Surcouf

361 votes

  • Dans les brumes de Capelans

    Olivier Norek

    8/10 L'histoire est très dense mais très fluide. Il n'y a quasiment pas de temps mort. Le cadre est original, St Pierre & Miquelon, qui aurait d'ailleurs pu être un peu plus exploité. On retrouve Victor Coste et ses tourments avec plaisir, comme les autres personnages bien décrits. L'intrigue est accrocheuse et inventive, le suspens est maitrisé comme les effets de surprise. Le côté enquête policière, judiciaire, et leurs éléments techniques est bien fourni et détaillé, renforçant l'aspect sérieux du bouquin. Si on peut voir ici ou la quelques petites failles ou facilités scénaristiques, le style d'Olvier Norek est toujours aussi efficace pour tenir le lecteur captivé.

    26/06/2023 à 10:46 5

  • La Menace 732

    Frédéric Potier

    3/10 Alors que la 4e de couverture laissait supposer une politique-fiction riche de faits réels et récents, on a droit à un récit de science-fiction politique invraisemblable dans lequel l’auteur va essayer de nous faire croire à un coup d’état militaire en France en 2022. Avec une description caricaturale du champ politique français, avec un parti pris idéologique asséné comme le seul valable et un manque sidérant d’objectivité, il est impossible de prendre le scénario au sérieux. Les situations sans aucune crédibilité s’enchainent à la vitesse des très courts chapitres. A des personnages sans consistance, une trame linéaire sans profondeur, des faits exagérés et cousus de fil blanc, l’auteur ajoute sans retenu ses propres considérations, des fadaises d’une vacuité désarmante. On poursuit la lecture de ce truc qui est plus le récit fantasmatique qu'aurait pu faire un adolescent exalté qu’un livre sérieux, juste pour voir jusqu’où la farce va aller. Le seul mystère non résolu pour moi de ce bouquin, est comment il a pu obtenir le prix Edgar Faure 2022 ?

    16/06/2023 à 09:38 2

  • Le Dernier Pharaon

    Thomas Gunzig, François Schuiten, Jaco Van Dormael

    8/10 Magnifique hommage des auteurs à Edgar P Jacobs. Le trait architectural de François Schuiten se marie à merveille avec l'univers de Blake et Mortimer. En reliant cet album avec le Mystère de la grande pyramide, album emblématique de la série, les auteurs nous replongent brillamment dans l'univers de Jacobs. On retrouve les canons de la série d'origine, le scénario est fluide et l'atmosphère prenante. Sacré réussite des scénaristes et dessinateurs.

    08/06/2023 à 09:39 2

  • Crépuscule

    Philippe Claudel

    7/10 Crépuscule est un roman noir pour son thème sombre, pessimiste qui se déroule à la veille de grands bouleversements qu'on devine violents et tragiques. L'histoire se situe certainement vers la fin du XIXe siècle, dans un territoire qui pourrait être balkanique ou slave. Ça se passe en hiver, dans un froid glacial, neigeux, gris et triste. Les religions chrétienne et musulmane vivent en bonne intelligence jusqu'à la mort violente du curé. Cet évènement servira de prétexte à des manœuvres aussi basses que machiavéliques ourdies par d'obscures élites. L'auteur décrit avec talent toute la vilénie et la lâcheté que peut produire l'homme, homme en tant que genre puisque dans ce roman, la femme n'a pas droit au chapitre. Elle est cantonnée, à travers seulement deux personnages, à un objet de reproduction ou de désirs luxurieux. A de rares exceptions, tous les protagonistes se valent en veulerie, bassesses et manigances. Ils sont violents, ivrognes, égoïstes. Écrite avec un indéniable talent littéraire, l'histoire m'a paru un peu déséquilibrée, une première partie prenante avec la survenance de plusieurs incidents qui font vivre le récit. La deuxième partie est beaucoup plus descriptive, et même si le style est remarquable, quelques longueurs alourdissent la lecture. Il y a peu d'espoir dans le genre humain sauf celui qui émane à travers un adjoint de police rustre mais poète, le seul à avoir de la dignité et de la compassion. L'autre source de la maigre lumière qui cherche à transpercer la noirceur ambiante est une jeune fille dont le courage et la volonté donnent finalement sens au roman, qui se révèle être un fine analyse sociologique et politique sur la manipulation des masses et l'exploitation de faits ou de circonstances imprévus.

