El Marco Modérateur

3181 votes

  • 25 mystères en chambre close

    Guillaume Lebeau

    6/10 Vingt-cinq nouvelles qui ne brillent pas particulièrement par leur originalité. J’ai retrouvé que pas mal d’entre elles avaient vu leur résolution déjà imaginée par des auteurs fameux comme John Dickson Carr. En soi, donc, rien de véritablement novateur. Néanmoins, j’aime beaucoup ce concept de livre-jeu. Cela peut permettre de s’amuser, en un temps très court, à imaginer la solution de l’énigme. Le lecteur fan de ce genre de mystère littéraire, dont je fais humblement partie, y trouvera également du plaisir en se confrontant à ces petits problèmes, un peu comme un musicien ferait ses gammes histoire de ne pas perdre la main.

    08/09/2015 à 20:02

  • 29 février

    Rémi Stefani

    8/10 Riche et singulier, l’univers de Rémi Stefani échappe aux classifications usuelles. Mélangeant le noir et l’humour, le surréaliste et le vraisemblable, le suspense et l’émotion, ce 29 février fait partie de ces ouvrages destinés à la jeunesse assurément marquants. Une délicieuse petite perle, aussi rare que le sont les 29 février…

    14/09/2013 à 08:47

  • 30 rouge pair, passe

    Charles Richebourg

    4/10 Prosper Meunier prend le métro du côté de Pigalle, et ce pickpocket prend le portefeuille d’une belle et digne dame où il trouve ensuite 89800 francs. Curieux hasard : c’est justement la somme qu’il avait dans son propre portefeuille. Conclusion évidente : la femme est une voleuse patentée et rouée qui lui avait chipé son larfeuille. Attiré par le « professionnalisme » de cette inconnue, il la retrouve près d’un champ de courses, et Prosper propose à Madeleine, dite « Mado les mains d’or », d’unir leurs compétences.
    Une nouvelle qui commence plutôt bien, avec un ton enjoué, un argot divertissant, des dialogues à la Audiard, mais le reste du récit est bien moins folichon : quelques larcins dans des trains, des bavardages également, et une connaissance commune va conduire notre binôme de voleurs vers d’improbables péripéties. Une succession sans grande saveur de saynètes, un scénario tellement distendu que j’ai failli à de nombreuses reprises lâcher l’affaire, et une conclusion à peine gentillette après un coup juteux – et pas crédible pour deux sous – au casino de Monaco. A mes yeux, rien de bien fameux malgré la forme originale et cocasse, comme si l’auteur, Charles Richebourg, écrivait au fur et à mesure que les idées devaient lui apparaître… sans pour autant émerger. Bref, une déception, presque un gâchis.

    29/05/2021 à 10:13 1

  • 30 secondes...

    Xavier Massé

    8/10 Billy Wake est la star montante du football américain. Jeune, turbulent, il a pour compagne la belle Tina. Mais un jour, le rêve tourne au cauchemar : un accident de voiture et les deux amants sont violemment percutés. A l’hôpital, Billy ne se souvient plus de rien et il est pris en charge par le docteur Borg qui pratique l’hypnose. Il va falloir que le sportif aille fouiller dans sa mémoire et comprendre ce qui s’est réellement passé, quitte à révéler l’indicible.

    Xavier Massé nous offre ici un thriller de premier ordre. Fortement influencé par ses illustres pairs d’outre-Atlantique, l’auteur signe un ouvrage où se mêlent de nombreux éléments parmi lesquels hypnose, amnésie, faux souvenirs, ruades d’un subconscient qui ne se laisse pas facilement percer, paris sportifs, syndicat mafieux, etc. Un cocktail particulièrement riche que l’écrivain maîtrise de bout en bout. Au fil de l’ouvrage, le lecteur va se laisser embarquer, s’émouvoir, douter, être surpris, et enchaîner ainsi de multiples émotions contradictoires. Que cherche le docteur Borg ? Que cherche son mystérieux assistant ? D’où proviennent ces sons étranges ? Quels sont ces énigmatiques messages que va découvrir Billy à mesure qu’il s’enfonce dans les limbes de sa mémoire ? Comme il est écrit : « Finalement, toute cette histoire est comme un film qui me serait révélé chapitre après chapitre ». Xavier Massé exploite – peut-être un peu trop, d’ailleurs – des pistes complexes et changeantes, faisant parfois penser au film Inception avec ce récit labyrinthique qui ménage un immense rebondissement à la fin du dix-huitième chapitre. Un twist remarquable, imparable, inattendu. Dès lors, une nouvelle réalité s’impose, offrant un second souffle surprenant et assez fou à ce livre.

