QuoiLire

340 votes

  • Les Refuges

    Jérôme Loubry

    9/10 Jérôme Loubry a tout compris pour fournir un très bon thriller.

    Tout d'abord une histoire qui commence par une situation tout à fait banale, qui pourrait arriver à tout à chacun, mais qui rapidement va s'écarter de la normalité, prendre un aspect étrange, pour basculer totalement. Bien sûr, en lecteurs avertis que nous sommes, nous nous attendons à quels pièges dans le cheminent de la résolution de l'intrigue, mais l'auteur est très vicieux : fausse piste, nombreux rebondissements, faux-semblants, vous allez vous faire avoir dans les grandes largeurs mais surtout pour votre plus grand bonheur.

    Ensuite, des personnages fort bien construits qui se dévoilent au fur et à mesure des pages. On découvre leur psychologie, leurs faiblesses, leur passé, mais aussi leur perception de la situation, par petites touches ou de petits indices disséminés de-ci de-là. On se prend d'affectation pour certains personnages, avant de les haïr. Jérôme Loubry malmène ses lecteurs tout comme ses personnages.

    L'écriture est parfaitement fluide, efficace. On plonge entièrement et rapidement dans l'ambiance du roman. On se prend à tourner les pages, à ne plus pouvoir s'arrêter par désir de connaître la fin.

    25/10/2019 à 21:03 9

  • Meurtres pour rédemption

    Karine Giebel

    9/10 La première remarque que je pourrais faire sur ce livre est de le conseiller en numérique, car si le format poche est moins lourd, sa lecture n’en est pas aisée… et je ne pense pas que la version grand format le soit plus. Donc épargnez vos poignées, optez pour la version numérique, même si elle coûte un peu plus cher que la version papier petit format.

    Karine Giebel nous livre avec Meurtres pour rédemption un formidable livre dont il va être difficile de parler sans dévoiler son contenu et son final.J’avoue que cela fait plusieurs fois que je reprends cette critique pour ne pas « spoiler » son contenu.

    Karine Giebel exploite pleinement le thème de la rédemption dans ce livre. L’auteure en profite pour malmener allégrement son héroïne, la faisant expier ses péchés, sous de nombreuses formes et dans d’horribles souffrances tant physiques (attention certains passages sont durs) que psychologiques. Rapidement l’auteure dénonce les méfaits du monde carcéral qui loin de sa vocation première de faire rentrer dans les rangs les brebis égarés en font des loups. La vie dans ce milieu n’est pas aussi manichéiste que le suggèrent les romans et les films : que ce soient les incarcérés ou leurs gardiens, tous pratiquement la lutte du pouvoir, la vengeance, le chantage, le commerce illicite et la loi du Talion. Au final on se rend compte que les vrais méchants ne sont pas forcément ceux que la Justice désigne comme tels et que le purgatoire peut se transformer en enfer.

    Alors on pourrait se dire que 1000 pages sur ce thème, le roman va se traîner en longueur, en répétitions. Que nenni, même si les réflexions de la jeune héroïne reviennent plusieurs fois, ce ne sont finalement que les rares rappels au cours de ce roman. Une fois que Karine Giebel a exploité toutes les possibilités dans le milieu carcéral, à mi-livre, elle entreprend un grand virage à son histoire qu’elle a su amener progressivement.

    Bien sur pour conserver son lecteur au fil de ce roman marathon, Karine Giebel nous offre un roman à l’écriture parfaite, alternant actions et introspection de l’héroïne.

    Meurtres pour rédemption est un excellent compagnon pour la plage.
    (quoilire.wordpress.com/2017/08/09/karine-giebel-meurtres-pour-redemption/)

    09/08/2017 à 19:15 7

  • Ne prononcez jamais leurs noms

    Jacques Saussey

    9/10 Vous cherchiez le roman qui va vous accompagner sur la plage pour vous filer de frissons, Ne prononcez jamais leurs noms est pour vous.

