Dany33

535 votes

  • Cristal noir

    Jeanne Faivre d'Arcier

    8/10 Chronique d’un couple en fin de vie ou comment se déchirer encore plus sous les yeux de leur fille, Julia… La mère Laurence est psychologue, le père Gabriel chasseur de têtes.
    Camille et Gabriel auraient pu vivre leur relation homosexuelle en harmonie si …Gabriel n’était pas disparu lors d’un déplacement professionnel.
    Une alliance de circonstance fait que Belloc, le flic, va aider Camille dans ses recherches, dans le Bordelais un premier temps puis, en Normandie.
    Ils auront aussi un allié de poids et de truffe, Cristal noir, le schnauzer de Camille dont il partage volontiers l’attachement avec Julia.
    Voici donc pour le décor, pour l’intrigue il faudra attendre d’avoir lu ces 485 pages où les pauses sont bienvenues entre deux épisodes glauques, dans le milieu gay ou antigay, où Laurence joue la provocation mâtinée d’amnésie. D’ailleurs, une vielle histoire va s’inviter dans le récit pour brouiller les pistes.
    Contrairement à la 4ème de couverture qui laisse penser qu’il s’agit d’un polar classique, j’ai vu dans ce roman d’avantage le désespoir, la détermination de Camille à la recherche de son amoureux, les obstacles sociétaux qu’il doit surmonter. A noter aussi son adorable voisine et sa complice volante qui valent le détour. Sans compter sur la vie en entreprise … et d’ailleurs Jeanne sait parfaitement de quoi elle parle.
    Une très agréable lecture, loin de tous les clichés, avec une bonne dose d’humour et la gouaille de l’auteure en prime qui fait un bien fou !

    20/05/2021 à 09:27

  • Et pour le pire

    Noël Boudou

    8/10 Vincent est un vieux con, c’est lui qui le dit ! Cet octogénaire poursuit un deuil qui n’en finit pas car la femme de sa vie été furieusement assassinée. Vincent se prépare à honorer ses « violenteurs » comme il se doit, alors qu’ils vont sortir de prison. Pourra-t-il compter sur la complicité de ses nouveaux voisins, sa nouvelle famille, celle qui lui redonne un avenir … ?
    Le lecteur est dans la tête de Vincent et réclame justice sinon vengeance dans ce village du Lot, où le Maire, le curé, l’aubergiste et le docteur ont de surprenantes méthodes pour exercer « leur art ». Chronique villageoise à la Leffe et au vitriol.
    J’ai trouvé dans le premier roman que je lis de Noël Boudou qui en compte 3 dans sa bibliographie, un style et un humour très efficaces, au service de sentiments douloureux, capables de dédramatiser n’importe quelle mise à tabac ou n’importe quel dépeçage ! Du grand art pour poser LA question : quand la justice vous semble trop clémente, êtes-vous légitime à prendre la relève et finir son travail pour retrouver la sérénité ?
    Au-delà de cette intrigue principale, sont tout aussi élégamment posées les problématiques de la vie rurale, du racisme, la puissance de la notoriété, de la vieillesse, de la solitude au service desquelles Noël Boudou a su mettre à profit toute son expérience personnelle, crument certes, mais avec une certaine pudeur néanmoins.

    14/05/2021 à 11:23 4

  • La Sacrifiée du Vercors

    François Médéline

    8/10 Une jeune femme est retrouvée assassinée dans le Vercors. Elle est issue d’une famille modeste et pourtant porte des objets de luxe. Peut-être est-ce la raison de sa coupe de cheveux sauvage ?
    Une famille de travailleurs italiens habite dans le secteur du crime. Peut-être sont-ils les auteurs de l’assassinat ? Tellement facile d’accuser l’intrus dans cette communauté vivant quasi recluse depuis la chute du maquis et la « prise de pouvoir » par les FFI.
    Les FFI parlons-en … ceux de la XIIIème heure qui jouent les petits caïds de banlieue avant l’heure et les autres ! Des jeunes hommes forts de leur pouvoir, de leur domination et les autres forts de leurs convictions.
    Une journée de septembre 1944, il faudra une journée à Duroy pour résoudre cette énigme, aidé par une jeune journaliste américaine.
    J’ai aimé cette énigme tout en étant un peu déroutée par le style de l’auteur, son phrasé plus proche du langage parlé que de la littérature bucolique auquel le paysage aurait pu prêter. Les ambiguïtés des relations villageoises sont bien posées et le mobile du crime et des sévices interpelle le lecteur. Nous étions en 1944, les choses ne pouvaient plus être comme avant certes, la situation s’accommodant de quelques adaptations de la loi. Cependant l’absence totale de bienveillance a dû peser à ces survivants du plateau…
    Dans les dernières pages, François Médéline laisse une référence à ce qui pourrait être son lien familial avec l’un des personnages : quel honorable mobile pour un auteur ! Agréable moment de lecture.