    Un thriller à la construction savante sans jamais être embrouillée, réservant d’habiles coups de théâtre et qui, malgré une indéniable inspiration hollywoodienne, sait s’en affranchir pour proposer sa propre voix.

    17/11/2023 à 06:56 3

  • 500 mille chevaux

    Alain Henriet, Daniel Pecqueur

    5/10 Daytona continue de s’entraîner pour la Golden Cup tandis que l’on apprend les manigances d’un individu cherchant à se venger avec un étrange camion visiblement taillé pour la course. Au programme : une église à moitié ensevelie sous le sable, la présentation des bolides et des conducteurs, un projet d’attentat en Afrique, etc. Bon, c’est toujours aussi gentil à suivre, parfois explosif lors de quelques scènes, mais c’est tout aussi gentiment vain et sans grand intérêt.

    15/06/2022 à 17:23 2

  • 5150, Rue des Ormes

    Patrick Senécal

    9/10 Suite à un accident de vélo, le jeune Yannick Bérubé demande de l'aide aux habitants d'une maison voisine, les Beaulieu. Il découvre par pur hasard un corps dans l'une des chambres, et le cours du temps s'envole : il est agressé et séquestré par cette famille de psychopathes, parmi lesquels on trouve Michelle, l'adolescente au charme vénéneux, Anne, la petite fille aux yeux de ténèbres, Maude, la mère obnubilée par Dieu, et surtout Jacques, le père de famille, dévoré de l'intérieur par sa passion pour les échecs et une certaine vision de la justice. Pour Yannick va commencer un long calvaire...

    Auteur des remarquables La loi du talion et Le passager, Patrick Senécal donne à nouveau une magistrale leçon d'effroi. Les divers personnages sont remarquablement campés et façonnent une inquiétante galerie de portraits. Le scénario, de prime abord classique, se révèle très vite prenant et excitant, et le lecteur a bien du mal à lâcher les pages tant le suspense est intéressant. Par ailleurs, ce qui retient l'attention, c'est l'écriture de Patrick Senécal : pas d'envolées lyriques ni de figures de style inoubliables. Son style est dépouillé, efficace, épousant brillamment les terreurs et les incohérences du protagoniste, et rendant cette descente aux enfers pertinente et réaliste, par paliers successifs. De nombreuses scènes morbides viennent ponctuer l'histoire, rappelant parfois Misery de Stephen King, avec quelques passages assurément inoubliables comme la découverte du contenu de la cave ou l'affrontement final entre Yannick et son geôlier.

    5150, rue des Ormes est donc un thriller de très haute volée, bien conçu et marquant. La tension psychologique et l'imagination de Patrick Senécal sont de véritables modèles du genre, achevant de placer cet auteur parmi les meilleurs du genre.

    28/12/2009 à 10:33 3

  • 60 minutes

    M. J. Arlidge

    8/10 « Il te reste une heure à vivre » : c’est ce que Justin Lanning s’entend dire au téléphone par un inconnu, et cette terrible menace s’accomplit. La commandant Helen Grace comprend vite que la victime n’est pas n’importe qui : il y a huit ans, elle et quatre de ses amis se sont retrouvés séquestrés par Daniel King, un psychopathe qui a tué l’un d’entre eux avant de disparaître. Le monstre serait-il de retour pour terminer son œuvre de destruction ?

