QuoiLire

341 votes

  • De bonnes raisons de mourir

    Morgan Audic

    8/10 Avec un titre comme De bonnes raisons de mourir, nous sommes pour le moins aguichés, attirés par ce roman dans lequel nous mettons beaucoup d’espoirs.

    On se dit que l'on va avoir une intrigue policière assez classique, mais l'originalité provient du lieu dans lequel se trouve le corps : le village roche de la centrale nucléaire de Tchernobyl et fermé au public. Ce n'est pas ce faux-semblant de huis-clos qui va propulser l'enquête dans une autre dimension, mais bien l'ennemi invisible des lieux : la radiation. Car contrairement à un meurtre commis dans un univers "sain", on ne fait pas ce que l'on dans cette zone avec ce qui s'y trouve. IL faut déjà trouver des enquêteurs qui acceptent (ou sont contraints) de s'y rendre, pouvoir extraire des indices de la zone et les exploiter suivant certains protocoles. Ainsi on ne peut pas autopsier un corps irradié comme un autre.

    On l'aura compris sous couvert d'une enquête policière Morgan Audic, un peu comme Olivier Norek dans Surface, souhaite nous faire découvrir un pays, ses coutumes, ses pratiques. Dans De bonnes raisons de mourir c'est avant tout de dénoncer la gestion de cet accident nucléaire qui a impacté la région et ses habitants, mais le monde dans son ensemble; tant sur le moment mais aussi et surtout de nos jours. Il est incroyable de voir le laxisme des autorités corrompues ou focalisées sur leur désir de pouvoir.

    Ce roman donne plus d'informations géo-politiques sur la Russie et l'Ukraine que la plupart des journaux et magasines d'informations de la presse écrite ou télévisuelle.

    S'il y avait un défaut dans ce roman serait la symétrie des deux équipes enquêtant sur ces morts, au risque parfois de troubler le lecteur et de le tromper dans l'identification de l'équipe. Mais cela ne devrait arriver que si vous lisez ce livre par petits bouts, avec de fréquents arrêts. Autant dire que cela ne devrait que très rarement se produire une fois que vous serez pris par l'histoire et l'ambiance du livre.

    04/09/2019 à 20:38 8

  • L'Ami imaginaire

    Stephen Chbosky

    9/10 Nombreux auteurs se sont aventurés dans l'aventure de l'hommage à Stephen King ou d'autres auteurs emblématiques du fantastique. Si quelques uns ont effleuré du doigt le génie du maître du fantastique, comme Maxime Chattam et son Signal, d'autres ont réussi à atteindre un niveau proche en apportant une histoire originale comme Olivier Bal avec Les limbes, mais nul n'est arrivé là où nous emmène Stephen Chbosky avec son Ami imaginaire.

    Les amateurs du genre et plus particulièrement les fans de Stephen King noteront les nombreuses allusions aux œuvres du maître : Ca bien sûr avec le gentil-monsieur, Le fléau avec l’épidémie de grippe, Dolores Clairborne avec la mère du héros, 22/11/63 pour les changements d'univers, Shining pour la poursuite finale, Carrie pour les super pouvoirs, et bien d'autres.

    Mais loin d'une pâle copie, de reprise des thèmes déjà vus et lus, l'auteur a su capter l'essence même de Stephen King en adoptant une qualité rédactionnelle proche du maître. Dès les premières pages, la simplicité et la tranquillité de la mise en place de l'histoire nous capte. L'auteur dépeint l'environnement et les personnages par petites touches, en rappelant de petits détails qui rappellent en nous de grandes histoires telle la madeleine de Proust.

    J'ai été littéralement captivé par ce livre au point de ne lever le nez de celui-ci qu'après plus de 200 pages lues et l'impression d'avoir eu entre les mains un roman de Stephen King de la fin des années 70 début des années 80. Autant vous dire que je n'avais pas connu cela depuis un moment. L'imaginaire n'est pas que dans l'ami du héros, il est aussi dans la créativité de l'auteur, du monde imaginaire et de ses créatures.

