QuoiLire

340 votes

  • Sadorski et l'ange du péché

    Romain Slocombe

    8/10 Après la chasse, les arrestations de juifs et la participation à la rafle du Vel-d'hiv, on pouvait se demander jusqu'où l'inspecteur Léon Sadorski. Il termine en apothéose (si j'ose dire) en prenant part à la déportation des juifs, en commanditant ou en commettant des assassinats pour assurer ses arrières, tout en continuant ses précédentes malversations d'extorsion de fond ou de récupération des biens.

    Mais le pire ne vient pas forcément de ce personnage infâme, le pire est l'attitude de la société pendant cette période ou comme l'anecdote des courses à Longchamp qui reprirent une heure à peine après un bombardement alors que les corps et blessés n'ont pas tous été évacués du site.

    Il faut savoir qu'en fin de livre, l'auteur donne toutes les références documentaires qui lui ont permis de retracer l'histoire de cet inspecteur et des personnes qui ont eu le malheur de croiser son chemin. C'est un travail digne d'un historien, un travail monumental qui rend d'autant plus horrible le livre. C'est donc à la fois un roman extrêmement noire, mais surtout qu'il faudrait lire pour le devoir de mémoire. Lire cette série m'a rappelé un roman étudié en français en classe de quatrième qui m'avait mis en véritable claque en me faisant découvrir l'horreur de la Shoah et des camps d'extermination.

    Même si Romain Slocombe cherche l'exactitude en donnant l'ensemble des dates, lieux, qualités des personnes, du fait des nombreuses histoires en parallèle, le roman est d'une grande fluidité et de se lire à une vitesse folle malgré ses plus de 700 pages.

    04/01/2019 à 20:52 7

  • Sara

    Sylvain Forge

    8/10 Sylvain Forge n'est pas un écrivain débutant, Sara étant son onzième roman, mais depuis ma dernière lecture d'une de ses œuvres, Parasite, je trouve que Sara est un roman beaucoup plus abouti, mieux construit et très attrayant pour un amateur de thrillers.

    Le premier bon point est que l'auteur a extrêmement bien exploité les notions de vidéo-surveillance, d'intelligence artificielle et des nouvelles technologies. Contrairement à Bernard Minier dans M, le bord de l’abîme ou Franck Thilliez dans Luca, ici le principe des technologies sont exposées sans entrer dans les détails, mais surtout elles en l'état actuel de leur avancée technologique. Pas de sous exploitation de la technologie (Bernard Miner) ou de sont extrapolation à la limite de la science fiction (Franck Thilliez), tout ce qui figure dans ce roman existe bel et bien; l'auteur donnant l'ensemble des références en fin de livre.

    L'autre bon point est le juste positionnement de ce livre à la veille de l'élection présidentielle. L'auteur dénonce les discours populistes et insécuritaires, montre que la première des préoccupations des hommes politique est avant de flatter leur ego et soutenir leur carrière politique, et que sous couvert de la sécurité, la population devrait se priver de sa liberté. Mais c'est surtout la force des lobbies, des entreprises technologiques sans scrupule, qui est mise en lumière; de tous les coups bas auxquels elles peuvent avoir recours.

    Enfin, la qualité de l'histoire ne serait rien si la qualité de l'écriture ne suivait pas. Sylvain Forge nous offre une kyrielle de personnages bien distincts, sans être trop marqués (sauf peut-être ceux mentionnés au second point); une plume amenant de la fluidité et une belle accroche. Ainsi, à la première ouverture du livre, je n'ai pu le lâcher qu'après avoir ingurgité d'une traite quelques 180 pages.

    06/04/2022 à 20:42 5

  • Sel

    Jussi Adler-Olsen

    8/10 Voici la neuvième aventure du Département V en charge des cold cases..... eh oui déjà 9 livres. Mais notez que contrairement aux autres auteurs, Jussi Adler-Olsen n'est pas tombé dans l'obligation des maisons d'édition de sortir un roman par an.

    Et ça se voit.

