QuoiLire

341 votes

  • Les Morsures de l'ombre

    Karine Giebel

    9/10 Si Karine Giebel a reçu de nombreux prix pour ce roman, c'est amplement justifié. Ce roman est un thriller exemplaire en noirceur, suspense et manipulation du lecteur.

    Bien que ce roman soit avant tout un thriller psychologique, c'est avant tout une lutte entre le kidnappé et son tortionnaire où le gagnant sortira vivant. Physiquement vivant, du moins l'espère le kidnappé, et une renaissance psychologique pour le tortionnaire. Cette lutte est longue, puissante, violente, mais terriblement prenante pour le lecteur qui se projetant dans le kidnappé verra son pouls faire des hauts et des bas. Loin des thrillers psychologiques lents comme ceux de Mary Higgins Clarck ou Lars Kepler, Karine Giebel nous amène dans un thriller psychologique haletant.

    En plus de construire son roman sous format d'un page-turner efficace, l'auteure se joue de son lecteur en ne lui donnant guère d'indices à se mettre sous la dent pour deviner la clé de cette intrigue. Elle dispose plusieurs solutions possibles, laisse son lecteur envisager toutes les combinaisons possibles; en les mettant sur des faux-pistes avec des formulations ambivalentes. Mais elle ne dévoilera l'imbrication de toutes ses affaires qu'en fin de roman. Karine Giebel se révèle machiavélique tant avec ses personnages qu'avec ses lecteurs.

    En résumé un très grand thriller qui ravira les amateurs en quête de sensations.

    27/03/2020 à 08:03 7

  • Les Promises

    Jean-Christophe Grangé

    8/10 J'ai toujours une crainte en me lançant dans la lecture d'un livre de Jean-Christophe Grangé : ces dernières œuvres faisant inutilement la part belle à la violence et présentaient une fin plus que décevante. Sans avoir les mêmes plaisir et la surprise qu'avec le Vol des cigognes, son dernier roman, Les promises se révèle être au-dessus de la moyenne.

    Tout d'abord parce que c'est le premier thriller historique de cet auteur. Des femmes de la haute société nazie sont tuées, éviscérées en plein Berlin  à la veille de l'invasion de la Pologne. Il y a la violence certes mais le contexte historique étant ce qu'il était, l'auteur n'en rajoute pas inutilement; les personnages sont bien identifiables et marqués mais aux agissements quelque peu impensables dans le contexte politique.

    Cependant, il faut bien le reconnaître, Jean-Christophe Grangé est un bon conteur, sa plume est toujours aussi lisse et fluide, et il sait tenir son lecteur en haleine. Malgré tout, on sent que la narration des faits historiques ne sont pas sa tasse de thé. On est loin de la saga Sardoski de Romain Slocombe  qui projette le lecteur en plein Paris occupé. Du fait que les héros des Promises soient par leur personnalité à l'écart de la société allemande, on ne partage pas l'opinion des berlinois ou leur ressenti à l'entrée de la seconde guerre mondiale.

    Au final, le plus gros défaut de ce livre tient dans le fait que l'auteur par le titre de son roman divulgâche à moitié son final.

    Enfin, si les pages sont d'un toucher rarement aussi agréable, les 700 pages et 800 grammes du roman font que je vous conseillerais la version numérique pour profiter pleinement de ce thriller  historique.

    13/10/2021 à 20:56 7

  • Meurtres pour rédemption

    Karine Giebel

    9/10 La première remarque que je pourrais faire sur ce livre est de le conseiller en numérique, car si le format poche est moins lourd, sa lecture n’en est pas aisée… et je ne pense pas que la version grand format le soit plus. Donc épargnez vos poignées, optez pour la version numérique, même si elle coûte un peu plus cher que la version papier petit format.

    Karine Giebel nous livre avec Meurtres pour rédemption un formidable livre dont il va être difficile de parler sans dévoiler son contenu et son final.J’avoue que cela fait plusieurs fois que je reprends cette critique pour ne pas « spoiler » son contenu.

    Karine Giebel exploite pleinement le thème de la rédemption dans ce livre. L’auteure en profite pour malmener allégrement son héroïne, la faisant expier ses péchés, sous de nombreuses formes et dans d’horribles souffrances tant physiques (attention certains passages sont durs) que psychologiques. Rapidement l’auteure dénonce les méfaits du monde carcéral qui loin de sa vocation première de faire rentrer dans les rangs les brebis égarés en font des loups. La vie dans ce milieu n’est pas aussi manichéiste que le suggèrent les romans et les films : que ce soient les incarcérés ou leurs gardiens, tous pratiquement la lutte du pouvoir, la vengeance, le chantage, le commerce illicite et la loi du Talion. Au final on se rend compte que les vrais méchants ne sont pas forcément ceux que la Justice désigne comme tels et que le purgatoire peut se transformer en enfer.