    Ce neuvième volet de la série consacrée à Helen Grace régalera certainement ses fans. On y retrouve avec un plaisir intact la plume et le style si caractéristiques de M. J. Arlidge : une écriture simple et efficace, des chapitres particulièrement courts – n’excédant que rarement les trois ou quatre pages, une histoire immédiatement addictive et une intrigue percutante. Ici, on est rapidement passionné par le sort de ces quatre rescapés qui, près d’une décennie plus tard, vont à nouveau tâcher de survivre à de sinistres ultimatums lâchés par un individu perspicace et très déterminé. Helen Grace s’illustre une fois de plus par sa finesse d’esprit, sa clairvoyance et sa pugnacité, tandis qu’on la trouve en couple avec le capitaine Joseph Hudson, Charlie enceinte jusqu’aux yeux et la journaliste retorse Emilia Garanita trouvant encore le moyen de faire des siennes. L’ouvrage réserve de bons moments de tension ainsi que des rebondissements habilement amenés. Résultat : les quelque cinq-cent-cinquante pages sont avalées plus qu’elles ne sont lues, à un rythme endiablé, sans jamais que le récit ne souffre du moindre temps mort.

    Une mécanique implacable servant une histoire certes classique mais adroite et prenante : c’est presque la signature de M. J. Arlidge, un auteur décidément exceptionnel et au talent de conteur remarquable. Probablement l’une des meilleures séries policières actuelles !

    05/07/2023 à 07:01 5

  • 6000 tome 1

    Koike Nokuto

    8/10 Un manga saturé d’hallucinations et de beaux moments d’angoisse, passés à 6000 mètres sous la surface de l’eau dans une structure où a eu lieu un étrange accident trois ans plus tôt. Un graphisme très travaillé pour une intrigue soutenue qui s’achève ici avec l’ouverture du garde-manger et une étrange découverte. Je souhaite que les opus suivants soient à la hauteur scénaristique et esthétique de celui-ci.

    08/08/2017 à 08:55 1

  • 6000 tome 2

    Koike Nokuto

    8/10 On retrouve Kengo dans la base sous-marine appelée « Cofdeece » où le jeune homme est toujours sujet à de terribles hallucinations, sans pour autant savoir ce qui s’est déroulé là-bas trois ans plus tôt. On apprend cependant assez rapidement que les survivants, pris de folie, se sont confiés à « une déité perverse ». Un graphisme très travaillé qui souligne le côté anxiogène de cette station enfouie sous les flots. Ce tome s’achève sur une ultime apparition qui n’a rien de fantasmée par Kengo. Le suspense est total, je suis conquis, et vivement la suite !

    06/12/2020 à 20:17 1

  • 6000 tome 3

    Koike Nokuto

    8/10 Kengo et les autres membres sont toujours dans le complexe sous-marin « Cofdeece » alors que les communications vers l’extérieur sont coupées et que les reclus reçoivent des appels de détresse autour de la base, c’est-à-dire à 6000 mètres sous la surface. L’angoisse monte encore d’un cran alors qu’apparaît la piste de la religion aztèque avec ses sacrifices humains. Hallucinations, images fantasmagoriques (comme cet escalier déformé) et terreur au programme pour ce manga qui maintient le régime moteur de cette série à un haut – et constant – niveau. Vivement le quatrième et ultime opus !

    14/02/2021 à 18:26 1

  • 6000 tome 4

    Koike Nokuto

    6/10 Kengo et les autres membres sont toujours dans le complexe sous-marin « Cofdeece », et les créatures qui se pointent dans cet escalier déformé n’ont rien de rassurant, d’autant qu’une autre monstruosité et la perspective d’une asphyxie générale due au manque d’oxygène apparaissent. Mais des pistes pour parvenir à sortir de là apparaissent. Toujours de l’action et cette très bonne ambiance anxiogène, mais ce dernier tome m’a déçu pour deux raisons : trop peu d’éléments nouveaux y naissent (peut-être aurait-il fallu garder pour cet ultime opus les révélations quant aux sacrifices humains), et le final (c’est-à-dire les toutes dernières pages) est sans la moindre saveur.

    22/05/2021 à 08:24 1

  • @pocalypse

    Christian Grenier

    7/10 Un beau matin, le monde tourne au bug. Les distributeurs de billets, les ordinateurs, les réseaux téléphoniques, l’électricité, tout tombe en panne. Logicielle, inquiète de l’absence du commissaire Delumeau, découvre son cadavre ainsi que celui de sa mère à leur domicile. Et si ce chaos préfigurait l’@pocalypse, un vaste cataclysme informatique ?

