QuoiLire

341 votes

  • La Constance du prédateur

    Maxime Chattam

    9/10 Depuis sa trilogie du Mal, je n’avais pas trouvé de thriller de Maxime Chattam aussi abouti, aussi addictif, aussi jouissif pour un lecteur amateur du genre.

    Dernièrement l’auteur s’était un peu fourvoyer dans des univers plus fantastique (Un(e) secte, Le signal) avec un succès relatif; mais cette fois-ci il nous revient avec un thriller bine noir, bien ficelé, avec une intrigue démente.

    D’ailleurs Maxime Chattam ressort la recette qui avait fait sa notoriété et on succès de sa trilogie du mal. Tout d’abord son personnage principal, Ludivine Vancker. Une belle retrouvaille que cette enquêtrice profileuse, connue dans la trilogie du mal, qui prend du galon et dont les réflexions vont être mises à mal dans ce roman. Elle est entourée d’une équipe intéressante de policiers, scientifiques de tout ordre, pour mener cette enquête.

    Ensuite, la localisation de l’histoire. Fini les Etats-Unis, retour à la France. Aux quatre coins de la France, choix judicieux qui devrait permettre aux lecteurs de plus facilement se projeter dans l’histoire.

    Et puis la structure narrative en page-turner alternant les différents points de vue (policier, tueur) ou les différentes investigations menant en parallèle; le tout soutenu par une qualité rédactionnelle impeccable.

    Enfin, l’énigme dont la solution est très retors comblera les amateurs du genre. La description des sévices ou des cadavres suffisamment détaillée sans suscite échouement ou rejet des plus sensibles. Une belle maîtrise sur ces points de la part de l’auteur.

    Seule petite ombre au tableau : les personnages ont un vocabulaire, une façon de parler trop littéraire. ce petit défaut rompt le réalisme introduit dans l’histoire et rompt un peu le charme de celle-ci.

    Mais en dehors de ce petit défaut, ce roman est une très belle réussite.

    08/10/2023 à 11:21 3

  • La Face nord du coeur

    Dolores Redondo

    9/10 Quel plaisir, mais quel plaisir de retrouver l'inspectrice Amaia Salazar. J'avais découvert ce personnage et son auteure lors de mes vacances aux pays basques, et je peux vous dire que cela m'avais laissé un souvenir impérissable. Dès le premier roman, tous les ingrédients pour un bon roman policier étaient présents : un univers, un lieu, des personnages et une intrigue alambiquée.

    Aussi, à l'annonce d'un quatrième roman avec ce personnage, personnage qui avait déjà beaucoup subi dans ses précédentes aventures, j'étais en droit de craindre l'usure du personnage un peu tel le Harry Hole avec Joe Nesbo. Mais après quelques pages lues, j'ai été rapidement rassuré puisque l'auteure nous propose de découvrir l'Amaia d'avant l'affaire du Batzan et de sa rencontre avec son mentor du FBI.

    L'auteure complète cette découverte avec la révélation de l'enfance d'Amaia, de l'origine de ses craintes, de sa relation avec sa mère, mais aussi et surtout, avec son père, et enfin les raisons de son éloignement de sa campagne natale.

    Mettez tout cela sur fond de poursuite d'un meurtrier en série des plus originaux, une poursuite en plein ouragan et le côté mystique (cher à l'auteure) de la Nouvelle Orléans qui ne manquera pas de vous rappeler celui de la région basque espagnole; vous obtenez un roman de tout premier ordre. Même s'il y a un léger relâchement du rythme à mi-livre, l'auteure conserve tension dans l'intrigue et attention du lecteur tout au long des 700 pages.

    Bien que le livre puisse être lu indépendamment des autres, je vous recommanderais de privilégier l'ordre de parution pour la simple et bonne raison qu'après avoir lu ce livre, vous voudrez connaître les autres, mais entre temps vous aurez été divulgâché par certains passages de La face nord du cœur.

    21/04/2021 à 07:26 6

  • La Pieuvre

    Jacques Saussey

    9/10 Loin des tendances actuelles, l'auteur s'éloigne des sujets des thrillers communs et décide d'ancrer l'origine de son roman dans les assassinats de juges par la Mafia. C'est à la fois un bol de fraîcheur et d'originalité pour les lecteurs mais avant tout une imbrication de cold-case et d'affaire courante dans l'enquête,.

    La structure du roman est classique : deux histoires dressées en parallèle, l'enquête officielle d'une part, l'enquête officieuse qui se révèle être par la même occasion quête identitaire d'autre part. J'attire l'attention des lecteurs sur la datation en début des chapitres, car si ces histoires parallèles semblent se dérouler de manière rapprochée pour faciliter le suivi de l'histoire, le petit décalage dans le temps a son importance...vous verrez pourquoi le moment voulu.