    30/04/2021 à 14:42 7

  • Le Cercle de Finsbury

    B. A. Paris

    9/10 Alice a tout pour être heureuse. Un compagnon intentionné, un métier de traductrice qui lui permet d’organiser ses journées comme elle l’entend. Elle a accepté de s’installer à Londres avec Léo car leur liaison souffrait de leur éloignement en semaine. Elle a gardé ses anciennes amies et va sans aucun doute s’en faire de nouvelles dans cette résidence « sécurisée », où tout le monde de côtoie, s’entraide … du moins lui semble-t-il. Est-elle vraiment la bienvenue ? Cette micro-société aurait-elle des secrets ? Elle n’en doute plus quand elle découvre que Léo lui a caché le meurtre de l’ancienne propriétaire dans la chambre qu’elle partage maintenant avec lui. Un huis clos va s’installer, les non-dits vont surgir et elle arrivera à entretenir sa propre paranoïa à force de secrets qu’elle n’arrive pas à percer et d’une suspicion généralisée. A moins qu’il ne s’agisse d’une conspiration.
    Dès lors, toutes les extrapolations sont possibles et Alice va projeter ses craintes tour à tour, sur chaque résident, potentiel meurtrier !
    B.A. Paris sait très bien ce qui se passe dans le cerveau de ces femmes seules, en proie à leurs fantasmes. Les hommes ne sont pas mieux traités d’ailleurs. Alice saura-t-elle se faire un ami de Tom ?
    Un suspense implacable et dans la tête d’Alice, une foule de scénarios alternatifs coupent court aux possibles alliances avec ces Desperate Housewives version « so british ». J’ai beaucoup aimé me faire embarquer dans ce roman psychologique noir et plein de rebondissements, comme j’avais été séduite par Derrière les portes.

    19/03/2021 à 18:50 4

  • Le Gibier

    Nicolas Lebel

    9/10 Ce roman ne dépareille pas dans l’intégrale de Nicolas Lebel : les personnages prennent fort ! Des petits nouveaux pour ce cru 2021, non exempt de références aux virus même s’il a en grande partie été écrit avant notre crise sanitaire, un savant masqué joue une scène d’anthologie.
    Qu’y a-t-il de commun entre l’intrigue policière et la chasse à courre ? Le mode opératoire des malfaiteurs qui rusent avec les bêtes sans défense au nom d’une éthique douteuse, suivent scrupuleusement les étapes jusqu’à la mise à mort et les rituels qui l’accompagnent.
    Starski avec un « i » est par hasard à proximité d’une prise d’otages à l’issue dramatique et se voit projeté dans une enquête en compagnie de Yvonne, son adjointe d’origine asiatique, toute en rudesse, sans fioriture, sans « merci » et sans « s’il vous plaît », qui a raison … souvent. Il semble bien qu’un complot international, relie les meurtres parisiens à des événements vieux de trente ans s’étant déroulés en Afrique du Sud au moment de la fin de l’Apartheid. Des Afrikaners à Paris, « le MK … le fer de lance de la Nation », non ce n’est pas une nouvelle comédie musicale mais bien du sang que vont découvrir nos enquêteurs, le tout noyé dans un scandale sanitaire.
    Straski a connu Chloé dans sa jeunesse, il a vécu avec elle plusieurs années et la retrouver au cœur d’une machination va ébranler notre policier, bien en peine déjà avec sa vie privée. Nous aurons de la compassion pour lui, de l’admiration pour la réactivité d’Yvonne, nous serons partagés sur la justice et ses fantassins et circonspects sur les autres acteurs de cette traque.
    Un très bon moment de lecture auquel nous pouvions nous attendre avec cet auteur facétieux et attachant, précis, inattendu et percutant.
    Au fait Nicolas, comment va Mehrlicht ?

    15/03/2021 à 12:48 10

  • Une arête dans la gorge

    Christophe Royer

    8/10 Vous avez aimé découvrir les Catacombes de Paris avec Franck Thilliez ou Patrick Bauwen ?
    Vous avez apprécié les sous-sols de Clermont-Ferrand avec Sylvain Forge ?
    Vous allez aimer plonger dans les dessous lyonnais avec Christophe Royer. Vous allez accompagner Nathalie, parachutée, mal accueillie par sa hiérarchie, quasi placardisée dès son arrivée. Notez qu’elle était présente dans le premier thriller de l’auteur, Lésions intimes.
    C’est à la faveur d’un véritable « coup d’état » qu’elle s’approprie l’enquête sur ce qui ressemble à des meurtres en série dans un milieu obscur, voire sectaire où la franc-maçonnerie y dévoie ses valeurs humanistes. Vous y rencontrerez un savant fou, obnubilé par SA recherche, qui le poursuit plus qu’elle ne l’apaise, des politiques égarés, un artiste mal materné et bien d’autres personnages surprenants.
    Une petite romance va agrémenter l’enquête et même si j’ai découvert « le méchant » assez rapidement, j’avoue avoir tout de même pris du plaisir au cours de ces 384 pages d’une intrigue originale. J’y ai découvert la petite histoire lyonnaise, loin des clichés gastronomiques, un bon suspense. Un bon moment de lecture.