    Alors on pourrait se dire que 1000 pages sur ce thème, le roman va se traîner en longueur, en répétitions. Que nenni, même si les réflexions de la jeune héroïne reviennent plusieurs fois, ce ne sont finalement que les rares rappels au cours de ce roman. Une fois que Karine Giebel a exploité toutes les possibilités dans le milieu carcéral, à mi-livre, elle entreprend un grand virage à son histoire qu’elle a su amener progressivement.

    Bien sur pour conserver son lecteur au fil de ce roman marathon, Karine Giebel nous offre un roman à l’écriture parfaite, alternant actions et introspection de l’héroïne.

    Meurtres pour rédemption est un excellent compagnon pour la plage.
    (quoilire.wordpress.com/2017/08/09/karine-giebel-meurtres-pour-redemption/)

    09/08/2017 à 19:15 7

  • Ragdoll

    Daniel Cole

    8/10 Daniel Cole met le paquet dès le début du livre qui commence sur les chapeaux de roue. En faisant débuter son histoire par la découverte d'une poupée de chiffon humaine (ragdoll en anglais) à l'aide de parties de plusieurs corps, le lecteur se trouve tout de suite propulser dans un univers proche de "7". Mais pour ne pas baisser le rythme, à peine l'enquête est-elle initiée, que le serial killer lance un défit aux policiers en leur donnant la liste de 6 personnes avec les dates auxquelles elles seront exécutées.

    Je n'en dévoilerai pas plus mais je peux rassurer les futurs lecteurs, la tension et le rythme du roman ne faiblissent pas au fil des pages, cela va même en augmentant lors de la course poursuite finale du roman pour le lecteur, et en empirant pour les personnages.

    Personnages qui ne sont pas délaissés par leur auteur : ils sont bien construits, les surnoms habilement trouvés, leur psychologie complexe et développée au fur et à mesure de l'aventure. Les lecteurs devront avoir une bonne mémoire car ce livre introduit de nombreux personnages principaux et secondaires, et il devra jongler avec les sauts narratifs pour se rappeler à qui il a à faire.

    Enfin l'écriture est extrêmement fluide et on ne peut que féliciter Nathalie Beunat pour son excellent travail de traduction qui fait de ce livre un très bon turn-page.

    Alors pourquoi avec tant d'éloges n'ai-je mis que 4/5 pour l'histoire alors qu'il semblerait que nous soyons en présence d'un très très bon thriller et sans doute du succès littéraire des plages cet été.

    Deux choses expliquent ce déclassement du firmament des thrillers. La première provient du fait que j'ai un esprit très cartésien et que je ne comprends pas comment le tueur a pu mettre en œuvre ces méfaits (réfléchissez pour le premier sur la liste pour introduire l'élément qui tuera le personnage). La seconde, qui est à mon sens une faute grave d'écriture dans ce genre de littérature, est de ne pas donner au lecteur les éléments qui lui permettront d'identifier le meurtrier comme à ses personnages du roman.

    11/05/2017 à 20:19 7

  • Replay

    Ken Grimwood

    8/10 Que dire de ce livre méconnu mais qui fait partie des livres favoris de nos auteurs appréciés de ce blog. Franck Thilliez annonce tout simplement que c’est son livre favori, et Olivier Bal me l’a personnellement conseillé lors d’une séance de dédicaces (j’en profite pour l’en remercier ainsi que de sa gentillesse avec ses lecteurs).

    Ken Grimwood avec son Replay nous entraîne dans un roman de science-fiction qui séduira les gens peu attiré par ce genre littéraire. En effet sous couvert d’une résurrection multiple de son héros, l’auteur nous propose une introspection sur notre vie : quel sens souhaitons nous donner à notre vie t qu’aurions-nous fait pour changer celui-ci si nous avions l’occasion de tout reprendre à zéro ?

    Donc point de choses délirantes, de dystopie compliquée, la simple réutilisation de l’histoire et l’imagination ses variantes. Stephen King s’essaiera plus tard à ce genre avec son roman très réussi 11/22/63 mais sans pousser le concept aussi loin.

    Bien que Ken Grimwood ne fut pas un auteur prolifique, il a su maîtriser son récit pour conserver son lecteur et insuffler un second souffle à son roman en introduisant une composante supplémentaire à mi-roman.