    Dernier ouvrage de la série consacrée à Logicielle, cet @pocalypse offre les divers ingrédients qui ont fait le succès public et critique de cette saga. Auteur expert en la matière, Christian Grenier sait ravir ses fans, avec un récit bien troussé, des chapitres courts qui s’enchainent parfaitement, et également la joie de voir apparaître les personnages récurrents. Prenant pied juste après Hacker à bord, cet opus se lit dans la continuité des précédents, et le lecteur appréciera d’apprendre de nombreux éléments à propos des protagonistes. Le scénario tient bien la route, le suspense est habilement mené, et l’on sera sans mal sensibilisé au cours du monde et ses dérives, à travers l’apparition du collectif des Anonymous. Certes, la tension aurait pu être davantage saisissante au lieu de creuser les liens entre les personnages, mais ce choix narratif régalera les aficionados de la série.

    Encore une fois, Christian Grenier réjouit ses lecteurs grâce à cette intrigue intelligente. La plume chevronnée de l’auteur ainsi que son imagination continuent de porter cette saga parmi les plus appréciées des jeunes, à juste titre.

    25/07/2013 à 14:03

  • @ssassins.net

    Christian Grenier

    8/10 Quand l’enquêtrice Logicielle se voit proposer une nouvelle investigation, elle croit d’abord à un canular. Jean Perrault, professeur de français et spécialiste du théâtre, lui demande de retrouver l’assassin d’un de ses ancêtres : Cyrano de Bergerac ! Un nouveau programme informatique, intitulé « Troisième Monde », a permis de reconstituer le Paris de l’époque où vivait son aïeul, avec la possibilité de s’y immerger de manière virtuelle grâce à des avatars que l’on peut contrôler. Après des hésitations légitimes, Logicielle accepte. Cependant, elle se rend vite compte que cette affaire dépasse le simple cadre évoqué. Qui sont ces avatars surgis de nulle part et manipulés par des inconnus aux desseins ambigus ? Comment se fait-il que certaines immersions dans cet univers contrefait puissent se réaliser subitement sans la puce créée à cet effet ? Y a-t-il un lien avec ces attentats visant des centrales nucléaires ?

    Christian Grenier fait partie des auteurs majeurs de la littérature policière française. La série des enquêtes de Logicielle est d’ailleurs l’une de celles préférées par ses jeunes lecteurs, et cet opus ne vient pas démentir ce succès, tant critique que public. On retrouve avec plaisir Logicielle, inspectrice chevronnée, passionnée de nouvelles technologies, et accompagnée d’une solide équipe de lieutenants. L’intrigue est prometteuse, avec ce postulat audacieux d’un crime à résoudre, survenu en 1655. L’idée de la réalité virtuelle est très excitante, et son exploitation ne l’est pas moins ; en jouant sur les deux ères, Christian Grenier parvient à insuffler un réel dynamisme à son récit, et les considérations scientifiques à propos du programme informatique rendent l’ensemble plausible et séduisant. Conjointement, une autre enquête apparaît, avec une conspiration menée par une secte qui n’a plus rien de virtuel. Assurément, Christian Grenier connaît ses lecteurs ainsi que leurs attentes, et parvient une fois de plus à les combler grâce à une histoire atypique, riche en rebondissements, et qui tient la corde jusqu’au dernier chapitre.

    @ssassins.net est donc un très bon roman policier, pour les jeunes comme pour les moins jeunes, à la fois divertissant et visionnaire. Parallèlement aux vertus intrinsèques de son œuvre, Christian Grenier fait partie de ces auteurs qui ne sacrifient pas les valeurs de leurs écrits en raison de l’âge du public auquel ils les destinent. Les jeunes lecteurs ont aussi leurs exigences de qualités littéraires ; ils veulent du panache, de l’originalité, de la crédibilité, une soif tout à fait légitime qu’ils ressentiront également lorsqu’ils deviendront adultes. Le fait qu’@ssassins.net puisse pareillement être lu par des lecteurs plus âgés est ainsi la démonstration que Christian Grenier est un écrivain qui sait s’adresser à plusieurs générations avec les mêmes mots et le même talent.

    18/02/2012 à 18:53

  • A bout de course !

