JohnSteed

549 votes

  • Nick

    Michael Farris Smith

    8/10 Michael Farris Smith fait partie des auteurs contemporains que j’apprécie énormément. Depuis que j’ai été subjugué par Le Pays des oubliés, en fait. Son style, ses personnages, ses histoires me touchent quasiment à chaque livre. Même quand je trouve une faiblesse dans son récit, ce qui fut le cas avec Blackwood, il y a toujours un autre élément du roman qui fait mouche. Oui, je trouve cet auteur très talentueux.

    Avec son 5ème roman, l’Américain a pour ambition de s’attaquer au personnage conteur de Gatsby le Magnifique, le chef d’œuvre de Francis Scott Fitzgerald, Nick Carraway. Il a souhaité développer ce personnage avant sa rencontre avec cet illustre, troublant et exubérant voisin, Jay Gastby. Nick est, selon la formule consacrée par les séries télé, un préquel à Gatsby le Magnifique. Mais on peut se plonger dans cette histoire, sans aucune gêne, sans avoir lu, sans même connaître le livre de Fitzgerald. Car Michael Farris Smith développe l’histoire de Nick Carraway en se concentrant sur sa vie personnelle, son parcours, son histoire. Le lecteur rencontre un personnage torturé par la Première Guerre mondiale, blessé par cette passion amoureuse à Paris avec Ella : les fantômes ne sont jamais très loin.

    L’Américain décrit avec justesse de manière quasi chirurgicale les horreurs vécues par les soldats dans les tranchées puis la vie que Nick a essayé de reconstruire, lui qui essaie de fuir sa vie toute tracée en tant que quincailler dans la boutique familiale. Traumatisé, meurtri au plus profond de lui, Nick se fuit pour mieux se trouver. Un roman sombre, comme sait si bien les écrire Michael Farris Smith, sur un personnage très éloigné de ce que j’aurais pu imaginer à la lecture de Gatsby le Magnifique. Cela peut dérouter le lecteur mais si l’on arrive à prendre du recul sur l’œuvre de Fitzgerald on se rend compte du talent de Michael Farris Smith et de la beauté de ce livre.

    20/04/2023 à 15:28 6

  • L'ingénieur aimait trop les chiffres

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    6/10 C’est l’effervescence à l’usine atomique. Lors de la pause-déjeuner, l’ingénieur Sorbier appelle au secours. Ses collègues montent en à peine une dizaine de secondes à son bureau mais ils ne font que trouver le corps sans vie de Sorbier. Mais aucune trace de l’agresseur qui, au regard de la configuration de la pièce, n’a pas pu disparaître, ni passer inaperçu.
    Le commissaire Mareuil arrive sur place et constate que ce meurtre a été réalisé dans des conditions impossibles pour tout être humain. De plus, le tube contenant l’expérimentation atomique a disparu. Une enveloppe envoyée en recommandé à Sorbier fait peser les premiers soupçons sur son ex chauffeur. Mais très vite, le mystère va s’épaissir…

    Fan du duo, je poursuis la découverte de l’œuvre de ces talentueux comparses. Après Six crimes sans assassin, je retombe sur un roman « énigme en chambre close ». Un thème désuet et bien sûr démodé qui a rendu poussive ma lecture. Pour les amateurs du genre.

    19/04/2023 à 13:21 3

  • Le Loup peint

    Jacques Saussey

    8/10 Ce livre démarre à 100 à l’heure par ce vétérinaire qui vit une véritable descente aux enfers. Culpabilisant de la mort de son fils, délaissé par sa femme, Vincent essaie de vivre là où il trouve son bonheur : dans les bras de sa maitresse. Une nuit, au retour de chez elle, il est poursuivi par une BMW. De cette course poursuite, il arrive à éviter les coups de feu, mais la voiture allemande tombera dans un ravin, tuant 2 des 3 passagers. La 3ème personne arrive à s’enfuir en s’emparant du véhicule de Vincent. Cette personne, pour se venger ira tuer sa femme et son collègue… Vincent est inculpé de tous ces meurtres… Mais qui étaient ces tueurs ? Pourquoi s’en prendre à Vincent, ce quadra à l’existence tragique ?