    11/03/2021 à 14:32 3

  • Ce pays qu'on assassine

    Gilles Vincent

    8/10 Au nord, dans un fief électoral détenu par un parti d’extrême droite, une capitaine de police, sensible à ses idées, se trouve confrontée à une sordide affaire de viol de deux jeunes Erythréennes, en route pour Calais. Au sud, l’enquête sur la mort du directeur de campagne d’une candidate du même parti extrémiste est confiée à une commissaire.
    Les deux femmes, de vraies meneuses mais néanmoins fragiles, vont se confronter aux aléas de la hiérarchie et au machisme ambiant. Pour les aider, deux équipes masculines et éclectiques leur sont dévouées et seront malmenées au cours du déroulement des intrigues.
    C’est une plongée dès les premières pages, sous les jupes de la politique xénophobe et radicale… L’auteur nous aspire vers le contexte glauque des migrants, obligés de tout accepter, y compris la prostitution, pour trouver le peu d’argent nécessaire à la traversée du pays vers la nouvelle terre promise. Il nous fait aussi aborder le problème de la Syrie de Bachar et de sa dépendance militaire à la Russie de Poutine ainsi que la dépendance financière du parti de l’extrême droite française, en campagne, à cette même Russie. La narration chronologique est efficace et l’originalité de l’utilisation de la lecture du carnet de Carole est d’autant plus percutante qu’elle est inattendue.
    Même si les personnages politiques sont adaptés pour cette fiction très documentée, le lecteur trouvera des analogies flagrantes avec le paysage politique d’Hénin-Beaumont notamment.
    Une intrigue double pour un vrai polar, mais pas que … un roman psychologique, plein de pudeur sur les angoisses de ceux dont le métier est de nous protéger et qui prennent tous les risques.
    C’est le premier roman que je lis de Gilles Vincent qui en compte 18 au compteur … Comment ai-je pu passer à côté jusqu’à aujourd’hui ? J’ai aimé, je vais récidiver !

    09/03/2021 à 11:49 4

  • Tu ne seras plus mon frère

    Christian Blanchard

    10/10 Kasswara et son jeune frère Kamar ont un don pour le tir à la carabine. Dans une Syrie déchirée, ils ne vont pas suivre la même route. Légaliste, Kamar va devancer l’appel sous les drapeaux tandis que Kasswara va partir défendre la démocratie contre le régime en place.
    La famille est partagée, les parents sont divisés quant aux chemins pris par leurs fils. Nous allons plonger dans la psychologie des deux protagonistes, et plus particulièrement dans celle du tireur d’élite : comment passer de la procédure froide et dénuée de sentiment, de la protection de ses compagnons d’armes, au goût de tuer ? Faut-il un mobile, une rancœur pour tuer ou une simple liste légitime l’acte ? Que dire des enfants, véritables bombes à retardement du fait de leur endoctrinement oui, que dire des « lionceaux du califat ».
    Au-delà de l’histoire déchirante des deux frères et de leur famille, c’est la dernière décennie qui nous est narrée par Christian Blanchard, celle de la guerre civile en Syrie et celle des attentats en France. J’ai compris comment les défenseurs de la démocratie se sont vu infiltrés par les extrémistes religieux au point de scinder leur mouvement contre le régime de Bachar pour s’opposer aux radicaux. J’ai conforté mon jugement en constatant l’absence de l’Europe et la présence ambiguë de la Russie. Qu’en est-il du débat qui nous interpelle tous autour de la problématique des enfants de retour de Syrie : victime ou bombes humaines en puissance ?
    Avec un style efficace l’auteur touche sa cible assurément en interpellant le lecteur dans sa zone de confort … Un voyage impliquant et terrifiant à la fois !
    Ajoutons à cela un épilogue (un peu optimiste) qui ne devrait pas déplaire à Ara, la mère de Tomar Khan, le héros de Niko Tackian.
    Enfin, je n’ai pu m’éviter la comparaison avec la guerre d’Espagne, celle qui a nos portes a semé le trouble dans bon nombre de familles comme le chantait Jean Ferrat dans Maria, oui elle aussi avait deux enfants … que dire des déchirements familiaux pendant les heures sombres du gouvernement de Vichy !
    Après cette lecture, retournée je suis mais au fond de moi-même, suis-je vraiment surprise ?