    C’est très bien écrit, à l’occasion nous, lecteurs européens, replongeons dans l’histoire américaine des années 60-70 avec le recul d’une personne des années 80. C’est à la fois instructif, imaginatif et agréablement distrayant.

    29/10/2023 à 10:49 7

  • Sadorski et l'ange du péché

    Romain Slocombe

    8/10 Après la chasse, les arrestations de juifs et la participation à la rafle du Vel-d'hiv, on pouvait se demander jusqu'où l'inspecteur Léon Sadorski. Il termine en apothéose (si j'ose dire) en prenant part à la déportation des juifs, en commanditant ou en commettant des assassinats pour assurer ses arrières, tout en continuant ses précédentes malversations d'extorsion de fond ou de récupération des biens.

    Mais le pire ne vient pas forcément de ce personnage infâme, le pire est l'attitude de la société pendant cette période ou comme l'anecdote des courses à Longchamp qui reprirent une heure à peine après un bombardement alors que les corps et blessés n'ont pas tous été évacués du site.

    Il faut savoir qu'en fin de livre, l'auteur donne toutes les références documentaires qui lui ont permis de retracer l'histoire de cet inspecteur et des personnes qui ont eu le malheur de croiser son chemin. C'est un travail digne d'un historien, un travail monumental qui rend d'autant plus horrible le livre. C'est donc à la fois un roman extrêmement noire, mais surtout qu'il faudrait lire pour le devoir de mémoire. Lire cette série m'a rappelé un roman étudié en français en classe de quatrième qui m'avait mis en véritable claque en me faisant découvrir l'horreur de la Shoah et des camps d'extermination.

    Même si Romain Slocombe cherche l'exactitude en donnant l'ensemble des dates, lieux, qualités des personnes, du fait des nombreuses histoires en parallèle, le roman est d'une grande fluidité et de se lire à une vitesse folle malgré ses plus de 700 pages.

    04/01/2019 à 20:52 7

  • Surtensions

    Olivier Norek

    9/10 A la lecture de ce livre, on reconnaît tout de suite la signature d’Olivier Norek.

    En effet, le monde n’est pas un monde de bisounours, les fics sont confrontés à la lie de la société, voient la pire des choses, côtoient les salauds du monde pour nous protéger au détriment de leur vie de famille voire de leur santé mentale. Ancien flic, Olivier Norek est bien là pour nous faire toucher du doigt, sans rentrer dans les détails les plus sordides, la vie de ces gardiens de la paix, et nous fait comprendre que cette vie tient presque du sacerdoce.

    Sous prétexte d’une enquête policière, d’un bon thriller dont on a du mal à refermer les pages tant on désire connaître la suite, les livres d’Olivier Norek sont avant tout un témoignage sur la police. Le réalisme est donc une caractéristique forte et comme le disait l’auteur lors d’une interview « Il arrive qu’une enquête ne progresse pas pendant plusieurs jours, et je veux montrer cela dans mes livres. Les indices ne tombent pas du ciel les uns après les autres ».

    Je n’aurais que quelques regrets : que le livre ne soit pas plus long pour en profiter plus longtemps, mais surtout la mise en page du livre. A son ouverture, j’avais l’impression de tenir un livre de ma fille : grosse police, grand interligne, et j’avoue avoir eu besoin d ‘un peu de temps pour « régler mes yeux » et y trouver mon un rythme de lecture. Par contre, mention spéciale pour la couverture qui me rappelle un peu celle du film Mission Impossible.

    13/04/2016 à 21:32 7

  • Travail soigné

    Pierre Lemaitre

    8/10 Quelle belle histoire, quel bel hommage à la littérature policière que Travail soigné !

    Sous couvert d'une intrigue policière, Pierre Lemaitre, pour son premier roman policier, veut rendre hommage à cette littérature, considérée moins noble mais qui rencontre un succès grandissant en France; et aux auteurs qui l'ont séduit et laissé des souvenirs de bons moments de lecture. L'histoire est originale, même si l'enquête est des plus classiques; où les personnages ont du corps et de la personnalité.

    La prose de Lemaitre amène une grande fluidité au récit, le lecteur s'installe très rapidement et confortablement dans l'histoire. Les pages défilent, les minutes s'écoulent, les morts s'accumulent. Bref, on passe un très bon moment dnas les mains de Camille Verhoeven, ce flic à la sensibilité d'artiste (serait-ce une projection de l'auteur ?).