    La police mène l’enquête. Elle dévoilera un ensemble de ramifications insoupçonnées. Car à l’instar de Karine Giebel, la vie torturée de Vincent n’est que la partie visible d’un iceberg.

    Ce roman foisonnant au rythme effréné m’a beaucoup plu. Ce Loup peint n’a fait que confirmer le bien que j’avais de cet auteur découvert précédemment avec Enfermé.e. Et le petit clin d’œil à Paul Colize et ses comparses Norek & co était très amusant.

    05/04/2023 à 13:45 4

  • Les Ombres du passé

    Thomas H. Cook

    7/10 Pour le lecteur qui connaît l’auteur américain, le trame de ce livre n’apportera aucune surprise. La quête de la vérité sur le passé familial et notamment sur le drame qui a frappé ses membres plusieurs années auparavant sont des thèmes chers à Thomas H. Cook.

    Après plus de 20 ans à vivre seul et sans famille en Californie, Roy revient dans la maison familiale en Virginie pour accompagner son père malade pour les derniers jours de sa vie. Ils affronteront les fantômes, les divergences de personnalités et les vides laissés par un frère suicidé en prison. Mais seule la quête de la vérité permettra de les réunir et leur fera comprendre ce que chacun peut réaliser au nom de l’amour.

    Les ombres du passé n’est pas le meilleur de l’auteur sur ce thème, mais, le temps de 250 pages, il propose une histoire attachante et plaisante.

    29/03/2023 à 15:51 3

  • L'Inconnu de la Poste

    Florence Aubenas

    8/10 Montréal-la-Cluse (petite bourgade de l’Ain) décembre 2008, Catherine Burgod employée de la poste locale, est assassinée de plusieurs coups de couteau. Le ou les coupables partiront avec une petite somme modique.

    De ce fait divers sordide, Florence Aubenas, journaliste, en fait la trame d’un livre. Elle y déroule l’enquête, qui va traîner sur plusieurs années, les présentations des différents protagonistes, dont Gérald Thomassin, acteur en déclin, ayant été consacré césar du meilleur espoir en 1991, qui vivote et vit quasi en SDF. L’accent est mis par l’auteure sur ce personnage qui, par son attitude, ses gestes, ses mots, est présumé coupable, sans avoir réellement de preuves… On découvre ainsi la vie de cet homme, son histoire, sa propension à l’auto-destruction…

    Un livre intéressant avec un style de reportage journalistique qui fait la part belle aux faits sans rentrer dans le jugement ou le parti pris.

    29/03/2023 à 15:24 5

  • Darwyne

    Colin Niel

    8/10 Darwyne Massily vit avec sa mère, Yolanda, dans un bidon ville de Guyane à Bois Sec, un quartier rempli de taudis, près de la forêt amazonienne. Né avec une malformation, Darwyne n’aspire qu’à recevoir l’amour maternel avant qu’un énième amant vienne squatter chez eux, dans leur étroit carbet. Il faut dire que Yolanda est une très belle femme et que les hommes se suivent et repartent sans même dire au-revoir.

    Alors qu’une plainte vient d’être déposée pour maltraitance sur enfant, Mathurine, assistante sociale, doit établir un rapport sur les Massilly. Femme célibataire qui multiplie les FIV pour avoir un enfant, elle rencontre Yolanda et Darwyne et découvre une famille solidaire, unie et forte dans ce quartier pauvre où la misère pousse aussi vite que les arbres. Mais, toutefois, Mathurine veut faire fi des apparences et va tenter de mettre en confiance Darwyne pour qu’il se confie et lui dévoile la vérité.

    Avec Darwyne, on retrouve Colin Niel et l’univers guyanais. Pas vraiment polar, mais un roman sombre malgré tout, avec ce personnage, Darwyne qui m’est apparu comme un petit gamin, qui a du se construire seul dans son monde, la forêt amazonienne, en manque d’amour, mais sensible et rempli de mystères. Et Mathurine, cette assistante sociale, au grand cœur, rempli de bienveillance et d’humanité. Un très beau moment de lecture pour ma part.