    22/02/2021 à 10:06 4

  • Douve

    Victor Guilbert

    8/10 Hugo Boloren est un bon flic. Sa mère qui fut l’historienne d’un drame campagnard qu’elle a relaté dans un livre témoignage, perd la mémoire. Quelques décennies plus tard c’est donc un rappel douloureux que subit Hugo quand un nouveau meurtre est commis ans ce village du bout du monde. Ses origines se cachent à Douve, il le sent. Le voilà parti pour une immersion qui est tout sauf bucolique. Un huis clos s’impose à lui, avec ses secrets, ses trahisons, ses complicités, ses collusions qui égarent le lecteur de belle manière avec un humour et des personnages décalés bienvenus. Le voilà aussi parti sur les traces de cet Islandais, cueilleur de champignons, disparu en compagnie d’un gendarme, complice ou victime … tout reste encore à démêler.
    Premier roman, belle découverte ou la ruralité est un personnage à part entière, où l’on résout ses problèmes entre soi, que l’on soit vieilles jumelles maléfiques, idiot du village, brasseur inspiré ou …
    Allez rencontrer ces habitants de « l’aigrette du pissenlit », vous passerez un très agréable moment de lecture qui vaut bien le détour.

    08/02/2021 à 10:22 5

  • Manhattan Sunset

    Ian Manook

    9/10 Pourquoi donc le sort s’acharne-t-il à détruire tous ceux qu’il aime ? Donnelli n’en peut plus d’essayer de comprendre : vengeance ou concours de circonstances ? Parallèlement à sa quête de vérité, il mène une enquête sur un infanticide particulièrement odieux (tous les infanticides sont odieux certes) la fillette mutilée, enfant adoptée, qui va le conduire sur les traces des trafiquants d’êtres humains.
    Donnelli aurait pu se satisfaire du triangle amoureux dans lequel il s’englue mais c’est ignorer sa loyauté envers un mort devenu sa voix intérieure, sa conscience, son double, son fantôme bienveillant et plein d’humour.
    Dans la rubrique touristique : notons le trip délirant à l’acide des deux compères qui nous donnent une vision de New-York en 3D et tel le lever de soleil à Abou Simbel deux fois par an, le phénomène du Manhattanhenge, parmi les immeubles allumettes de la nouvelle sky-line illumine New York.
    ( NDLR : Manhattanhenge est un événement se produisant deux fois dans l'année, pendant lequel le soleil couchant s'aligne avec les principales rues orientées Est-Ouest de Manhattan, à New York – source Wikipedia)
    Braverman, en fin connaisseur nous promène dans les quartiers chauds de la Big-Apple, bien loin des recommandations du guide du routard et un peu chez les nantis ...
    Donnelli est habile, rebelle, mais saura-t-il résister à l’acharnement du sort ? Il faut bien ces 363 pages pour dénouer tous les fils de l’intrigue.
    Je suis toujours aussi addict à l’écriture de ce gamin qui a trois jours de moins que moi et dont je me dis : comment a-t-il pu visiter, rencontrer, explorer notre monde et nous le restituer aussi habilement ! Je suis prête à encore voyager à ses côtés qu’il se fasse passer pour Roy ou pour Ian …

    04/02/2021 à 09:12 4

  • Tuez-les tous... mais pas ici

    Pierre Pouchairet

    8/10 Tragiquement d’actualité, cette mise à plat du processus de fuite vers les états islamiques par de jeunes recrues du Djihad fait froid dans le dos. Quelles que soient les filières, la détermination de cette jeunesse radicalisée questionne notre société, les valeurs que celle-ci a la capacité de transmettre, l’avenir qu’elle peut promettre.
    Nous sommes en présence d’un thriller, mâtiné d’espionnage. Peu polar en fait car c’est la quête de parents qui recherchent leur fille disparue et qui sont amenés à découvrir qu’elle est partie pour la Syrie pour récupérer son amoureux. Quimper est un foyer de recrutement pour ceux qui sont tentés par l’aventure extrême. Mais il faut compter avec une équipe de « barbouzes » qui souhaitent éradiquer le mal par le mal et qui met toute ses ressources occultes pour approcher les réseaux.
    J’ai aimé la pudeur de l’auteur à nous parler de la haine des parents, de leur volonté de vengeance.
    J’ai apprécié la précision apportée à la narration du voyage de ces jeunes et je ne doute pas qu’elle soit encore au-dessous de la réalité. Nul doute que son passé professionnel ait guidé son écriture.
    J’ai peur quand je constate la disproportion des moyens en présence pour éduquer les jeunes à la circonspection, au sens critique et au jugement éclairé.
    Il me restera le souvenir attachant d’un père, Louis, anti-héros qui se dépasse pour sa fille. La nébuleuse du renseignement, proche du pouvoir central de notre République et l’appât du gain plus fort que l’éthique me laisseront un goût amer.

