LeeWeel

357 votes

  • Paris Noir

    Ouvrage collectif

    7/10 Douze nouvelles réunies par Aurélien Masson pour faire un tour de Paris hors des sentiers touristiques en compagnie de grandes plumes hexagonales du genre. Patrick Pécherot nous plonge dans le Paris de l'Occupation via la mémoire défaillante de son personnage. Jean-Bernard Pouy lance des garçons de café à la poursuite d'un surnommé Zatopek. Avec DOA, c'est la mafia russe qui est de la partie face à un cave qui saura se tirer d'affaire. Des flics, des truands, des marginaux et autres dingues peuplent ces pages et les rues de notre capitale au fil d'histoires qui proposent différentes approches du genre jusqu'au très noir, et très bon, texte final d'Hervé Prudon.

    25/11/2015 à 08:40 2

  • Celle qui n'était plus

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    9/10 Un récit sous forme de cauchemar qui va crescendo jusqu'à cette fin terrible. Une véritable machination d'un machiavélisme hallucinant. Ravinel ne sait plus s'il doit faire confiance à son esprit, rongé par son crime. Boileau-Narcejac parviennent à dresser trois portraits parfaits d'êtres finalement solitaires, qui parviennent à s'accorder entre eux comme pour retourner au plus vite à leur solitude inextricable. Un fabuleux suspens psychologique transposé à l'écran par Henri-Georges Clouzot en 1955 dans ce qui est un de ses chefs-d'oeuvre, "Les diaboliques", avec entre autres Simone Signoret, Véra Clouzot et Paul Meurisse. Notez que les scénaristes ont "retravaillé" le récit afin d'en modifier, mais là n'est pas la seule modification, la fin.

    17/12/2015 à 12:15 7

  • Les Brouillards de la Butte

    Patrick Pécherot

    8/10 Dans le Paris des années folles, on suit Pipette, jeune homme de Montpellier, qui est monté dans la capitale afin de convaincre par ses talents d'écrivain. De petits boulots en petits boulots, notre héros rencontre pas mal de monde et notamment André Breton. Mais la nuit venue, il joue également les cambrioleurs avec une bande de copains, jusqu'à ce qu'ils tombent, en ouvrant un coffre-fort, sur un os, ou plutôt un cadavre... Patrick Pécherot nous balade dans les rues parisiennes et nous livre une évocation très convaincante, dans laquelle on retrouve la gouaille, le monde interlope, les classes populaires... qui composent en partie le portrait légendaire de notre capitale. Une aventure dans laquelle on ne s'ennuie à aucun moment, parfaitement écrite et qui rend un bel hommage à Léo Malet et son Nestor Burma à travers le personnage de Pipette.

    17/12/2015 à 12:56 9

  • Dix Petits Nègres

    Agatha Christie

    10/10 Que dire à la suite des autres lecteurs, sinon qu'il s'agit effectivement d'un des grands classique de la littérature policière, un livre-comptine finement construit, une vengeance glaçante se déroulant en huis-clos. Une des oeuvres les plus célèbres d'Agatha Christie et une de ses nombreuses réussites: elle parvient à se jouer du lecteur avec une virtuosité presque effrayante.

    14/12/2015 à 17:10 8

  • L'Evangile du bourreau

    Gueorgui Vaïner, Arkadi Vaïner

    8/10 La lecture de ce livre offre une véritable plongée dans le système répressif de l'ex-URSS. Tout débute en 1953, alors que Staline vient de mourir et qu'il va être autopsié. Parmi les témoins de ces faits se trouve Pavel Egorovitch Khvatkine, le narrateur fictif de ce roman parfaitement ancré dans la réalité historique, du moins celle à laquelle avaient accès les frères Vaïner lors de la rédaction de ce livre achevé en 1979. Alors qu'il est désormais un professeur de droit nantis, bon vivant appréciant les beuveries, Khvatkine va être de façon brutale rattrapé par son passé de membre du KGB, véritable bourreau, tortionnaire de nombreuses victimes du cauchemardesque système soviétique, notamment acharné à persécuter les juifs. Mais un beau jour, sa fille lui ramène un gendre des plus embêtants, qu'il surnommera la Mangouste: en effet celui-ci, petit-fils d'une des victimes de Khvatkine, va lui demander de le suivre à l'Ouest afin de répondre de ses crimes. Ce roman n'est pas d'une lecture facile, les allers-retours entre le présent de la narration et le passé du narrateur étant nombreux. Et j'avoue avoir souvent été perdu au milieu des nombreux patronymes russes. Cet "évangile" fait froid dans le dos et illustre à merveille toute l'absurdité et la monstruosité du pouvoir soviétique d'alors, le ton volontiers outrancier du narrateur soulignant bien cet état. Ce livre m'a également fait penser aux "Bienveillantes" de Jonathan Littell, qui transcrit également de manière convaincante et documentée les faits et gestes d'un bourreau, cette fois-ci nazi.

