El Marco Modérateur

3237 votes

  • Journal d'un braqueur 1988-2003

    Raoul Paoli, Shuky

    7/10 Elliot se retrouve en prison et l’histoire commence le 7 octobre 1988 et finira le 7 juin 2003. Il se fait rapidement bousiller par ses codétenus et s’ouvre le procès le concernant.
    Toujours ces dessins hautement colorés avec de jolis jeux avec les flous, également, et ce ton cocasse – quelle idée malicieuse pour le scénariste et le dessinateur d’avoir collé leurs trombines à la place de celles des deux truands qui ont braqué le gamin, et je ne parle même pas du clown Hershel, son compagnon de cellule. Bref, du point de vue scénaristique, rien de bien flambant, mais ici, la forme surpasse le fond. Pas bien moral – pas du tout, même, cf. l’image finale – mais très plaisant.

    hier à 16:52 1

  • Journal d'un braqueur 1979 - 1988

    Raoul Paoli, Shuky

    7/10 Un père qui éclate la tête de sa femme, un accident avec un cerf, la fuite du géniteur, et voilà le petit Elliot, sept ans, recueilli par les shérifs puis par les habitants du village. La rencontre, quelques années plus tard, avec des braqueurs, lui donnera l’envie d’en devenir un lui-même.
    Une entame inattendue, colorée et plaisante, alors que le sujet est sérieux mais traité sur le mode humoristique. Ce mix journal intime / BD avec un graphisme si enjoué est intéressant et prenant. Ce n’est pas nécessairement ma tasse de thé – ça tombe bien, je préfère le café – mais c’est sympathique et original. Le final est bien troussé, donnant envie de savoir rapidement quelle est la suite après ce braquage sanglant et foireux.

    hier à 16:51 1

  • Hollywoodland tome 2

    Eric Maltaite, Zidrou

    7/10 Des ânes transportant les lettres « Hollywood » qui copulent, un gigolo qui perd la raison, une figurante, un cireur de chaussures, l’arrivée des lunettes 3D, ou encore de magnifiques automobiles qui prennent cher : l’envers du décor hollywoodien sans le strass ni les paillettes, mais avec de l’humour, de l’ironie, des portraits parfois touchants et des trajectoires contrariées par la destinée qui leur est imposée. Un second tome aussi original et jubilatoire que le précédent.

    avant hier à 17:20 1

  • Hollywoodland tome 1

    Eric Maltaite, Zidrou

    7/10 Des ouvriers noirs qui s’amusent avec des ampoules, une jolie fille qui peine à percer dans le milieu cinématographique, un vendeur de hotdogs travaillant à côté des studios, deux gamines un peu trop curieuses, un scénariste qui s’amuse avec ses personnages, des animaux, un patronyme trompeur, une couturière dont la mort est sublimée : une belle galerie de personnages et des situations à prendre comme des sketchs, où l’humour le dispute à la noirceur, le dévergondé au poignant. Un agréable éventail.

    avant hier à 17:19 1

  • Les Montagnes hallucinées tome 1

    Gou Tanabe

    9/10 Antarctique. Le 25 janvier 1931 marque le départ d’une expédition de secours avec onze membres : ces hommes partent à la recherche de Lake et ses camarades, partis l’avant-veille et dont ils n’ont plus de nouvelles. Sur place, ils découvrent des cadavres mutilés. Une œuvre très forte, au propos typique de la bibliographie du génial HP Lovecraft, souligné avec intelligence et originalité par un graphisme de toute beauté faisant écho à ces paysages esseulés et envoûtants. Un très beau chapelet de découvertes ésotériques et autres phénomènes paranormaux (les étranges fossiles, les mirages vus depuis l’avion, les ensorcelantes montagnes noires, la découverte de la grotte et des spécimens qui s’y trouvent, le charnier et la découverte de l’étoile, etc.). Un manga bien plus long que d’autres (environ 290 planches), à l’ambiance lourde et anxiogène et qui a dû inspirer l’esthétique de films comme « The Thing ».