    01/02/2021 à 09:25 3

  • A pas de loup

    Isabelle Villain

    8/10 Il est des communautés qui fonctionnent bien, dans le partage et la bienveillance et il en est qui s’extrémisent, de sectarisent souvent en raison d’enjeux de pouvoir … dès lors, difficile de s’y maintenir en toute intégrité, d’y vivre, sauf à se soumettre aux lois du gourou.
    Il est des modèles économiques incompatibles avec la vertu écologique. Dès lors la confrontation d’idées peut dégénérer. De quel côté la violence se trouve -t-elle ?
    Il est des familles qui décident de quitter la ville mais l’isolement focalisant les tracas, les incompatibilités prennent le pas sur l’harmonie, le bannissement n’est cependant pas une réponse d’adulte.
    Il est enfin des individus, parce que plus éloquents, se distinguent et deviennent les gourous et sautent le pas de l’extrémisme.
    Le roman d’Isabelle Villain nous parle de tout cela et encore plus. Le cadre est enchanteur, les fondements utopiques mais … les humains peuvent déraper, se laisser submerger et prendre les mauvaises décisions, acculés qu’ils sont. Nous observons une petite communauté de survivalistes qui vont révéler leurs limites parce que Michel, le père fondateur, gardien des valeurs, est décédé et que la succession est instable.
    Je trouve cependant que le titre est trompeur. Il pourrait laisser entendre que le loup est un élément déterminant de l’intrigue. Il n’en est rien ce qui laisse penser que l’auteure n’est pas insensible au sort des espèces animales menacées et qu’elle a saisi cette opportunité pour dévoiler sa fibre écolo. Merci Isabelle pour cet agréable moment de lecture dans ces paysages grandioses qui méritent la sérénité et la préservation

    30/01/2021 à 13:23 3

  • Les vagues reviennent toujours au rivage

    Xavier-Marie Bonnot

    8/10 Pour entamer ce 7ème roman de la série De Palma, il n’est pas indispensable d’avoir lu les 6 premiers épisodes pour faire connaissance avec ce retraité de la police marseillaise.
    Sous un aspect assez classique ce polar s’attaque à un problème de société et interroge nos consciences : le vaste mouvement migratoire des oubliés du sud vers les riches terres du nord et les efforts déployés par les humanitaires tels que les bénévoles et permanents de Mare Nostrum et des camps de transit.
    Ce phénomène était bien présent dans les médias avant l’arrivée du virus, s’il est plus caché n’en est pas disparu pour autant.
    On avait connu la jungle de Calais avec Entre deux mondes de Olivier Norek, Xavier-Marie Bonnot nous emmène sur l’île de Lesbos, première étape européenne pour les Syrien et autres Africains, puis à Palerme. Les mafieux et autres passeurs y font des horreurs.
    Notre retraité est convié par ses anciens collègues à collaborer dans l’ombre à l’enquête sur le suicide d’une de ses ex-compagnes. Il s’acharnera à démonter qu’il s’agît d’un meurtre et il va se trouver en procession d’un manuscrit relatant l’errance d’Amira, originaire de Raqqa et disparue à Marseille au moment du meurtre présumé. Au fil des pages, le lecteur et le flic vont suivre le rude chemin qui aurait dû mener Amira vers la sécurité, les confrontations musclées avec l’ultra-extrême-droite marseillaise dont la filiation avec les guerriers de la mythologie grecque n’est pas fortuite.
    Je me suis laissée embarquer dans cette quête de vérité mais cependant j’aurais attendu davantage de développement dans le dénouement où l’action et le tourisme palermitain prennent le pas sur les idées.
    Intéressante lecture, édifiante sur la nature humaine …
    C’est le premier roman que je lis de cet auteur qui mérite bien le détour !

    29/01/2021 à 08:08 3

  • Le Mystère de la main rouge

    Henri Loevenbruck

    9/10 Pour le tome 2 des aventures du journaliste Gabriel Joly, qui se passe quelques jours après la prise de La Bastille, l’auteur prend du champ par rapport aux événements historiques, seule la nuit du 4 août et les exécutions sur la place de Grève font l’objet d’une relation précise, les autres faits rapportés sont d’avantage du domaine de la fiction, du romanesque, du pur genre « cape et d’épée », et bien plus. Nous sommes en présence d’un roman historique d’aventure avec deux grandes figures féminines que sont Terwagne qui a bien existé et Lorette. Toutes deux ont laissé une part de leur histoire intime en Corse, une histoire d’amour pour l’une, ses origines pour l’autre.
    Le jeune journaliste en est le fil rouge, celui par qui se fait la lumière, qui permet la compréhension de la traque de cette « main rouge », secte ou confrérie. De nos jours on dirait un groupe d’influence, des lobbyistes poudrés en redingote, à la solde de la finance, qui souhaitent détourner les avantages de l’abolition des privilèges au profit de la finance, la bourgeoisie, par le chantage notamment.
    Une mention particulière pour ma part à Récif, le pirate, qui arrive toujours de la façon la plus opportune possible.
    Enfin il y a le ton, le vocabulaire de cette époque qui donne à cette aventure la couleur de l’estampe et son exotisme.
    Certes la documentation a dû envahir l’espace de l’auteur, elle n’en donne que plus de valeur à cette saga alors que la quête de l’égalité est toujours d’actualité plus de deux siècles plus tard.
    L’auteur semble s’amuser en se promenant dans ce panthéon à la fois vrai et imaginaire, dans ces lieux de cartes postales, dans ses forêts pleines de brigands, même si Joly n’est pas Indiana Jones.
    Certes il s’agit ici de la suite du roman Le loup des Cordeliers mais la lecture du Loup des Cordeliers n’est pas absolument nécessaire à la compréhension, même s’il est toujours préférable de faire connaissance avec les personnages dès leur apparition dans l’intrigue. Il s’agit d’une suite du tome 1 … la recherche du trésor caché, escamoté par le huitième prisonnier de La Bastille. Un moment de lecture « hors sol », dans l’imaginaire de Henri Lœvenbruck qui a dû prendre beaucoup de plaisir à écrire cet opus (cf. les remerciements en fin de volume).
    Sans dévoiler la fin, nous pouvons dire simplement « vivement 2021 pour connaître la suite ! ». Bref vous l’aurez compris … un très bon moment de lecture !