    Jacques Saussey nous livre ici un roman tout simplement époustouflant. J'aurais pu utiliser l'adjectif explosif mais cela aurait été un peu trop facile par rapport au sujet du livre. En effet, l'auteur a été victime d'un malheureux concours de circonstance : quelques semaines après le début de la rédaction de ce livre qui commence par l'explosion d'une bombe dans un train, la France a connu une vague d'attentats comme jamais. Cette analogie ne donne que plus de poids, de pression au lecteur au fur et à mesure de l'avancement des méfaits du grand méchant du livre.

    Mais loin d'employer la trame traditionnelle de la double vision policier - assassin, Jacques Saussey dé-quadruple le récit : le policier, le méchant, le kidnappé, la femme du kidnappé. En ajoutant une complexité supplémentaire le kidnappé est flic tout comme sa femme, et tous deux sont amis du policier enquêteur. Avec ce quadruplement du récit, le livre est perpétuellement relancé au point ou arrêter sa lecture est quasiment impossible sans être frustré de ne pouvoir la poursuivre tranquillement.

    Et pour parfaire le tout, je e peux que vous conseiller ce livre si vous partez au pays basque cet été si comme moi vous aimez lire un livre dont l'action se passe dans la région proche de ses vacances. Vous aurez ainsi l'occasion d'avoir un petit cours de rattrapage agréable et pas pédant sur l'histoire indépendantiste basque.

    04/07/2017 à 21:08 8

  • Point Zéro

    Antoine Tracqui

    9/10 Voici un livre que j'ai découvert aux Bookies à Saint Cloud, cette librairie solidaire qui revend les livres que les gens leur donnent au profit d'association. Antoine Tracqui m'est totalement inconnu ainsi que son livre, mais pour une paire d'euros, je me disais que je ne prenais pas grand risque.
    A u final, je me dis que j'ai fait une très bonne affaire après la lecture des plus de 1100 pages de ce livre en moins d'une semaine tant j'ai accroché à l'histoire.

    Point zéro est un roman mélangeant plusieurs genres : le techno-thriller, la dystopie, un peu de science-fiction et de fantastique; avec cependant des bases historiques solides. Il me sera difficile de donner plus amples détails sans dévoiler le fond de l'histoire, mais c'est terriblement bien ficelé. L'auteur maîtrise absolument tout : des personnages puissants, charismatiques ou haïssables, un sujet qui se veut d'être d'actualité, un réalisme pointu, une écriture fine, fluide, parfois drôle mais surtout pleine d'actions, et un usage acéré des techniques du page-turn. Bref sans vous rendrez compte, les pages filent au point de ne pas s'apercevoir de la grosseur du livre et de regretter que l'on tourne déjà la dernière page.
    Heureusement pour nous, ce n'est que le premier tome d'une trilogie aux volumes tout aussi importants mais aux histoires disjointes.

    Le plus dur va être de les trouver à moins qu'il nous trouve un éditeur de qualité pour le republier.

    03/11/2022 à 20:39 3

  • Rêver

    Franck Thilliez

    9/10 Amateur de thrillers, de romans policiers, vous qui aimez mener l’enquête et déjouer l’énigme dressée par l’auteur, ce livre est fait pour vous.

    En plus de son originalité d’être totalement déconstruit et de mêler, façon David Lynch, le réel, le ressenti et le rêvé, ce livre est un véritable défi aux enquêteurs. Pas l’ombre d’une piste pour vous faire deviner qui est le kidnappeur et son mode opératoire, mais vous disposez d’assez d’éléments pour faire fonctionner votre imagination et trouver les éléments manquants.

    L’auteur joue réellement avec son lecteur car ce dernier devra trouver un code pour aller sur le site http://www.rever-franck-thilliez.fr/ pour lire le chapitre manquant qui donne les éléments manquants à l’histoire qui ne vous ont pas permis de trouver la solution.

