La Nuit des oubliés

  1. La policière surnommée Logicielle est confrontée à une histoire singulière. Une jeune femme a été retrouvée morte dans le Périgord, empoisonnée. Fait étrange : la défunte avait en sa possession le numéro de portable de l’enquêtrice alors que cette dernière ne la connaissait pas. Autre fait étonnant : l’ADN de la victime n’est pas tout à fait celui d’un être humain. Une histoire qui va faire remonter Logicielle vers un terrible complot.

    Christian Grenier, en auteur expérimenté, nous offre ici un roman destiné à la jeunesse de haute volée, au moins aussi réussi que les précédents. Faisant partie de la série consacrée à Logicielle, cet opus nous plonge d’entrée de jeu dans cette histoire détonante, menée à un rythme excellent jusqu’au dénouement. On y retrouve les personnages récurrents de la saga ainsi que quelques clins d’œil à d’anciens romans, même s’il n’est pas nécessaire de les avoir lus au préalable pour apprécier au mieux ce livre. Rapidement, les éléments surprenants abondent : une drogue rare, un mystérieux SUV, le ministère de l’Intérieur fébrile, une communauté lovée sur elle-même, d’énigmatiques propriétaires des lieux, des enfants faisant furieusement penser à ceux des films Le Village des damnées (la référence est pleinement assumée), etc. Christian Grenier nous propose un ouvrage dense, au suspense efficace et aux rebondissements nombreux. Mais là où il fait très fort, c’est qu’au-delà de l’aspect policier et distractif, il insère de belles réflexions sur des thèmes aussi variés que l’eugénisme, le génie génétique, le transhumanisme, la surpopulation, le rôle des lanceurs d’alerte, l’écologie, ou encore le poids des grandes entreprises capitalistes. Un tour de force en la matière : le récit allie ainsi le côté distrayant et une nette forme d’engagement citoyen, où le sombre alterne avec un humour bienvenu.

    Un écrit particulièrement accompli, bien loin des clichés du genre, et présentant plusieurs dimensions de lecture. Un succès littéraire tel que c’en est à se demander s’il ne s’agit pas tout bonnement du meilleur livre de l’écrivain.

    /5