    13/03/2023 à 12:20 9

  • Animal

    Sandrine Collette

    8/10 Sandrine Collette est l’auteure des miséreux, des laisser pour compte de nos sociétés. Elle l’a montré avec talent dans ses livres précédents, notamment dans Les larmes noires sur la Terre. On retrouve dans Animal des êtres errants, voués à leur sort et qui essaient désespérant, non pas de sortir de leur misère, mais de survivre au mieux. Ici, ces êtres miséreux sont Nim et Num, deux jeunes enfants abandonnés et « sauvés » par Mara, une jeune veuve dont la vie est des plus précaires. Oui, je mets des guillemets à sauvés car comment vivre décemment au Népal, une des régions les plus pauvres du monde. Si le trio affronte la misère, il a encore plus peur des tigres qui envahissent la forêt et chasse tout ce qui se mange, y compris les humains.

    20 ans plus tard, Lior, chasseuse hors pair, son mari, Hadrien et des amis partent chasser l’ours au Kamchatka. La trace qu’ils suivent est celle d’un ours dont l’instinct de survie est des plus développés. Une chasse hors norme qui met le lecteur sous tension.

    Sandrine Collette propose une histoire haletante, qui transpire la peur par tous les pores. Mais également triste et émouvante, encore une fois. La plume de l’auteure française est à la fois juste, en retenu. Elle laisse les sentiments s’imprégner dans le lecteur qui extrapole, se fait ses propres images, et ne peut que laisser abandonner ses sentiments mélangés. Un livre très attachant même si, après celui-ci, l’auteure a su se dépasser et écrire, ce que je considère, un chef d’œuvre, avec On était des loups.

    10/03/2023 à 09:53 6

  • Les Chiens de Détroit

    Jérôme Loubry

    7/10 Pour son premier livre, le Berrichon a su montrer son potentiel d’écrivain de roman policier et à suspense. Dès les premières lignes, et la capture de ce monstre, ce Géant des Brumes, par deux flics, Stan Mitchell, qui est hanté depuis 15 ans par cette enquête, et Sarah Mitchell, jeune recrue qui entend des voix, je fus aspiré par cette histoire. Ces enlèvements d’enfants, la vie meurtrie de Stan, la ville de Détroit abandonnée par les politiques et les propriétaires endettés par les subprimes sommés de quitter leur maison, …

    Personnages attachants, intrigue loin d’être originale : un livre qui n’apporte aucune surprise mais on sent que l’auteur a du potentiel qu’il confirmera par la suite, tant il sait créer une ambiance et une atmosphère (belle description de la décrépitude de Detroit City). Un très agréable moment de lecture.

    07/03/2023 à 11:03 4

  • Omerta

    R. J. Ellory

    6/10 Journaliste au Miami Herald, John Harper est appelé par sa tante Evelyn qui le supplie de venir en urgence à New-York. Après le décès de sa mère alors qu’il n’avait que 8 ans, et le suicide de son oncle, John n’a plus qu’elle comme parent. Après une absence de plus de 20 ans, John décide de revenir dans cette ville qui l’a vue grandir. Il apprend ainsi que son père qui l’a abandonné à sa naissance a été hospitalité dans un état grave, victime d’un braquage dans le petit supermarché en bas de chez lui.

    Il va être pris en charge par Oncle Walt, l’associé de son père et par la troublante Cathy Hollander. Il découvrira sa nouvelle famille, celle qu’il ne soupçonnait pas. Et un troublant flic, Frank Duchaunak, obsédé par tout ce qui touche à Marylin Monroe, reste près de son père, en soins intensif, et lui fera part d’étonnantes théories…

    Omerta, la loi du silence, comme ce titre sied bien au roman. Car les protagonistes ne dévoilent pas grand-chose de la vie de cette famille. Et RJ Ellory déroule ce mystère durant plus de 600 pages. Et, à moins que comme John, on soit aveugle et benêt, on comprend vite ce qui se trame. Car John se fait mener par le bout du nez, manipuler, que cela en devient gênant pour lui. Du coup, ce roman devient long, rempli de redondances, … Mais le style de l’auteur est bien ancré, ce qui permet de compenser cette absence d’actions et les incohérences dans la personnalité de John. Seuls le talent de l’auteur qui sait tenir son lecteur tout au long de cette longue histoire et le dénouement sauvent ce livre d’un profond ennui.