    Alors que l'on pourrait penser les personnages usés à la corde, les cas d'investigations éculés, l'auteur revient avec maestria après plusieurs années d'absence. Nous voilà entraînés dans une histoire aux ramifications complexes, aux imbroglio hors-normes qui ne facilitent pas l'enquête déjà rendus complexes avec la pandémie et de nombreux soucis affectant Carl Mørk (je nvous dis pas lesquels sans quoi je vais divulgâcher une partie du roman).

    Avec toujours la même qualité narrative (félicitations au passage au traducteur), et pour toujours surprendre ses fidèles lecteurs, l'auteur fait évoluer ses personnages pour dévoiler leur fragilité; étoffe l'équipe pour apporter de la fraîcheur, a de nombreuses fois recours à l'humour et se termine toujours par une petite réflexion.

    Donc un excellent cru, on espérerait déjà avoir le dixième tome, mais pour cette qualité là, on est prêts à attendre quelques mois, voire quelques années.

    04/08/2022 à 18:56 4

  • Succion

    Yrsa Sigurdardóttir

    8/10 J’adore les vacances parce qu'elles vous réservent de jolies surprises. Vous pensiez avoir pris votre liseuse et vous arrivez sans rien à lire vous obligeant à chercher un libraire, ce qui peut se transformer en véritable quête. Heureusement il y a encore quelques librairies indépendantes où l'on trouve des conseils et des des livres de qualité.

    Succion de Yrsa Sigurdardottir s'est donc invité chez moi pendant les vacances pour partager quelques jours de repos. Quelques jours car les 400 (ou 500 pour la version poche) pages sont denses.

    Le style de l'auteure m'a quelque peu fait penser à Stephen King où pendant la première centaine de pages, l'auteur installe les personnages, le cadre de l'intrigue, l'atmosphère de la ville et de l'Islande et bien entendu le meurtre. Malgré une relative lenteur dans le récit, l'auteure captive son lecteur, le met face aux éléments avec une description factuelle, transparente, sans interprétation qui pourrait troubler son jugement et son analyse du crime.

    J'ai particulièrement apprécié la description du mode de vie, des coutumes ainsi que les réflexions et les analyses de l'auteur sur son pays et ses compatriotes islandais. Cela donne une saveur toute particulière, un peu spécial, aux enquêtes policières auxquelles nous sommes habitués, saveur que l'on ne retrouve pas forcément chez d'autres romanciers islandais.

    Il n'y qu'une seule chose peut vous inciter à ne pas l'acheter : Succion n'est pas la première aventure de l’Inspecteur Huldar, aussi si vous ne voulez pas être divulgâché, attendez de lire ce livre qui rappelle les issues du précédent tome ADN.

    17/08/2021 à 20:47 4

  • Sur le toit de l'enfer

    Ilaria Tuti

    8/10 Voilà une auteure de thrillers qu'il va falloir suivre. Non seulement parce qu'elle nous livre ici un très bon roman, prenant et bien construit, mais surtout parce que c'est le premier d'une série qui s'annonce très addictive.

    L'héroïne, une policière au bout du rouleau, malade, dans un pays qui n'est pas le sien et qui ne l'a jamais acceptée; pays glauque, rude, rustre qui cache de nombreux secrets longtemps tus par la population. Une policière humaine, intelligente, qui connaît ses failles, ses faiblesses, qui va former un jeune policier à la tristesse réalité du travail.

    L'écriture est d'une incroyable fluidité et efficacité, surprenante de maîtrise pour un premier roman qui valût à Ilaria Tuti nombreuses comparaison à son compatriote du genre Donato Carrisi.

    23/09/2021 à 21:03 4

  • Symphonie Périgord

    Michel De Caurel

    8/10 Oh quelle belle surprise!

    Si les deux premiers romans de la trilogie avait un petit problème de rythme, la Symphonie Périgord montre que Michel de Caurel a muri, a su tirer profit des critiques et commentaires laissés par ses lecteurs. Dès les premières pages, on est embarqué dans un enquête policière, en fait menée par un journaliste, dans une des régions des plus épicuriennes de France. Et ça file, ça tourne, ça vire, un peu comme les routes de cette région, l'intrigue se relance, se précise, se dévoile.