    Donald Westlake

    7/10 Parker est sur un nouveau coup. Après avoir dû abandonner un casse à cause d’un partenaire portant un micro, voilà que Beckham lui en propose un autre : quatre fourgons vont convoyer une colossale somme d’argent à l’occasion de la fusion de deux banques. Mais un plan aussi alléchant ne peut que présenter des failles, dont certaines ont la taille d’un canyon…

    N’importe quel amateur de littérature policière connaît Donald Westlake. Dans le pire des cas, il n’en a qu’entendu parler. Dans la meilleure des perspectives, il s’est déjà régalé d’au moins un de ses romans. Ici, on retrouve la patte si caractéristique de l’écrivain : une écriture remarquable d’efficacité, avec une forte économie de moyens et de vocabulaire. L’essentiel est retranscrit en mots simples, accessibles, sans la moindre fioriture, et les chapitres défilent à une vitesse effarante. Ce qui est aussi typique de l’auteur, c’est cette manière si personnelle de créer, en quelques coups d’une plume effilée, des protagonistes croustillants et de les nouer ensuite par des relations interpersonnelles qui vont les faire se télescoper au gré du récit. Parker, en cambrioleur froid et professionnel. Beckham, ancien amant de la femme du directeur de la banque et en cheville avec un étrange médecin pour se forger un alibi en béton lors du hold-up. Reversa, une détective bien plus perspicace qu’on ne le pense. Roy Keenan et sa collaboratrice Sandra Loscalzo, deux chasseurs de primes prêts à tout pour retrouver le mouchard qui avait fait capoter le premier casse de Parker. McWhitney, ayant sur le dos ce duo de chasseurs de primes et prêt à tout pour s’en défaire. Elaine Langen, l’épouse du banquier, qui révèle des ressources inattendues pour protéger son ancien compagnon. Avec une rare maîtrise, Donald Westlake va faire se côtoyer tous ces individus et en désintégrer certains, pour notre plus grand bonheur.

    Si l’intrigue, très classique, n’est assurément pas la qualité maîtresse de ce roman, c’est néanmoins un régal que de se plonger dans une œuvre de Donald Westlake. Son imposante bibliographie s’apparente à un grenier où s’accumulent des coffres que l’on ouvre et dont on (re)découvre toujours avec ravissement les contenus.

    22/02/2016 à 20:12 4

  • A bras raccourci

    Mark Haskell Smith

    8/10 Bob végète à l’hôpital aux côtés de son collègue et ami Morris, jusqu’à ce qu’ils reçoivent un bras tatoué qui doit être remis au service de la médecine légale après qu’ils auront fait en sorte qu’il soit correctement conservé. Le hic, c’est que Bob tombe littéralement sous le charme de la femme représentée sur le membre : belle, infiniment désirable. Lorsque la mafia mexicaine enlève Bob, ce dernier accepte de les aider à fournir à la police un autre bras que celui-ci, mais à une seule condition : pouvoir passer une nuit avec Felicia, la sulfureuse personne représentée sur le dessin. Un incroyable engrenage est déjà en mouvement…

    Mark Haskell Smith livre ici un roman particulièrement flamboyant et mémorable. Il part déjà d’une idée tout bonnement hallucinante d’audace et d’humour, et l’écrivain se permet en outre de mener son récit comme un véritable conteur. Les chapitres, eux-mêmes découpés en sous-parties qui permettent à chacun des protagonistes d’agir et de s’exprimer, impriment au récit un pas cadencé au point que l’ouvrage se dévore davantage qu’il ne se lit. D’ailleurs, les personnages sont tous très réussis. Bob, en loser plombé par l’inanité de son métier, voyant dans ce tatouage une révélation à la fois licencieuse et salvatrice, ce qui va le mener à côtoyer la pègre… et à prendre goût à cette promiscuité. Maura, sa compagne, la volupté faite femme, thérapeute du sexe tellement dégoûtée par ses pratiques professionnelles que faire l’amour à son homme finit par la rebuter, et qui va être subitement attirée par l’attrait érotique des armes à feu. Esteban, le chef mafieux, qui ne demande pas mieux que de raccrocher les armes. Felicia, la bombe latina qui va tomber amoureuse de Bob en même temps que lui va s’éprendre d’elle. Don, le policer du LAPD en charge de l’enquête, fin œnologue qui va s’enticher de Maura. Amado, l’homme de main d’Esteban qui va perdre son bras tatoué à cause d’une fichue porte automatique de garage. Martin, le bras droit qui a des désirs croissants de trahison et de prise du pouvoir. Une véritable ménagerie, inénarrable, d’individus cocasses et croustillants, appelés à se croiser, se fréquenter voire se télescoper. Mais cette clique de spécimens ne serait qu’un simple étalage burlesque s’il n’y avait pas le style et surtout le talent de Mark Haskell Smith. L’auteur s’y entend à merveille pour bâtir une intrigue solide ainsi qu’une série de mécanismes scénaristiques parfaitement huilés. Vous l’aurez compris, il est souvent question d’amour, de désir et de sexe dans ce roman, mais jamais de manière gratuite, voyeuriste ou libidineuse : tout nous est raconté à travers le prisme si savoureux et détonnant que constitue la plume de l’écrivain. Un délice doublé d’un sacré délire d’un bout à l’autre de ce livre si singulier et marquant.