    01/12/2015 à 15:23 4

  • La Femme en vert

    Arnaldur Indridason

    9/10 Arnaldur Indridason débute son roman avec une scène choc: le spectacle au combien attendrissant d'un bébé suçotant un os humain. L'os en question a été trouvé par le frère du bambin sur le chantier de maisons en construction. Il se trouve que sous la terre repose un cadavre qui sera mis à jour petit-à-petit au cours du livre par une équipe d'archéologues chargés du travail par le commissaire Erlendur. Notre héros, épaulé par Sigurdur Oli et Elinborg, va devoir remonter les ans pour retrouver l'identité du squelette et son histoire, croisant sur son chemin une mystérieuse femme en vert et un buisson de groseilliers. Une histoire qui prend son temps, loin du polar urbain à l'américaine, occasion de se plonger dans la société islandaise et de suivre un héros nostalgique d'un pays qu'il voit s'enfuir, regrettant la perte de la langue au profit de l'anglais, l'urbanisation..., la perte d'une culture. Le lecteur suit en parallèle l'enquête d'Erlendur et de son équipe, et l'histoire de ceux qui ont vécu sur la colline un drame familial. Un roman au coeur duquel réside le thème du poids de la famille.

    30/11/2015 à 10:22 8

  • À l'automne, je serai peut-être mort

    Adrian McKinty

    8/10 Michael Forsythe, ancien militaire à la carrière courte pour manque de discipline, doit quitter son Irlande natale pour éviter les tribunaux. Direction New York où il retrouve un groupe d'Irlandais mafieux parmi lesquels il jouera les petites mains. Jusqu'à ce voyage au Mexique qui va bouleverser sa vie... Ce roman ouvre la trilogie consacrée à Michael Forsythe, personnage de truand cultivé qui doit subir les coups du sort avant de remonter la pente qui l'amènera à l'assouvissement de sa vengeance. Un roman bien noir qui met en scène de manière très convaincante plusieurs communautés que Michael va devoir côtoyer dans sa fuite en avant, entre les mains d'un destin qui ne cesse de le malmener.

    02/12/2015 à 11:18 7

  • Body

    Harry Crews

    10/10 Shereel Dupont concourt pour le titre de Miss Univers sous le regard et les conseils draconiens de son entraîneur Russell Morgan. Mais Shereel n'est qu'un pseudonyme, elle est et reste aux yeux des siens avant tout Dorothy Turnipseed, débarquée de sa cambrousse de Georgie. Et ce passé va justement resurgir quand, à quelques jours de la finale, toute la famille vient s'installer dans l'hôtel où se déroulera la compétition. Un fameux "troupeau" de péquenots, risibles mais également dangereux. Un roman brossant le portrait d'une belle brochette d'allumés, réflexion sur l'apparence, sur les liens familiaux et la difficulté de communiquer. Le monde du culturisme est sans pitié, fondé uniquement sur le regard, dans lequel les participants ne sont que des masses de chair à sculpter. Et l'auteur met bien en parallèle ce façonnement des corps avec les flots de graisses de la mère et de la soeur obèses de Shereel. Crews peint magnifiquement ces deux groupes de personnages, des quasi freaks dont on se demande qui sont les plus "normaux". Très vite le rire devient jaune et l'émotion nous gagne jusqu'au final bouleversant.

    15/12/2015 à 13:52 7

  • Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte

    Thierry Jonquet

    10/10 Le titre du roman de Thierry Jonquet est tiré d'un poème de Victor Hugo, poème qui se rapporte à la Commune et qui ici est évoqué par le substitut du procureur. Cette citation illustre parfaitement le malaise qui existe entre les différents protagonistes, à commencer entre les pouvoirs publics (pour faire vite) et certains habitants des banlieues. Thierry Jonquet frappe fort et même si la commune de Certigny dans laquelle se déroule une large part de l'action n'existe pas, l'auteur inscrit son intrigue pleinement dans l'actualité de l'époque, c'est-à-dire les émeutes qui ont touché la France en 2005 avec pour point de départ la mort de deux adolescents dans un poste de transformation EDF. Le lecteur tout au long du roman va suivre divers protagonistes, comme Anna la jeune professeur fraîchement sortie de l'IUFM, Lakdar, le collégien victime d'une erreur médical, les frères Lakdaoui, trafiquants de drogue, Verdier, substitut du procureur de Bobigny... Et chacun en prendra pour son grade, à commencer par les institutions souvent incapables de réagir face aux problèmes qu'elles rencontrent. On se rend très vite compte qu'il suffirait parfois de peu pour que certains individus s'en sortent, un soutien familial, éducatif... L'auteur campe au mieux ses principaux protagonistes, à commencer par Anna et Lakdar, personnages attachants qui ne peuvent échapper aux rouages du système. Un roman coup de poing, le dernier de Thierry Jonquet, parfaitement documenté, et passionnant de bout en bout.