    06/03/2023 à 11:20 3

  • Le soleil des Scorta

    Laurent Gaudé

    10/10 Le soleil des Scorta peint une saga familiale des plus troublantes et attachantes. Elle prend racine dans l’Italie des Pouilles, au début du XXème siècle, dans un village meurtri par la chaleur et par la misère de ses habitants. Après 10 années passées en prison, Luciano Mascalzone revient à Montepuccio pour posséder celle qui n’a pas quitté son cœur, la belle et troublante Filomere Biscotti. Mais voilà, dans la précipitation et l’urgence de son acte, Luciano vient de séduire la sœur, Immacolata. Et cette dernière allait par la suite enfanter d’un garçon. Voilà la lignée des Mascalzone était née, par une tromperie une erreur sur la personne, et donc un viol.

    Et suite à un pacte entre Luciano et le curé du village, la famille vivra dans l’extrême pauvreté et n’aura de choix que de partir vers l’Amérique, cette terre des espérances et des rêves de vie remplie de richesse et d’allégresse. Mais comme si la terre de Montepuccio était aimantée, collante, attachante, les Mascalzone reviennent sur leur terre natale.

    Mon premier Laurent Gaudé, Le soleil des Scorta m’a profondément séduit. Certes l’histoire est belle, douloureuse, mais l’écriture de l’auteur m’a réellement transporté, ce soleil de l’Italie éblouissant mes yeux, et cette chaleur réchauffant mon cœur. Un très beau livre.

    01/03/2023 à 17:35 4

  • Un Tueur sur mesure

    Sam Millar

    6/10 Belfast. De nos jours. Trois bras cassés commettent un hold-up en ce jour d’Halloween : ils ont tout préparé, tout minuté, et bien évidemment en ce sacro-saint jour cher aux Irlandais, mis leur costume de loup pour se fondre dans la foule déguisée afin de fuir incognito… Mais bien évidemment, le coup foire et n’emporte avec eux qu’une valise dérobée à la va-vite à un client. Mais ce client est un membre de la mafia locale et cette dernière veut coûte que coûte reprendre cette valise et ce qu’elle contenait : une coquette somme d’argent…

    A la lecture des premiers chapitres, j’ai souri autant pour les situations cocasses que pour le ton ironique de l’auteur. Je me suis dit que je tenais avec Sam Millar un savoureux mélange entre Donald Westlake et Ken Bruen. L’histoire se déroulant, je sentais que si le ton acerbe était toujours présent, on sombrait dans la violence pure et dure. J’ai donc assez vite déchanté et revu mon jugement. Un peu comme un cuisinier voyant son soufflé retombé, j’ai été déçu par tant de promesses perçues au début du livre. Mais peut-être suis-je passé à côté de ce Tueur sur mesure…

    01/03/2023 à 16:47 1

  • Billy Summers

    Stephen King

    9/10 Je ne suis pas un féru de Stephen King et notamment des thèmes qu’il exploite dans ses romans, à savoir l’horreur, le fantastique, la science-fiction, soit la majorité de ses livres. Dès lors, je lis la 4ème de couverture de ses sorties pour voir si je peux me laisser tenter. Car je reconnais le talent de l’écrivain et à chaque fois que j’ai ouvert un de ses livres, j’ai toujours été happé et dévoré ses histoires. Par exemple, j’ai vraiment adoré La ligne verte ainsi que 22/11/63.

    En parcourant le résumé de ce Billy Summers, j’ai pensé que cette histoire pouvait m’intéresser. Mais je me suis trompé. Pas intéressé mais carrément adoré. Stephen King a réussi ce tour de force, et c’est aussi une preuve de son talent, de nous faire adorer ce tueur à gage, qui a pour mission de tuer quand il arrivera au tribunal un homme détenu afin qu’il ne dénonce pas les gros bonnets.