    Enfin, en plus de cette nouveauté « technologique », Franck Thilliez se renouvelle en laissant de côté son héros préféré, mais un peu usé, Franck Sharko. Si dans un premier temps, les fans peuvent être déçus, l’efficacité narrative nous fait rapidement adopter ces nouveaux personnages….pour mieux retrouver, espérons-le, notre héros préféré dans une future aventure.

    A lire, voire à relire comme le conseille le romancier.

    22/12/2016 à 21:21 5

  • Robe de marié

    Pierre Lemaitre

    9/10 Ce roman policier, ou plus exactement un roman noir, témoigne que les qualités de Pierre Lemaitre étaient déjà présentes  bien avant son obtention du Prix Goncourt

    Déjà au niveau de l'histoire, Pierre Lemaitre s'amuse avec son lecteur en l'embarquant dans une première moitié du livre dans la descente aux enfers d'une jeune femme qui fuit les conséquences de ses actions qu'elle aurait commis dans ses périodes d'amnésie; puis de procéder à un brusque revirement sur lequel je ne m'étendrais pas pour vous laisser la surprise.... et la suivante. Il eut été une époque où ce genre de scenario aurait plu à des cinéastes comme Alfred Hitchcock.

    L'histoire s'articulant autour d'une aventure, l'auteur a évidemment bien architecturé ses personnages tant sur leur psychologie, leur passé, leur fonctionnement, leur réflexion, leurs actions et réactions. On les imagine parfaitement, on ressent chacun de les sentiments, on frissonne avec, pour, eux.

    D'ailleurs si vous pensiez que pour une fois le titre d'un roman de Pierre Lemaitre était bien choisi, en fait  il s'agit d'une faute d'orthographe. L'auteur a donné cette information lors d'une entrevue: le personnel de l'édition s'en est aperçu alors qu'un certain nombre de livres avait déjà été tiré. Finalement, il a admis que le hasard avait bien fait les choses.

    La version audio par laquelle j'ai découvert ce livre est très excellente. Les deux lecteurs (une voix féminine pour Sophie, une masculine pour l'homme) ont une diction parfaite, le jeu juste nécessaire qui permet de laisser l'imagination de l'auditeur agir.

    11/08/2019 à 20:36 9

  • Sa Majesté des Ombres

    Ghislain Gilberti

    9/10 Avec cette grisaille ambiante et la fin des fêtes de fin d'année, je cherchais un roman qui bouge, me tienne en haleine, un roman survolté.

    Depuis un moment, j'ai dans ma PAL la trilogie de Ghislain Gilberti et c'est donc tout naturellement que je me suis lancé dans sa lecture. Et ma foi, je pense que mon choix a été le bon.

    Dès l'ouverture on est embarqué dans cette affaire de narcotrafiquants impitoyables. On devient rapidement accro à ce livre et on peut difficilement décrocher.

    Tout y est : des personnages forts, bien marqués, pas trop caricaturaux; une plume fluide qui amène une grande fluidité à la lecture, un grand réalisme dans les procédures policières, une très intéressante approche du langage non-dit, un rythme très soutenu où relances, changements et surprises surviennent régulièrement et captent le lecteur.

    J'ai hâte de me lancer dans la lecture des deux autres tomes.