    On a plaisir à retrouver Léo, le héros des deux premiers tomes, qui a également muri. Même s'il est toujours à succomber au charme de la gente féminine, ce n'est pas aussi immédiat et répétitif (pour ne pas dire automatique), il est un peu plus romantique et réfléchi. Réfléchi aussi dans son investigation de la disparition mystérieuse d'une jeune fille de 18 ans.

    On a plaisir une roman qui est plus en finesse, plus maîtrisée, plus harmonieuse, mais ...

    Car il y a un mais qui fait que ce roman n'est pas parfait.

    Arrivée aux deux tiers du livre, on pense le livre terminé et on découvre une seconde partie changement complètement le contexte de l'histoire. Si cette partie apporte certes un complément à l'histoire, elle est un peu plus lourde, moins maîtrisée, un peu trop directe et une fois lue on s'aperçoit qu'elle n'était pas nécessaire. On aurait tendance à penser que l'auteur avait eu une idée pour un quatrième tome, mais coincé par l'annonce d'une trilogie, a cherché à la caser à la fin du troisième. Ce n'est pas grave, mais on finit le livre avec une légère appréciation négative que nous n'avions pas avant cette seconde partie.

    Un roman plaisant et généreux comme la gastronomie périgourdine.

    04/08/2020 à 21:20 2

  • The end of the world running club

    Adrian J Walker

    8/10 The End Of The World Running Club est un roman en deux temps. La première partie se consacre traditionnellement à la mise en place de l’environnement de l’histoire et des personnages, mais c’est également l’occasion pour l’auteur, Adrian J. Walker, de les plonger rapidement dans la situation anormale qui va bouleverser leur monde, même le monde. En effet, cette première partie démarre sur les chapeaux de roue par l’apocalypse, une pluie de météorites sur le nord de l’Angleterre, dévastant tout. A la lecture de ce passage, on ne peut s’empêcher de penser aux événements astronomiques récents comme la vision d’un météorite dans le sud de la France l’été dernier.

    La seconde partie est la conséquence de la première, un long road movie à pieds au cours de laquelle le héros cherche à rejoindre sa famille en parcourant 900km en moins de 15 jours à pieds. On pourrait alors s’attendre à un roman, lent, poussif, une sorte de Sur la route de Jack Kerouac en plein apocalypse; mais Adrian J. Walker a eu l’intelligence de ne pas sombrer sur cet écueil. A de nombreuses reprises, l’écriture m’a fait penser à un livre de Stephen King : l’évolution psychologique du personnage face à l’épreuve qui tiendrait de Marche ou crève de Stephen King, la description du monde transformé, défiguré, comme pour La tour sombre, et bien sûr les rencontres, bonnes et mauvaises.

    Ce livre se présente sous la forme d’un petit pavé de 500 pages qui peut être inconfortable à tenir pour une lecture prolongée, aussi recommanderais-je d’opter pour la version numérique. Cependant, si les pages sont nombreuses, le style d’Adriam J. Walker étant parfaite de fluidité, elles vont rapidement tourner.

    Un très bon livre de science-fiction sans grand artifice technologique mais qui dépayse tant le héros que le lecteur.

    05/11/2017 à 14:05 2

  • Travail soigné

    Pierre Lemaitre

    8/10 Quelle belle histoire, quel bel hommage à la littérature policière que Travail soigné !

    Sous couvert d'une intrigue policière, Pierre Lemaitre, pour son premier roman policier, veut rendre hommage à cette littérature, considérée moins noble mais qui rencontre un succès grandissant en France; et aux auteurs qui l'ont séduit et laissé des souvenirs de bons moments de lecture. L'histoire est originale, même si l'enquête est des plus classiques; où les personnages ont du corps et de la personnalité.

    La prose de Lemaitre amène une grande fluidité au récit, le lecteur s'installe très rapidement et confortablement dans l'histoire. Les pages défilent, les minutes s'écoulent, les morts s'accumulent. Bref, on passe un très bon moment dnas les mains de Camille Verhoeven, ce flic à la sensibilité d'artiste (serait-ce une projection de l'auteur ?).