    Concernant l'aspect audio de l’œuvre, c'est une pure merveille : Jacques Franz (la voix française de De Niro) est parfait pour cette tâche. Dès les premières secondes, l'intonation grave de sa voix pose le roman et annonce de suite que l'histoire qui va nous être conté n'est pas drôle, qu'il va y avoir du lourd. En bon acteur, il joue parfaitement avec sa voix pour nous vivre les moments forts de l'histoire, les sentiments des personnages. De plus sa diction est parfaitement ce qui m'a permis d'écouter complètement et parfaitement l'histoire en voiture.

    Petit plus pour ceux qui découvriront ce livre dans sa version audio, une interview de Pierre Lemaitre sur Travail soigné et plus globalement sur son travail est proposée en bonus.

    15/11/2016 à 21:11 7

  • Avalanche hôtel

    Niko Tackian

    8/10 Après deux romans mettant en scène Tomar Khan, Niko Tackian laisse un moment son personnage fétiche, la communauté arménienne et la banlieue parisienne; pour un flic frais émoulu de l’école de police, dans un canton suisse montagneux et enneigé.

    Pour une fois l’allusion à l’ambiance et l’hôtel Overlook de Shining n’est pas uniquement valable sur la quatrième de couverture, mais elle est bien présente dans le livre. Un hôtel abandonné dans une montagne en pleine tempête hivernale, où le personnage a des visions de personnes disparues de nombreuses années auparavant. De même celle à propos de Jason Bourne n’est pas usurpée, non pas au niveau de la densité des actions mais bien dans l’exploitation de l’amnésie du personnage principal.

    Mais là s’arrête le parallèle entre ces différentes œuvres car Niko Tackian nous livre bien une histoire originale Une histoire qui se lit très rapidement. Également scénariste de séries télé policières, l’auteur garde l’efficacité du récit dans ses livres. Si chaque chapitre n’est pas l’occasion à une scène d’actions, il y aura toujours une nouvel élément pour faire progresser l’enquête ou relancer l’histoire.

    Les personnages sont bien construits, complexes, mystérieux (surtout pour Joshua Auberson en quête de sa mémoire) dont on apprécie voir évoluer leur complicité.

    Un livre sans défaut me diriez-vous ?

    Non pas totalement. Si au début du livre nous sommes littéralement suspendu aux mots du livre, cette captivité s’estompe au fil des pages, pour fléchir avec une fin attendue du fait de manque d’alternatives possibles.

    Un très bon moment qui ouvre le bal des livres de 2019.

    11/01/2019 à 20:47 6

  • Brutale

    Jacques-Olivier Bosco

    8/10 Quand on lit un livre de 400 pages en moins de 2 jours, je pense que l’on peut dire sans peine avoir été séduit par ce livre.

    Pour une fois les commentaires-critiques apposés en quatrième de couverture ne sont pas mensonges ou effets d’annonces commerciales.

    Car Brutale est bel(le) et bien un très bon thriller qui nous fait penser à des films comme Police Python 357 ou l’Inspecteur Harry : l’héroïne, garçon manqué, est de ces policiers prêts à franchir les limites de la légalité pour faire respecter la loi ou venger les siens.

    Si l’écriture n’est pas du niveau d’un Franck Thilliez pour d’un Maxime Chattam, un peu plus simple, plus directe, elle se prête parfaitement à ce roman dont l’histoire défile à 200km à l’heure. Tantôt une scène de crime, une attaque, une traque, une poursuite sur les chapeaux de roues, un combat…. le temps de réflexion pour l’héroïne est réduit tout comme les pauses pour le lecteur.

    Un livre à dévorer toutes affaires cessantes.

    Et comme j’aime bien relever les petites erreurs narratives, de mise en page, typographiques ou autres dans un livre, Brutale a un petite anomalie dans la couverture : l’héroïne apparaît sur celle-ci comme blonde, alors que dans le livre ses cheveux sont dits noire corbeau.

    13/02/2017 à 19:49 6

  • Dans la brume écarlate

    Nicolas Lebel

    8/10 Si l'on devait résumer Nicolas Lebel, on dirait que cet auteur nous fournit régulièrement des romans policier de qualité, mêlant intrigue, originalité et humour. Une fois encore, cet auteur remplit astucieusement et de manière équilibré ce contrat. C'est avec une grande joie que l'on retrouve l'équipe du capitaine Mehrlicht, au physique de cinéma, au franc parler teinté de gouaille parisienne.