    Si le lecteur entre aussi rapidement dans l'histoire c'est aussi grâce la qualité de la construction des personnages : ils ont une véritable personnalité, ne sombrent pas dans le cliché des flics asociaux ou en totale perdition. Finalement on se prend au jeu et on projette dans la peau de Lisa Heslin et Daniel Magne.

    Quelques légers aspects négatifs de ce livre viennent entacher ce roman.

    Quand bien même l'histoire est prenante, nous butons parfois sur le phrasé de l'auteur (comme le mien dans cette chronique). Cela nous empêche de passer la cinquième vitesse et de lire ce livre comme on l'aurait souhaité. Mais ce qui est surprenant c'est qu'au moment où l'action entre en jeu, ce défaut s'éclipse et permet au lecteur de profiter pleinement de ces instants du roman plus intenses.

    L'autre point négatif tient du fait que ce roman s'inscrit dans la série des histoires mettant en scène Lisa Heslin. Dans La pieuvre Jacques Saussey rappelle le passé des ses héros malheureusement en dévoilant la conclusion des histoires des précédents romans, privant ses lecteurs de la joie de découvrir d'autres de ses romans.

    Enfin la couverture qui semble sortie d'une livre des années 70, je ne pensais pas que l'on pouvait faire ce genre de graphisme au XXIème siècle.

    Donc un très bon livre qui mérite bien la publicité qui les est faite par les autres lecteurs sur la blogosphère et les réseaux.

    24/09/2017 à 21:21 4

  • La Prunelle de ses yeux

    Ingrid Desjours

    9/10 Ce roman policier comporte tous les éléments d'un bon page-turn : une écriture efficace, une entrée en matière vite et captivante, avec une narration en parallèle pour maintenir en haleine le lecteur. Les personnes sont forts, aux personnalités propres, rapidement identifiables, que l'on va aimer ou bien haïr, mais avec lesquels on se projette totalement dans l'histoire.

    La grande force de La prunelle de ses yeux est de capter complètement son lecteur au point que celui-ci, absorbé par l'histoire, ne cherche plus à faire sa propre enquête. Charmé par le récit d'Ingrid Desjours, le lecteur risque de passer à côté de petits indices qui lui auraient permis d'anticiper les rebondissements de la fin du roman. Mais un peu comme un magicien qui vous fait oublier de chercher le truc du tour de magie, c'est avec d'autant plus de plaisir que vous vous laissez surprendre par l'écrivain.

    La seule recommandation que je vous ferai serait dès l'ouverture du livre de vous assurer de disposer de temps, car une fois débuté il vous sera difficile de le lâcher.

    Un roman qui saura séduire les amateurs de roman policier comme les occasionnels du genre.

    22/05/2020 à 09:28 1

  • La Soif

    Jo Nesbo

    9/10 Après trois années d’abstinence de Harry Hole, j’avoue que ce fût un grand bonheur de retrouver le héro favori de Jo Nesbo. Et sans vous dévoiler le livre, je peux vous dire qu’une fois encore, il n’est pas épargné, ne serait-ce que d’être retiré de sa pré-retraite d’enseignant à l’école de police pour partir un une nouvelle fois aux trousses d’un serial killer vampiriste.

    Les amateurs de thrillers ne manqueront pas de remarquer que le domaine dans lequel évolue le meurtrier est similaire à celui du dernier roman de Franck Thilliez Sharko. Phénomène de mode ? Connaissance du projet de l’autre ? Même fait divers comme source d’inspiration ? Nous ne le saurons certainement jamais à moins de confronter les deux auteurs, Jo Nesbo plaide pour un hommage à Bram Stocker. Mais pour le plus grand plaisir des lecteurs, ce thème est abordé de façon différente, et les histoires à mille lieux l’une de l’autre.

    Une nouvelle fois Jo Nesbo excelle comme romancier policier en nous servant une histoire à multiples rebondissements ancrée dans la société actuelle et ses technologies (réseaux sociaux, impression 3D, …), une thématique différente. Les expériences passées des personnages aux fondations solides (c’est tout de même la onzième histoire avec Harry Hole) sont exploitées au mieux. Leur psychologie et leurs interrogations ne cessent d’évoluer.

    Son écriture est toujours aussi limpide, fluide, avec des rapides qui relancent le flux, mais contrairement à l’eau claire, les lecteurs ne voient pas qui se cachent dans les fonds troubles, ou du moins pas tout de suite.