    22/01/2022 à 20:26 5

  • Sans pitié, ni remords

    Nicolas Lebel

    9/10 Alors que j'ai acheté ce livre dans un petit vide grenier, j'avoue avoir fait une superbe découverte. Car c'est tout simplement un des meilleurs romans policier et thrillers que j'ai lu cette année.Tout est bon dans ce roman.Tout d'abord l'histoire qui est particulièrement soignée, avec de nombreux rebondissements, mais sans aucun délire scénaristique.Mine de rien on apprend énormément tant sur l'art primitif africain, que sur les musées parisiens; et sans que cela faitEnsuite, les multiples énigmes parsemées tout au long de l'enquête. Si les amateurs de romans policier en identifieront rapidement certaines (cf. Le manuscrit inachevé de Franck Thilliez), il faut être un peu tordu pour les trouver toutes. Bravo à l'auteur pour avoir fait le poème à tiroirs et pour en avoir glissé d'autres secondaires dans les pages du roman (faites attention au moment de lire le rêve de Vlad par exemple).Mais c'est surtout l'écriture de Nicolas Lebel qui est remarquable. D'une grande fluidité, elle donne part belle au "patois" parisien des gens qui ont bien bourlingué. Ajouté à l'humour et au verbe fleuri du héro principal, le Capitaine Mehrlicht, on ne peut s'empêcher de penser à un scenario d'Audiart. C'est un petit bonbon de littérature.Les personnages sont forts, et pas uniquement en parole, attachants, multiples et complémentaires.Enfin, la dérision du roman vis-à-vis d'autres auteurs. A ce jeu c'est Olivier Norek qui perd, en endossant un personnage nommé "Olivier Ronek" ou se voyant attribué l'adresse mail des complaintes (bien lire jusqu'au bout les pages de remerciements).Sincèrement, j'aimerais bien en voir l'adaptation cinématographique avec un Jean-Pierre Daroussin dans le rôle principal.Mon seul regret à la lecture de ce roman a été de découvrir qu'il s'agissait de la troisième (sur cinq) aventure du Capitaine Mehrlicht, mais avec comme seul réconfort que l'auteur ne dévoile rien des enquêtes précédentes si ce n'est qu'elles ont été résolues.

    17/04/2019 à 20:49 9

  • Serre-moi fort

    Claire Favan

    9/10 Je ne me lancerais pas dans le résumé du livre car ce serait vous dévoiler les multiples rebondissements que Claire Favan a mis dans ce livre.

    Alors que le livre commence tranquillement, semble-t-il dans un thriller de disparition, la première claque arrive au premier tiers du livre. Comme ses personnages dans l’histoire qu’elle nous conte, Claire Favan se joue de son lecteur, elle le mène par le bout du nez. Elle le laisse s’installer confortablement dans l’histoire, lui fait croire que bien que soutenue, l’histoire est toute tracée. Mais ce n’est pas le cas, la route prend un méchant virage à 90 degrés. Le lecteur doit alors faire face à une nouvelle histoire.

    Chapeau Madame.

    Souvent ce genre de revirement n’arrive qu’en fin de livre en guise de conclusion, d’effet final. Ici, l’auteure montre toutes ses qualités de conteuses en le faisant plusieurs fois, à des degrés divers. Le lecteur est surpris, malmené… mais il aime cela.

    Son style est impeccable avec un parfait dosage entre histoire, présentation des personnages, de leur psychologie, du monde dans lequel ils évoluent.

    Un seul défaut, c’est trop court pour nous :: 384 sur un été à plus de 5000 pages lues, tout juste une histoire de transition entre deux pavés.

    19/09/2016 à 21:45 2

  • Sharko

    Franck Thilliez

    9/10 Je me rappelle de la note de l’auteur sur Facebook demandant à ses fans ce qui pourrait arriver de pire à Sharko et Hennebelle. J’avais alors presque deviner le ptich de ce roman en répondant que Sharko et Hennebelle devaient enquêter pour se disculper d’un meurtre qui leur avait été injustement mais diaboliquement attribué.Ici, Sharko et Hennebelle vont devoir enquêter sur leur crime et tout faire pour ne pas être découverts.

    Une nouvelle fois Franck Thilliez n’épargnent pas ses héros, ne leur laissent pas le temps de souffler entre deux romans, et encore moins au sein d’une nouvelle aventure. Mais ce qui me surprend toujours et me plaît le plus chez Franck Thilliez est la perpétuelle recherche d’univers dans lesquels plongés ses héros, tout en restant scientifiquement exact. Comme vous pourrez le lire en épilogue, les éléments médicaux et anthropologiques mentionnés dans le livre sont véridiques.