    Toutefois le livre de Stephen Chbosky a quelques petits défauts. Difficile est de tenir un tel niveau sur plus de 700 pages (d'ailleurs je vous conseille la version numérique, car le bébé fait son poids). Le final est un peu lourd, redondant et tire en longueur.

    06/08/2020 à 20:49 8

  • La Disparition de Stéphanie Mailer

    Joël Dicker

    3/10 Un point important à préciser, ce nouveau roman de Joël Dicker n'est pas un thriller, ce livre serait à classer dans les romans policiers... voire dans la catégorie des romans "tout court"... et pas dans le rayons des bons romans.

    Car si j'avais été séduit par La vérité sur l'affaire Harry Quebert, autant je suis déçu par La disparition de Stéphanie Mailer.

    D'une part parce que tant dans la couverture du livre, que dans l'organisation de l'histoire, à sa lecture on a une sensation de déjà-lu, déjà-vu.

    D'autre part par ce que l'auteur pour ajouter des pages à son livre multiplie les chapitres flashback de plusieurs pages pour ce qui avait dit à la fin du chapitre ne quelques phrases, ajoute toujours plus de personnages, tous plus caricaturaux les uns que les autres, avec des histoires secondaires qui n'apportent rien à l'histoire principale, au point où parfois je me demandais qui était qui et de qui on parlait par moment. D'ailleurs il semblerait que tant l'auteur que l'éditeur se soient également égarés sur le sujet à la première impression du roman, en se trompant de nom du coupable. Bref du Dostoïevski en moins bien.

    Enfin, parce que l'enquête est tout simplement nulle. On a l'impression de voir le Sheriff Rosco de Sheriff fait moi peur enquêter, sans aucune logique et faisant preuve d'un grand manque de professionalisme. L'enquête avance par des découvertes fortuites, des indices tombés du ciel, sans aucune possibilité au lecteur de découvrir le coupable.

    Le seul point fort du roman est que pour le prix vous mettrez du temps à lire ces plus de 600 pages tant l'histoire se tire en longueur, et donc vous aurez au cela pour votre argent.

    08/11/2018 à 21:35 8

  • Le Bureau des affaires occultes

    Eric Fouassier

    7/10 Voilà un roman pour le moins original : on retrouve le genre de narration et une ambiance à la Arthur Conan Doyle, un modèle de roman policier du temps où les Reines du Crime anglaises officiaient.

    Cependant Eric Fouassier a su moderniser le genre, en introduisant une fluidité, un rythme moderne au récit et fait appel aux bonnes vieilles techniques des cliffhanger pour maintenir son lecteur éveillé, relancer l'intrigue avec des énigmes à tirroir.

    Prenez tout cela, projetez l'histoire dans un Paris du milieu du XIXe siècle totalement méconnaissable, où la police scientifique n'existe pas; faites croiser le chemin du héros avec des personnages historiques, et vous obtenez un roman policier très agréable à lire.

    06/12/2021 à 21:20 8

  • Le Signal

    Maxime Chattam

    9/10 Que dire de ce gros roman de 750 pages, bien denses, de Maxime Chattam ?

    Avant de savoir si Maxime Chattam est à la hauteur de Stephen King, il est important de dire que Le signal est un très bon roman d'horreur / fantastique. On peut même dire qu'il va rapidement trouver sa place dans la bibliothèque des amateurs du genre comme un classique. Il reprend tous les codes du genre et, par hommage à ses paires (pères), met en scène des symboles d'autres livres ou films du genre : le clown avec son ballon rouge, le club de copains avec la fille "extra-ordinaire" façon Stranger Things ou Goonies, ....

    Mais, il y a encore une petite marche avant que Maxime Chattam n'arrive au firmament de Stephen King. Le maître est le seul avec peu de mots, des phrases simples, à décrire une atmosphère, à susciter son lecteur un sentiment ou à mettre en scène des personnages structurés dont la psychologie évolue au fil des pages.Chez Maxime Chattam il y a encore des paragraphes avec des phases alambiquées, des tournures complexes, et des personnages clichés comme le chef de police borné, ou le joueur de football limité et agressif.