    Pourrions-nous trouver un défaut à ce livre ? Oui, son titre, qui je l’avoue m’a laissé quelque peu sceptique lorsque j’ai découvert le livre en libraire, au point où, si je n’avais pas été fidèle lecteur de Jo Nesbo, je ne suis pas sûr que j’aurais été convaincu d’acheter le livre.

    Pour conclure, nous pourrions résumer la critique en disant que ce roman est quasi-parfait et que c’est avec regret que nous devions tourner sa dernière page.

    13/01/2018 à 21:41 6

  • Le Cercle des mensonges

    Céline Denjean

    9/10 Second roman de Céline Denjean que je lis, et seconde belle surprise. Si Le cercle des mensonges n'est pas aussi bon que Le cheptel qui était tout simplement exceptionnel, il reste tout de même un très, très bon roman thriller.

    Tous les ingrédients sont là pour faire un excellent roman qui tient le lecteur en haleine, et Céline Denjean en maîtrise la recette : des personnages solides, complexes, qui se révèlent au fur et à mesure de l'histoire, des personnes secondaires qui ont tous leur importance sans être parasite ou inutile, une histoire recherchée, alambiquée ou les policiers et gendarmes ont des moyens réalistes pour mener leur enquête.

    L'autre plaisir à lire ce livre est que l'auteure a eu la bonne idée d'établir un lien avec Le cheptel. On y retrouve la principale héroïne, mais pas que.... je n'en dirais pas plus pour vous laisser découvrir le fil rouge parallèle du livre.

    Et puis hasard de la vie, on pourrait penser que le roman fut écrit pendant le confinement alors qu'il le fut bien avant la pandémie. Les détails auxquels a pensé l'auteure montrent les qualités narratives de Céline Denjean.

    Un très bon roman à emporter sur la plage.

    21/06/2021 à 20:29 4

  • Le Cri

    Nicolas Beuglet

    9/10 A peine le livre terminé et refermé, la première impression que laisse ce livre est la densité. Densité du sujet, densité des actions.

    Car si le livre démarre sur un banal décès, l’héroïne va rapidement entraîner le lecteur dans une course folle contre la montre. Course folle qui ne lui laissera guère le temps de se reposer et au lecteur d’occasion de refermer temporairement le livre. Donc vous êtes prévenu, vous savez quand vous aller ouvrir le livre mais pas quand vous allez le refermer… à moins de ne l’avoir terminé d’une traite.

    Densité du sujet, car si le thème du livre peut paraître quelque peu fantasque, l’auteur nous révèle en fin de livre que son histoire est basée sur des faits réels et que seule son imagination n’a fait que les extrapoler pour en dresser le contexte ultime du roman. Cependant l’auteur sait expliquer simplement les différents sujets scientifiques (psychologiques et physiques) abordés pour que tout chaque lecteur puisse comprendre le concept et l’étendu de leur signification.

    Malheureusement, comme tout premier livre (en fait c’est le second livre de Nicolas Beuglet), celui-ci a quelques défauts de jeunesse.

    On remarque ainsi quelques erreurs temporelles comme le passage à la banque. Il est indiqué que celle-ci ferme à 19h, que les héros font un rapide point à leur sortie de cette banque et qu’ils quittent les lieux vers minuit.

    Et puis il y a le syndrome Jack Bauer, le héros de 24h chrono : omniprésence du téléphone mobile qui fonctionne tout le temps, sans jamais être rechargé, qui capte dans tous les pays, dans les zones les plus reculées et inhospitalières, sur terre comme sous terre, même dans des zones militaires ultra-sécurisés. Franchement il faudrait qu’un jour on me donne les références du modèle du téléphone mobile et de l’abonnement, car personnellement dès que je vais un peu à la campagne, je n’ai plus que les appels d’urgence disponibles.

    Cependant le roman est bien construit, la psychologie et le passé des personnages sont dévoilés au compte-goutte tout au long de l’histoire. On aurait aimé avoir un certain équilibre dans les défauts entre personnages, Christopher apparaissant un peu trop parfait.

    Un très bon roman écrit par un auteur à la plume efficace dont il faudra suivre les prochaines publications.

    01/11/2016 à 20:06 2

  • Le Loup peint

    Jacques Saussey

    9/10 Je ne connaissais pas cet auteur et c'est une très belle découverte. Le loup peint est son dernier roman et on remarque tout de suite une certaine maîtrise de la trame romanesque, du maintien du suspense, des revirements et des coups de théâtre. Si la structure est maîtrisée, la fluidité de l'écriture l'est également. La lecture de ce livre coule sans peine et se transforme rapidement en un très bon moment de détente.