    05/06/2023 à 10:43 5

  • Le Dernier Chant des Malaterre

    François Bourgeon

    10/10 Avec ce troisième et dernier tome, Bourgeon boucle le cycle des compagnons du crépuscule en apothéose. La réalité de la guerre, l'insécurité de l'époque et l'instabilité prennent toute la place. Le celtisme est toujours présent avec les légendes autour de Merlin, des sirènes et des fêtes païennes réutilisées par le christianisme. Cette fin de cycle bénéficie d'une pagination de plus de cent pages, ce qui permet à l'auteur de développer plusieurs thèmes. A la dimension historique s'ajoute un complot entre puissances féodales. Les décors de la ville de Montroy et de son castel sont magnifiques. L'intrigue se dévoile peu à peu et nous éclaire sur la vie passée du Chevalier. La fin brutale de l'Anicet le rachète un peu de sa veulerie. Les dernières cases laisse entrevoir un avenir moins violent ppour Mariotte qui a trouvé l'amour, faisant contrepied pour la première fois aux toutes premières cases des albums qui disaient : " Comme la grêle et la peste, la guerre s'abat sur la campagne lorsque le blé est lourd et la fille jolie... ". Chef d’œuvre !

    11/04/2023 à 11:58 1

  • Les Yeux d'étain de la ville glauque

    François Bourgeon

    9/10 Deuxième volet des Compagnons du crépuscule. Au trio de départ, Mariotte, l'Anicet et le Chevalier s'ajoute Yuna et un trouvère. Appelés par les lutins, ils doivent combattre les dhuards qui les dévorent. L'histoire se situe sur deux époques, l'une celtique, druidique en proie à la romanisation, et l'autre en pleine guerre de cents ans. Dans les deux, les femmes sont les premières victimes des violences. A travers une trame onirique, les deux époques se répondent, la lutte entre les trois forces blanche, rouge et noire débutée dans le premier tome prend un sens de moins en moins symbolique, se transposant de plus en plus dans le monde réel. Dessins et dialogues sont toujours aussi bien maitrisés par l'auteur qui s'appuie sur des recherches méticuleuses et des sources variées. Superbe !

    11/04/2023 à 11:47

  • Le Sortilège du bois des brumes

    François Bourgeon

    8/10 François Bourgeon est un grand dessinateur et un excellent conteur. Il nous emmène en pleine guerre de cent ans, alors que les compagnies de soldats et mercenaires terrorisent les campagnes. Une villageoise, Mariotte, qui a le "défaut" d'être rousse est régulièrement houspillé par les autres jeunes du village. Pour se venger, elle dirige les soldats vers leur village ou un massacre est commis. Bannie par sa grand-mère, elle sauve in extremis un de ses harceleurs ,l'Anicet, de la pendaison avec l'aide involontaire du Chevalier. Commence un voyage pour ses trois compagnons d'infortune ou le rêve se mélange à la réalité, dans une atmosphère de sortilège, de très vieilles croyances, de lutins et de quête chevaleresque. La violence de l’époque est présente à presque chaque page, comme la transition entre un vieux monde païen et le christianisme, et l'essence originelle de la chevalerie illustrée par l'affrontement entre les "trois forces", blanche noire et rouge. Servie par un dessin magnifique, cette série est une référence dans sa catégorie.

    11/04/2023 à 11:37

  • Magnificat

    François-Henri Soulié

    7/10 Pavé médiéval de 560 pages. Néanmoins, le livre se lit facilement. Les personnages sont nombreux mais on ne s'y perd pas, les chapitres sont bien découpés, et si l'histoire a plusieurs tiroirs, les liaisons sont bien faites et le déroulé reste clair. L’adjonction de quelques mots empruntés au vocabulaire médiéval mais employés avec parcimonie donne une petite touche supplémentaire sans tomber dans l'artificiel. Dans sa catégorie, roman historique médiéval d'aventures, le livre fait bonne figure. Il y a des trahisons, des rebondissement, un peu de romantisme, des souterrains, des soudards, des maquerelles, des troubadours, la lèpre, des complots, des luttes d'influence, des amoureux transis ... On apprend pas mal de chose sur l'Aude du XIIe siècle, Narbonne, quelques personnages et lieux historiques, les Cathares, le système de ville-état et les alliances, la féodalité et les premiers signes de l'ambition politique des marchands, et donc la lutte entre pouvoirs, issu de la richesse, de la noblesse ou de la religion. La fin est un peu expédiée, elle annonce surtout un troisième volet.