    On remarquera une mise en page toute particulièrement du livre : les tranches sont noires ainsi que le bord des pages sur un centimètre. Serait-ce pour rappeler un grimoire, ou ben pour montrer les limites de l'emprise du livre un peu comme l'influence du mal jusqu'à la ravine.

    Enfin, le roman n'est pas exempt d'humour, l'auteur pratiquant même l'auto-dérision. En effet, le père est un auteur de pièce de théâtre en manque d'inspiration cherchant une seconde vie professionnelle loin de la pression de New, et la mère, star de la télé, voulant revenir à ses premières amours d'animatrice radio. Doit-on y voir une projection du couple Maxime Chattam - Faustine Bollaert (sa femme) ?

    En conclusion, un roman sorti au bon moment car il est préférable de le lire dans le noir.

    30/10/2018 à 21:02 8

  • Ne prononcez jamais leurs noms

    Jacques Saussey

    9/10 Vous cherchiez le roman qui va vous accompagner sur la plage pour vous filer de frissons, Ne prononcez jamais leurs noms est pour vous.

    Jacques Saussey nous livre ici un roman tout simplement époustouflant. J'aurais pu utiliser l'adjectif explosif mais cela aurait été un peu trop facile par rapport au sujet du livre. En effet, l'auteur a été victime d'un malheureux concours de circonstance : quelques semaines après le début de la rédaction de ce livre qui commence par l'explosion d'une bombe dans un train, la France a connu une vague d'attentats comme jamais. Cette analogie ne donne que plus de poids, de pression au lecteur au fur et à mesure de l'avancement des méfaits du grand méchant du livre.

    Mais loin d'employer la trame traditionnelle de la double vision policier - assassin, Jacques Saussey dé-quadruple le récit : le policier, le méchant, le kidnappé, la femme du kidnappé. En ajoutant une complexité supplémentaire le kidnappé est flic tout comme sa femme, et tous deux sont amis du policier enquêteur. Avec ce quadruplement du récit, le livre est perpétuellement relancé au point ou arrêter sa lecture est quasiment impossible sans être frustré de ne pouvoir la poursuivre tranquillement.

    Et pour parfaire le tout, je e peux que vous conseiller ce livre si vous partez au pays basque cet été si comme moi vous aimez lire un livre dont l'action se passe dans la région proche de ses vacances. Vous aurez ainsi l'occasion d'avoir un petit cours de rattrapage agréable et pas pédant sur l'histoire indépendantiste basque.

    04/07/2017 à 21:08 8

  • Prédation

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    8/10 Le pitch de ce livre est tout simplement génial : les malfaiteurs n'agissent plus directement, mais kidnappent des personnes et un parent pour les obliger à faire des crimes.

    Mais la qualité de ce livre ne réside pas uniquement dans cette idée : les personnages sont bien structurés, complexes, que l'on découvre au fur et à mesure; même si l'inspecteur principal est un peu cliché (sa femme l'a quitté, un poil violent et porté sur la bouteille de scotch). Mais bien sûr c'est avant tout la psychologie des personnes kidnappées qui importe et est délicatement abordée pour ne pas devenir ennuyeuse ou pesante.

    Une fois le livre commencé, il est très difficile de le refermer, les auteurs alternant récits des policiers, kidnappés acteur et kidnappés de pression, ou du malfaiteur en chef et des origines de cette idée "commerciale". L'écriture est parfaite, tout en fluidité, relances de fin de chapitre propres aux page-turners.

    Le seul point négatif serait la fin un peu évidente du fait que ce livre est le premier tome d'une série de quatre. On se doute bien que le méchant de l'histoire va passer entre les maille du filet des policiers.