    Concernant l'aspect audio de l’œuvre, c'est une pure merveille : Jacques Franz (la voix française de De Niro) est parfait pour cette tâche. Dès les premières secondes, l'intonation grave de sa voix pose le roman et annonce de suite que l'histoire qui va nous être conté n'est pas drôle, qu'il va y avoir du lourd. En bon acteur, il joue parfaitement avec sa voix pour nous vivre les moments forts de l'histoire, les sentiments des personnages. De plus sa diction est parfaitement ce qui m'a permis d'écouter complètement et parfaitement l'histoire en voiture.

    Petit plus pour ceux qui découvriront ce livre dans sa version audio, une interview de Pierre Lemaitre sur Travail soigné et plus globalement sur son travail est proposée en bonus.

    15/11/2016 à 21:11 7

  • Un monde meilleur

    Marcus Sakey

    8/10 Cher lecture, Markus Sakey a enclenché la seconde et nous voilà rapidement propulsé dans un tourbillon d’actions en suivant les aventures de Nick Cooper.

    Ce héros aux capacités d’analyse comportementale hors du commun nous fait penser à un lointain Jack Ryan, le héros qui a fait la renommée et la gloire de Tom Clancy. Si celui-ci n’est pas confronté aux menaces des communistes, mais au clivage normaux – Brillants, on peut cependant trouver un certain parallèle entre les deux héros : la recherche de la justice, l’investissement personnel, les menaces sur la famille, le passage à l’action contraint et forcé.

    Les lecteurs qui ont aimé Tom Clancy apprécieront cette saga, d’autant plus qu’elle apporte un certain renouveau avec cette consonance de science-fiction. Cette dimension reste cependant raisonnable, d’un futur proche légèrement chamboulé technologiquement par les avancées apportées par les Brillants.

    Un grand roman qui confirme les talents narratifs et d’écriture de Markus Sakey, etnous fait saliver à l’attente du troisième épisode.

    11/12/2016 à 22:03 3

  • Un oeil dans la nuit

    Bernard Minier

    8/10 Voici le retour tant attendu du héros favori de Bernard Minier, le dénommé Martin Servaz. Enfin pour être tout à fait exact et honnête, ce policier à la célèbre renommé n'intervient qu'en seconde partie de roman.

    En effet la première est consacrée à la découverte d cette jeune étudiant en cinéma et de sa rencontre avec son cinéaste favori, mais très mystérieux et discret Morbus, à la renommé sulfureuse dans le milieu du cinéma d'horreur.

    Alors que j'avais été déçu des précédents romans de Bernard Minier, j'avoue avoir été accroché par ce roman qui comporte toutes les caractéristique j'aime trouver dans un livre. Un côté original (le milieu du cinéma gore dont je ne connais plus l'histoire que leur visionnage), une énigme honnête (pas très retors car malheureusement l'auteur ne laisse guère d'alternatives possibles), un policier que l'on suit sur plusieurs histoires et de l'humour. D'ailleurs  croire que lui et Franck Thilliez se sont donnés comme mot ou comme défit de faire référence à son confrère d'écriture dans leur roman. Certes il y a une rencontre rapide entre Sharko et Servaz,  mais de nombreuses allusions sont faites à son homologue (faites attention aux titres des films par exemple).

    Le seul petit hic est le double final : le final de l'enquête et le final du livre. Sincèrement, s'il amène un gros cliffhanger, l'auteur aurait tout aussi bien pu s'en passer. J'ai trouvé pour une suite la technique un peu trop facile.

    18/06/2023 à 21:06 2

  • Un vrai jeu d'enfant

    François-Xavier Dillard

    8/10 Avec Un vrai jeu d'enfant je découvre un nouvel auteur François-Xavier Dillard. Et ma fois, c'est pas mal du tout, surtout pour un premier roman.

    Dans ce roman que je qualifierais de court (par rapport à mes habitudes de lecture car il faut tout de même 240 pages), le lecteur est rapidement embarqué dans une histoire de braquage avec piste d'otage qui va partir en sucette.

    Si la première partie plante le décors et les différents personnages (un poil trop cliché), la seconde poursuite fait monter les nerfs des lecteurs, pour le glacer avec un final que l'on n'attendait pas.