    03/04/2023 à 13:09 5

  • Adieu Aaricia

    Robin Recht

    9/10 Thorgal le viking est désormais un vieil homme, dévasté par la perte de son épouse. Prostré sur une plage proche de l'Anneau des Sacrifiés, son légendaire ennemi le serpent Nídhögg s'invite à la veillée funèbre et lui fait une proposition : tromper la mort et revivre auprès d’Aaricia.
    "Thorgal Saga" est ouverte à des auteurs pour qu'ils interprètent l'univers de Thorgal en respectant le mythe et les icônes de Jean van Hamme et Grzegorz Rosinski. Robin Recht gagne le pari graphique et scénaristique. Chapeau l'artiste ! Le résultat est au rendez-vous, ce qui n’est pas toujours le cas dans ce genre d’exercice, voir les ratés de certaines reprises de "Spirou", "Valérian et Laureline" ou "Blake et Mortimer". On retrouve Solveig, Gandalf le fou, Hierulf le penseur, les Baalds ... Petit bémol, avec plus de cent pages, on a quelques longueurs. Mais on est loin de la soupe indigeste des "Mondes de Thorgal" et des errements enfantins de la série-mère. Thor et Aegir, les dieux protecteurs du héros peuvent être rassurés. L'album est de plus superbement présenté en terme de qualité.

    08/03/2023 à 12:09 3

  • Effacer les hommes

    Jean-Christophe Tixier

    6/10 Il est beaucoup question de la place des femmes dans ce roman noir. Victoire, patronne d'une auberge au bord d'un lac aveyronnais fait partie de celles qui dès les années 30 ont pris leur destin en main. Ceci n'a pas été sans conséquence sur les hommes qui l'entouraient. Aujourd'hui, 30 ans après, au seuil de sa vie, les suites de ses choix sont transmises à sa nièce Eve et sa belle-fille, Marie. Deux femmes que tout oppose. Une nonne austère et une jeune fille éprise de liberté. Les deux hommes qui ont un rôle dans le livre sont comme le dit le titre, effacés, faire-valoir, instruments. L'histoire est plaisante, avec quelques longueurs, un rythme assez lent calqué sur la baisse du niveau des eaux du lac du barrage qu'on vidange. Le livre au style agréable se lit bien mais ne laissera pas toutefois un souvenir impérissable.

    08/03/2023 à 10:54 3

  • La Proie

    Deon Meyer

    6/10 Même si les thèmes abordés sont intéressants, Afrique du Sud, transition après l'apartheid, difficultés des nouveaux gouvernements, suite de Nelson Mandela, corruption, rivalités policières, espionnage, influence russe ... même si le découpage en deux histoires et deux lieux qui se rejoignent peu à peu est habile, il reste une impression de longueur et le manque d'un petit quelque chose pour être vraiment passionnant. Les portraits et la vie des personnages bien rendus. Les 600 pages se lisent assez facilement mais on peut sauter pas mal de passages sans perdre le fil. La fin est regrettablement expédiée en 2 petites pages.

    17/02/2023 à 09:58 2

  • La Dent du serpent

    Craig Johnson

    8/10 Très bon cru que ce Walt Longmire chez les mormons. Mormons présentés dans toutes leurs versions, classiques, schismatiques, orthodoxes, historiques, réprouvées, et déviantes. Quand un gourou mal intentionné s'acoquine avec le crime organisé sur fond de détournements pétroliers, ça tourne forcément mal. C'est un sacré boulot que Longmire et ses partenaires doivent mener pour éclaircir les tenants et aboutissants. Il y a de l'humour, du détachement, de l'histoire, de l'action, des surprises ... L'amitié qui relie le shériff et ses potes est omniprésente et le personnage de Henry Standing Bear, la nation Cheyenne, est toujours aussi attachant. lecture très plaisante.

