La Gigue du pendu

(The Newgate Jig)

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  • 7/10 XIXè siècle, à Londres. Un homme monte à la potence et meurt sous les yeux d’une foule en liesse. Son nom : George Kevill. Parmi les spectateurs, son fils de neuf ans, Barney, qui crie à l’injustice. Les pas de ce petit bonhomme vont croiser ceux de Bob Chapman, tandis que dans l’ombre, un étrange individu aux allures de poupon cherche à récupérer de précieux documents.

    Après Que le spectacle commence, Ann Featherstone revient sur son terrain de prédilection : celui du Londres de l’époque victorienne. Fait assez remarquable dans le domaine de la littérature policière consacrée à cette période : l’auteur ne cherche pas à décrire les lustres et autres apparats. Sa plume s’impatiente sur les individus lambda, des gens presque de rien, souvent oubliés de la société. À cet égard, Bob Chapman constitue un personnage hautement attachant, saltimbanque accompagné de ses deux chiens et gagnant sa vie comme il peut au milieu de ses amis bateleurs. On découvre ainsi l’envers du décor, notamment du cirque et du théâtre, où la littérature actuelle ne s’attarde que rarement.
    L’intrigue n’est pas en reste, et l’on frissonne souvent pour le sort des héros, d’autant que le méchant de service est bien inquiétant. Grand bébé serti dans un corps d’homme, menaçant et prêt à toutes les exactions, son aura est diamétralement proportionnelle à son allure inoffensive. Et même si, comme dans son précédent ouvrage, Ann Featherstone délaisse parfois l’histoire pour dépeindre les milieux du spectacle, l’ensemble se lit avec un grand plaisir.

    Bien moins bavard que Que le spectacle commence, cet opus désaltère les lecteurs amateurs d’une littérature différente des autres. Sombres et prenants, on se dit désormais que les ouvrages à venir de l’écrivaine seront à guetter.

    13/07/2013 à 14:23 El Marco (3262 votes, 7.2/10 de moyenne)