    Son écriture est fluide, limpide, agréable à lire. Malgré une alternance des points de vue de l'histoire par les différents personnages, l'auteur arrive à conserver la tension et l'intérêt du lecteur. C'est un bel exercice de style que nous offre l'auteur.

    Alors si vous croisez ce livre chez votre bouquiniste favori, n'hésitez pas, prenez le.

    30/05/2023 à 21:17 3

  • Une Offrande à la tempête

    Dolores Redondo

    8/10 Fidèle à elle-même, Dolores Redondo reprend la formule et les ingrédients qui ont fait le succès de son premier opus L'homme invisible. Derrière l'intrigue policière la mythologie et les traditions basques espagnoles motivent assassins et bercent la vie des habitants. Mais comme dans chacun de ses romans, elle fait appel à un nouveau mythe mais toujours en adéquation avec l'enquête qu'elle mène.

    Seuls les lecteurs de la première heure ayant profité des joies de la lecture de L'homme invisible et de De chair et d'os pourront comprendre et suivre l'histoire et les conflits familiaux de l'inspectrice Amaia Salazar,

    Cette fois-ci, les rebondissements et les scènes d'action s'enchaînent à un rythme plus soutenu et le lecteur aura peu de temps pour réfléchir et mener sa propre enquête. Cette enquête sera d'autant plus compliquée pour le lecteur qu'il devra assimiler les nombreux protagonistes dans cette nouvelle affaire, même si la solution est un peu trop évidente à mon goût. C'est d'ailleurs le seul point négatif de ce roman.

    Un livre qui ravira les lecteurs fidèles à Dolores Rodondo et qui devrait inciter les autres à se mettre à la lecture de la saga de l'inspectrice Amaia Salazar,

    05/11/2016 à 22:11 4

  • Une putain d'histoire

    Bernard Minier

    8/10 Au travers de ce roman, Bernard Minier veut entrer dans la cour des grands.En abandonnant son héros fétiche, Martin Servaz et en positionnant son histoire en Amérique et non pas en région toulousaine, l’autre montre qu’il peut imaginer une histoire en dehors de son domaine de prédilection.

    Non seulement,il tente l’exercice mais il réussit l’essai…et détrônerait même certains maîtres en la matière en amenant une histoire originale, tarabiscotée mais solide, pleine de rebondissements et d’actions qui tiendront en haleine le lecteur tout au long des 500 et quelques pages. L’originalité provient essentiellement des personnages qu’il met en scène : des adolescents, catégorie largement délaissée en dehors des romans adolescents ou pré-adultes. Dans l’aspect enquête cela ma fait penser (de loin) au Club des 5,dans une version modernisée, plus musclée et sous speed pour l’enchaînement effréné de leur investigation.

    L’écriture de Bernard Minier a muri, je la trouve plus fluide, plus rythmée où l’auteur pose de nombreux pièges qui ne pourront être tous évités même par les lecteurs aguerris de thrillers.

    Au final, en changeant de style, de personnages, de lieux, Bernard Minier s’est révélé en vrai maître de thriller. Il ne lui restera plus qu’à montrer qu’il sait transposer ses talents dans la série des Martin Servaz.

    20/04/2017 à 21:19 5

  • Viscères

    Mo Hayder

    8/10 Il y a très, très, longtemps, j’avais lu un roman de Mo Hayder Pigland qui m'avait particulièrement déçu dans son manque de rythme et dans le fait que l'auteure cherchait essentiellement à provoquer le dégoût chez son lecteur.

    Depuis j'ai appris que c'était le pire roman de Mo Hayder et que je passais sans doute à côté de bons thrillers. Aussi me suis-je décider à me lancer dans la lecture de Viscères.... et j'avoue avoir bien fait de ne pas écarter définitivement cette auteure.

    Le roman est tout d'abord captivant : une prise d'otages d'un côté, une enquête de l'autre, dont on sait éperdument que les deux histoires vont finir par se rejoindre. Même s'il y a quelques éléments macabres, l'auteure cette fois-ci ne sombre pas dans le sensationnel.

    Les personnages sont très intéressants, notamment les otages dont on suit leur ressenti et leurs réactions face à leur situation exceptionnelle; mais également le policier qui est un personnage récurrent des livres de Mo Hayder, dont on suit dans sa (ses) quête(s).