    12/01/2023 à 10:10 5

  • Du feu sous la cendre

    Don Winslow

    8/10 Encore une fois bluffé par l'efficacité redoutable de Don Winslow. Toutes les qualités de l'auteur se retrouvent dans le livre. Jack Wade enquête sur les incendies, cherchant à faire la distinction entre les accidents, rares, et les incendies criminels, majoritaires pour toucher les primes. Il y a des pages et des pages sur le feu, présenté comme un personnage du roman. Ces passages sont assez sensationnels. Même les pages techniques se dévorent. On croise des surfeurs bien sur Californie oblige, des flics peu zélés, des assureurs escrocs, les maffias russe, asiatique, étasunienne, des promoteurs indélicats et des agences gouvernementales qui jouent à jeu de rôles particulièrement compliqués, C'est le point faible du polar, avec une fin un peu expédiée et confuse sur certains détails.

    12/01/2023 à 09:50 5

  • Un Tueur sur mesure

    Sam Millar

    9/10 Mon premier Sam Millar ne m'a pas déçu ! Des pieds-nickelés nord-Irlandais pensent faire le casse du siècle dans une banque de Belfast. Manqué ! Les fonds ont déjà été transférés. Ils se rabattent sur la mallette d'un client. Mauvaise pioche, il dépouillent ainsi la Fraternité irlandaise. Ce roman noir est plein d'humour, d'action, de rebondissements, de surprises, entre braqueurs simplets, flics intègres ou corrompus, nationalistes irlandais restés purs ou devenus maffieux ... et l'ambiance particulière de Belfast, sa pluie, ses divisions politico-religieuses, les méthodes musclées héritées de l'IRA. Au centre du polar, un méchant redoutable qui se révèle très scrupuleux dans son travail et respectueux de ses engagements, contrairement aux autres protagonistes. Belle réussite !

    12/01/2023 à 09:36 6

  • Fils de personne

    Jean-François Pasques

    6/10 Une cuvée du PQO qui se situe ans la droite ligne des exigences de ce prix. Un commissaire assez "propre sur lui", un Jules Maigret moderne, un peu ronchon, paternaliste juste ce qu'il faut, une équipe soudée, une méfiance assumée envers les nouvelles méthodes (arrivée d'une psychologue), une intrigue assez classique explorant les naissances sous X, des considérations fondées envers un laxisme supposé des magistrats, sont les ingrédients de cette enquête policière très classique. La lecture est agréable mais sans réelle surprise ni suspens insoutenable. Le style de l'auteur est clair et sans aucune fioriture, ce qui donne un aspect un peu austère voire simpliste. Par contre, tout ce qui relève du travail quotidien de la police est, comme dans chaque ouvrage en lice pour le PQO, minutieusement exposé. Ça manque quand même d'un peu d'originalité, de rythme et de nouveautés et les codes du genre sont respectés à minima.

    11/01/2023 à 15:27 3

  • L'Homme à l'oreille croquée

    Jean-Bernard Pouy

    8/10 Le livre débute sur un improbable huis-clos ferroviaire pour Marie-Claude et Marcel. Après le choc de cette première rencontre, dans laquelle l'auteur arrive à glisser un brin d'humour, les retrouvailles seront aussi placées sous le signe de la violence. Le style de Jean-Bernard Pouy est percutant, tout comme son humour acide ou décalé, ses jeux de mots et ses considérations touristiques ou climatiques sur la Bretagne notamment. Le roman est court et enlevé, jusqu'à la fin qui m'a un peu surpris. Ah, femme vénale !

    11/01/2023 à 13:57 4

  • Le Passager sans visage

    Nicolas Beuglet

    6/10 Je ferai à ce 2e livre sur Grâce Campbell les mêmes reproches qu'au 1er. Cette policière est une véritable superwoman, capable de boucler une enquête entre l’Écosse, l’Allemagne et la Suisse en à peine 5 jours, sans mandat international, tout en faisant face à des méchants bien méchants et déterminés, en élucidant des énigmes balèzes, le tout en redécouvrant ses propres traumatismes subis au cours de son enfance et qui refont surface comme par miracle. Le style et le suspens, autant que l'originalité de la trame développée autour de la légende du joueur de flute sauvent le livre. Les commentaires de l'auteur sur les dangers d'une société hypernumérisée tombent toujours à point, même si on s'approche parfois d'un certain complotisme. Malgré cela, une fois la lecture débutée on a du mal à s'en détacher. Un gros bémol pour la fin, qui finalement n'en est pas une, ce qui est assez frustrant !