    Ensuite l'histoire est également excellente. Elle s'inscrit dans la lignée de Catch 22, ce roman horrible où le héros, quoi qu'il fasse pour résoudre un problème, fait face à de plus en plus de soucis de gravité grandissante. Une histoire improbable, mais tellement improbable qu'elle pourrait être vraie. Les personnages sont tellement bien dépeints que l'on prend pitié du héros, on aimerait l'aider, le conseiller, hurler pour ne pas aller quelque part. Bref, le lecteur voit défiler non seulement les pages mais l'action devant ses yeux un peu comme au cinéma.

    Enfin, comme vous l'aurez remarqué dans l'extrait ci-dessus, l'auteur ne manque pas d'humour et n'oublie pas de faire des clins d’œil à ses pères.

    Un très bon roman qui nous fait dire que nous croiserons une prochaine fois cet auteur dans nos lectures.

    13/11/2016 à 20:56 2

  • Le Maître des limbes

    Olivier Bal

    9/10 Tout d'abord, une petite précision mais qui a son importance : Le maître des limbes est bien la suite des Limbes; et même si tous les éléments du premier tome sont rapidement rappelés dans ce second volet, il est préférable de lire ces deux livres dans l'ordre pour en apprécier leur juste valeur.

    Je ne sais pas si initialement Olivier Bal avait écrit les deux tomes d'affilée au moment de la publication du premier volet, mais j'ai noté une nette amélioration du style entre les deux livres. En effet, le rythme du récit est beaucoup plus maîtrisé et le livre bien plus agréable à lire. Malgré ses presque 600 pages, il y a très peu de passages lents. Le livre alterne entre les différents points de vue des personnages principaux (alors que dans les Limbes tout s'articulait autour d'un personnage principal James). On profite alors des histoires personnelles, du déroulement du monde réel, des récits oniriques et du monde des limbes.

    En exploitant toutes les potentialités spatio-temporelles, sans faire de jeu de mots laids, l'auteur donne une nouvelle dimension tant aux conséquences des manipulations des rêves, des prises de contrôle des dormeurs, qu'au niveau de la guerre de pouvoir pour contrôler le (nouveau) monde. Si au démarrage, on pourrait trouver des points communs avec le roman Sleeping Beauties de Stephen King, Olivier Bal va beaucoup plus loin que le maître de l'horreur, sur certains points, ce Maître des limbes m' a fait penser à Ubik de Philip K. Dick, mais en plus abordable.

    Ce roman ne serait rien sans ses personnages admirablement construits, avec des passés différents, des mentalités tantôt opposées tantôt complémentaires, par moment attachants puis haïssables, ou inversement. Ils sont à l'image du roman tout en faux-semblants et qui s'inscrivent dans un système bien complexe.

    Un très grand roman qui confirme les quantités narratives et fantastiques d'Olivier Bal qui espérons-le pour lui saura nous combler dans de futurs romans abordant d'autres domaines.

    28/07/2019 à 21:32 4

  • Le Manufacturier

    Mattias Köping

    9/10 Mattias Köping fait partie de ces auteurs dont on ne parle pas souvent à la télé, voire pas du tout. Seuls quelques animateurs télé ou radio avertis vont avoir le courage de présenter ses livres. 

    J'avais découvert Mattias Köping lors du salon Iris Noir à Bruxelles pendant lequel il m'avait dédicacé son premier livre les Démoniaques, mais en m'avertissant que ces romans tout comme l'alcool frelaté dans les Tontons Flingueurs, que c'étaient des romans d'Homme.

    Le manufacturier s'inscrit dans la même verve : l'auteur nous embarque dans une histoire des bas fonds de la société où guerre de clans, drogues, prostitution, esclave et torture cohabitent et rendent la vie plus sombre que ne pourrait le décrire le plus noir des polars. L'auteur les aborde de manière froide, brute, un peu comme un médecin légiste qui ferait une constatation légale : l'horreur dans sa plus simple expression et dans sa variété.

    C'est un roman admirablement bien écrit, magistralement maîtrisé dans sa structure et son rythme. L'écriture s'adapte au langage des protagonistes et au contexte, en un rien de temps le lecteur baigne alors dans l'ambiance lourde, sombre et étouffante. Mattias Köping apporte des personnages très complexes, puissants et mystérieux dont on ne découvre leurs multiples facettes qu'au fur et à mesure des pages tournées. 

    Un roman-claque que je vous conseille... mais attention qui ne conviendra pas à tout le monde.

    24/05/2021 à 20:42 7

  • Le Principe de parcimonie

    Amédée Mallock

    9/10 Mallock, de son vrai nom Jean-Denis Bruet-Ferreol, photographe reconverti dans l’écriture, est un auteur de romans que je qualifierais de policiers traditionnels modernes.