    03/12/2015 à 17:47 7

  • La Griffe du chien

    Don Winslow

    10/10 L'intrigue débute en 1975 et s'achève en 2004. Et durant cette trentaine d'année, le lecteur suit la lutte que mène Art Keller, super-flic américain, contre le clan des Barrera, trafiquants de drogue mexicains. L'auteur ne s'attache pas seulement à Keller, et n'hésite pas à le laisser de côté pour suivre tour-à-tour Adan Barrera, le comptable du clan des mafieux, Nora, la call-girl à la beauté ravageuse, Callan, le new-yorkais d'origine irlandaise, tueur par la force des choses, ou encore le père Juan Parada, archevêque de Guadalajara. Le mode de fonctionnement du trafic est parfaitement exposé tout au long du roman et Don Winslow souligne bien à quel point les Etats-Unis sont capables de magouilles et autres arrangements crapuleux pour parvenir à tirer intérêts de ce système. Les personnages principaux se rendent vite compte qu'ils ne peuvent vivre aux côtés de leur famille réciproque s'ils veulent mener à bien leur quête. Keller sacrifiera son mariage pour pouvoir assouvir sa vengeance et mettre à mal le clan Barrera, et Adan va devoir de son côté adopter les méthodes les plus cruelles et sanguinaires propres à son frère Raul, qui paraît sans foi ni loi. Un pavé qui se lit très facilement et dans lequel l'auteur parvient à s'attacher à ses personnages, à les camper de façon parfaitement crédible, tout en peignant avec talent et de manière très documentée les rouages de ce système vertigineux, aux incroyables ramifications. A compléter par exemple avec le "Gomorra" de Roberto Saviano, qui se penche, dans un document d'investigation hallucinant, sur la mafia napolitaine.

    03/12/2015 à 17:29 7

  • Le Dernier Baiser

    James Crumley

    8/10 Voici le premier volume de la (courte) série consacrée par James Crumley à son personnage C.W. Sughrue. Notre homme, vétéran du Viet Nam, est détective privé dans le Montana. Au début du roman, il attend nonchalamment le client lorsqu'il est contacté par Catherine Trahearne qui souhaite qu'il se lance à la poursuite de son ex-mari, Abraham Trahearne, poète et romancier, évaporé dans la nature pour une virée alcoolique de bar en bar d'une ville à l'autre, comme il en a l'habitude. Sughrue va finir par retrouver Trahearne mais sera mis sur la piste d'une femme disparue depuis dix ans, fille de la propriétaire du bouge dans lequel s'est arrêté notre écrivain en balade. Crumley campe une belle galerie de personnages, principaux comme secondaires, tous plus ou moins marqués par l'existence, et promène son héros sur les routes américaines dans une quête de vérité loin du voyage d'agrément. Trahearne a en commun avec Sughrue un besoin immodéré d'alcool, et tous deux ont de nombreux traits que l'on retrouvait chez l'auteur lui-même. Le détective est un personnage balloté par les événements et les gens qu'ils côtoient. Il mettra du temps avant de démêler l'affaire et de s'y retrouver dans cet imbroglio où chacun est perdu par ses sentiments.

    03/12/2015 à 17:26 7

  • Tonton Clarinette

    Nick Stone

    8/10 Première apparition de Max Mingus, l'ex-flic devenu détective privé, qui sort de prison et va se voir confier par la richissime et influente famille Carver la difficile mission de retrouver le petit-fils, Charlie, kidnappé voilà trois ans dans les rues de Port-au-Prince. Le lecteur suit alors le héros dans son escapade haïtienne, sur une île marquée par la misère et la violence, où la marque des Duvalier est inscrite au fer rouge sur la société. Entre nantis blancs, pleins de morgue et encore forts du pouvoir acquis en tant que colons, et peuple hanté par la magie vaudou, Mingus aura autant de mal à retrouver l'enfant disparu qu'à faire le point sur sa propre vie qu'il semble fuir, ne parvenant pas à faire le deuil de sa femme décédée alors qu'il était en prison. Remarquable premier roman, même s'il n'est pas sans défauts à commencer par quelques longueurs. Nick Stone reviendra vers son héros dans un second tome, Voodoo land, qui relate les années qui précèdent "Tonton Clarinette", au passage belle figure de croque-mitaine, et la rencontre de Mingus, encore policier, avec le redoutable et cauchemardesque Salomon Boukman. Stone conclura sa trilogie avec "Cuba libre" se déroulant à la fin des années 2000.

