Les Larmes du Reich

  1. Les secrets d’Elsa

    1951. On a découvert un couple assassiné dans sa ferme de la Drôme, les Delhomme, tandis que leur fille de onze ans, Juliette, a disparu. L’inspecteur Michel, de la brigade criminelle de Lyon, se met à enquêter sur cette affaire trois semaines plus tard. Dès lors, de nombreuses questions se posent : qui pouvait en vouloir à ces personnes âgées de soixante et soixante-dix ans ? Où est passée la gamine ? Y a-t-il un lien avec la Seconde Guerre mondiale ? A mesure que Michel progresse dans son investigation, le lecteur ira de surprises en surprises, parfois monstrueuses.

    François Médéline nous avait déjà subjugués avec son précédent ouvrage, La Sacrifiée du Vercors, et ça serait un doux euphémisme de dire que l’on attendait celui-ci avec une impatience teintée de grandes espérances. Vous voulez un autre euphémisme ? Ces Larmes du Reich est tout aussi réussi. Reprenant le terreau historique de son roman antérieur, il signe ici un livre d’une rare noirceur, puissant et qui fera date. La traque que mène l’inspecteur Michel est haletante, fort bien écrite, restituant avec maestria l’ambiance de l’époque, entre règlements de comptes, bouches scellées sur des secrets peu reluisants, histoires de famille et autres perfidies. Sans jamais juger, François Médéline compose avec minutie une intrigue efficace ainsi qu’une traque de premier ordre… jusqu’aux premiers rebondissements. La scène achevant la rencontre entre le policier et ce gamin qui se prostitue tonne comme un coup de tonnerre surpuissant, foudroyant littéralement le lecteur. Impossible de dire ce qu’elle recèle, mais à partir de ce moment, on se doute sans le moindre mal que la suite des événements fourmillera d’autres ahurissements. Dès lors, en redoutable illusionniste, l’écrivain nous convie à une quête multipliant les faux-semblants, les impasses étonnantes, les violences imprévues, les twists remarquables. Il faudra attendre l’ultime partie, intitulée « Rétrospection » et sa trentaine de pages pour nous offrir toutes les cartes de cette excellente partie de poker menteur. La quatrième de couverture évoque un « finale [sic] assourdissant », ce qui est exact : on pensait ne plus pouvoir être surpris après cette pure volée de mitraille, ces paragraphes exceptionnels qui obligent à une relecture de l’ensemble de l’ouvrage, et voilà que quelques mots, quelques lignes, achèvent de nous stupéfier.

    Un roman impressionnant d’originalité et de maîtrise : François Médéline est décidément un auteur qu’il faut découvrir de toute urgence.

    /5