Le Blanc à lunettes

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  • 7/10 Lire ce livre de Simenon, c'est plonger au temps des colonies africaines dans les années 30-40. C'est découvrir ce qu'elles ont pu déchainer comme passion amoureuse, de romantisme et de folie au travers de deux drames aux conséquences opposées.

    Le Blanc à lunettes, ou plus précisément « le blanc qui n'est homme qu'avec ses lunettes », pour le peuple congolais, c'est Ferdinand Graux. Bourbonnais d'origine, après quelques jours passés à Moulins auprès de sa fiancée, Emilienne, il rentre retrouver sa plantation de café qu'il exploite avec son ami d'enfance, Camille. Durant son voyage, il fait la rencontre d'un étrange couple franco-belge : Henriette Bodet, qui a la main mise sur son mari, nouvellement nommé à Nyangara en tant qu'adjoint à l'administrateur. Georges Bidet, à bout, exaspéré par les incantations « tu entends, Georges ? » de sa femme, commettra l'irréparable.

    À son arrivée, Ferdinand rencontre Lady Makinson, cette mystérieuse et attirante anglaise, dont l'avion s'est échoué dans sa plantation. Et au fil des jours, il la séduira, et lui, par romantisme la suivra, alors que pour l'Anglaise , une simple aventure sans lendemain, sa vie confortable aux ambassades avec ses enfants doit se poursuivre.

    Emilienne se fera cette réflexion, venue à l'exploitation essayer de sauver ce qui pouvait encore l'être : « N'est-ce pas étrange que des gens passent toute une vie sans frôler le drame ? » Simenon, à chacun de ses livres qualifiés de « romans durs », nous offre ces vies aux drames différents et finalement banales. Mais il nous les propose dans son style aussi bien puissant qu'attirant.
    Le Blanc à lunettes aurait pu être deux ou trois fois plus long, tant les personnages auraient pu être plus développés et dépouillés. Mais au final, c'est un roman dur séduisant et dépaysant.

    24/03/2018 à 07:33 JohnSteed (617 votes, 7.7/10 de moyenne) 4