Surcouf

356 votes

  • L'Escadron guillotine

    Guillermo Arriaga

    8/10 Guillermo Arriaga raconte la révolution mexicaine (1910 - 1920) à sa façon : la moins respectueuse possible. Après la bataille de Torréon qui voit la mythique División del Norte de Pancho Villa écraser les forces loyalistes, nous suivons les tribulations du licenciado Velasco, avocaillon à la dérive qui manque d’argent mais pas d'idées, notamment UNE ! Profitant du climat de relâchement consécutif à la victoire, il soumet à Villa une invention extraordinaire, capable selon lui de semer la terreur parmi ses ennemis et de consolider son pouvoir : la guillotine ! Intrigué, Villa demande à voir - et, ravi, s’amuse à actionner le redoutable instrument. A la fin, éclaboussé de sang et fatigué de voir tous ces corps sans tête gigoter comme des pantins, il décide de nommer son promoteur capitaine et lui confie un escadron qui va bientôt s’illustrer. Ainsi naît l’Escadron Guillotine, qui connaîtra des heures de gloire jusqu’au jour où le mécanisme de la machine, mal entretenu, s’enraye. Humiliation du caudillo, disgrâce de l’infortuné Velasco qu'on relègue aux corvées de cuisine. La guillotine finit par reprendre du service, tranche le col d’un gringo (allusion à Ambrose Bierce, disparu dans la tourmente mexicaine), escorte les cavaliers jusqu’à Mexico et se voit consacrée comme symbole du nouvel ordre national.
    Arriaga ne tombe dans aucun des pièges de l’exagération baroque à la mexicaine, maniant un humour noir et glacial, adoptant un ton faussement neutre et détaché, imposant sa vision sanglante avec d’autant plus de force qu’il se garde d’appuyer le trait.

    27/07/2017 à 11:21 5

  • Le Crime : Histoire d'amour

    Arni Thorarinsson

    6/10 Une tragique histoire de famille qui se dénoue en quelques jours dans ce court roman. Sujet intéressant mais qui manque un peu de profondeur dans son traitement. Une fois de plus, on se rend compte à quel point l'Islande est une terre propice aux aléas sociologiques.

    25/07/2017 à 09:53 4

  • Nuit

    Bernard Minier

    6/10 On tourne les pages car on veut savoir ce qui va se passer. A part le début qui apport une courte note exotique et nordique, le reste du livre utilise les même ficelles que les précédents, ce qui au final, laisse une impression de déjà lu. Et il y a toujours ces minuscules failles dans le scénario, qui font penser que parfois l'auteur se perd un peu lui même dans les méandres qu'il crée.

    17/07/2017 à 13:28 3

  • La Mort nomade

    Ian Manook

    9/10 Ce 3e (et dernier) tome offre un plaisir égal, et peut être supérieur au 1er. Par le sujet choisi, pillage économique, pillage écologique, pollution, corruption, par le rôle différent du héros Yeruldelgger, plus que jamais défenseur de la tradition, par les rebondissements tragiques, par l'humour ciselé qui surprend au détour d'un dialogue. On se régale toujours des descriptions des mongols et la Mongolie. Un roman réaliste par bien des aspects, notamment la fin qui laisse entrevoir bien peu d'espoir de voir la sagesse et la raison prendre le pas sur la cupidité.

    17/07/2017 à 13:24 6

  • Le Chant de la Tamassee

    Ron Rash

    7/10 Encore un roman à message écologique mais cette fois ci, l'auteur fait beaucoup plus de place aux émotions humaines. Quand celles-ci doivent affronter l'inviolabilité de la nature, de nombreux paradoxes apparaissent à travers les protagonistes : douleur des parents qui perdent un enfant, intégrisme des militants écologique, clientélisme politique des élus, recherche du profit en toute imprudence des techniciens et urbains contre ruraux. C'est ce que décrit R. Rash dans ce livre pas du tout manichéen, ou les "bons" et les "méchants" ne le sont jamais totalement. Si le style reste très agréable, l'histoire en elle même est un peu moins accrocheuse que celles de ses autres romans.

    05/07/2017 à 13:35 5

  • Il reste la poussière

    Sandrine Collette

    8/10 Roman ou la violence des relations humaines, des éléments, de la nature sont omniprésents. On est à la limite du parcours initiatique pour un enfant qui grandit et découvre la noirceur de l’âme humaine un peu plus chaque jour. Peu d'espoir de bonheur, d'ailleurs ce mot n'existe pas dans le vocabulaire des personnages, au fin fond de cette Patagonie. Même, (surtout) la cellule familiale est un terrain d'affrontement, à peine équilibré par l'autorité de la mère sur ses quatre garçons, exploités dans la ferme dans laquelle ils élèvent moutons et bœufs. Roman rural ou le prix des choses et la valeur du travail tournent à la démesure, c'est aussi une réflexion sur la pauvreté et la richesse.