    04/05/2024 à 07:52 3

  • Le Pacte de l'étrange

    John Connolly

    8/10 … ou comment le détective privé Charlie Parker, à la demande de l’agent du FBI Ross, en vient à enquêter sur la disparition d’un autre détective privé, Jaycob Eklund, un limier spécialiste des phénomènes paranormaux et autres événements de l’occulte. Parker va s’approcher d’une étrange famille, les Martyrs de Capstead, également baptisés les Frères, et d’un univers bien singulier : celui des fantômes et des morts.
    Fan absolu de John Connolly et de son œuvre (même si je dois bien reconnaître que je n’ai pas tout lu même si je rattrape graduellement mon retard en la matière), j’ai retrouvé ici tout ce qui constitue le sel de l’œuvre de cet écrivain si doué : une écriture au cordeau, des dialogues ciselés, un humour à froid qui fait mouche, des personnages bien chtarbés, et des intrigues fortes qui flirtent sans vergogne avec le paranormal. Ici, Charlie Parker aura fort à faire puisque de nombreux individus – louches, glauques et meurtriers – vont apparaître sur sa route : Mère et son allure d’araignée, Philip, son fils pour le moins déplaisant, Caspar Webb, mafieux présumé défunt, époux de la première et père du second, les Frères évidemment, mais aussi le Collectionneur que l’on a fréquemment rencontré dans les précédents ouvrages et pour qui c’est ici la fin de l’aventure, Donn Routh, tueur inquiétant, sans compter les inénarrables Angel et Louis, partenaires de Parker. Il y est également question de Rachel, l’ex-femme de Parker et de Sam, leur fille désormais adolescente, qui manifeste d’étranges pouvoirs (cf. la scène avec l’oiseau qui se suicide en se jetant sur une fenêtre). L’intrigue est forte, nimbé d’un paranormal noir et angoissant et certaines scènes mettent cet aspect parfaitement en lumière (cf. les intrus dans le jardin des MacKinnon). Une histoire prenante donc, c’est indéniable, pour une fois pas racontée à la première personne, mais qui pâlit un peu dans le dernier tiers : si l’auteur excelle à faire de tous les protagonistes, même les secondaires et tertiaires, des êtres profonds et tout sauf désincarnés et juste ébauchés, il se perd un peu en descriptions et autres longueurs inutiles qui amoindrissent sa puissance d’impact littéraire. Il n’empêche, le roman est fort et, malgré ce rythme qui faiblit vers la fin, j’ai passé un très agréable moment aux côtés de cette belle brochette de tarés et autres composants humains d’un bestiaire dont seul John Connolly a le secret.

    03/05/2024 à 08:22 3

  • Les Deux Châteaux

    Djet, Maxe L'Hermenier

    6/10 La préface résume événements et personnages des tomes précédents, ce qui est appréciable. Un des héros tombe par hasard sur un pilleur qui parvient à disparaître. Le reste de ce troisième tome de la BD s’avère à l’égal des précédents : enlevé, coloré. Tournois, univers parallèle, procès : ce n’est clairement pas ma came mais c’est tout aussi clairement plutôt réussi, toute subjectivité étant mise à part.

    02/05/2024 à 17:20 1

  • Un Nouveau Monde

    Djet, Maxe L'Hermenier

    6/10 Nos jeunes héros sont parvenus au camp de la sorcière et un incendie se déclenche, réduisant les lieux en cendres. Un graphisme toujours aussi coloré et agréable pour un deuxième tome gaiement pourvu d’espérance, d’amitié et d’amour. Un tome agréable qui se conclut sur des péripéties bien menées, entre attaque de loups et pont rompu, avant que nos amis ne rejoignent Versailles. Plutôt sympa.

    02/05/2024 à 17:19 1

  • Gannibal tome 7

    Masaaki Ninomiya

    9/10 Agawa se réveille dans la grotte où on pratiquait le sacrifice des enfants, et la trace des dents de « Lui » sur l’avant-bras du policier pourrait constituer une preuve déterminante. Pendant ce temps, les forces de l’ordre approchent du village et ça pourrait castagner.
    Un suspense toujours aussi excellent, une esthétique ensorcelante (ah, cet œil qui voltige…), un sacré déluge de violence entre policiers et villageois, et une histoire qui conserve sa puissance de percussion alors qu’on en est tout de même au septième tome. Remarquable !

    02/05/2024 à 08:19 1

  • Gannibal tome 6

    Masaaki Ninomiya

    9/10 Daigo pénètre dans l’enclos où sont reclus les enfants mais ces derniers n’y sont plus. La traque se poursuit dans la forêt où il tombe (enfin, c’est plutôt l’inverse) sur « Lui ». Un sixième tome très dense, où l’excellent graphisme sert une intrigue aussi acérée qu’addictive. Pas mal de révélations sur le rôle d’un des protagonistes et un suspense haletant. Vraiment très très bon !

