Dolorès ou le ventre des chiens

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  • 6/10 En dépit de l’écriture toujours aiguisée et poétique de son auteur, c’est bien la déception qui prime à la lecture du (bien trop court) roman d’Alexandre Civico.
    Trop court en tout cas pour laisser infuser, croire et ressentir l’intensité de cet affrontement façon “Silence des Agneaux” inversé (en nettement moins sordide) entre ces deux marginaux, ces deux inadaptés de la vie. Dolores, tueuse en série, et révolutionnaire à son corps défendant (j’avoue que je n’ai pas toujours compris ses motivations réelles, si ce n’est le dégoût d’un monde, d’un système capitaliste) et Antoine, son psy cocaïnomane, dont le mal-être n’est guère plus explicite hormis cet absence de sens dans son existence (mais la mélancolie a t-elle besoin d’explication ?).
    A ce titre, leur joutes verbales sous forme de confidences, m’ont paru aussi précipitées qu’un peu trop écrites. Là encore, cette dualité méritait une évolution plus lente, plus progressive pour que je puisse adhérer à ce duel.
    De façon générale, même si les dialogues claquent bien, j’ai trouvé que tous les personnages, principaux comme secondaires, avaient un sacré éloquence et un fichu sens de la répartie. J’y vois là un petit artifice, une gourmandise d’auteur (pour laquelle j’ai pas mal d’indulgence). Je passerais sur le final que je trouve assez expédié.
    En tout cas, c’est bel et bien ce style racé, son phrasé court et imagé, dont la beauté et la force viennent, de temps en temps, vous percuter la rétine qui est son véritable et plus grand atout et qui ont fait qu’en dépit d’une absence totale d’empathie pour tous les protagonistes (hormis peut-être Chloé, bonne pâte mais dont se demande si son seul objectif n’est pas de tromper l’ennui de sa vie bourgeoise en s’entichant du mec torturé), j’ai lu ce livre sans déplaisir, mais sans émotion non plus, tout l'inverse de son précédent ATMORE ALABAMA dont la noirceur lumineuse m’avait piétiné le coeur.
    J’espère qu’Alexandre Civico, brillant styliste, ne m’en voudra pas trop, mais comme toujours, et fidèle à mes principes et au respect que je dois à tout auteur professionnel comme amateur, je me devais d’être le plus sincère possible.

    25/03/2024 à 14:14 schamak (103 votes, 6.1/10 de moyenne) 2