    Alors qu’il attend patiemment dans un bureau loué pour plusieurs mois le jour J, devenu David Lockridge, sa couverture, un auteur qui doit présenter son premier livre à son prétendu éditeur, Billy se fond dans son personnage, s’intègre avec ses collègues des bureaux, sympathise avec les voisins de sa résidence et commence à écrire sa biographie. Lui, ce vétéran de la guerre du Golfe, a des choses à raconter. Et décidé que cette mission soit la dernière de sa carrière de tueur à gage, même s’il a pour principe de ne tuer que les « méchants »…

    Comme son titre l’indique, ce livre propose l’histoire de Billy Summers, sa mission en tant que tueur à gage avec en filigrane sa vie, et son combat en Irak. On croisera dans cette histoire Alice, une jeune femme sauvagement agressée… Un duo très attachant et très émouvant. Un livre que je placerai dans le top 5 de l’auteur (du moins de ceux que j’ai lus).

    23/02/2023 à 12:08 9

  • Les Incurables

    Jon Bassoff

    7/10 Le Dr Freeman est licencié manu militari de l’hôpital où il exerce. Imminent neurologue, ses pratiques de la lobotomie transorbitale sont jugées archaïques et sans résultats concluants. Convaincu de l’efficacité de cette technique qu’il a développée et qu’il maitrise admirablement, Freeman parcourt la route accompagné de son dernier patient, Edgar, qu’il considère comme son fils perdu. Ainsi, il va prêcher la lobotomie comme la seule solution face à la violence de la société, et ces êtres incurables, ces fous, ces pervers et criminels.

    C’est muni de son pic à glace, son instrument chirurgical de prédilection, et d’Edgar, la preuve « vivante » de la réussite de sa théorie, qu’il souhaite convaincre la populace sur les estrades des foires et pousser à se faire pratiquer une lobotomie, comme solution à son problème. Et des incurables, le Dr Freeman va en rencontrer : Stanton qui est persuadé que son fils est le nouveau messie ; Scent, persuadée que sa mère folle a caché l’argent de son père en détention…

    Les incurables offre une panoplie de personnages des plus délurés les uns que les autres. Une histoire qui fait froid dans le dos, magnifiquement écrite par un auteur que je découvre. Il me manquait toutefois un poil d’originalité ou plus de folie pour en faire un roman marquant.

    20/02/2023 à 17:24 3

  • Une Petite société

    Noëlle Renaude

    7/10 Deuxième plongée dans l’univers du noir pour Noëlle Renaude. Après Les abattus qui ne m’avait pas laissé insensible, Une petite société m’a déstabilisé, tant ce roman est étonnant.

    Tout d’abord par son approche de l’histoire singulière et déroutante. On découvre par Louise, l’histoire de Tom, handicapé mental, et le drame familial dans cette maison bourgeoise qu’elle observe, épie même, de la fenêtre de son bureau. Louise, employée comptable dans une usine de brioche à la cannelle, rapporte à son collègue, complétement étanche à cette intrigue, ses explications hypothétiques des faits et gestes des membres de cette maisonnée : femme enceinte, disparue, homme stylé anglais et son chauffeur qui disparaît, re-femme enceinte, et cet enfant qui enlève sa petite voisine… Un drame domestique que Louise dissèque avec délectation, une manière à elle de vivre par procuration.

    Au bout de 50 pages (des 350 que compte le livre), l’histoire présentée par Louise me semblait avoir atteint le dénouement final. Et puis, s’enchaine un tableau de personnages que Noëlle Renaude tisse comme une toile d’araignée. Chaque protagoniste ayant un lien avec un autre, etc… dans cette petite histoire. Chacun apporte son lot de mystère et épaissit l’intrigue. Une originalité appréciable mais cette multitude de personnages peut noyer le lecteur voire le perdre ou le trouver coincé dans cette toile d’araignée.

    Pour couronner cette affaire, l’auteure offre un style d’écriture où les paroles et les descriptions s’enchainent sans distinction ou séparation. Si cela crée du rythme et pousse le lecteur à tourner les pages plus rapidement, cela l’incite surtout à encore plus de concentration.

    Je reste ainsi mitigé entre l’originalité du procédé, l’atmosphère sombre et attachante et une lecture assez éprouvante.