    Enfin, je rassure les lecteurs un peu sensibles, il n'y a guère plus de scènes gore que celles décrites en quatrième de couverture.

    C'est donc avec une grande joie que je me lance de ce pas dans la lecture du deuxième tome Stigmate.

    29/11/2018 à 20:37 4

  • Vindicta

    Cédric Sire

    9/10 Bien que bénéficiant d'une forte communauté de lecteurs fans, mes premières expériences de lecture de Sire Cédric m'avait laissé en demi-teinte. Avec Vindicta, Sire Cédric, ou plus exactement Cédric Sire à partir de ce roman, entre dans le clan fermé des grands du thriller.

    Si pour vos vacances, ou pour faire oublier que malheureusement vous ne pouvez en prendre, vous cherchez un roman qui vous prenne aux tripes,  Vindicta est fait pour vous.

    Ce roman a toutes les composantes d'un grand roman à suspense : des morts à la pelle, des personnages, attachants de par leur fragilité et leur humanité, ou bien avec de fortes personnalités, une intrigue bien ficelée, et un rythme de go fast littéraire, le tout saupoudré de conflits entre services des forces de l'ordre, d'un psychopathe fantomatique et insaisissable.

    Là où le sorcier Cédric Sire (jeu de noms avec son ancien nom Sire Cédric, Sire C., Circée) est d'une très grande habileté et devient un nouveau maître du thriller, il nous charme de son chant de conteur meurtrier  comme son homonyme homérien. Peu d'indices sont déposés tout au long du roman (en fait il n'y en a que deux), mais pris dans l'ambiance du roman, tout comme moi, vous risquez de passer à côté sans les remarquer, et alors de profiter d'un formidable final.

    Donc c'est avec un grand oui que nous anoblissons Sire Cédric, Cédric Sire, dans le cénacle des maîtres du suspense.

    28/07/2019 à 09:46 8

  • Alex

    Pierre Lemaitre

    9/10 Je ne sais pas si j'ai re-lu involontairement ce livre ou si j'ai vu son adaptation cinématographique (son adaptation avait été annoncée en 2014, mais je trouve aucune trace de la concrétisation de ce projet), mais toujours est-il que j'avais une sensation de déjà lu. Mais une sensation pas désagréable car une nouvelle fois je me suis laissé emporter par cette histoire et ses nombreux rebondissements et réorientations. Je ne peux malheureusement pas en dire plus de peur de vous dévoiler le livre et vous privez de la joie des surprises composées par Pierre Lemaitre.

    En fait, ce n'est pas un roman que l'on a, mais trois. Trois parties bien différentes, trois personnages partageant la même histoire qui gravent tous autour d'Alex mais qui vont tour à tour prendre part à son aventure. L'auteur peut ainsi exprimer tout son talent pour relancer l'histoire mais surtout développer les personnages, leur psychologie, et leur implication dans l'histoire.

    Je vous conseille tout particulièrement la lecture de ce livre dans son format audio. En effet, sa lecture voix haute est très réussie, Pierre Lemaître le souligne d'ailleurs dans lde dernier chapitre du livre audio consacré à son interview sur Alex. Attention cependant à ne pas écouter cette interview car elle divulgue les différents retournements de l'histoire et en analyse les raisons, les techniques; donc intéressante pour les amateurs du genre.

    13/02/2019 à 21:55 7

  • Chien 51

    Laurent Gaudé

    8/10 Ce livre de Laurent Gaudé est un livre trois en un.

    Le premier est un livre de science-fiction qui nous entraîne dans un monde dystopique, où les pays sont rachetés comme des entreprises, les citoyens exploités comme des salariés voire des esclaves; où l'écologie terrestre n'est plus qu'un nom puisque l'homme a atteint le point de non retour, obligé à se construire des domes pour protéger ces villes de cataclysmes météorologiques (cela nous rappelle L'empire des domes d'Eric de Biasi).

    Le second est un roman policier où l'on suit un couple de policiers associés et obligés de travail ensemble pour résoudre un meurtre qui révèle de nombreux mystères.