    Il faut toutefois légèrement modéré mes propos puisque cette fois-ci, je n'ai pas retrouvé l'originalité : le thème du roman m'a trop fait penser au Sharko de Franck Thilliez. Cependant, contrairement à son confrère d'écriture, Nicolas Lebel va bien moins loin dans ce monde gothique déviant, en étant limite caricaturale en recourant à un "méchant" roumain faisant imanquablement pensé au Comte Dracula.

    Cependant il nous fait découvrir quelques éléments historiques de la Roumanie, du temps où elle appartenait au bloc de l'Est.

    Mais l'humour de l'auteur ne s'arrête pas là puisqu'il s'amuse également à prédire le lieu des futures sépultures d'hommes célèbres... au risque de se tromper (eh oui depuis l'écriture du roman, Jacques Chirac est décédé et n'est pas enterré au cimetière du Père Lachaise, mais dans celui du Montparnasse).

    Un bon moment de lecture que je vous conseille.

    22/10/2019 à 21:07 6

  • Instinct

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    8/10 Le plus difficile lorsque des écrivains se lancent dans une série aussi volumineuse que celle des Voies de l'ombre est de savoir garder son auditoire en trouvant dans chaque tome un nouvel axe au récit, de ne pas sombrer dans la répétition du premier tome.

    Cet Instinct, troisième tome de la tétralogie, est l'exemple même du livre qui déjoue tous les pièges de la série.

    Tout d 'abord les personnages principaux sont changés, sauf bien entendu le psychopathe, véritable soleil noir autour duquel gravitent tous les autres personnages. Jérôme Camut et; Nathalie Hug ont eu la bonne idée de reprendre un personnage secondaire, de le faire montée en puissance. Personnage fort, à la psychologie différente des précédents héros, qui va revoir son jugement sur Kurtz.

    Kurtz, justement, Phénix du mal, qui va revenir et montrer tous ses talents d'emprise psychologique, de son intelligence, qui ferait passer Hannibal Lecter pour un amateur.

    Hasard de l'actualité de décembre 2018, mais le final du roman semble avoir été inspiré par les mouvements de contestation dans la capitale française.

    Je ne m'étendrais pas sur les qualités de la rédaction à 4 mains de ce roman : les deux auteurs apportent chacun leurs facilités respectives qui font passer ce roman des presque 600 pages à une vitesse grand V.

    Allez, je ne perds pas le rythme, je me lance dans la lecture du dernier tome.

    22/12/2018 à 21:59 3

  • L'affaire Clara Miller

    Olivier Bal

    8/10 Lors de ma présentation des précédents romans d'Olivier Bal, Limbes et du Maître des limbes, j'avais comparé l'auteur à Stephen King pour son imaginaire et son pouvoir à embarquer le lecteur dans cette histoire fantastique. Je confirme cette comparaison car tout comme le maître du fantastique, il sait prendre des risques, de changer de style littéraire en passant au thriller policier, mais toujours avec autant de talent et de réussite.

    L'auteur n'abandonne pas totalement les mondes fantastique et onirique, puisqu'en privé, un des héros principaux, star de rock planétaire,  s'adonne à la drogue. Il est alors question de vampires, drôles, mondes virtuels fantasmé, de rêves et cauchemars.

    Une fois encore il nous amène une histoire bien ficelée, bien construite, aux nombreux rebondissement. S'il est un point négatif à ce roman sont les clichés du star système, du rocker cocaïnomane, et des paparazzis pourchassant la star. Mais ce défaut est compensé par l'humour et les clins d’œil de l'auteur aux affaires réelles comme un certain Harvey Weinstein, et par la complexité des personnes. On découvre au fur et à mesure des pages la multitude des facettes de leur personnalité et de leur passé.

    Cependant ne vous attendez pas à un roman policier où vous mènerez en parallèle l'enquête à la recherche du meurtrier, ici vous oscillez entre le passé et le présent, la période du rocker et des paparazzis, et celui des ses enfants, sans bien comprendre comment on est passé d'une situation à l'autre. Telle est votre fil rouge dont vous devrez trouver le point de jonction.

    Un beau roman qui vous accompagnera aussi bien pendant les derniers moments de confinement qu'au bord de la mer.

    01/06/2020 à 20:56 6

  • L'Armée d'Edward

    Christophe Agnus

    9/10 Merci à Bruno de la librairie Lu&Cie de Suresnes qui m’a conseillé cet excellent livre.

    De nombreux auteurs se sont essayés de faire des thrillers écologiques, mais nul comme Christophe Agnus n’ont atteint ce degré de vérité avec un fond technologique aussi prononcé. Alors certes l’auteur prend certaines libertés pour certaines d’entre elles, mais nous les mettrons sur le coup des besoins romanesques.

