommes en 2008 et 2009. Et quelle histoire que celle de Roberts, né Riccobono en 1948 à New York, dans une famille de mafieux. De son père, il héritera avant tout un caractère violent. Et très vite, le jeune garçon se montrera instable et incontrôlable. Avec ce livre, Wright fait un travail remarquable puisque tout en laissant la parole à Jon Roberts, il n'en vérifie pas moins ses propos et interroge certains des acteurs de cette saga dans le monde de la drogue qui dépasse toutes les fictions sur le sujet. Le destin de cet homme est hallucinant puisqu'il a été l'un des relais majeurs du cartel de Medellin aux Etats-Unis, aura trempé dans un nombre incalculable de magouilles et truanderies en tout genre, parsemant son parcours de morts, et sera finalement peu inquiété par la justice. Il est également intéressant de constater la lucidité de Roberts quant à ses activités et à sa vie, et de se rendre compte à quel point cet homme aura été seul, idée qui viendra à lui en prison. "Ce que je ressens pour ma famille, c'est peut-être ce que les gens normaux appellent "l'amour", en tout cas ce n'est pas évident pour une ordure chevronnée. Le mal est tellement plus simple..."

    25/11/2015 à 08:33 2

  • Little Tulip

    François Boucq, Jerome Charyn

    9/10 Boucq et Charyn forme un duo efficace et nous livre une histoire qui en 80 pages environ nous fait passer du New York de 1970 à la Russie de l'après Seconde Guerre mondiale. Le lien entre ces deux époques, c'est Paul, tatoueur renommé qui aide la police en dessinant des portraits robots mais aussi avec ses talents quasi magiques de physionomiste. Et Paul se souvient de sa déportation dans un goulag russe avec ses parents, accusés d'espionnage. C'est là, doué comme son père pour le dessin, qu'il apprendra l'art du tatouage et rejoindra les rangs d'un clan mafieux. Les deux auteurs dresse le portrait d'un homme meurtri qui parvient à revivre grâce notamment à l'amour. Le tatouage donne à lire les instants cruciaux de la vie du tatoué, le clan auquel il appartient, ses faits d'armes, ses amours... et peut dans une certaine mesure se rapprocher de la bande dessinée.

    25/11/2015 à 08:31 2

  • Coeur sombre

    Marc Villard

    8/10 Diana et Richard Deville sont amoureux fous. Il tient une boîte de jazz à Paris dans laquelle chante son adorée. Mais ombre au tableau, des hommes tentent de racketter Richard, déterminé à ne pas se laisser faire. Dans le même temps, Arsène, qui travaille avec Deville, retrouve Dave Robinson, vieux saxophoniste talentueux tombé dans l'oubli qui vit à Barcelone, et qui, belle opportunité, affirme se souvenir de morceaux inédits d'Art Pepper. Histoire d'amour et de vengeance, Coeur sombre rassemble une galerie de personnages déterminés à aller au bout de leur passion pour ne pas oublier leurs fantômes. Texte nerveux pour un bel hommage au jazz.

    25/11/2015 à 08:29 1

  • Midnight Examiner

    William Kotzwinkle

    8/10 Rivages a classé ce roman dans la catégorie "noir" mais on en est assez loin: du début à la fin, c'est un festival de situations farfelues menées par une galerie de personnages dont on se demande lequel est le plus déjanté. Le narrateur s'appelle Howard Halliday et travaille pour les éditions Caméléon, une boîte qui produit des tabloïds pour tous les goûts pourvu que le lecteur soit peu regardant sur la qualité et la vraisemblance du contenu. On a là des titres comme Knockers ou Bottoms, Macho man, Ladies own monthly, Young nurses romance... et Midnight examiner. Le lecteur va d'abord faire connaissance avec le petit monde qui gravite au coeur de cette rédaction, en même temps que Crumpacker, nouvel arrivant, déclaré rédacteur en chef du nouveau titre Prophecy et cardinal par l'intermédiaire de l'Eglise chrétienne par correspondance de Californie. Et tout au long du roman, le lecteur a droit à un joyeux délire qui aménera les différents journalistes à un affrontement contre une bande de mafieux, kidnappeurs de Mitzi Mouse, star du porno, poétesse à ses heures perdues, modèle dans certaines publications de la maison. Le rythme est nerveux, le ton complètement décalé et on se situe souvent du côté du cartoon, occasion d'équipées dans les rues de New York, hommage au passage à Big Apple, aux côtés de personnages tellement humains, tous tendres à leur manière.

    25/11/2015 à 08:27

  • Les Quatre coins de la nuit

    Craig Holden

    9/10 De ce qui paraît être, au tout début, un polar assez classique avec enlévement d'enfant et duo de flics plus ou moins meurtris qui vont se lancer dans l'enquête à corps perdu, Craig Holden parvient à finalement proposer un roman original et étonne le lecteur jusqu'à la fin quant à la mise en place de l'intrigue. Les flash-back sont nombreux, en grande partie un chapitre sur deux, qui plonge dans le passé des deux héros, Bank Arbaugh et Mack Steiner, depuis leur enfance jusqu'à leur rencontre et leur amitié qui les liera face aux coups du sort, alors même qu'ils sont très différents l'un de l'autre. Une trame très subtile et des personnages attachants font de ce roman policier un petit bijou.

    25/11/2015 à 08:21 5

  • Une affaire de sorciers

    George C. Chesbro

    8/10 Il s'appelle Robert Frederickson et enseigne la criminologie dans une université new-yorkaise. Il est également à l'occasion détective privé et sait user de sa ceinture noire de karaté. Sans oublier son passé d'acrobate dans un cirque sous le nom de Mongo le Magnifique. Et pour bien cerner le personnage, précisons qu'il est nain. Rien que ça. Et dans cet roman, notre héros "étrange" va jouer les détectives de l'étrange: trois enquêtes vont coup sur coup s'imposer à lui. Tout d'abord le président de son université, Peter Barnum (excusez du peu), lui demande de jeter un oeil sur l'un de leur collègue aux agissements suspicieux. Puis un sénateur va vouloir qu'il enquête sur un guérisseur accusé de meurtre. Et enfin, une petite voisine va l'embaucher contre ses minces économies pour retrouver le livre des ténèbres de son écrivain de père. Voilà donc Mongo, sous le cagnard new-yorkais, qui va devoir débrouiller trois drôles d'affaires qui finiront, bien entendu, par se rejoindre. Tout cela est parfois quelque peu tiré par les cheveux, Chesbro ayant en partie construit son roman en rassemblant des éléments de nouvelles, mais reste tout à fait plaisant à lire. Le lecteur est plongé au milieu des sorciers et autres devins de Big Apple, dans une intrigue riche en rebondissements aux légers accents fantastiques.

    25/11/2015 à 08:15 2