    26/06/2017 à 10:21 6

  • Le chien de Dieu

    Patrick Bard

    8/10 Enfin un bon roman consacré à la Bête du Gévaudan. Sur la base d’un récit historique écrit sur un rythme de thriller, Patrick Bard, à travers son personnage, le curé Antonin Fages, natif des environs de La Canourgue, nous donne sa vision de la Bête. L’originalité du livre réside dans son approche globale de l’époque, de la société, de la politique et des traditions d’alors. Il dresse un portrait de la monarchie incarnée par louis XV, les conflits entre nobles et leurs prolongements en luttes d’intérêts et de pouvoir. Contrairement à beaucoup d’autres, l’auteur pose les bonnes questions : si la créature avait été un loup, pourquoi les gabalitains qui avaient l’habitude de cet animal, encore nombreux dans leurs forêts au 18e siècle, l’appelait-il la Bête ? Il rappelle aussi quelques faits avérés, les nombreuses décapitations, la taille des blessures, les vêtements aux boutons parfois défaits, la typologie des victimes (la plupart du temps jeunes et plus souvent des filles) qui laisse entrevoir un portrait du coupable bien différent de celui de l’imagerie populaire.

    14/06/2017 à 14:03 2

  • Des os dans le désert

    Sergio Gonzalez Rodriguez

    8/10 Le problème de ce bouquin est qu'il n'est pas qu'un roman. Pour ce type d’œuvre, les mexicains parlent de crónicas. Chronique de morts dénoncées, par centaines, et petite histoire des grandes corruptions sont la colonne vertébrale du livre. C'est assez glaçant, surtout que le "phénomène" de féminicide lié à Ciudad Juarez est aujourd'hui transposable à d'autres villes mexicaines, dans des proportions supérieures. L'auteur avait été violemment agressé alors qu'il enquêtait pour l'écriture de Huesos en el desierto.

    08/06/2017 à 11:45 3

  • Gabacho

    Aura Xilonen

    9/10 Le style d’Aura Xilonen est d’une grande originalité, tout en coups secs, vifs et tranchants comme ceux que distribue Liborio. En même temps, il est empli d’une poésie brutale comme celle qu’à pu exprimer François Villon, poète fasciné par les bas-fonds. Les personnages sont truculents, tel ce libraire qui, derrière un langage de charretier semble cacher une certaine compassion pour le gamin qu’il emploie et exploite. On pense à une version terrestre, moderne et urbaine du Capitaine Haddock qui aurait mis à jour son chapelet de jurons chez les électeurs de Donald Trump. A chaque page, une métaphore lie l’environnement du quotidien à une image inattendue pour former un attelage percutant. Alors que le roman se passe chez les oubliés du rêve américain, émigrés latinos, petits-blancs déclassés, gosses des rues, exclus des prestations sociales, l’auteur réussi l’écriture d’un hymne à la vie, à l’espoir, à la solidarité, ce qui rend un futur meilleur envisageable. Les sentiments amoureux naissants que Liborio découvre et dont il goute les prémices arrondissent les angles aigus sur lesquels la vie le cogne. L’exploit d’Aura Xilonen est dans l'utilisation soutenue d’un langage argotique voire grossier, sans jamais tomber dans la lourdeur ou la vulgarité, ou les passages crus sont immédiatement adoucis par les constructions allégoriques savoureuses. La fréquence des figures de style, zeugmas, oxymores ou hyperboles, apporte une constante note d’humour alors que les situations vécues par Liborio sont la plupart du temps tragiques. La présence de termes issus de l’espagnol du Mexique et du nahuatl complète une écriture déjà riche. Il faut saluer le travail phénoménal de Julie Chardavoine qui a traduit le texte, restituant un écho aussi limpide que fidèle au talent de l’auteur.

    30/05/2017 à 12:15 3

  • Opération Napoléon

    Arnaldur Indridason

    7/10 Quatrième lecture en dehors des enquêtes d'Erlendur, et 2e avis mitigé. Betty avait été une sacré surprise, Le duel était bien, et Le livre du roi fut une déception. Cette opération Napoléon est moyenne, un scénario intéressant mais le rythme que l'auteur essaye de donner au déroulé de l'histoire ne prend pas vraiment, et ses personnages sont un peu moins travaillés que d'habitude.