    Et enfin un roman politique pour dénoncer toutes les dérives de l'humain tant dans ses addictions, ses rêves, son manque de considération de l'écologie, de sa politique pour servir avant tout ses propres intérêts, de la migration des peuples et son désir toujours plus grand de puissance et de domination des autres.

    Un roman qui pourrait paraître simple mais qui amène beaucoup de réflexion de au premier regard simple mais qui malgré son côté futuriste est une bonne analyse de notre monde réel au quotidien.

    07/03/2023 à 21:01 7

  • Complot

    Nicolas Beuglet

    9/10 Je ne vais as tourner autour du pot : ce roman est tout simplement excellent. Nicolas Beuglet réussit le tour de force de proposer un second roman encore meilleur que le premier.

    Ce roman a toutes les qualités d'un roman policier pour l'enquête, du thriller pour le suspense est le rythme. Sur ce dernier point, au premier tiers du livre, une fois la scène de crime découverte et l'enquête débutée, j'ai eu un petite peur que le roman ne s'installe dans un rythme régulier sans surprise. A peine m'étais-je fait cette remarque que l'auteur enclenche la 6ème vitesse à son roman, et attention, le régime ne baisse pas. Il vous faudra des nerfs solides et un grand moment de disponibilité, car vous ne pourrez pas lâcher ce livre avan d'avoir tourner la dernière page.

    Le réel point fort de Nicolas Beuglet, dans ses deux romans d'ailleurs, est de bâtir son intrigue policière sur de solides fondations; mais attention, pas de petits pilotis, là ce sont des piliers en béton. Après avoir traité de la vie et de la mort dans Le cri, l'auteur aborde ici un sujet (que je ne vous révélerai pas pour ne pas spoiler le livre) qui, de son propre aveux donne une dimension supplémentaire à son roman du fait de la coïncidence avec son prédominance dans l'actualité de ces derniers mois. Il y a bien sûr une exposition théorique sur le sujet, mais contrairement à d'autres romans où cela s'éternise au risque de perdre son lecteur, comme Signe de vie de José Rodrigues dos Santos, ici nous en avons la substantifique moelle nécessaire au roman. Et d'ailleurs, à défaut d'aller vérifier l'exactitude des points exposés, cela a le mérite de nous faire réfléchir.

    Les lecteurs qui avaient lu Le cri auront la joie de retrouver les héros du premier roman, de voir leurs changements professionnels et psychologiques, mais plus particulièrement l'évolution de la relation entre Sarah et Christopher. Pour les autres qui désireraient découvrir cet auteur, il est préférable de lire les romans dans l'ordre car dans Complot quelques rappels du Cri viendraient vous dévoiler la fin de celui-ci.

    Donc, une bonne enquête, une bonne histoire de fond, un rythme d'enfer et des personnages attachants : je vous recommande ce roman pour une lecture de vacances estivales.

    07/06/2018 à 21:15 7

  • Congo requiem

    Jean-Christophe Grangé

    5/10 Si le premier tome était déjà un pavé (800 pages), le second tome tient le rythme avec ces 736 pages; autant vous dire qu'il vous faudra armer de patience et de bons muscles pour lire et terminer ce second tome de la série de l'Homme clou.

    Un gros volume qui vous demandera du temps pour le lire; surtout dans la première partie. Se déroulant essentiellement en Afrique, à l'image de ses héros, le livre a tendance à s'enliser dans la boue rouge du sol africain. Si l'aventure est au rythme du continent, cette première partie nous révèle un pays, des peuples, des coutumes et une vie qui nous sont totalement inconnus. A défaut d'être le plus intéressant , cela a le mérite de combler un peu nos lacunes sur le Congo.