    Le premier bon point est l’avertissement faite en début de livre par l’auteur : bien que ce livre soit le cinquième d’une série, il peut être lu indépendamment des autres sans aucun risque de divulgation des précédents, seuls quelques rappels et renvois figurent deci-delà.

    En effet, Le principe de Parcimonie fait appel à un commissaire, Amédée Mallock, digne de l’imagination des reines du Crime, un mélange d’Hercule Poirot d’Agatha Christie et d’Adam Dagliesh de P.D. James. Un enquêteur calme, un brin original, qui fait travailler ses petites cellules grises, pour qui l’action est laissée aux plus jeunes. Cependant contrairement au plus célèbre des belges, point d’égocentrisme ou de vantardise. La modernité vient de l’entourage de l’inspecteur, une équipe multi-culturelle, aux passés dans la police diverses et aux compétences variées (l’informaticien, …). Leurs histoires, leurs passions, leurs psychologies sont abordées par petites touches tout au long du roman.

    La modernité se trouve également dans la structure du livre : véritable turn-page, qui alterne entre enquête et méfaits dont les mises en scène sont des plus originales, parfois drôles, tantôt morbides. Il est très difficile de lâcher ce livre. C’est bien simple, en moi de 48 heures, je me suis enfilé les presque 600 pages.

    Et puis positionner son histoire dans un Paris en pleine crue centennale est tout simplement génial. Sans sombrer (sans mauvais jeu de mot) dans une vision apocalyptique de fin du monde, l’auteur a judicieusement intégré cet événement en élément de fond. L’enquête progresse ou stagne, l’eau monte ou gèle, les forces gouvernementales et municipales sont sont de plus en plus monopolisées.

    Enfin notons la très belle couverture qui est également le fruit du travail de Mallock.

    06/05/2016 à 21:17 2

  • Le Signal

    Maxime Chattam

    9/10 Que dire de ce gros roman de 750 pages, bien denses, de Maxime Chattam ?

    Avant de savoir si Maxime Chattam est à la hauteur de Stephen King, il est important de dire que Le signal est un très bon roman d'horreur / fantastique. On peut même dire qu'il va rapidement trouver sa place dans la bibliothèque des amateurs du genre comme un classique. Il reprend tous les codes du genre et, par hommage à ses paires (pères), met en scène des symboles d'autres livres ou films du genre : le clown avec son ballon rouge, le club de copains avec la fille "extra-ordinaire" façon Stranger Things ou Goonies, ....

    Mais, il y a encore une petite marche avant que Maxime Chattam n'arrive au firmament de Stephen King. Le maître est le seul avec peu de mots, des phrases simples, à décrire une atmosphère, à susciter son lecteur un sentiment ou à mettre en scène des personnages structurés dont la psychologie évolue au fil des pages.Chez Maxime Chattam il y a encore des paragraphes avec des phases alambiquées, des tournures complexes, et des personnages clichés comme le chef de police borné, ou le joueur de football limité et agressif.

    On remarquera une mise en page toute particulièrement du livre : les tranches sont noires ainsi que le bord des pages sur un centimètre. Serait-ce pour rappeler un grimoire, ou ben pour montrer les limites de l'emprise du livre un peu comme l'influence du mal jusqu'à la ravine.

    Enfin, le roman n'est pas exempt d'humour, l'auteur pratiquant même l'auto-dérision. En effet, le père est un auteur de pièce de théâtre en manque d'inspiration cherchant une seconde vie professionnelle loin de la pression de New, et la mère, star de la télé, voulant revenir à ses premières amours d'animatrice radio. Doit-on y voir une projection du couple Maxime Chattam - Faustine Bollaert (sa femme) ?

    En conclusion, un roman sorti au bon moment car il est préférable de le lire dans le noir.

    30/10/2018 à 21:02 8

  • Le Sourire des pendus

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    9/10 Ce Sourire des pendus est mon premier livre de Jérôme Camut et Nathalie Hug; et je dois avouer que c'est une véritable et bonne découverte. En témoigne l’achat de

    Pourquoi une si bonne impression ?

    Pour plusieurs raisons, mais avant pour la fluidité de l'écriture et le rythme du livre qui font passer ce gros pavé comme une lettre à la poste (même si l'expression est quelque peu galvaudée de nos jours). Le lecteur est rapidement plongé dans l'ambiance, se prend de sympathie pour les différents protagonistes dont il aime découvrir leur passé et leur psychologie au fil des pages.