    Pourquoi ce livre est différent des autres ?

    Parce qu’il n’aborde pas l’écologie de face mais uniquement au travers de la cause d’un mouvement qui va kidnapper une vingtaine des personnes VIP++, et de façon spectaculaire, afin de faire passer son message. Parce qu’au lieu de lister nombreuses théories rébarbatives, les personnages, comme les lecteurs, se confronter aux conséquences du dérèglement climatique.

    Ensuite parce que ce n’est pas qu’un roman écologique, c’est avant tout un merveilleux thriller aux allures de roman d’espionnage, de hard-fiction. Et là encore, avec maestria l’auteur ne sombre pas dans les choses maintes fois rabattues ni dans le détail scientifique soporifique. Ce page-turner nous embarque dans une mise en scène ingénieuse profitant des dernières technologies compréhensibles des néophytes.

    L’écriture est remarquable pour un premier roman, une plume fluide et addictive où seules quelques répétitions viennent ternir ce paysage presque parfait.

    Alors accrochez-vous, plongez dans cette lecture écologique pour une fois pas rébarbative.

    14/10/2023 à 20:45 6

  • L'Unité Alphabet

    Jussi Adler-Olsen

    8/10 Attention, amateurs des romans de Jussi Adler-Olsen, ce nouveau roman ne fait pas partie de la série du Département V. Il est même loin de l'univers pour lequel les français ont connu cet auteur car il ne s'agit pas d'un roman policier, mais d'un thriller historique nous plongeant successivement dans la fin de la seconde guerre mondiale puis dans les années 70 au moment des Jeux Olympiques de Munich.

    Bien que le style ne soit pas le même, les amateurs comme moi de romans policier auront grand plaisir à lire ce livre. Les talents de l'écrivain rendent non seulement ce roman agréable à lire, mais surtout très haletant, plein de suspense. De petits rebondissements jalonnent l'histoire pour la relancer ou lui donner une nouvelle orientation pour ne pas sombrer dans la répétition.

    La grande force de ce roman est au travers de cette histoire à suspense de dévoiler un univers bien méconnu de la seconde guerre mondiale : les hôpitaux psychiatriques où de nombreux déserteurs tentaient de trouver un moyen de fuir le combat en simulant des troubles psychiatriques. Le fait de positionner ce roman dans deux époques passées nous change également des thrillers plus contemporains. L'auteur nous plonge dans l’ambiance de ces périodes, d'une même ville aux opposés de sa vie : de sa mort durant la guerre, à son explosion de vie pendant les J.O.

    A son habitude, ou bien devrions-nous plutôt dire dès son premier roman, Jussi Adler-Olsen montrait déjà de grandes qualité rédactionnelles : une grande fluidité dans l'écriture, des personnages fouillés, une technique de trun-page parfaitement maîtrisée et une rigueur historique ou dans le domaine exploré.

    Quelques petits points négatifs viennent cependant gâcher la qualité de ce livre : entre le patronyme officiel, le nom d'emprunt, le surnom et le nom de fuite, il est parfois difficile de savoir de quel personnage l'auteur parle. Et puis, la "résurrection" d'un des personnages est trop fortuite et romanesque, et nuit à l'aspect authentique du reste du roman.

    Un roman à un suspense à plus d'un titre dépaysant.

    07/10/2018 à 20:33 6

  • La Face nord du coeur

    Dolores Redondo

    9/10 Quel plaisir, mais quel plaisir de retrouver l'inspectrice Amaia Salazar. J'avais découvert ce personnage et son auteure lors de mes vacances aux pays basques, et je peux vous dire que cela m'avais laissé un souvenir impérissable. Dès le premier roman, tous les ingrédients pour un bon roman policier étaient présents : un univers, un lieu, des personnages et une intrigue alambiquée.

    Aussi, à l'annonce d'un quatrième roman avec ce personnage, personnage qui avait déjà beaucoup subi dans ses précédentes aventures, j'étais en droit de craindre l'usure du personnage un peu tel le Harry Hole avec Joe Nesbo. Mais après quelques pages lues, j'ai été rapidement rassuré puisque l'auteure nous propose de découvrir l'Amaia d'avant l'affaire du Batzan et de sa rencontre avec son mentor du FBI.

    L'auteure complète cette découverte avec la révélation de l'enfance d'Amaia, de l'origine de ses craintes, de sa relation avec sa mère, mais aussi et surtout, avec son père, et enfin les raisons de son éloignement de sa campagne natale.