    16/02/2023 à 15:29 3

  • Au large

    Benjamin Myers

    9/10 Cet été-là, alors qu’il attend les résultats de ses examens, Robert prend une décision qui, il ne le sait pas encore, va bouleverser sa vie. Il quitte sa famille, la cité minière où elle réside et son non-avenir tout tracé en tant que mineur de fond, perpétuant ainsi la tradition familiale. Robert a envie de voir la mer. Besoin de découvrir le monde en cette fin de guerre, aspirant à plus de liberté aussi.

    C’est ainsi qu’il va parcourir à pied les kilomètres qui le séparent de cet éden nappé de bleu, de vagues brumeuses. Il découvre la richesse des paysages qu’ils traversent, la diversité de la faune, l’opulence de la flore au gré de nuits passées chez des fermiers en échange de quelques menus travaux. Après avoir passé plusieurs nuits à la belle étoile, le hasard le mène dans une demeure en bordure de falaise. La propriétaire, Dulcie, une femme libre, cultivée et artiste dans l’âme, lui propose de prendre le repas avec elle. Une invitation qui va perdurer, jour après jour, et les deux personnages vont faire connaissance et se lier d’amitié. Robert, sous la férule de celle qui aurait pu être sa grand-mère, va découvrir la beauté de la poésie, le plaisir des sens, sa place dans la nature, et ainsi libérer ses chaînes, devenir lui-même…

    Une très belle histoire sous la plume de Benjamin Myers, qui quitte ici le roman noir, et offre avec Au large, une ôde à la beauté, un hymne à la vie. Un roman attachant grâce, notamment, à ce personnage Dulcie qui mérite à elle-seule la lecture de ce livre.

    13/02/2023 à 14:34 3

  • Récursion

    Blake Crouch

    7/10 La récursion se définit par un phénomène qui peut être répété un nombre indéfini de fois. Comme votre image réfléchie indéfiniment par deux miroirs opposés. C’est le titre choisi par Blake Crouch pour ce roman de science-fiction dans lequel Barry Sutton, policier new-yorkais, enquête sur une vague de suicides engendrée par le Syndrome des Faux Souvenirs.

    Quelques années plus tôt, Helena Smith, chercheuse neurologue sur la maladie d'Alzheimer, travaille sur un fauteuil permettant de revivre des vies antérieures et modifier leurs passés.

    Mais ces retours en arrière successifs et ces modifications de vie sont sources de conflits dans la mémoire. De ce chaos spatio-temporel naît le Syndrome des Faux souvenirs. Si ce fauteuil est reconnu pour être dangereux, il peut être également une arme redoutable. Certains vont tout faire pour se l’accaparer. Quitte à retourner dans le passé pour tout modifier…

    Blake Crouch prend comme thème l’exploration du passé, le voyage dans le temps. Thème maintes fois développé. Ici le prétexte est le souvenir et la maladie d’Alzheimer. N’étant pas féru de science-fiction, j’ai plus apprécié les passages où les développements scientifiques étaient moins présents. Ainsi, j’ai préféré les chapitres avec Barry Sutton, flic ravagé par la mort de sa fille, et qui va pouvoir modifier le cours de sa vie, profiter d’être un meilleur père, un meilleur mari,… Un roman qui questionne sur l’existence, sur le sens de la vie de chacun, les regrets, les remords… Un roman que j’aurais davantage apprécié avec moins de longueurs sur les théories et autres explications scientifiques.

    08/02/2023 à 10:43 11

  • Ceux d'à côté

    M. T. Edvardsson

    7/10 Ce soir-là, quand Mike Andersson rentre à vélo du collège, où il est professeur de sport, il entend et aperçoit les sirènes des secours. Arrivé dans son lotissement, il constate avec effroi que sa femme a été victime d’un accident : Bianca a été renversée par Jacqueline, leur voisine, qui conduisait sa nouvelle BMW.