    06/01/2021 à 09:37 11

  • Cap canaille

    Christophe Gavat

    8/10 Lorsque le lecteur entame un prix du quai des orfèvres il sait que ça parlera de flics, qu’il y aura aussi de la procédure, de la vraie, de la consistante. Par ailleurs il y a fort à parier que l’auteur sache de quoi il parle. Cap Canaille c’est tout ça mais bien plus. Pour son troisième roman Christophe Gavat ne se met pas en scène, il a créé des personnages bien typés, souvent attachants et antipathiques pour certains.
    Ici les us et coutumes de la Canebière sont confrontés aux usages franciliens, différence de culture, différence d’approche pour viser un même résultat : arrêter les méchants ! Qui donc mène le jeu sur le Vieux Port, sur les Calanques, … sur le Cap Canaille ?
    Une « grande dame » du banditisme a fait l’objet d’un barbecue et Henri Saint-Donat en charge de l’enquête et qui l’a connue à Paris dans un contexte douloureux et sanglant, suggère que l’affaire ne doit pas être si simple qu’elle n’y paraît, sans doute liée à un braquage dans la banlieue de Paris. Les services vont devoir échanger leurs infos et ça se passe plutôt bien : pas de conflit de territoire et une vision harmonieuse. Pendant ce temps le milieu marseillais se cherche un nouveau patron semble-t-il. Légionnaires ou petits caïds des quartiers ?
    Une enquête bien menée, une bonne intrigue avec les bons rebondissements, un vrai polar où les femmes ne s’en laissent pas compter, où la hiérarchie ambitieuse est plutôt conciliante et … les paysages superbes et quelques poursuites qui mériteraient une adaptation pour le cinéma ou la télévision.
    J’ai beaucoup aimé ces 400 pages sans temps morts qui nous en apprennent long sur la police et ses professionnels vus de l’intérieur. La part d’exotisme est assurée par Marseille et ses Calanques. Une lecture que je recommande chaudement pour son efficacité.

    13/12/2020 à 14:55 6

  • Et le mal viendra

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    10/10 «… est-il légitime de recourir à la violence pour que cesse la violence ?
    Ou plutôt, n’est-il pas de notre devoir de le faire ? »

    Un thriller à large spectre … tout autant philosophique que sociétal, à la fois tome 2 et préquel, saga familiale et road movie et qui pose LA question : peut-on/doit-on avoir recours à la violence, même extrême, en cas d’urgence absolue, pour provoquer la prise de conscience et l’action ?
    Deux hommes se sont « affrontés » à la sortie du Bataclan en novembre 2015 et leurs destins ont basculé. Morgan a ensuite croisé le regard d’un gorille dominant et il est lui-même devenu Silverback, le défenseur des opprimés, entraînant à sa suite ses enfants. Quant à Julian, c’est la voie de la légalité qui l’a guidé dans la traque de Morgan et de son armée.
    Que vous ayez lu ou non Isla Nova, vous serez emporté par l’intrigue qui mêle notre quotidien et celui des pays du sud, à la fiction … d’ailleurs, est-ce bien la fiction ou une simple anticipation de ce qui nous guette à très brève échéance ?
    Eminemment actuel, le sujet de l’avenir de l’humanité nous prend aux tripes et de façon bien efficace. Nous avons en plus du désastre écologique, des terribles conflits de l’eau (passés, présents ou à venir) à confronter notre vie actuelle à la très prochaine existence sous contrôle intégral de l’IA, l’intelligence artificielle.
    Notons à ce sujet, la parution simultanée du thriller de Bernard Minier qui nous alerte lui aussi avec M, le bord de l’abîme, sur les dangers d’un détournement de ces « petites boîtes magiques » qui nous accompagnent de plus en plus, sur le « tout connecté ». Le danger est bien présent !
    Secouée je suis après ce thriller capable de réveiller bien des consciences, qui fait écho à mes convictions écologiques quand la réalité donne malheureusement raison à la fiction, tant la vraisemblance et la précision interpellent le lecteur.
    La construction atypique de l’intrigue, si elle déroute dans ses premiers chapitres, devient peu à peu une évidence, pour ce thriller complémentaire d’Islanova paru en 2017 (à lire avant ou après, mais à lire de toute façon). Trois périodes (2015-2016, 2025 et 2028), indissociables et éclairantes. LA question reste entière mais au moins est-elle posée dans une actualité où la jeunesse en perte d’espoir s’oppose aux générations qui n’ont rien fait par avidité, en lui demandant d’agir utilement …enfin !

