Mon beau grimoire

  1. Sa Majesté des mouches

    Les trois K : c’est le surnom de ce sinistre trio – Kevin, Kylian et Khaïs, qui harcèle Perséphone. Cette dernière, collégienne, a le tort d’être rousse et de vivre dans le cimetière qu’entretient son père. Une proie facile pour ces imbéciles ? Certainement. Mais il se pourrait que la donne change. Perséphone rencontre une vieille femme dans le cimetière qui lui propose de l’aider. Mais il y a des secours qu’il faut parfois mieux refuser…

    On connaissait déjà Chrysostome Gourio pour quelques-uns de ses ouvrages destinés à un public adulte, dont Le Dolmen des dieux et Le Crépuscule des guignols, et voilà qu’il intègre la collection Hanté de Casterman avec ce livre. Dès les premiers instants, on est saisi par le style de l’auteur : on a beau écrire pour des jeunes, on n’est pas obligé d’employer un langage sommaire ou des tournures de phrases simplistes, et l’auteur nous le démontre avec maestria. Des phrases subtiles, des tournures réfléchies, une langue exquise : voilà qui permettra à nos chères têtes blondes de s’offrir de bien beaux morceaux de littérature. Parallèlement, l’intrigue, de prime abord classique, se montre forte : de proie, broyée psychologiquement par cette sombre équipe de crétins, Perséphone va se commuer en prédatrice. Son arme ? La magie. Noire, évidemment. La sorcière avec laquelle elle noue un pacte faustien, en lien avec cet épisode présenté dans le prologue dans le manoir des Vermot en 1692, va vite révéler le côté obscur, presque caché, de cette alliance. Le suspense croît, les phénomènes surnaturels se multiplient, et Chrysostome Gourio nous gratifie de quelques clins d’œil complices, comme avec cette nette référence au cultissime Simetierre de Stephen King. Le reste de l’opus oscille entre tension sauvage, incantations obscures et pression sur les épaules de notre Perséphone, qui va découvrir à quel point le sentiment de culpabilité peut s’avérer monstrueux.

    Un excellent épisode de la série, fort et marquant : on ne peut que plus amèrement regretter le fait que Chrysostome Gourio ne nous ait pas davantage offert de romans.

    /5