    Mais c'est également une histoire, bien structurée, avec de multiples rebondissements, qui aborde il semblerait le sujet à la mode : le marché de l'esclavage sexuel que nous avons déjà rencontré dans Hell.com de Patrick Sénécal.Bien que quelques passages puissent être durs pour les lecteurs les plus sensibles, les sévices ne sont pas aussi détaillés ni nombreux que chez Sénécal,

    On pourrait seulement reprocher aux auteurs de multiplier les personnages et les histoires parallèles, qui apportent chacune leurs pierres à l’édifice, mais qui perdront les lecteurs qui se consacrent épisodiquement au livre.

    Enfin, même si l'on note une similitude frappante dans le concept entre W3 et Millenium comme media d'alerte, et la composition de l'équipe rédactionnel (le journaliste, le geek), la comparaison s'arrête à ce niveau et le lecteur n'a à aucun moment l'impression d'avoir un déjà-lu devan lui.

    C'est avec une réelle impatience que j'attends de connaître la suite des aventures de

    30/05/2016 à 21:30 6

  • Le Vide

    Patrick Senécal

    9/10 Je crois que je n’ai pas dévoré un roman comme Le vide depuis Le chuchoteur de Donato Carrisi et L’affaire Harry Quebert de Joël Dicker. Patrick Sénécal allie avec forces qualités romancières une intrigue policière bien charpentée, aux multiples facettes, aux nombreux rebondissements. Les personnages ont une vraie personnalité, des défauts, un passé que l’on découvre au fur et à mesure, sans pour autant être une des traditionnelles caricatures de policiers.

    Bien que ce roman soit paru au Québec en 2007 en pleine période d’explosion de la télé-réalité, contexte principal du roman, il n’en reste pas moins d’actualité en le transposant avec les mouvances religieuses extrémistes qui exploitent de la même manière la détresse des personnes en quête de sens dans leur vie.

    Bien que ce roman soit noir et ait que quelques scènes difficiles, celles-ci ne le sont pas autant que celles amplement décrites dans Hell.com qui demande à ses lecteurs d’avoir le cœur bien accroché; le lecteur n’aura ici que quelques frissons

    Le seul reproche que l’on peut formuler à son encontre est un final légèrement décevant, non pas qu’il soit bâclé mais tout simplement trop évidente.

    La rédaction est impeccable, tout en fluidité : l’auteur a repris son roman spécialement pour sa publication en France afin que ses lecteurs ne bloquent par sur certains idiomes québecois. On pourrait penser que 736 pages, denses, constituent un roman marathon, que cela nécessite un certain entraînement, voire une endurance à la lecture. Que nenni, la structure et l’écriture ne vous laissent pas vous reposer, vous soutiennent même tout au long de ce roman en alternant actions, réflexions, histoires parallèles, vie des personnages.

    Enfin, un dernier élément qui montre la qualité du roman est sa couverture. Si au début on a du mal à comprendre ce que c’est, elle illustre parfaitement le sujet du livre : un tourbillon qui entraîne les gens vers le fond, comme une vidange de la société. Chose rare qui témoigne de sa justesse, cette couverture a été conservée lors de son passage en version poche.

    Un grand roman qui confirme Patrick Sénécal comme étant un des meilleurs auteur de polars noirs du moment

    04/09/2017 à 21:37 6

  • Les 7 Jours du Talion

    Patrick Senécal

    9/10 Voici un livre comme je les aime.

    Un livre qui vous prendre les tripes, qui arrive à instaurer un suspense alors que les issues possibles à cette histoires sont très limitées. On est suspendu à la progression de l'enquête, à ces petits indices qui rapproche l'enquêteur du kidnappeur, mais également à la découverte de toute la machinerie mise en place tant pour la vengeance que pour l'égarement des policiers.

    C'est également un livre qui offre des personnages forts, qui vont s'affronter : le père face au tueur, le kidnappeur face au policier. Ces affrontements revêtent différent formes, psychologiques ou physiques, mais qui dans tous les cas vont laisser des traces chez les protagonistes. Pour les âmes sensibles, même si les tortures sont impressionnantes, elles ne sont qu'épisodiques et brèves; donc vous devriez pouvoir lire ce roman quitte à sauter quelques paragraphes.

    Enfin, il y a la réflexion que suscite ce livre : doit-on appliquer (restaurer, autoriser) la peine de mort pour des meurtriers d'enfant. Si cette question n'est pas récente pour les français, puisque ce cadre fût soumis l'abolition de la peine de mort au début des années 80 avec l'affaire Thierry Henry; et qui revient régulièrement dans les media. L'auteur apporte une réponse que je trouve fort intéressante et que je vous laisse découvrir en lisant Les 7 jours du Talion.