    Alors que Mike attend avec ses deux enfants aux urgences des nouvelles sur l’état de santé de Bianca, il se remémore leur venue à Köpinge, petite bourgade calme et paisible de Suède. Ayant quitté Stockholm, la famille Andersson se faisait une joie de commencer une nouvelle vie à la campagne. Au fil de fêtes et d’échanges entre gens du quartier, la découverte du voisinage rend perplexe le couple. Entre Jacqueline, l’ancienne mannequin, qui se cherche une nouvelle jeunesse en séduisant les hommes du coin, Fabian, le fils de Jacqueline, atteint de troubles psychologiques, ayant des comportements sociaux très étranges, Ola, un homme divorcé, alternant comportements violents et séduction, le couple de retraités, Âke et Gun-Britt, qui apprécie particulièrement les médisances…

    Roman choral avec aller-retours passé-présent, Ceux d’à côté met en avant des personnages aux passés troubles, dont le lecteur souhaite percer tous les mystères. Avec une construction qui rend l’histoire très addictive, ce livre propose une panoplie de voisins étranges dans la limite du stéréotype, dans une intrigue un peu fade. Du Desperate Housewives réservé aux amateurs.trices.

    08/02/2023 à 10:42 5

  • Duelle

    Barbara Abel

    8/10 J’ai débuté la lecture de ce livre sans avoir parcouru la 4ème de couverture, ni cherché aucune critique. J’avais trouvé Duelle chez Emmaus, et en ai fait l’acquisition juste sur le nom de l’auteure. Il faut dire qu’avec la découverte de l’auteur avec L’innocence des bourreaux, Barbara Abel m’avait vraiment conquis avec ce fait divers qui aurait pu se passer en bas de chez moi.

    Avec Duelle, on reste dans une histoire presque banale : Lucy, femme au foyer dans une commune de Bruxelles, est contactée par une émission de télé « Devine qui est là ? ». Une personne a retrouvé sa trace et souhaite renouer contact. Lucy, ayant été abandonnée à la naissance, est persuadée que sa mère naturelle est la personne qui va ressurgir du passé.

    Manipulations, mensonges, trahisons, tels sont les ingrédients de ce Duelle au sommet. On se sait plus qui est qui, on est troublé, ébahi par tant de haines et d’amour. J’ai dévoré cette histoire pour en connaître tous les tenants et aboutissants. Et je n’ai pas été déçu. Découverte sur le tard, Barbara Abel fait désormais partie des auteurs dont je vais dévorer les romans.

    08/02/2023 à 10:37 6

  • La Huitième lettre

    Franck Bouysse, Pierre Demarty

    6/10 La Huitième lettre clôt la trilogie H, commencée avec Le mystère H et poursuivie avec LHondres ou les ruelles sans étoiles. Dans ce troisième tome, l’auteur corrézien nous plonge dans les mythes des différentes civilisations avec en parallèle la quête des cubes mystérieuses devant détruire l’Humanité par la veuve de John W, Mary Manstor.

    J’ai trouvé ce dernier tome en dessous de ses prédécesseurs, malgré les chapitres sur les vieilles légendes. Au final, une trilogie à part dans l’œuvre de Franck Bouysse et surtout, très secondaire.

    08/02/2023 à 10:27

  • L'Homme posthume

    Jake Hinkson

    6/10 Elliot se réveille à l’hôpital. Après son suicide raté (resté 3 minutes en état de mort déclaré, toutefois) et son retour en vie dans ce monde, il n’y voit pas pour autant comme une nouvelle chance offerte. Plus comme une mission qu’il doit accomplir avant de mourir. Cet ancien pasteur, ayant démissionné de Dieu pour cause d’incompatibilité, va voir en Felicia, cette infirmière bienveillante, une raison d’obtenir une rédemption. Mais son chemin va croiser des truands, Stan the Man un fou et deux jumeaux, qui ont planifié le braquage d’un camion rempli de médicaments.

    Le deuxième roman de Jake Hinkson s’avère le livre moins captivant de son œuvre, à ce jour. Les personnages ne sont pas assez développés : j’aurais bien vu les tourments d’Elliot, avec son histoire passée et le drame de sa vie plus mis en avant. Une relation avec Three également moins survolée. Les ingrédients étaient présents, le style de l’auteur un peu plus affirmé, mais il manquait de profondeur et de consistance. Des éléments qui seront approfondis dans les ouvrages suivants de l’auteur américain.

    30/01/2023 à 11:13 2