    Quelque part entre Elmore Leonard et Carl Hiaasen, Mark Haskell Smith nous offre une histoire explosive et hilarante. Une surprenante intrigue policière qui se double d’un ton jubilatoire. Et la magie littéraire opère : à bras cadabra !.

    02/09/2022 à 07:13 3

  • A Cache-cache

    M. J. Arlidge

    9/10 Disgrâce totale pour la commandant de police Helen Grace : la voilà en prison après la manipulation opérée par Robert Stonehill dans Oxygène. Peu de temps après, on retrouve une détenue, Leah, morte, la bouche et les yeux cousus, les autres orifices bouchés à la vaseline. Alors que l’heure de son procès approche, Helen ne peut faire autrement que de mener l’enquête.

    Voici le sixième volet de la série consacrée à Helen Grace, et c’est de nouveau une réussite. M. J. Arldige nous permet de retrouver notre policière de choc dans une situation pour le moins compliquée, puisqu’emprisonnée et donc incapable de prouver son innocence, et confrontée à un ennemi particulièrement diabolique et mystérieux. L’auteur réussit, une fois de plus, à imprimer un rythme fou à son ouvrage, avec cent quarante-et-un chapitres, la majorité d’entre eux ne comptant que deux ou trois pages. Chacun s’emboîte à merveille au précédent et au suivant, ce qui fait que le livre est impossible à lâcher. On découvre, dans cette prison d’Holloway, des personnages variés et denses, depuis le terrible Campbell, maton acéré et brutal, aux prisonnières altruistes, en passant par les ignobles Annie et Alexis, la première étant handicapée par une sclérose en plaques et devenue chef de meute, la seconde jouant les gros bras et prête à se mesurer à Helen. M. J. Arldige joue habilement sur les faux-semblants, les rebondissements et les psychologies, et l’on ne voit pas passer les quelque trois cents soixante-dix pages. De plus, en dehors du pénitencier, l’action se poursuit avec Charlie Brooks, fidèle à son ancienne supérieure hiérarchique désormais derrière les barreaux, et prête à tout pour retrouver le retors neveu d’Helen, héroïnomane et usurpateur d’identité, et ainsi démontrer l’innocence de la capitaine.

    M. J. Arldige mène son histoire pied au plancher, avec un scénario de prime abord classique mais redoutable d’efficacité. Probablement l’un des meilleurs opus de la série.

    22/09/2020 à 07:22 7

  • A cause de la Nuit

    James Ellroy

    9/10 Un livre bien trop puissant pour rester dans l'ombre des autres oeuvres de James Ellroy. Style, psychologie, intrigue, densité : un thriller passionnant !

    04/06/2005 à 08:07 1

  • À feu et à sang

    Ross MacDonald

    7/10 … ou la pénible enquête de Weather, juste après la Seconde Guerre mondiale, revenu dans la ville où son père a été assassiné il y a peu. Une plume typique – le livre a été publié en 1948 – des anciens romans noirs, forts et courts comme des cafés très serrés. Pas mal d’humour dans les réparties, mais surtout de l’humour noir, désabusé, qui claque comme des morsures. Et puisque l’on parle de sang et de douleur, il y en a beaucoup dans ce livre, avec de nombreuses scènes de bastons, de tabassages et de personnages torturés, même si Kenneth Millar évite le piège du voyeurisme ou de la surenchère. Il y sera question de quête, où le personnage principal apprendra à mieux connaître son défunt père, tout en se débattant au beau milieu d’une ville engluée dans les corruptions, les chantages et les manigances diverses. Seul point de luminosité dans cette nébulosité : l’amour de John pour Carla. Une passion douloureuse et houleuse qui achève ce roman à l’intrigue finalement très classique, mais rondement menée, intelligemment bâtie, et qui m’a permis de passer un bon moment de lecture.