    Autant vous dire que l’histoire est fouillée, torturée, pleine de rebondissements, aux multiples ramifications qui tiendront en haleine le lecteur avec une écriture toujours aussi efficace, fluide et captivante. Sans faire de mauvais jeu de mots, sachez qu’il y a quelques passages crus mais on est loin d’un roman gore.

    Mais, je tire un carton jaune à Franck Thilliez. En grands amateurs de romans policiers, les fans de Franck Thilliez auront remarqué un certain relâchement de l’auteur sur l’aspect enquête. En effet, le bornage du téléphone est totalement oubliée alors que c’est la base même d’une enquête, et on a failli passer à côté de l’analyse d’empreinte sur un élément touché par « le grand méchant ».

    En dehors de ces deux petites défauts, Sharko est un très bon cru, un roman policier presque parfait et qui nous fait dire qu’il faut attendre encore un an avant de connaître la suite des aventures de Lucie et Sharko…… ça va être dur.

    21/05/2017 à 22:03 6

  • Shining Nouvelle Traduction

    Stephen King

    9/10 J’étais persuadé d’avoir tout lu de Stephen King, dont ce Shining, un des romans les plus connus de Stephen King, roman qui permit à l’auteur d’assoir son titre de maître de l’horreur. Aussi ai-je voulu profiter de cette nouvelle traduction pour redécouvrir ce chef d’œuvre. Mais au final, soit je ne l’avais jamais parcouru, soit l’adaptation cinématographique de Stanley Kubrick a complètement occulté l’histoire originale. C’est donc comme si j’avais eu la chance d’avoir un des meilleurs romans de Stephen King pour la première fois, autant dire le plaisir que j’ai éprouvé à la lecture de cette histoire d’un homme qui sombre petit à petit dans la folie.

    En plus d’une belle traduction, j’ai particulièrement apprécié la couverture de cette édition collector dont le graphisme fait un petit clin d’œil à la moquette de l’hôtel présente dans le film.

    05/02/2024 à 19:05 4

  • Soeurs

    Bernard Minier

    9/10 S'il est des auteurs qui s'essoufflent au fur et à mesure de leur publication ou qui sombrent dans la facilité en copiant-collant leurs histoires, Bernard Minier progresse, s'améliore, et s'approche invariablement de la perfection.

    Car Soeurs n'est pas un très bon roman policier, c'est un excellent thriller.

    Tout y est pour faire le succès de ce roman et satisfaire tant les amateurs du genre que les fidèles lecteurs de Bernard Minier. Pour ces derniers, il y aura la découverte des débuts dans la police de Martin Servaz qui va être rapidement confronté à la dure réalité des meurtres, la diabolicité des meurtriers et des pratiques douteuses des enquêteurs. Pour tous, une intrigue bien ficelée mais difficile à résoudre bien que tous les indices soient fournis au lecteur, parsemés au milieu des 480 pages du roman.

    Mais la lecture de ce roman ne se limite pas uniquement à l'intrigue policière.

    L'auteur en profite pour montrer l'évolution du métier enquêteur car si nous sommes familiers, ou du moins habitués, aux usages des caméras de surveillance, du traçage des appels téléphoniques sur réseau mobile, mais surtout aux analyses ADN, il n'y pas si longtemps les enquêteurs ne pouvaient compter que la filature, les auditions musclées et les indics.

    Et puis, il y a enfin le rapport du lecteur à l'auteur. Sur ce point on pense forcément à la folie du fan dans le Misery de Stephen King. Bernard Minier a eu la bonne idée de ne pas en faire une pâle copie, ici il pousse la "dépendance" un cran au dessus (je ne peux en dire plus sans dévoiler le roman).