    Et comme le roman est extrêmement bien écrit et construit, on se plaît à le garder un moment entre les mains.

    Enfin, chose rare, j'ai été surpris par le final. c'est assez rare pour le signaler mais surtout pour le savourer.

    01/01/2023 à 20:42 5

  • 7 / 13

    Jacques Saussey

    7/10 Jacques Saussey change de structure narrative : habitué aux récits parallèles mais des personnages impliqués dans la même affaire, cette fois-ci il utilise une trame que les amateurs de Camilla Läckberg identifieront rapidement : une enquête policière dans le temps présent liée à un événement ou une histoire passée. Sans dévoiler le livre, d'un côté on a le meurtre sauvage d'une femme découverte dans une maison qui n'est pas son domicile, de l'autre le(s) récit(s) du dernier jour du musicien Glenn Miller, que tout le monde connaît pour son intemporel succès In the mood.
    Si ce qui se cache derrière cet énigmatique titre 7/13 ne constitue pas la clé de l'intrigue de ce roman, il est la solution de l'histoire que l'auteur conte en parallèle, qui se déroule durant la seconde guerre mondiale, et qui trouvera forcément un lien de connexion avec celle du temps présent.

    Dans la présentation de son livre, l'auteur déclare que si vous aimez l'histoire et les romans policiers, ce roman vous plaira. en fait, nul besoin d'être passionné d'histoire, le lecteur découvrira la petite histoire de la grande, et plus particulièrement de la fin de la seconde guerre mondiale. Moi-même peu enclin à lire des romans historiques, cette moitié du roman est agréable et instructive. En épilogue, l'auteur tient à préciser que les faits relatés sont réels.

    Les fans de Jacques Saussey auront plaisir à retrouver des personnages du Loup peint qui apporte légèreté et humour au récit, ce qui n'est pas pour déplaire. De plus, si vous écoutez ce livre, les lecteurs donnent réellement vie au récit, prennent des intonations bien distinctes pour identifier et personnaliser les personnages.

    Petit point négatif, par rapport à ses précédents romans, ce changement de structure narrative donne moins d'allant dans à ce roman, et l'on ne retrouve pas la fluidité qui en aurait fait un vrai page-turn. Il a un petit ticket d'entrée pour que le lecteur se projette dans le récit et que celui-ci décolle.

    Enfin, remarquez le prix de ce livre : moins de 14€, c'est tout simplement un OVNI tarifaire dans le monde littéraire. Vous n'aurez donc pas l'excuse du prix élever du livre pour ne pas lire cet excellent roman qui vous accompagnera agréablement sur les plages cet été.

    02/06/2018 à 12:05 2

  • Apnée noire

    Claire Favan

    7/10 Claire Favan change un peu de registre et nous entraîne dans une aventure bien américaine avec flic et FBI qui doivent coopérer.

    Alors certes comme l’emplacement de l’histoire, les personnages sont un peu cliché, voire totalement cliché, mais le charme opère et on se laisse embarquer dans cette histoire de tueur en série qui sévit même après la mort.

    L’écriture fait que la lecture de ce livre et très rapide.

    On passe un bon moment même si ce n’est pas le roman de l’année ni même le meilleur de cette autrice.

    05/02/2024 à 18:48 3

  • Après

    Stephen King

    7/10 Avec Après, Stephen King renoue avec le genre littéraire qui l'a fait connaître au monde entier : le fantastique où le personnage principal est doué d'un sixième sens qui lui permet d'interagir un moment avec les morts.

    A son habitude, on entre rapidement dans le roman, on se prend d'amitié du héros, on frissonne pour lui tout au long de ce roman court, très court en comparaison de la production habituelle du maître de l'horreur. Un peu trop court même, car les fans de cet auteur auront l'impression d'arrêter le roman juste au moment où celui-ci commençait à être lancé, où le paranormal faisant vraiment son entrée.

    Un roman plaisant, représentatif du King des années 70, mais avec un goût d'inachevé.