    04/07/2018 à 14:16 2

  • A l'oreille d'Atlas

    Charlotte Bousquet

    7/10 … ou comment la jeune Pénélope en vient à devoir s’occuper d’un jeune barbe (un cheval d’origine d’Afrique du Nord), Atlas, alors que ce dernier semble être fougueux, rétif à tout contact humain, au point que Pénélope pense qu’il a été victime de maltraitance par le passé. Une écriture très belle, mettant en scène principalement des ados crédibles quoique parfois archétypes (Gillian, la noiseuse snob, et Néo, le rebelle qui cache en réalité un cœur en or ainsi qu’une ancienne tragédie), et beaucoup de maîtrise dans le récit de cette écrivaine, Charlotte Bousquet, dont j’apprécie beaucoup la plume et le style, ainsi que la richesse et la variété de ses ouvrages. C’est finalement une triple quête pour Pénélope : comprendre la fêlure d’Atlas (rien d’exceptionnel à ce niveau-là, le drame ancien ne rebat pas les cartes de la littérature mais a amplement le mérite d’être plausible), celle de Néo, et renouer des liens avec tous les êtres, humains comme animaux, qui l’entourent dans ce roman court mais très plaisant. Même si je n’éprouve que peu d’inclination pour les chevaux (alors que ce livre pour la jeunesse se destine en priorité aux amateurs de balades équestres), j’avoue avoir été conquis par la sobriété du récit et l’humanité déployée par l’auteure.

    24/07/2019 à 08:37 1

  • A la folie, pas du tout

    M. J. Arlidge

    8/10 Sonia Smalling tombe dans un guet-apens sur la route : un jeune couple simule un accident et lui tire froidement dessus deux coups de fusil. Helen Grace est la première à être sur les lieux et la victime meurt dans ses bras. Très peu de temps après, ce même duo d’assassins commet une prise d’otage dans une pharmacie. Qui sont ces deux écumeurs ? Quel est leur but ? Cette affaire, pleine de bruit et de fureur, ne durera qu’une journée.

    Ce septième volet de la série consacrée à Helen Grace séduit dès les premières pages. On retrouve ce qui a fait le succès de M. J. Arlidge : des chapitres particulièrement courts (il y en a cent vingt-six), une histoire forte et un rythme si échevelé qu’il est impossible de lâcher le livre sans en avoir atteint la fin. D’ailleurs, ici, la cadence est encore plus musclée que dans les précédents opus : commençant à 7h05, le livre se clôt quatorze heures plus tard, rendant la lecture hautement addictive. Un page-turner dont la mécanique est implacable ! Dans le même temps, c’est un pur bonheur que de retrouver Helen Grace après A cache-cache, où notre héroïne se retrouvait en prison, victime d’un coup monté et accusée de meurtre. Encore profondément troublée par cette douloureuse expérience, doutant d’elle-même, Helen va encore une fois connaître une enquête mouvementée, jalonnée de sang, et qui verra l’un de ses équipiers mourir. C’est également l’occasion de retrouver son ennemie jurée, Emilia Garanita, journaliste ayant misé sa carrière sur la culpabilité d’Helen, désavouée professionnellement, reléguée au rang de gratte-papier, et prête à tout pour prendre sa revanche. L’histoire est prenante et, même si elle ne compte pas parmi les plus originales de la série, elle contient amplement de quoi contenter les fans de M. J. Arlidge comme les amateurs de romans dont on effeuille les pages à toute allure puisqu’elles s’imposent à nous par leur vitalité et leur efficacité.

    Un thriller qui démontre, s’il en était encore besoin, à quel point l’œuvre de M. J. Arlidge compte parmi les plus passionnantes qui soient. Parallèlement, il réaffirme à quel point Alfred de Musset avait raison : « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux ». Toujours.

    10/01/2022 à 07:03 4