    26/11/2015 à 12:38 7

  • Au bonheur des ogres

    Daniel Pennac

    9/10 Premier tome de la saga (et de la smala) Malaussène. Pennac met en scène Benjamin Malaussène et sa famille dans ce premier roman en forme d'enquête policière, qui voit le grand magasin dans lequel le héros joue les boucs émissaires être la cible d'attentats à la bombe bien curieux. Pennac, tout comme Benjamin, ont un réel talent de conteur. On devine un grand lecteur, goûteur de mots, qui construit son roman dans une langue joyeuse et joueuse. Le regard du héros est tantôt tendre, tantôt ironique et amer. Réflexion également du personnage / auteur sur la fiction et la réalité, sur le rêve. "Avec toute la distance que la vie met entre réalité et fiction, quoi qu'on fasse".

    10/12/2015 à 12:39 6

  • Détective Conan Tome 1

    Gosho Aoyama

    7/10 Manga très rigolo qui narre les aventures d'un jeune homme redevenu enfant suite à l'ingestion d'un poison. Il se trouve que ce personnage est un détective d'une grande intelligence capable de résoudre les énigmes les plus compliquées. Il choisit alors, pour sa nouvelle identité, de s'appeller Conan en hommage au célèbre père de Sherlock Holmes. Chaque aventure peut se lire indépendamment même si l'histoire de Conan cherchant à retrouver sa taille normale apparaît toujours en filigrane.

    10/12/2015 à 12:17 3

  • L'Homme au balcon

    Maj Sjöwall, Per Wahlöö

    9/10 Juin 1967: Stockholm souffre sous une chaleur harassante. Martin Beck, policier obstiné, et ses collègues vont devoir rapidement trouver un violeur et tueur de fillettes. Mais l'enquête piétine, faute d'indices majeurs. Les policiers se retrouvent confrontés en même temps à la presse, à leurs supérieurs et à une population qui a constitué une milice prête à en découdre. Un très bon roman au personnage central bourru que le lecteur se plaît à suivre, espèce de Maigret scandinave, secondé par un jeune père de famille. Un ancêtre majeur de Wallander et consorts.

    15/12/2015 à 10:49 3

  • La Maison hantée

    Shirley Jackson

    10/10 "Et ce qui y déambulait, y déambulait tout seul." Hill House, grande et vieille demeure, est soi-disant hantée. Un parapsychologue, le docteur Montague va réunir une équipe de trois personnes afin d'observer les phénomènes inexpliquées qui font la réputation de cette maison. Chef-d'oeuvre parmi les histoires de "fantômes", ce roman est d'une finesse incroyable, suggérant plutôt que donnant à voir. L'auteur crée un véritable mal-être, une peur faite tout à la fois de répulsion, d'appréhension... Les personnages sont comme des marionnettes, ils ne maîtrisent rien dans cette demeure, et finalement n'apportent aucune réponse. Le duo Théodora / Eléonore est très réussi: les deux femmes se complètent et s'opposent tout à la fois, s'aiment et se détestent. On ne comprend pas réellement de quelle nature est le lien qui les rassemble. Un livre important à compléter absolument avec l'adaptation de Robert Wise, chef-d'oeuvre du cinéma fantastique, datant de 1963 et (bêtement) intitulé "La maison du diable".

    14/12/2015 à 16:40 6

  • La Nuit du Jabberwock

    Fredric Brown

    9/10 Le Carmel City Clarion compte en tout et pour tout un seul et unique journaliste, également rédacteur en chef, Doc Stoeger. Ce jeudi là, il boucle rapidement le journal sur une absence totale d'information très intéressante. Il rentre chez lui avec une bouteille pour une partie d'échec qui l'attend. Mais un inconnu vient frapper à sa porte... Une merveille. Un roman policier à l'atmosphère fantastique, bel hommage à Lewis Carroll, dans lequel Brown démontre une fois encore tout son talent. Les événements se succèdent sans que l'on comprenne toujours ce qu'il se passe réellement. Toute une nuit aux accents surréalistes dans laquelle Stoeger se perd, sous les effluves du whisky. A coup sûr un des classiques de la fiction policière, à dévorer d'urgence pour peu que l'on apprécie les intrigues parfaitement menée et nimbée d'irréel.