    Mettez tout cela sur fond de poursuite d'un meurtrier en série des plus originaux, une poursuite en plein ouragan et le côté mystique (cher à l'auteure) de la Nouvelle Orléans qui ne manquera pas de vous rappeler celui de la région basque espagnole; vous obtenez un roman de tout premier ordre. Même s'il y a un léger relâchement du rythme à mi-livre, l'auteure conserve tension dans l'intrigue et attention du lecteur tout au long des 700 pages.

    Bien que le livre puisse être lu indépendamment des autres, je vous recommanderais de privilégier l'ordre de parution pour la simple et bonne raison qu'après avoir lu ce livre, vous voudrez connaître les autres, mais entre temps vous aurez été divulgâché par certains passages de La face nord du cœur.

    21/04/2021 à 07:26 6

  • La Soif

    Jo Nesbo

    9/10 Après trois années d’abstinence de Harry Hole, j’avoue que ce fût un grand bonheur de retrouver le héro favori de Jo Nesbo. Et sans vous dévoiler le livre, je peux vous dire qu’une fois encore, il n’est pas épargné, ne serait-ce que d’être retiré de sa pré-retraite d’enseignant à l’école de police pour partir un une nouvelle fois aux trousses d’un serial killer vampiriste.

    Les amateurs de thrillers ne manqueront pas de remarquer que le domaine dans lequel évolue le meurtrier est similaire à celui du dernier roman de Franck Thilliez Sharko. Phénomène de mode ? Connaissance du projet de l’autre ? Même fait divers comme source d’inspiration ? Nous ne le saurons certainement jamais à moins de confronter les deux auteurs, Jo Nesbo plaide pour un hommage à Bram Stocker. Mais pour le plus grand plaisir des lecteurs, ce thème est abordé de façon différente, et les histoires à mille lieux l’une de l’autre.

    Une nouvelle fois Jo Nesbo excelle comme romancier policier en nous servant une histoire à multiples rebondissements ancrée dans la société actuelle et ses technologies (réseaux sociaux, impression 3D, …), une thématique différente. Les expériences passées des personnages aux fondations solides (c’est tout de même la onzième histoire avec Harry Hole) sont exploitées au mieux. Leur psychologie et leurs interrogations ne cessent d’évoluer.

    Son écriture est toujours aussi limpide, fluide, avec des rapides qui relancent le flux, mais contrairement à l’eau claire, les lecteurs ne voient pas qui se cachent dans les fonds troubles, ou du moins pas tout de suite.

    Pourrions-nous trouver un défaut à ce livre ? Oui, son titre, qui je l’avoue m’a laissé quelque peu sceptique lorsque j’ai découvert le livre en libraire, au point où, si je n’avais pas été fidèle lecteur de Jo Nesbo, je ne suis pas sûr que j’aurais été convaincu d’acheter le livre.

    Pour conclure, nous pourrions résumer la critique en disant que ce roman est quasi-parfait et que c’est avec regret que nous devions tourner sa dernière page.

    13/01/2018 à 21:41 6

  • Le Calice jusqu'à la lie

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    6/10 Même si la lutte contre une organisation du commerce sexe est toujours la trame du fond, les personnages doivent aussi lutter et investiguer sur eux-mêmes ou sur leurs comparses.La psychologie des personnages est donc un élément majeur de ce tome. Et le moins que l’on puisse dire est que les auteurs se sont amusés à propulser chaque personnage dans une situation particulière pour voir son évolution psychologique propre.

    Si l’action, l’humour et la profondeur des personnages sont toujours les ingrédients de ce thriller mené tambour battant, certains lecteurs peuvent être rebutés par la multitude des personnages. Chaque nouvelle histoire amène son lot de personnages et le lecteur devra soit avoir une très bonne mémoire pour suivre les différentes histoires soit se constituer un petit mémo pour savoir qui fait quoi et où. Mais si cela pourrait constitué un inconvénient dans un roman « standard », ce n’est pas le cas dans ce roman est ces 750 pages.

    Alors pourquoi faire une critique commune avec le tome 3 ?

    Tout simplement parce que, tout comme vous avec eu du mal à ne pas vous jeter sur le deuxième tome après avoir lu le premier, vous aurez toutes les difficultés à résister à vous lancer dans la lecture du troisième à peine le deuxième tome refermé.

    Malheureusement j’ai envie de dire, le troisième tome n’est pas au même niveau que ses deux prédécesseurs.