    02/05/2024 à 08:18 1

  • Labyrinthes

    Franck Thilliez

    7/10 Une femme amnésique dont on ne sait rien et qui a massacré un individu. Le psychiatre explique alors à Camille Nijinski, la policière en charge de l’enquête, que la probable coupable lui a fait des aveux, et c’est à son tour de lui expliquer ce qui s’est passé, en gardant en tête « qu’il y a cinq protagonistes dans l’histoire » : la journaliste, la psychiatre, la kidnappée, la romancière, et… Dans la foulée, le lecteur découvre le parcours de plusieurs femmes : Lysine, journaliste, dont on a essayé d’usurper l’identité et qui met la main sur un film atroce en super 8 ; Véra, psychiatre, victime de sensibilité électromagnétique et vivant dans un chalet ; Julie, enlevée et séquestrée par un monstre qui n’est autre que le célèbre écrivain Caleb Traskman.
    Franck Thilliez clôt sa trilogie consacrée à Caleb Traskman, et je n’ai vraiment pas vu les pages défiler. Une entame sur les chapeaux de roues, des chapitres alternant ensuite entre les trois points de vue façon roman choral, une écriture entièrement dédiée à l’efficacité – sans luxe de descriptions ni figures de styles – pour un récit à la fois endiablé et déroutant. J’ai pris beaucoup de plaisir à me laisser mener dans ce dédale littéraire où les surprises commencent vite à affluer et où chaque détail va finir par avoir son importance et apporter sa pierre à l’édifice lors du dénouement final. Entre parties d’échecs et snuff movies, identités usurpées et références à d’autres œuvres de fiction, psychiatrie et folie pure, je n’ai pas vu le temps passer. Le final joue habilement la carte de la relecture du prologue et, une fois qu’on a toutes les cartes entre les mains, la lumière de la vérité apparaît enfin. Cet épilogue est d’ailleurs vraiment bon, apportant toutes les réponses attendues, mais je dois dire que je l’avais un peu vu venir, peut-être justement en raison de ce prologue qui en disait un peu trop même si c’était sans véritablement l’avouer ouvertement ou parce que ce type de partition a déjà été joué en littérature et au cinéma. Bref, malgré cette petite déconvenue ultime, un suspense de haut niveau qui vient clôturer avec habileté un triptyque réussi, l’un comme l’autre parfaitement calibrés. « Ce que je vais vous raconter, c’est comme ouvrir un roman à suspense particulièrement sombre et en prendre pour cinq cents pages de montagnes russes » dit Fibonacci à la douzième page de l’édition poche : à cent pages près, c’est tout à fait ça.

    01/05/2024 à 08:21 3

  • Les Russes sur la Lune !

    Philippe Buchet, Fred Duval, Jean-Pierre Pécau

    7/10 21 juillet 1969 : le module américain devant atterrir sur la Lune (oui, alunir…) est percuté par un gravillon et les occupants décèdent. Les Soviétiques vont alors avoir la primeur de l’alunissage et le reste de l’Histoire va en être chamboulé.
    Un scénario original et intéressant pour le premier tome de cette série qui m’intéresse bien. Le graphisme n’est peut-être pas à mon goût sa qualité première mais le récit est prenant, et les conséquences purement fictives de cette uchronie sont parfois singulières, notamment concernant « l’enfant des étoiles ».

    30/04/2024 à 08:13

  • Le Pentoculus

    Jeff Lemire, Andrea Sorrentino

    9/10 Une ambiance toujours aussi incroyable, avec de multiples jeux sur les ombres, les formes, les couleurs, les textures. Le titre de ce quatrième tome vient de la machine créée par Norton Sinclair ayant ouvert une brèche dimensionnelle vers un monde alternatif. Une chouette référence à l’univers de Stephen King (le coup des bestioles sortant de la bouche) pour une série radicale et singulière. Un final explosif – à tous les sens du terme – et je me demande ce que le cinquième et dernier tome va nous réserver.

    28/04/2024 à 08:28 1

  • Chemin de croix

    Jeff Lemire, Andrea Sorrentino

    9/10 Dès les premières planches, on bascule à nouveau dans cet univers si atypique (et même unique), tant du point de vue graphique que scénaristique. Nos protagonistes basculent dans des mondes parallèles, le désert pour père Fred avec une ville ambiance western qui s’appelle Gideon Falls. Voyages dans les époques, univers parallèles, paradoxes temporels : on comprend que l’un des personnages ait ressenti le besoin de dessiner une carte de ce chaos pour essayer de l’ordonner. Un épisode aussi fou que les précédents, et une telle démence, j’en redemande.

    28/04/2024 à 08:27 1

  • Péché originel

    Jeff Lemire, Andrea Sorrentino

    8/10 Norton confie à sa psy, Angie, qu’il essayait de reconstituer la grange noire à l’aide des divers objets qu’il piochait et collectionnait. Pendant ce temps, le père Fred continue sa quête quand on lui apprend qu’Abel Lacroix vient d’être enlevé.
    Un récit toujours aussi puissant, souvent schizophrénique, soutenu par cette esthétique si particulière et ces planches souvent déstructurées parcourues d’encarts rouges. C’est complètement fou et en même temps si réaliste que ça fait froid dans le dos. Une fin abrupte qui aiguise l’appétit pour la suite, quand le père Fred et Norton sont entrés dans cette fameuse grange.