    15/12/2015 à 10:58 6

  • La Nuit la plus longue

    James Lee Burke

    9/10 Une fois encore, on retrouve l'écriture si forte de Burke et ce regard pointé sur l'âme humaine. Dave Robicheaux et ses collègues vont être envoyés à la Nouvelle-Orléans pour apporter leur soutien aux flics locaux suite à l'ouragan Katrina. D'emblée, oubliez la mention de "thriller" de la couverture (réductrice selon moi), les citations du New York Times et de The Independent figurants en quatrième de couverture et pendant que l'on y est le titre lui-même qui n'a rien à voir avec l'original (et ne sert qu'à l'accroche). Pour le reste, c'est du tout bon. Robicheaux est toujours habité par ses démons et son entourage s'avère d'une présence primordiale, indispensable. L'échange avec les autres construit de toute façon et vont s'opposer tout au long du livre amour et haine marqués à l'égard d'autrui. Robicheaux tente de comprendre le monde et surtout les hommes: il est face à la nature dans son sens le plus large, et tout est souvent éclairé d'une lueur métaphysique et religieuse à la fois. James Lee Burke donne à voir sa Louisiane si belle et émouvante, ici ravagée par les forces naturelles, aidées par les malfaçons humaines. Mais surtout ne vous attendez pas à une description "live" du passage de Katrina et Rita. On a droit ici aux conséquences, à des paysages apocalyptiques dans lesquels vont se battre et se débattre les rescapés. Dave Robicheaux va en se lançant à la recherche du père Jude LeBlanc se retrouver pris dans une histoire de diamants volés, de maffieux... et de tueur en série inattaquable qui prendra pour cible la famille de notre héros. Il sera secondé par Clete Purcell, son ami, buveur invétéré, belle figure d'âme damnée. Goûtez donc à la beauté des romans de James Lee Burke (je conseille toutefois de lire les différents romans dans l'ordre d'écriture).

    03/12/2015 à 14:30 6

  • Le Dernier Arbre

    Tim Gautreaux

    9/10 Hasard de mes lectures, j'ai débuté "Le dernier arbre" peu de temps après avoir achevé la lecture d'un autre grand roman, "Serena" de Ron Rash, qui mettent tous deux en scène des personnages d'exploitants forestiers dans les Etats-Unis de la première partie du XXème siècle, les années 20 chez Gautreaux et les années 30 chez Rash. Dans les deux cas, le lecteur retrouve une nature dévastée au coeur de l'intrigue, mise en parallèle avec la nature humaine capable de destruction et de sauvagerie. Ici, Randolph Aldridge est chargé par son père d'exploiter une forêt perdue au fin fond de la Louisiane et de reprendre contact avec Byron, son frère aîné qui a quitté sa famille sans donner de nouvelles après son retour de la Grande Guerre. Devenu constable de cet endroit paumé, il tente de faire régner l'ordre à coup de revolver et de manche de hache. Randolph, et par la suite sa femme, vont apporter la civilisation et la discipline dans cet endroit, au milieu de bucherons qui perdent leur paie dans le saloon régi par des mafieux siciliens. Un grand roman sur la fraternité et la filiation, sur l'abnégation, sur la colère, la violence et la folie, sur la place de l'homme face à la nature... Et Gautreaux, comme Ron Rash, savent peindre de beaux personnages féminins, capables de rivaliser et de s'imposer face aux hommes.

    25/11/2015 à 08:39 6

  • Le vol noir des corbeaux

    Fabien Nury, Sylvain Vallée

    9/10 Dans ce second tome, Fabien Nury s'attache davantage à la période de la guerre et évite, comme dans le volume précédent, les allers-retours temporels. On découvre davantage encore la personnalité de Joseph Joanovici, qui, comme beaucoup durant cette période, tente de s'en sortir du mieux qu'il peut. Le lecteur croise au passage le docteur Petiot et fait connaissance avec la bande de la rue Lauriston, notamment Lafont, chef de la Gestapo française. La vie parisienne de l'époque est très bien rendue et le personnage central sert tout autant de témoin que d'illustration au doute et à la volonté de s'en tirer de nombreuses personnes dans cette situation. Une série sous forme de saga qui ne manque aucunement de souffle.

    03/12/2015 à 12:56 3