    Le seul petit point négatif qui empêche Bernard Minier de nous fournir un roman parfait est l'utilisation, quoiqu'en moindre nombre par rapport à ses précédents romans, à des phrases à rallonge, de celles qui n'en finissent pas et dont on ne se rappelle plus du début de la phrase une fois arrivé à la fin (un peu comme celle que je viens de vous écrire). Si cette verbosité peut se prêter aux réflexions des personnages, elle est pour le moins gênante aux situations pressantes, quand l'action s'accélère, et où le lecteur ne peut suivre le rythme du fait de la complexité de la phrase. Heureusement, cela n'arrive plus qu'à quelques rares occurrences, et du coup les pages défilent et comme le dit si bien Olivier Bureau du Parisien : "Pour éviter d’être frustré, prenez une RTT ! La grosse difficulté avec « Sœurs », de Bernard Minier, c’est de devoir le lâcher".

    Enfin, un gros carton rouge à XO Editions qui n'a pas fait son travail de relecture sérieusement : mot manquant, fautes d'orthographes, lettres oubliées dans un mot; cela est tout simplement inadmissible alors que l'usage d'un correcteur orthographique de base aurait détecté tous ces problèmes.

    Avec Soeurs, Bernard Minier rentre dans les très grands maîtres du roman policier et devrait être anobli pour cela et obtenir le titre de Sir.

    15/04/2018 à 20:52 5

  • Surtensions

    Olivier Norek

    9/10 A la lecture de ce livre, on reconnaît tout de suite la signature d’Olivier Norek.

    En effet, le monde n’est pas un monde de bisounours, les fics sont confrontés à la lie de la société, voient la pire des choses, côtoient les salauds du monde pour nous protéger au détriment de leur vie de famille voire de leur santé mentale. Ancien flic, Olivier Norek est bien là pour nous faire toucher du doigt, sans rentrer dans les détails les plus sordides, la vie de ces gardiens de la paix, et nous fait comprendre que cette vie tient presque du sacerdoce.

    Sous prétexte d’une enquête policière, d’un bon thriller dont on a du mal à refermer les pages tant on désire connaître la suite, les livres d’Olivier Norek sont avant tout un témoignage sur la police. Le réalisme est donc une caractéristique forte et comme le disait l’auteur lors d’une interview « Il arrive qu’une enquête ne progresse pas pendant plusieurs jours, et je veux montrer cela dans mes livres. Les indices ne tombent pas du ciel les uns après les autres ».

    Je n’aurais que quelques regrets : que le livre ne soit pas plus long pour en profiter plus longtemps, mais surtout la mise en page du livre. A son ouverture, j’avais l’impression de tenir un livre de ma fille : grosse police, grand interligne, et j’avoue avoir eu besoin d ‘un peu de temps pour « régler mes yeux » et y trouver mon un rythme de lecture. Par contre, mention spéciale pour la couverture qui me rappelle un peu celle du film Mission Impossible.

    13/04/2016 à 21:32 7

  • Toutes les vagues de l'océan

    Víctor Del Árbol

    9/10 Vous recherchez un roman policier plein d’actions et de rebondissements dans l’enquête : passez votre chemin.

    Ici, Toutes les vagues de l’océan est avant tout une aventure histoire, une saga de personnages, de familles, tout au long du XXème siècle. Et ce n’est qu’en parcourant leur histoire que l’on découvre, au final, l’origine, les racines, des crimes perpétrés et racontés au début de ce gros livre.

    Même si comme moi vous n’êtes pas particulièrement attiré par l’histoire et la politique de l’Europe du XXème siècle, Victor Del Arbol a un talent de conteur pour nous la faire découvrir de manière plaisante. Il se sert des aventures d’Elias Gil pour nous amener dans l’URSS stalinienne, de la déportation massive vers l’enfer des goulags, puis de la guerre civile espagnole, la fuite vers la France (l’histoire se répète malheureusement en 201 avec d’autres réfugiés) le tout sur fond d’engagement envers le communisme et d’espionnage.