    Heureusement de retour sur le sol français, l'histoire passe la deuxième puis la troisième vitesse pour prendre un rythme de croisière confortable. Pour garder son lecteur en haleine, Jean-Christophe Grangé dévoile ses plus grands talents d'écrivain. Maîtrisant avec maestria la technique du page-turn, ce n'est pas avec deux, ni trois histoires en parallèle que l'auteur conte, mais bien quatre : on suit donc la vie, les enquêtes sur l'homme clou par les principaux membres de la famille Morvan : père, fils (2) et fille. N'est pas le plus fort celui que l'on pourrait croire. Les personnages révèlent une face cachée, leur psychologie évolue, aucun n'est personnage de second rôle, tous apportent leur pierre à l'édifice.

    Le point faible de Jean-Christophe Grangé est le final, souvent décevant. Même s'il est un peu au-dessus de la moyenne dans Congo requiem, il ne donne toujours pas la meilleure image de l'auteur.

    Enfin, pour profiter pleinement du second tome, je ne peux que vous conseiller de le lire à la suite du premier, et non pas comme moi à deux ans d'écart, le temps ayant effacé une bonne partie de mes souvenirs, des personnages, des rebondissements de Lontano.

    Donc, un bon livre, un peu long qu'il convient d'aborder dans la globalité de la série.

    31/12/2017 à 13:42 7

  • Dans les brumes de Capelans

    Olivier Norek

    8/10 Après avoir obtenu la reconnaissance de ses paires avec ses deux premiers romans mettant en scène son héros Victor Coste, Olivier Norek s'est éloigné de son personnage favori pour des livres beaucoup plus engagés. Mais de nombreux lecteurs ont été légèrement déçus de ne pas retrouver la force de l'histoire, l'uppercut qu'il recevait à chaque fin de livre.

    Il semblerait que l'auteur ait entendu leur requête en leur offrant une nouvelle aventure du Capitaine Coste. Mais ne compter pas replonger dans la banlieue parisienne et découvrir de nouvelles magouilles, cette fois-ci vous irez de l'autre côté de l'Atlantique, au large du Canada, à Saint-Pierre-et-Miquelon où la météo est propice à créer une ambiance étouffante, cloisonnée, sorte de chambre close en plein air.

    Si la puissance du roman n'est pas au niveau des deux premiers , c'est un plaisir de retrouver le Capitaine Coste, de le voir fragiliser, douter, se chercher une nouvelle raison d'endosser l'habit de flic.

    Et puis le final est tout simplement génial, ..... mais malheureusement impossible d’en dire plus sans vous divulgâcher.

    16/06/2022 à 21:03 7

  • L'Affaire Léon Sadorski

    Romain Slocombe

    8/10 Lire L’affaire Léon Sardorski n’est pas à proprement parler lire un thriller. Romain Slocombe dresse plutôt une analyse du rôle de la police parisienne pendant l’occupation allemande. Mais, alors qu’il pourrait tomber dans la facilité de présenter un flic acquis à la cause allemande, l’auteur nous relate la biographie d’un policier qui, bien que participant à l’effort de la traque juive, se retrouve malgré lui de l’autre coté. On aurait presque pitié pour lui si l’on ne connaissait pas déjà ses résultats au service des RG.

    La force de ce livre est de nous présenter cette authentique biographie, étayée, renseignée, de rappeler les années noires de la France sous couvert d’un roman noir. L’écriture est bien ciselée, le rythme agréable, ni trop rapide, ni trop lent. L’auteur saupoudre son roman de quelques périodes d’action pour donner du nerf à son récit. Le style de l’auteur et les sujets contés par celui-ci ont évolué depuis sa tétralogie La Crucifixion en jaune et ont atteint une certaine maturité fort agréable.

    Un roman à lire qui mérite amplement le Goncourt 2016.

    25/10/2016 à 21:07 7

  • L'Illusion

    Maxime Chattam

    4/10 Au début on ne peut s'empêcher de penser à Shining de Stephen King : un homme trouve un emploi dans une station de ski désertée l'été pour maintenir le site avec une dizaine d'autres personnes. On le sait psychologiquement fragile suite à une rupture sentimentale récente. Cette allusion au maître de l'horreur n'est pas une première, puisque son roman Le signal était un hommage de Maxime Chattam à son confrère américain.