    03/04/2017 à 09:34 4

  • Apocalypse sur commande

    Ken Follett

    6/10 Roman qui pourrait être du style écoterroriste, même si les motivations du groupe dont il est question sont surtout dictées par leur intérêt personnel. L'idée centrale est originale et intéressante mais franchement peu crédible. Le portrait de ces populations marginales qui foisonnent aux États-Unis, côte ouest notamment est bien fait. La lecture est agréable mais loin d'être incontournable.

    17/03/2017 à 14:48 1

  • La Terre des Wilson

    Lionel Salaün

    9/10 C'est Un fantastique portrait de l’Oklahoma et de l'Amérique rurale et profonde lors de la grande crise. La situation de l'état est le point d'aboutissement des grandes déforestations (lire Serena de Ron Rash), et la terre est ravagée par des phénomène climatiques intenses, tempêtes de poussières qui la laisse aride et stérile. Le style de l'auteur est parfaitement adapté à ces conditions extrêmes qui rendent les gens secs et butés. Samuel Wilson en est un bel exemple, sa ténacité absurde cause la perte de sa famille. L'exploitation irraisonnée des ressources a toujours un prix. Malheureusement, il est payé par les victimes. Très bonne histoire !

    07/02/2017 à 10:05 5

  • Le Fils

    Philipp Meyer

    8/10 Chronique familiale de la conquête de l'ouest à nos jours. Le roman s’appuie sur la vie de trois personnages, le père, colonel et patriarche, son fils, humaniste opposé son père, et l'arrière petite-fille qui fait fructifier l'héritage. Les passages sur la vie du colonel, notamment sa vie chez les Comanches pendant trois ans, sont les plus prenants. Le livre décrit très bien l'évolution du Texas, depuis la présence espagnole et mexicaine jusqu'à l'apparition des fortunes pétrolières.

    13/01/2017 à 09:24 4

  • Le Sang des pierres

    Johan Theorin

    7/10 Roman agréable à lire car les personnages sont finement décris, l'ambiance est très soignée et l'intrigue, matinée d'un soupçon de fantastique est prenante. Mais pour moi, il manque un petit je-ne-sais-quoi sur la fin. La conclusion, très courte, ne semble pas du même style que l'ensemble du livre.

    08/11/2016 à 10:06 2

  • Plaintes

    Ian Rankin

    6/10 Malgré un grand nombre de personnage et une enquête trop compliquée, on a envie de connaître la fin.

    12/09/2016 à 09:33 2

  • Yeruldelgger

    Ian Manook

    8/10 Passionnant, tant par le lieu de l'action, la Mongolie, que par le style, les personnages, et l'intrigue. Les descriptions de la culture et des mentalités mogoles, un peu comme le fait Indridason avec l'Islande complètent agréablement la lecture. Le côté "super-héros" du personnage principal est toutefois un peu poussé.

    05/09/2016 à 13:44 7

  • Black-out

    Marc Elsberg

    7/10 Ce livre est la version contemporaine de Ravages de Barjavel. Néanmoins, ça fini mieux (encore que ... ?). Comme le dit l'auteur en post-face, espérons que ce livre ne devienne pas un "manuel" pour hacker !

    05/09/2016 à 13:37 3

  • Les Enfants de l'eau noire

    Joe R. Lansdale

    8/10 Retour dans l'East Texas pour Joe R. Lansdale, le décor ou il donne toute sa mesure et par lequel il s'impose comme un grand du roman américain, sur la piste de Marc Twain.

    05/09/2016 à 13:34 5

  • Le Maître des insectes

    Stuart Prebble

    9/10 L'histoire est remarquable grâce à la très fine description du caractère et du profil des protagonistes. Le style et le ton de la narration, très anglais, contribuent à l'ambiance prenante, tout comme la passion des personnages centraux.

    05/09/2016 à 13:31 3

  • Grossir le ciel

    Franck Bouysse

    7/10 L'atmosphère des Cévennes, rudes, austères, aux habitants volontiers taciturnes est bien rendue, surtout l'hiver pendant lequel se rajoute un isolement parfois durable. J'ai été un peu déçu par l'avalanche d'évènements sur un petit coin de terre ou d'habitude il ne se passe rien. L'intrigue principale aurait largement suffit. D'autant que la fin n'éclaire pas tout ? A travers le style d'écriture des dialogues, l'auteur a essayé de donner un accent à ses protagonistes. Malheureusement, il leur en a collé un qui n'a rien de cévenol ni lozérien. Dommage.

    25/07/2016 à 13:39 4