    L’écriture est impeccable (et la traduction aussi de fait), elle nécessiterait peut être un peu plus de fluidité, mais rares sont les livres qui me demandent de compulser un dictionnaire à plusieurs reprises. Merci Mr Arbol pour cette écriture précise digne des grands romanciers de la fin du XIXème siècle, sans la lourdeur des descriptions alambiquées et sans fin.

    Un roman qui mérite qu’on lui consacre du temps pour être lu à sa juste valeur.

    15/03/2016 à 19:51 9

  • Trois secondes

    Börge Hellström, Anders Roslund

    9/10 J'ai longtemps attendu avant d'écrire cette critique : devais-je le faire pour ce livre ou pour la série complète. Mais le premier tome étant tellement bien que j'ai préféré la faire, et ainsi vous permettre de connaître mon avis sur les suivants pour savoir si cette qualité est tenue.
    Ne vous fiez pas à la relative lenteur des cinquante premières pages, elles sont là pour poser les personnages et présenter leur psychologie. Ensuite, le livre prend gentiment son rythme de croisière pour se révéler comme un redoutable page-turner d'une très grande efficacité, d'une forte propension à être addictif et d'une grande modernité dans sa rédaction alors qu'il a été écrit en 2009.
    J'ai particulièrement adoré le fait d'être baladé par les auteurs lors de la mise en place des préparatifs du héro principal avant son incarcération : on ne peut s'empêcher de se demander à quoi cela pourra lui servir; et il faut attendre le dernier quart du livre pour que toutes ses pièces s'emboîtent à la perfection.
    Avec ce roman, Anders Roslund & Börge Hellström sont souvent nommés les nouveaux Stieg Larsson (l'auteur de la série des Millenium). Cela est vrai dans le rythme du livre et la lutte du personnage principal, mais ils me font également pensé à Tom Clancy pour leur précision de la vie carcérale et du marché de la drogue dans les prisons, ou à Terry Hayes pour la qualité de la narration et de l'intrigue.
    Je ne peux reprocher que quelques répétitions sur le passé et les méfaits de Paula, sans quoi ce livre serait tout simplement parfait.
    Enfin je tiens à souligner la qualité de la couverture. Enfin, une maison d'édition qui prend au sérieux les première et quatrième de couverture, celles qui nous font choisir un livre plus qu'un autre.

    08/05/2019 à 21:10 7

  • Tu tueras le père

    Sandrone Dazieri

    9/10 Après l’avoir vu bien exposé dans de nombreuses librairies et me l’avoir été conseillé par une collègue avec laquelle je partage nos avis sur les romans policiers, je me suis décidé à me lancer dans la lecture de Tu tueras le père.

    Voici un roman qui démarre sur les chapeaux de roues et qui ne se calme qu’un fois la quatrième de couverture tournée, donc cher lecteur vous êtes averti, vous ne pourrez pas lâcher ce livre avant de l’avoir fini.

    L’histoire nous tient bien entendu en haleine avec de nombreux rebondissements et la découverte progressive du passé des personnages. L’auteur a le génie de laisser en suspens de multiples interrogations qui trouvent réponses uniquement en fin de roman. Un livre qui se termine en apothéose tant ces éléments, et d’autres insignifiants au premier abord, viennet s’imbriquer les uns les autres pour constituer un puzzle démoniaque.

    Le seul point négatif est le recours aux particularités de Dante Torre qui me fait trop penser à d’autres enquêteurs marginaux et autres mentalistes, un peu trop à la mode en ce moent. Mais cela reste mineur face aux qualités de narration de Sandrone Dazieri.

    Sans vous divulguez la solution de cette intrigue policière, sachez que la couverture est très bien faite et vous donne un indice.

    Un très bon roman subtilement équilibré entre actions, psychologie et histoire entre les personnages, mais aussi enquête et un peu d’humour qui ravira nombre de lecteurs amateurs de ce genre de littérature.