    09/12/2020 à 09:50 3

  • Impact

    Olivier Norek

    10/10 L’évidence est niée, dissimulée par la trop puissante finance et le pouvoir.
    Le cru 2020 de notre Olivier Norek est grand, documenté (les notes en fin d’ouvrage apportent les précisions et les crédits nécessaires) et humaniste. Encore un peu optimiste … ou pas, au lecteur de faire son opinion.
    La sixième extinction est en cours, pour preuve pour ponctuer le récit, les calamités qui s’abattent sur les plus pauvres, présentées comme pourraient l’être des faits divers sur nos chaînes d’informations en continu. Quand bien même le désastre touche des millions d’humains, leur vole des millions d’années de vie, il disparaitra face à l’enlèvement d’un PDG qui de fait quitte l’anonymat pour la mise en lumière face aux voyeurs de toutes tendances.
    La fille de Virgil a été victime de la pollution aux les particules fines, alors pour dépasser le deuil impossible, il décide que tous les moyens sont légitimes pour alerter. La demande de rançon dont il est l’auteur est doublement originale sur le fond et sur la forme, plutôt un suicide qu’un acte de terrorisme semble-t-il !
    Virgil n’est pas survivaliste comme le héros de Survivre de Vincent Hauuy, mais plutôt lanceur d’alerte pour fédérer l’opinion mondiale contre la catastrophe annoncée, tout autant que le duo Camhug avec Et le mal viendra, sa production 2019.
    Que fait la police ? elle constitue un duo de négociateurs pour l’occasion, les meilleurs semble-t-il, mais pour quels résultats ?
    Et que fait la justice ?
    Un roman sociétal, un réquisitoire « au sens propre » contre nos institutions complices car on ne peut écouter le plaidoyer de Fabien Attal, l’avocat de Virgil, sans adhérer à sa thèse. Une justice aux règles opposables à tous et c’est heureux, au demeurant rendue par des juges qui n’en sont pas moins hommes et là aussi c’est heureux d’échapper à un algorithme qui s’y substituerait. Va-t-elle considérer Virgil comme un terroriste car il a tué, car « est considéré comme terroriste tout acte se rattachant à une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur. » ?
    Un roman contemporain qui utilise les réseaux sociaux.
    En fin de roman une touche d’espoir … mais à supposer que l’on ait fait collectivement le nécessaire aujourd’hui pour préserver ceux qui seront là en 2040. Pas sûre et ma conscience écolo souffre tous les jours à l’unisson de celle de l’auteur. Oui j’ai vibré tout à long de ces 350 pages. Trop court ce roman ? Certes on aime lire le Norek de l’année mais la démonstration est à ce point brillante que les chemins de notre réflexion sont pour le moins ouverts, au mieux confortés par l’absolue nécessité de « faire » chacun à son niveau, mais aussi globalement les gestes, non pas de survie car ils ne suffiraient pas mais bien prendre les décisions d’un vrai changement de mode de vie.
    Ecolo, visionnaire ou juste réaliste s’il en est encore temps ! J’ai adoré et je flippe encore plus en fermant ce thriller dont la conclusion n’est pas écrite.
    Un roman qui restera un coup de cœur 2020 même si sa lecture tardive a empêché qu’il figure dans ma sélection Top 10 de l’année. Espérons qu’il ne soit pas victime de sa date de publication et de la Covid réunies.

    08/12/2020 à 10:43 4

  • Vengeance sur pellicule

    Michael Fenris

    8/10 Michaël Fenris récidive avec ce polar glauque, sans ADN, sans caméra de surveillance, une balistique balbutiante, comme dans le précédent volet Diamants sur macchabées où j’avais fait la connaissance de Jeff Fergusson. Pour ma part je ne renie pas ce que j’ai écrit dans ma chronique du tome 1 car Jeff tient ses promesses.
    Des remords, des regrets ? Il a trompé son pote en ayant une aventure avec Suzy. Bien mal acquis … elle s’est enfuie avec un truand jusqu’à la Mecque du cinéma. Quelques années plus tard, Suzy, en difficulté, revient à Résilience pour renouer avec Jeff, mais tout dérape. Notre détective privé bourré d’humour et adepte de la dérision, amoureux de sa Pontiac, va être au cœur d’une vengeance, souffrir beaucoup, fumer beaucoup aussi, aidé néanmoins par pas mal de potes. D’autres flics voient en lui un auxiliaire de police, commode pour approcher les méchants sans trop se montrer et tout à fait prompt à se fourrer dans des situations improbables. Il va ainsi être au cœur d’un jeu de dupes, aux multiples rebondissements dont il est le narrateur bien attachant.