    Mais par la suite, là où la tension monte chez l'américain, L'illusion s'enlise.Les personnages ne progresse presque pas une fois leur présentation faite, les clichés sont nombreux, les allusions aux classiques de l'horreur un peu trop convenus.


    Les amateurs du genre devineront rapidement le dénouement du roman qui au final se révèle sans grande surprise.


    Bref L'illusion porte bien son nom

    07/03/2021 à 10:39 7

  • La Vallée

    Bernard Minier

    8/10 Enfin je retrouve le Bernard Minier. Après un décevant M, au bord de l'abîme, l'auteur revient avec son héros qui lui a valu son succès : Martin Servaz. Dans ce sixième tome, l'enquêteur en attente de la décision sur sa suspension se voit embarquer dans une enquête de meurtres mis en scène après l'appel de sa femme disant être en fuite après avoir été séquestrée.

    On retrouve les éléments qui ont fait le succès des cinq premiers tomes, des crimes impressionnants aux raisons mystérieuses, des implications psychologiques, des origines sans doute liées à Julian Hirtman, et des scènes d'action. Mais cette fois-ci la tension n'est pas uniquement dans l'affrontement des deux principaux personnages, elle est accentuée par un huis clos particulier, un village isolé après la chute d'un pan de montagne, et par la montée de l'opposition de la population aux autorités locales.

    La richesse de ce roman ne se résume pas uniquement à l'histoire, la recherche de la vérité, mais également à la multitude des personnages secondaires, de leur personnalité propre, de leur participation à l'histoire.

    Un livre particulièrement réussi qui tient en haleine le lecteur du début à la fin.

    07/09/2020 à 20:41 7

  • Le Manufacturier

    Mattias Köping

    9/10 Mattias Köping fait partie de ces auteurs dont on ne parle pas souvent à la télé, voire pas du tout. Seuls quelques animateurs télé ou radio avertis vont avoir le courage de présenter ses livres. 

    J'avais découvert Mattias Köping lors du salon Iris Noir à Bruxelles pendant lequel il m'avait dédicacé son premier livre les Démoniaques, mais en m'avertissant que ces romans tout comme l'alcool frelaté dans les Tontons Flingueurs, que c'étaient des romans d'Homme.

    Le manufacturier s'inscrit dans la même verve : l'auteur nous embarque dans une histoire des bas fonds de la société où guerre de clans, drogues, prostitution, esclave et torture cohabitent et rendent la vie plus sombre que ne pourrait le décrire le plus noir des polars. L'auteur les aborde de manière froide, brute, un peu comme un médecin légiste qui ferait une constatation légale : l'horreur dans sa plus simple expression et dans sa variété.

    C'est un roman admirablement bien écrit, magistralement maîtrisé dans sa structure et son rythme. L'écriture s'adapte au langage des protagonistes et au contexte, en un rien de temps le lecteur baigne alors dans l'ambiance lourde, sombre et étouffante. Mattias Köping apporte des personnages très complexes, puissants et mystérieux dont on ne découvre leurs multiples facettes qu'au fur et à mesure des pages tournées. 

    Un roman-claque que je vous conseille... mais attention qui ne conviendra pas à tout le monde.

    24/05/2021 à 20:42 7

  • Le Passager sans visage

    Nicolas Beuglet

    7/10 Nicolas Beuglet fait partie à présent des auteurs français de romans policiers et de thrillers sur lesquels il faut compter et qui nous livrent chaque année, à la même période, leur nouvel opus.

    2021 ne déroge pas à la règle, puisque pour le début de cette année, l'auteur nous fournit la suite de "Le dernier message" et nous fait retrouver avec plaisir son héroïne Grace Campbell, son inspectrice favorite, qui n'a pas froid aux yeux mais qui cache un terrible secret dans l'armoire de sa chambre.