    21/08/2019 à 18:52 7

  • Les Démoniaques

    Mattias Köping

    9/10 Lorsque j'ai fait dédicacer le livre, Mattias Köping m'avait prévenu en me demandant si je savais dans quoi je m'engageais, car c'était du lourd, du violent. Tout juste si je n'entendais pas Michel Audiard m'avertissant que mes yeux de lecteur allaient être pulvérisés aux quatre coins de Paris.... à ceci près que je me trouvais alors au Salon du Polar de l’Iris Noir de Bruxelles.


    Cet avertissement est fait à sa juste valeur car il faut le concéder certaines scènes sont pour le moins violentes, crues, et pourraient heurter la sensibilité de certains lecteurs. Les autres vont adorer, car si elles peuvent déranger, ces scènes sont essentielles pour poser le roman, mettre dans l'ambiance délétère loin de toute morale et de comprendre la psychologie et le projet de Kimy.


    Mattias Köping nous offre un très grand roman noir, bien serré, avec des personnages qui peuvent paraître cliché, mais qui ne doivent pas être loin de la vraie lie de notre société. Au fur et à mesure du roman, les personnages dévoilent leurs faiblesses, leur déchirure, ou au contraire se montrent de plus en plus Méphistophélès.


    Si pendant les premières pages, l'écriture semble hachée c'est pour mieux montrer la rudesse et la brusquerie du monde dans lequel vit Kimy, mais très rapidement on s'habitue à l'ambiance et à cette écriture, à moins que ce ne soit celle-ci qui se fluidifie. On se prend à voir les pages défiler, l'ampleur de la gangrène affectant cette région, le projet de Kimy se monter et se dérouler.


    Un roman puissant et épuisant, pour les amateurs du noir foncé.

    04/12/2019 à 21:23 4

  • Les Fantômes d'Eden

    Patrick Bauwen

    9/10 Cela faisait un moment que je n'avais pas lu de roman de Patrick Bauwen, mais aussi, et tout simplement , d'aussi bon livre.

    L'auteur réussit un tour de force en nous tenant en haleine alors que le roman avance tranquillement, au rythme de l'enquête complexe et bien tarabiscotée. Et paradoxalement, on demanderait presque à l'auteur de ralentir le récit pour profiter encore plus longtemps de l'histoire, de l'ambiance et des décors format cinémascope de cette Amérique dans laquelle il nous ballade.

    Les personnages sont foisonnants, variés. Il y a tout d'abord un groupe de personnages principaux, tous à la fois aussi forts que subtiles, entourés de personnages secondaires mais qui ont leur propre importance dans le récit.

    La structure est certes classique : une trame principale, une autre dans le passé; mais Patrick Bauwen ajoute celle du meurtrier . Ces 3 axes vont bien sur se rencontrer, mais pour quelle raison, le lecteur devra user de ces petites cellules grises ou bien être patient.

    Ce roman ne peut que nous rappeler un autre roman Ca de Stephen King. A la lecture du roman, le groupe de jeunes adolescents m'a fait penser au "Club des ratés", Eden par sa moiteur, les everglades et les monstres y habitant rappelent Derry. Et puis si l'on est attentif, d'autres noms (certes communs) de personnages semblent se faire écho.

    Ce long thriller a toutes les qualités que l'on attend d'un roman policier.

    30/06/2023 à 20:52 2

  • Les Limbes

    Olivier Bal

    9/10 Les limbes d'Olivier Bal est un coup double pour un premier roman.

    A la lecture de ce premier roman j'avais la sensation de retrouver le plaisir de lire un roman de Stephen King d'avant son accident, de cette période où le maître de l'horreur méritait ce titre. Par des mots simples, sans digressions interminables, Olivier Bal arrive a parfaitement décrire les personnages, leur psychologie, leur vécut, les situations, les actions. De par cette efficacité, le lecteur se projette rapidement dans l'histoire, se met rapidement dans la peau du héros, ou alors tourne les pages à toute vitesse durant les phases d'action.

    Au début j'avais un peu peur de l'ouverture du roman pendant la guerre du Vietnam. Il y a longtemps j'ai lu Koko de Peter Saul, j'avais trouvé que les phases de guerre ou leurs souvenirs s'éternisaient. Ici, la guerre n'est que prétexte mais le héros aurait tout aussi bien pu vivre un autre moment fort et dramatique, cela aurait été la même chose. Le lecteur n'aura pas besoin de grande motivation car ces épisodes de guerre sont ... épisodiques.

    Par contre je dois avertir les âmes les plus sensibles, l'histoire faisant (pan pan), la tension monte, les morts pullulent et l'hémoglobine se répand plus vite que la traînée de poudre; les autres verront leur rythme cardiaque monter d'un cran.