    27/04/2024 à 08:20 1

  • La Grange noire

    Jeff Lemire, Andrea Sorrentino

    8/10 Norton Sinclair est un jeune homme, complotiste et paranoïaque, qui collectionne les menus objets piochés dans les détritus de ses contemporains en les mettant dans des bocaux, persuadé que quelque chose de mal est en train de se tramer. Le père Wilfred arrive à Gideon Falls pour remplacer le précédent révérend, père Tom. Il va d’ailleurs rapidement trouver un cadavre de femme dans un champ. Le point commun entre ces deux individus ? Une mystérieuse grange noire que les personnages voient en vision et qui donne son titre à ce tome.
    Une BD graphiquement très originale (entre roman photo et épure esthétique, avec des visages qui semblent si réels : celui de la psy – Angie Xu – m’a fait penser à celui de Lucy Liu) avec une ambiance sombre et pesante particulièrement réussie. J’ai déjà hâte de continuer.

    27/04/2024 à 08:20 3

  • Dieu a de l'humour

    Kyko Duarte, Jean-Luc Istin

    7/10 Un ado mourant est amené à un prédicateur, le père Elia Lloyd, et il guérit, mais transformé en monstre type lycanthrope qui tue sa mère et les membres de la congrégation. L’épidémie se développe et tout le territoire américain est atteint, au point que les citoyens non contaminés ont dû se protéger dans d’immenses zones sécurisées.
    Une histoire plutôt classique mais qui prend un bel essor avec l’ampleur du phénomène observé, au récit dynamique et intéressant, habilement entrecoupé d’articles de journaux et autres entractes. Plaisant et entraînant sans être (trop) bourrin.

    26/04/2024 à 08:03 1

  • Les algues assassines

    Thierry Colombié

    7/10 Un bon polar destiné à la jeunesse, intéressant dans la forme – le récit à la première personne accroît le côté immersif, je trouve – comme dans le fond – un sujet assez peu traité. L’auteur mène bien son histoire et, malgré quelques longueurs superflues, l’histoire m’a beaucoup intéressé, et quelques passages sont savoureux (cf. ceux sur la « Sainte Famille » par exemple). Une fin qui n’en est certes pas une mais qui donne envie de lire les tomes suivants, ce que je vais essayer de faire.

    26/04/2024 à 08:01 1

  • Le Grand effondrement

    Sébastien Le Jean

    8/10 Nicolas Marlot, un jeune Youtubeur, adepte du bushcraft et écologiste, est retrouvé mort dans un étang. Dans le même temps, le cadavre d’un capitaine d’entreprise est découvert dans « La Résidence », un bunker pour millionnaires, le dos tailladé au cutter par son assassin pour laisser une terrible prophétie. Deux enquêtes criminelles qui vont finir par se rejoindre et mettre en lumière un incroyable complot.

    Pour son premier roman, Sébastien Le Jean fait très fort. Il maîtrise de manière indéniable les codes du thriller et promène le lecteur au gré de ces deux investigations qui vont rapidement se frayer un chemin à travers d’inquiétants cénacles : survivalistes de l’extrême, prêcheurs de la fin des temps, capitalistes aux intérêts convergents, individus si attachés à leurs biens matériels qu’ils sont prêts à n’importe quel sacrifice – pourvu que ça ne soit pas eux, les sacrifiés, écologistes radicaux ayant choisi de tuer des bébés pour ne pas encombrer une Terre déjà surpeuplée, etc. L’auteur nous propose également de beaux portraits de policiers, avec Ronan, revenu du pire et tout juste papa, de plus en plus enclin à écouter les collapsologues, ainsi qu’Irina, flic animale et sujette à une maladie rare qui la condamne à moyen terme à un horrible handicap. L’intrigue est très bien imaginée autant que menée, et on se régale des rouages du récit, parfaitement huilés, qui nous mène progressivement vers une conjuration singulière et terrifiante. Les dernières pages ménagent espérance et noirceur, et on achève cette histoire à bout de souffle.

    Un ouvrage digne des meilleurs thrillers américains, avec lequel Sébastien Le Jean s’impose comme un écrivain à suivre de près. Espérons que ses prochaines productions seront du même calibre, et que celle-ci n’a rien de prémonitoire.

    19/04/2024 à 06:52 4

  • Fallen Angels

    Eric Chabbert, Eric Corbeyran, Sylvain Lacaze

    7/10 Le corps du hacker est découvert à Francfort, visiblement mort à cause d’une overdose. Mathieu Dorval est enlevé et présenté à Horowitz, le grand manipulateur, dans son jet.
    La série se conclut de façon assez classique, sans grand éclat ni surprise véritable : ça sert indéniablement la crédibilité de l’ensemble mais le côté trop « happy end » terminal me chiffonne un peu.

    17/04/2024 à 18:09 1