    11/01/2023 à 13:48 2

  • La cavale de Jaxie Clackton

    Tim Winton

    7/10 Roman noir centré sur la violence intrafamiliale et ses conséquences. Jaxie, ado de 16 ans, quitte la demeure familiale craignant d'être impliqué dans la mort accidentelle de son père. Démarre alors un road-movie dans le désert australien, jusqu'aux confins d'un lac salé. La peur d'être repéré épuise Jaxie, autant que la soif et la chaleur. Quand il arrive à une vieille cabane, une nouvelle étape commence.
    Un peu déçu par rapport à ce que le résumé laissait entrevoir. L'état d'esprit du personnage principal est décortiqué à tous moments et des longueurs apparaissent. Tout comme la rencontre avec le vieil homme et leur cohabitation.
    Même si une large part du livre se passe au bord d'un lac salé d'un blanc aveuglant, le roman est d'un noir profond jusqu'à la fin. Le livre se lit bien malgré les réserves précitées qui donne un petit air de Désert de Tartares (Dino Buzzati) à cette cavale ou le temps s'écoule lentement et pesamment.

    11/01/2023 à 13:34 4

  • L'Homme de Tautavel

    Jérôme Zolma

    7/10 De deux choses l'une : soit ce livre est un vibrant hommage au céphalopode Gabriel Lecouvreur dit Le Poulpe, soit l'auteur l'a écrit pensant être publié dans la collection de la pieuvre précitée. Les similitudes d'environnement, de caractères, de personnages, de lieux fréquentés et la structure générale du livre correspondent en tout aux codes des aventures du Poulpe. Ceci étant dit, on passe un assez bon moment avec Raphaël, détective privé libertaire, son copain antifranquiste Paco et sa copine (qui n'est pas coiffeuse) l'islandaise Kristgerður. A la recherche de l'assassin de leur ami à Tautavel, face à une enquête de police baclée puis au suicide de cet ami en prison, ils vont semer la pagaille chez les proxénètes de la Jonquera avant de se trouver aux prises, en deuxième partie de livre avec une secte locale. Il y a un peu de baston, de l'humour mais aussi du désenchantement dans cette ballade en Pyrénées et Corbières. On goute un peu de gastronomie traditionnelle et de bières catalanes entre autres. Contrat rempli.

    09/12/2022 à 14:59 1

  • Vert samba

    Charles Aubert

    9/10 Très belle surprise que ce Vert Samba. L’histoire se passe dans la région de Montpellier, au bord des étangs des Moures et de Thau. Le monde ostréicole est en émoi après la mort brutale de deux ostréiculteurs. Ces derniers n’étaient pas des enfants de cœur. Leur passé remonte à la surface des eaux surchauffées par la canicule. A Maguelonne, Bouzigues, Mèze, on appelle ça la malaïgue (mauvaise eau), un phénomène qui dégage une odeur très désagréable. Niels, le personnage principal, et sa copine Lizzie, leurs pères respectifs vieux Bob et Paddy, leurs amis Nora, Vincent et Serge sont eux aussi happés par ce passé alors que des élections municipales se profilent, avec un candidat en vue au profil peut-être un peu trop lisse. L’auteur restitue particulièrement bien l’ambiance des lieux à ce moment de l’année, en plein été, avec ses lumières si particulières, ses couleurs caractéristiques et les odeurs qui en découlent, nauséabonde parfois, comme certaines âmes humaines. L’histoire est simple, plausible comme n’importe quel fait divers, les acteurs justes et les éléments de la trame se suivent sans à-coup avec des effets de surprise subtilement distribués. Les qualités du livre sont dues à l’écriture particulièrement fluide et au style de l’auteur. Il dépeint ses personnages avec une méticulosité d’horloger. Les caractères de ses différents protagonistes, un irish traveller, des manouches, des journalistes indépendants, un flic, un fabricant de leurre pour la pêche … sont véritablement ciselés et redoutablement crédibles. C’est la grande force de ce polar aux couleurs des lagunes languedociennes sublimées par un vocabulaire et une poésie bluffante. Un auteur à suivre qui rappelle des grands comme Simenon, Indridason et Rash.

    06/12/2022 à 10:35 1