    Un vrai polar en noir et blanc, dans la lignée du précédent et pour lequel l’auteur annonce une suite ! Bon moment de détente et de lecture, un peu sanglant, juste ce qu’il faut pour maintenir la forme, un peu phobique pour nous éloigner des rats.

    03/12/2020 à 10:29 3

  • Les Oubliés de Dieu

    Ludovic Lancien

    9/10 La tératologie est la science des anomalies de l'organisation anatomique, congénitale et héréditaire, des êtres vivants
    L'acromégalie : est un trouble hormonal qui provoque une augmentation anormale de la taille des pieds et des mains et une déformation du visage, y compris à l'âge adulte
    Ludovic Lancien nous propose une intrigue dérangeante par son sujet, mais addictive par son style et ses personnages et surprenante par ses retournements de situation. Nous sommes plongés dans l’horreur de la déviance.

    Une étrange découverte que ce roman, à la fois malsain, envoûtant, tant la situation est singulière. Un médecin, Richard Mievel, est assassiné mais très vite le lecteur se questionne : victime ou coupable ou encore les deux à la fois ? Il a pêché par ce qu’il a enduré dans sa jeunesse, devenu passionné par le comportement de ses compagnons d’infortune, dont la vie est altérée par des anomalies génétiques. Cependant, après sa disparition, les morts continuent à s’accumuler. Richard a laissé un cahier « Gnadentod », un recueil crypté, bourré références. Aux détours de cette intrigue, nous voici confrontés aux dures réalités des victimes de maladies orphelines, des difficultés de leur prise en charge.
    Alors ce médecin, victime expiatoire ? Pour le savoir ou tenter d’approcher la vérité, le capitaine Gabriel, par ailleurs en grande détresse personnelle, va devoir replonger dans ses souvenirs, ses amitiés de jeunesse, qui témoignent d’une certaine perversité par la pratique du « tourisme noir ». Il ne s’agit pas d’une nouvelle destination exotique mais des raffinements morbides dont nous découvrirons les subtilités. Tentant direz-vous ? Je vous laisse la responsabilité de ce jugement !
    Au-delà de cette intrigue, il y a une réflexion sur la différence, celle que l’on voit et celle que l’on vit … les limites et les outrances de l’exercice du vivre ensemble. J’ai apprécié ces interrogations subliminales.
    L’auteur signe avec ce thriller, plus profond qu’une simple traque, vrai polar d’investigation, un deuxième roman très prometteur. Un très bon moment de lecture, aux confins de l’horreur …

    30/11/2020 à 10:00 6

  • La Gestapo Sadorski

    Romain Slocombe

    9/10 Je n’aurai pas donné cher de la peau de l’inspecteur Sadorski, en fermant Sadorski et l’ange du pêché dernier volet de La trilogie des collabos ! J’ai donc dans La Gestapo Sadorski été surprise de retrouver en pleine forme Léon, l’immonde opportuniste et anti-juif, qui élargit ses compétences en s’attaquant principalement aux communistes. Repéré favorablement par sa hiérarchie, il intègre une unité spécialisée dans la traque des terroristes qui accomplissent « le travail allemand ».
    Pour autant Léon Sadorski reste fidèle à ses choix amoureux, exclusivement tournés vers de très jeunes filles qu’il manipule sournoisement pour mieux les dominer, ce qui donne à l’auteur des occasions de nous proposer quelques beaux personnages féminins.
    C’est donc sur deux plans, professionnel et privé, que nous suivons les agissements de Sadorski dans l’ex-capitale française en 1943.
    Comme dans l’ouvrage précédent, nous apprenons beaucoup des pratiques douteuses des occupants, de leur savoir-faire dans le domaine de l’ultra-violence qui si elle n’était odieuse pourrait être qualifiée de raffinée. Le lecteur d’ailleurs peut être dérangé par la précision de certaines scènes qui reflètent malheureusement les atrocités mises au point par des cerveaux malades, embrigadés et extrémistes.
    C’est aussi une façon élégante de rendre hommage à tous ceux qui combattaient les « collabos » et les forces d’occupation. La relation d’affaires tristement célèbres comme celle de la famille Manouchian, rend ce roman particulièrement précieux. Nous savons que l’auteur se repose toujours sur l’histoire, la grande et la petite, pour nous proposer des aventures extrêmement bien documentées (voir à ce sujet l’abondante documentation en fin d’ouvrage).
    En conclusion : une énorme émotion à cette lecture, un moment de réflexion sur les outrances commises au nom de la suprématie de la race … certes en 1943, mais qu’en est-il de ce désir de nos jours ? La lecture de Romain Slocombe est hautement recommandée !
    Enfin, une bonne nouvelle, l’auteur et sa maison d’édition annoncent avec La Gestapo Sadorski, La trilogie de la guerre civile [tome 2 : L’inspecteur Sadorski libère Paris (2021) et le tome 3 : J'étais le collabo Léon Sadorski (2023)] des titres prometteurs.
    L’infame Sadorski va encore défier nos consciences …

    21/11/2020 à 10:16 8