    16/11/2016 à 21:24 5

  • Victime 2117

    Jussi Adler-Olsen

    9/10 Après une incartade dans l'univers du roman historique à suspense avec L'unité alphabet, Jussi Adler-Olsen revient avec ses héros du Département V qui lui valurent une renommée internationale dans le monde du roman policier.

    Et les fans de la série vont être comblés avec ce huitième tome de la série car non seulement l'équipe va être reformée, mais en plus le secret sur Assad est enfin dévoilée. Ils vont connaître toute l'histoire de ce personnage mystérieux, sa vie privée, l'origine de ses capacités physiques et ses liens avec les personnages secondaires gravitant autour du Département V.

    Une fois cela dit, il est difficile de faire une critique sur ce roman car il reprend les ingrédients de la recette des précédents romans qui ont fait que j'adore cet auteur. Une écriture parfaite, fluide, des personnages attachants et en perpétuelle évolution, un fond de société et d'actualité, et une construction du roman qui ne permet pas au lecteur de vouloir interrompre sa lecture.

    Un roman qui frise la perfection qui a pour seul défaut que seuls les fans de la série apprécieront pleinement.

    07/05/2020 à 20:35 2

  • Vindicta

    Cédric Sire

    9/10 Bien que bénéficiant d'une forte communauté de lecteurs fans, mes premières expériences de lecture de Sire Cédric m'avait laissé en demi-teinte. Avec Vindicta, Sire Cédric, ou plus exactement Cédric Sire à partir de ce roman, entre dans le clan fermé des grands du thriller.

    Si pour vos vacances, ou pour faire oublier que malheureusement vous ne pouvez en prendre, vous cherchez un roman qui vous prenne aux tripes,  Vindicta est fait pour vous.

    Ce roman a toutes les composantes d'un grand roman à suspense : des morts à la pelle, des personnages, attachants de par leur fragilité et leur humanité, ou bien avec de fortes personnalités, une intrigue bien ficelée, et un rythme de go fast littéraire, le tout saupoudré de conflits entre services des forces de l'ordre, d'un psychopathe fantomatique et insaisissable.

    Là où le sorcier Cédric Sire (jeu de noms avec son ancien nom Sire Cédric, Sire C., Circée) est d'une très grande habileté et devient un nouveau maître du thriller, il nous charme de son chant de conteur meurtrier  comme son homonyme homérien. Peu d'indices sont déposés tout au long du roman (en fait il n'y en a que deux), mais pris dans l'ambiance du roman, tout comme moi, vous risquez de passer à côté sans les remarquer, et alors de profiter d'un formidable final.

    Donc c'est avec un grand oui que nous anoblissons Sire Cédric, Cédric Sire, dans le cénacle des maîtres du suspense.

    28/07/2019 à 09:46 8

  • 13 à table ! 2016

    Ouvrage collectif

    8/10 Je ne pourrais jamais assez bien souligner la bonne initiative que ce livre à la veille de noël au profit des Restos du Cœur.

    Cette initiative est d’autant plus louable que les textes proposés sont des textes d’une très grande qualité. L’écriture de nouvelles est un exercice très difficile car il faut assoir une histoire et des personnages très rapidement, de saisir tout de suite le lecteur pour l’embarquer dans une histoire courte et qui ce doit donc intense.

    Avec le style et le domaine qui leur sont propres, on a ici 12 textes (le 13ème invité à table étant le lecteur) de sensibilités différentes qui nous permettent de faire connaissance avec des auteurs que nous n’avons pas l’habitude de lire, ou au contraire d’aborder un aspect différent d’auteurs que nous affections particulièrement.

    Tantôt classiques tantôt surprenantes, toutes les histoires constituent un véritable plaisir de lecture.

    Alors, faites vous plaisir et vous ferez en même temps une bonne action.

    15/03/2016 à 19:52 5

  • Adieu

    Jacques Expert

    8/10 Un roman original où la ténacité légendaire des flics est mise à profit pour nous conter un thriller retors.

    28/09/2020 à 20:29 1