    31/12/2021 à 17:47 4

  • Billy Summers

    Stephen King

    7/10 Stephen King ne cesse de surprendre ses fans mais également d'étonner le monde de la littérature. Alors qu'il a le titre du Maître de l'Horreur, l'auteur nous fournit un polar (certes il avait écrit la trilogie Mr Mercedes mais elle est d'un autre ordre). Certains d'iront que ce gros livre ne fut pas écrit par lui seul, mais qu'il fut aidé par son fils, Joel Hill, œuvrant dans ce domaine littéraire.

    Dans tous les cas, si association il y a bien, de cette association est issu un très bon roman qui se déroule en trois actes : l'attente du crime, la cache et la poursuite. Si la partie de l'attente du crime est un peu lente, l'auteur dépeint avec un peu d'acidité une nouvelle fois le mode de vie américain. Cette partie m'a fait penser à au Désert des tartares de Dino Buzatti.

    La suite ressemble beaucoup plus à Stephen King, à l'analyse de ses personnages, à les mettre  dans des situations imprévues à les pousser à leur extrêmement. Même si la cache se tient dans un quasi huis-clos, il n'en est pas moins intense. Non seulement plusieurs éléments rappellent un autre roman du même auteur, Shining, mais l'auteur joue volontiers avec ce parallèle en mentionnant l'hôtel de ce livre.

    La dernière partie est plus rythmée mais est un peu convenue, petit point négatif à ce livre dont la conclusion aurait mérité un meilleur twist.

    Un roman qui permettra aux fans de Stephen King de découvrir un autre aspect de leur auteur favori, et à ceux qui ne le connaissent pas de le découvrir sans sombrer dans l'horreur.

    24/10/2022 à 20:51 4

  • Block 46

    Johana Gustawsson

    7/10 Ce livre prend le schéma traditionnel des polars nord-européens qui comme un Camilla Läckberg met en parallèle une enquête dans le temps présent et une histoire du passé dans laquelle réside l'origine du crime.

    Sans divulgâcher le livre, mais avec son titre, on comprend qu'une partie de l'histoire va se situer dans un camp de déportation. Johana Gustawsson, dont le grand-père a été déporté, rappelle "la vie" dans ces camps et la violence permanente qui y régnait. Mais elle a su s'arrêter dans l'horreur de cet épisode de l'histoire au bon moment pour que cela ne bascule pas dans le glauque pour ce genre de livre. Un exercice difficile mais qui a été admirablement fait.

    Plus que la découverte du criminel, les lecteurs sont amenés à investiguer sur les raisons du crime. L'auteure arrive à garder celles-ci jusqu'à la fin du roman et donc à maintenir son lectorat en haleine.

    La force de ce livre réside également dans les personnages variés que l'on découvre au fur et à mesure de l'enquête. Au final, on les apprécie particulièrement au point que l'on aimerait les retrouver dans une autre enquête.

    Un beau roman, un peu dur, qui nous invite à découvrir davantage cette auteure.

    12/09/2022 à 08:55 2

  • Camisoles

    Martin Winckler

    7/10 Comme à chaque fois Martin Winckler par le biais d'un roman policier cherche à dénoncer les dérives du monde médical dans les pays occidentaux et plus particulièrement la France. Mais cette fois-ci, si le roman date de 2008, je le trouve particulièrement d'actualité.

    Tout d'abord en introduction du roman, l'auteur positionne la France au lendemain d'un mouvement politique qui a mis en place un président avec une majorité forte à l'Assemblée Nationale; la castration chimique pour les auteurs de délits sexuels, ou encore les scandales sanitaires en démontrant les méthodologies des études "scientifiques" pour constituer le dossier destiné à la mise sur le marché d'un médicament.

    Heureusement pour les amateurs de romans policier, Martin Winckler nous offre une histoire intelligente, drôle, à la limite de parodier des classiques du genre. Si l'on retrouve bien le juge Watteau et le médecin légiste Charly Lhombre, les principaux personnages de Mort In Vitro, Camisoles est un roman autonome et ne tire pas de lien avec son prédécesseur. On notera au passage quelques clins d’œil à Bruno Sachs.

    Même si ce roman n'offre pas l'énigme la plus inextricable, on passe un bon moment à le lire. Le style de Martin Winckler est impeccable, fluide et agréable.

    26/05/2018 à 21:13 3