    Dès le début du livre, le lecteur va découvrir ce secret qui mettre le feu à la poudre d'une nouvelle aventure qui va la plonger dans les bas fonds humains et lui fait croiser la route d'une organisation mondiale exploitant ceux-ci. Je n'en dis pas plus de peur de révéler trop de choses.

    Si le rythme est toujours présent, le roman est moins vitaminé, mois emprunt à l'action et plus à la réflexion; ce qui est un changement agréable, mais nous laisse un petit je-ne-sais-quoi d'inabouti.

    Plaisant, le livre est rapidement lu ... ce qui est plutôt bon signe.

    27/01/2022 à 20:40 7

  • Les 7 Jours du Talion

    Patrick Senécal

    9/10 Voici un livre comme je les aime.

    Un livre qui vous prendre les tripes, qui arrive à instaurer un suspense alors que les issues possibles à cette histoires sont très limitées. On est suspendu à la progression de l'enquête, à ces petits indices qui rapproche l'enquêteur du kidnappeur, mais également à la découverte de toute la machinerie mise en place tant pour la vengeance que pour l'égarement des policiers.

    C'est également un livre qui offre des personnages forts, qui vont s'affronter : le père face au tueur, le kidnappeur face au policier. Ces affrontements revêtent différent formes, psychologiques ou physiques, mais qui dans tous les cas vont laisser des traces chez les protagonistes. Pour les âmes sensibles, même si les tortures sont impressionnantes, elles ne sont qu'épisodiques et brèves; donc vous devriez pouvoir lire ce roman quitte à sauter quelques paragraphes.

    Enfin, il y a la réflexion que suscite ce livre : doit-on appliquer (restaurer, autoriser) la peine de mort pour des meurtriers d'enfant. Si cette question n'est pas récente pour les français, puisque ce cadre fût soumis l'abolition de la peine de mort au début des années 80 avec l'affaire Thierry Henry; et qui revient régulièrement dans les media. L'auteur apporte une réponse que je trouve fort intéressante et que je vous laisse découvrir en lisant Les 7 jours du Talion.

    21/08/2019 à 18:52 7

  • Les Limbes

    Olivier Bal

    9/10 Les limbes d'Olivier Bal est un coup double pour un premier roman.

    A la lecture de ce premier roman j'avais la sensation de retrouver le plaisir de lire un roman de Stephen King d'avant son accident, de cette période où le maître de l'horreur méritait ce titre. Par des mots simples, sans digressions interminables, Olivier Bal arrive a parfaitement décrire les personnages, leur psychologie, leur vécut, les situations, les actions. De par cette efficacité, le lecteur se projette rapidement dans l'histoire, se met rapidement dans la peau du héros, ou alors tourne les pages à toute vitesse durant les phases d'action.

    Au début j'avais un peu peur de l'ouverture du roman pendant la guerre du Vietnam. Il y a longtemps j'ai lu Koko de Peter Saul, j'avais trouvé que les phases de guerre ou leurs souvenirs s'éternisaient. Ici, la guerre n'est que prétexte mais le héros aurait tout aussi bien pu vivre un autre moment fort et dramatique, cela aurait été la même chose. Le lecteur n'aura pas besoin de grande motivation car ces épisodes de guerre sont ... épisodiques.

    Par contre je dois avertir les âmes les plus sensibles, l'histoire faisant (pan pan), la tension monte, les morts pullulent et l'hémoglobine se répand plus vite que la traînée de poudre; les autres verront leur rythme cardiaque monter d'un cran.

    Second coup parce que ce roman est édité par une toute nouvelle maison d'édition, De Saxus, dont Les limbes est le premier titre de leur catalogue. Autant dire que si tous les livres que cette maison d'édition va publier son de la qualité de celui d'Olivier Bal, elle va rapidement se faire une place et une renommée dans le monde de l'édition.

    Maintenant, nous attendons le prochain roman d'Olivier Bal pour confirmer l'éclosion d'un nouvel auteur talentueux.

    10/04/2018 à 21:27 7