    Second coup parce que ce roman est édité par une toute nouvelle maison d'édition, De Saxus, dont Les limbes est le premier titre de leur catalogue. Autant dire que si tous les livres que cette maison d'édition va publier son de la qualité de celui d'Olivier Bal, elle va rapidement se faire une place et une renommée dans le monde de l'édition.

    Maintenant, nous attendons le prochain roman d'Olivier Bal pour confirmer l'éclosion d'un nouvel auteur talentueux.

    10/04/2018 à 21:27 7

  • Les Morsures de l'ombre

    Karine Giebel

    9/10 Si Karine Giebel a reçu de nombreux prix pour ce roman, c'est amplement justifié. Ce roman est un thriller exemplaire en noirceur, suspense et manipulation du lecteur.

    Bien que ce roman soit avant tout un thriller psychologique, c'est avant tout une lutte entre le kidnappé et son tortionnaire où le gagnant sortira vivant. Physiquement vivant, du moins l'espère le kidnappé, et une renaissance psychologique pour le tortionnaire. Cette lutte est longue, puissante, violente, mais terriblement prenante pour le lecteur qui se projetant dans le kidnappé verra son pouls faire des hauts et des bas. Loin des thrillers psychologiques lents comme ceux de Mary Higgins Clarck ou Lars Kepler, Karine Giebel nous amène dans un thriller psychologique haletant.

    En plus de construire son roman sous format d'un page-turner efficace, l'auteure se joue de son lecteur en ne lui donnant guère d'indices à se mettre sous la dent pour deviner la clé de cette intrigue. Elle dispose plusieurs solutions possibles, laisse son lecteur envisager toutes les combinaisons possibles; en les mettant sur des faux-pistes avec des formulations ambivalentes. Mais elle ne dévoilera l'imbrication de toutes ses affaires qu'en fin de roman. Karine Giebel se révèle machiavélique tant avec ses personnages qu'avec ses lecteurs.

    En résumé un très grand thriller qui ravira les amateurs en quête de sensations.

    27/03/2020 à 08:03 7

  • Les Protégés de Sainte Kinga

    Marc Voltenauer

    9/10 Les protégés de Sainte Kinga fait plaisir à plus d'un titre.


    Même si j'apprécie les livres de Marc Voltenauer depuis Le dragon du Muveran, je dois avouer que ce roman m'a particulièrement plu, et ses 541 pages marquent un vrai tournant dans la vie de cet écrivain. Ce livre est digne des plus grands maîtres des thrillers tant il est bien construit à tous les niveaux.


    L'histoire bien sûr, véritable squelette qui tient le livre de la première à la dernière page, et l'attention du lecteur. Elle repose sur plusieurs piliers, architecture bien connue des amateurs de thrillers suédois comme ceux de Camilla Läckberg : une histoire du passée qui viendrait justifier l'action du présent, une partie documentaire, une enquête et bien sûr l'évolution des personnages.


    Cette fois-ci l'histoire du passée et la partie documentaire sont étroitement liées puisqu'elles se déroulent toutes deux dans les mines de sel du pays de Bex. On y apprendra de manière très didactique et sans aucune lassitude à la lecture l'origine, l'histoire et les évolutions technologiques pour extraire le sel de ces mines. Ces mines tellement présentes dans la vie de la région et dans ce roman, qu'au font elle devient un personnage à part entière dans ce livre.


    Si le présent donne part belle à une prise d'otage moderne mêlant fine stratégie, organisation et technologies, c'est l'occasion pour l'auteur d'apporter sa touche personnelle. Même si je suis sûr qu'il ne partage pas la méthode employée par le Charlot du roman, nul doute qu'il est derrière le message véhiculé au travers de ce crime : la dénonciation des inégalités, des préjugés ou des mésactions envers des personnes dites différentes de par leur origine, leur religion ou de leur 'orientation sexuelle .... sujet malheureusement encore d'actualité.


    Les personnages que l'on a plaisir à retrouver (il s'agit de la quatrième aventure d'Andreas Auer), mais cette fois-ci l'inspecteur n'est pas le personnage central autour duquel gravite l'enquête. De nombreux personnages prennent place, chacun ayant un rôle bien précis et un apport au roman. Ce changement est très agréable, il permet un renouveau dans les romans de Marc Voltenauer et de bénéficier d'un autre regard sur ses personnages historiques.

    Enfin, le rythme du roman. Dès le début, le rythme est soutenu avec un faux braquage qui se termine en vraie prise d'otage, mais ensuite le lecteur n'aura de répits que dans les chapitres "historiques" car il devra alterner négociations tendues, courses effrénées à la recherche d'indices permettant d'identifier les preneurs d'otage, et puis un final à cent à l'heure. 


    Un roman qui va vous tenir captif de la première à la dernière page.

    26/10/2020 à 20:56 2