    Certes il y a toujours de l’action, mais là où nous apprécions le côté thriller mêlé d’actions et d’enquêtes dans les deux premiers volumes, cet opus s’oriente plus vers un roman d’espionnage teinté de romantisme. Une sorte de James Bond moderne qui ne laissera pas toutefois les lecteurs indifférents. Ils seront rapidement emportés dans de nouvelles aventures, dans de nouveaux pays, avec de nouveaux personnages.

    Dans les deux cas, l’écriture est toujours aussi fluide et agréable à lire; mais on ne peut s’empêcher de remarquer deux styles légèrement différents dès l’instant où l’histoire porte sur de l’action ou sur des instants de réflexion et de vie des personnages.

    11/09/2016 à 21:21 3

  • Le Couteau

    Jo Nesbo

    8/10 Jo Nesbo revient donc pour une douzième aventure d'Harry Hole. Je plains ce personnage dont la trame est plus qu'usée (en fait sa dernière aventure lui avait valu un doigt en titane) et dont son créateur va encore l'abîmer un peu plus. Abîmer est le terme qui se prête le mieux car dans ce nouveau roman, Harry Hole va être malmené en retrouvant ses démons éthyliques, en étant écarté de l'enquête du fait de sa proximité de la victime, sa femme, en étant confronté à son Moriarty (le fiancé) et lui faire toucher le fond, le projeter dans les abîmes, en le posant en tant que principal suspect.

    L'originalité de ce livre est de sortir Harry Hole de sa zone de confort, de lui enlever le rôle de super-flic, de le confronter à toutes ses faiblesses, ses trous de mémoire. Il va devoir réfléchir sur sa personne, sa responsabilité dans l'affaire, la possibilité de rendre la justice par soi-même plutôt que recourir à celle du peuple. Bref il perd tout ses repères.

    Si vous êtes plutôt de ceux qui appréciaient les romans dynamites, voire dynamités, il vous faudra patienter le dernier tiers du roman qui reprend les schémas narratifs habituels de Jo Nesbo. Tactique, rythmé, rebondissant, Harry Hole reprend du poil de la bête jusqu'à ce que .....

    En conclusion, si ce Harry Hole n'est pas complètement le Harry Hole que nous avons connu dans les onze précédents épisodes du personnage favori de Jo Nesbo, ce livre est original dans la faiblesse du héros à laquelle nous ne sommes pas insensible.

    22/09/2019 à 20:46 6

  • Le Dernier message

    Nicolas Beuglet

    8/10 Nicolas Beuglet est incontestablement l'auteur français de thrillers qui monte, qui monte, comme Franck Thilliez le fît il y a quelques années de cela.

    Le dernier message confirme et montre que le talent de cet auteur progresse encore au travers d'un thriller à la fois intelligent et très prenant.

    Il est intelligent car il fait réfléchir tant sur l'intrigue à partir de laquelle l'histoire s'enclenche, mais également sur le sujet de fond à l'origine du meurtre. Sans vous divulguer ce sujet, je ne peux que vous suggérer de rechercher des vidéos sur les théories et leur mise en pratique, c'est non seulement vrai mais surtout totalement édifiant. Pour les autres, vous découvrirez ce que peuvent apporter les neurosciences.


    Et puis l'auteur nous transporte dans de merveilleux endroits de l’Écosse et du Groenland; on a un peu la sensation de voyager en ces temps de confinement sanitaire. Je me demande d'ailleurs s'il utilise toujours les services de Google Maps pour visiter virtuellement les villes dont Nicoals Beuglet parle dans ces livres comme il me l'avait avoué lors d'une séance de dédicaces. Mais cette fois-ci, il a fait appel à un autre auteur français familier de la zone polaire pour l'épauler et lui faire sentir l'ambiance de Nuuk (Mo Malo).

    Enfin, Nicolas Beuglet a des qualités narratives indéniables et fort plaisantes. Son style simple, sans fioritures, permet au lecteur de rapidement s'immerger dans l'histoire, de suivre son déroulement un peu comme s'il la regardait par dessus les épaules des personnages. Le lecteur se retrouve complètement accro à ce livre du fait des différents mécanismes de page-turner mis en place par  l'auteur tout au long du livre.


    En bon conteur d'histoires qu'il est, Nicolas Beuglet ne manque pas de se jouer de ses lecteurs en laissant deux mystères non-résolus dans ce livre.... dont un relatif à l’héroïne qui laisse présager une autre aventure avec celle-ci.

    Bref un très bon livre pour commencer l'année 2021.

    29/01/2021 à 16:13 6