Dans la gueule de l'ours

(Bearskin)

4 votes

  • 9/10 Je lis assez rarement des nouveautés. Je préfère lire des livres quand ils sont sortis en poche, achetés bien souvent d'occasion. Pour apporter ma contribution modestement, à la relance de l'économie des librairies privées, après le confinement, je me suis promis d'acheter des livres de l'année. Après consultation de mes Blogs littéraires préférés, je me suis donc procuré ce roman, et bien m'en a pris, je me suis régalé.
    James A. McLaughlin a été récompensé avec ce roman du prix Edgar Allan Poe du premier roman en 2019, ce qui est quand même une bonne référence.
    Il s'agit d'un thriller écologique où l'auteur casse un peu les codes du thriller calibré traditionnel. Ici, Rice, le héro a un passé criminel et a aux fesses des tueurs de Cartel mexicains. Dans une recherche de rédemption, et l'idée de se faire oublier, il endosse un poste de gardien de Réserve naturelle dans les Appalaches. Or, alors qu'il vit quasiment en ermite, il doit faire face au fléau du braconnage. Des ours sont massacrés pour leurs pâtes et leur vésicule biliaire, pour alimenter le marché chinois très lucratif (la Chine ayant vu disparaître la population d'ours en quelques années). L'auteur est photographe,fin observateur de la nature, et cela se sent, ou se lit avec délectation pour ma part. La tension est constante tout au long du récit, Rice, se fond littéralement dans la nature, fait face à la populace locale qui voit d'un œil mauvais son intrusion, les affrontements sont très violents. La nature fait renaître l'instinct de chasseur primaire chez Rice. J'ai pensé à L'appel de la forêt de Jack London. Le passé rattrape notre héro, bien entendu, et la fin est palpitante. Du nature writing sauvage, violent très bien écrit.
    J'en fait d'ors et déjà un candidat sérieux pour PP découvertes 2020.

    28/05/2020 à 10:55 Polarbear (783 votes, 7.7/10 de moyenne) 14

  • 7/10 C'est l'histoire d'un homme en fuite, poursuivi par des tueurs d'un cartel mexicain, qui se réfugie en tant que garde dans une réserve naturelle des Appalaches et se retrouve confronté à du braconnage, et à des bikers dealers de meth. Ce premier roman de l'auteur ne révolutionne pas le genre, mais il est dans l'ensemble plutôt réussi. Je regrette un peu le manque de rythme (c'est lent et ce n'est que sur la fin que le récit s'emballe un peu), et des zones d'ombre non expliquées à la fin de l'histoire. Un roman qui intéressera néanmoins les amateurs de nature writing, sans forcément les enthousiasmer à l'excès.

    17/10/2020 à 09:23 gamille67 (2287 votes, 7.3/10 de moyenne) 10

  • 8/10 En des temps pas si anciens, Rick Morton a œuvré pour un cartel de la drogue avant d’être piégé, d’assassiner le frère de l’un de ses pontes et de devoir se bâtir une nouvelle vie. Désormais, il se fait appeler Rice Moore et œuvre en tant que gardien de la réserve de Turk Mountain, en Virginie. Son quotidien, c’est principalement l’entretien de ruches et la surveillance des alentours, avec une nature sublime où gambadent des ours sauvages. Mais la découverte du cadavre de l’un de ces carnivores vient bouleverser son quotidien. Il se pourrait même que Rick Morton, son passé et ses compétences, en viennent à resurgir.

    Ce premier roman de James A. McLaughlin est une véritable réussite. Le lecteur est aussitôt saisi par la qualité de l’écriture, le style et l’apparente nonchalance du récit. L’auteur se plaît à nous conter les magnifiques panoramas des Appalaches, où Rice Moore vie en quasi autarcie, à part quelques bières éclusées au village voisin. Lentement, les rouages de la dégringolade se mettent en mouvement. Un cadavre d’ursidé – certains acheteurs étant particulièrement friands des pattes et des vésicules de ces animaux, un gang de bikers, des soupçons appuyés de trafics, des frères – les Stiller – qui sont à la fois bêtes et dangereux, et ce que Rice pensait éteint va se réveiller. On trouve dans ce bien bel opus une quantité de personnages profonds et d’une belle humanité, comme Sara Birkeland, une scientifique qui avait occupé le poste de notre héros avant d’être battue et violée par des inconnus, ou encore Dempsey Boger, en partie indien, qui vont venir en aide à Rice. L’intrigue construite par James A. McLaughlin est, somme toute, assez classique, mais elle maintient l’attention sans la moindre difficulté d’un bout à l’autre. Certains passages s’avèrent très forts, comme lorsque Rice, vêtu d’un ghillie de fortune, en vient à délaisser sa mue d’homme du vingt-et-unième siècle pour endosser l’identité d’un chasseur : un être se fondant parfaitement dans la nature, doté d’armes antédiluviennes mais diablement efficaces, autant un traqueur d’animaux que d’humains. Et c’est peut-être précisément lors de ces instants de grâce que James A. McLaughlin est encore le meilleur : il porte son personnage sur le seuil de la folie et de la schizophrénie, l’estomac vide et l’esprit en feu, parfois sujet à des hallucinations, au point que « Rice pressentit que son esprit battait de nouveau la campagne » en quête d’un adversaire à sa hauteur en la personne d’Alan Mirra.

    Un roman noir singulièrement séduisant, où James A. McLaughlin nous dépeint un écosystème à la fois mirifique et indompté dans lequel se débat un Rick Morton/Rice Moore qui brise la convention des protagonistes indestructibles. Un pur régal.

    12/01/2022 à 07:06 El Marco (3180 votes, 7.2/10 de moyenne) 8

  • 4/10  Je me suis posé la question avant d'écrire un commentaire de savoir si je suis légitime alors que j'ai abandonné le roman après un peu plus de 220 pages (sur 407 en poche).
    Mais finalement, je me dis qu'il peut "servir".
    En effet, bien que je comprenne les avis positifs, pour ma part je me suis profondément ennuyé. Selon moi, James A McLaughlin passe beaucoup trop de temps à décrire la faune et la flore de la réserve des Appalaches où se situe l'intrigue, et cela au détriment des personnages et de l'action (après 220 pages, il ne s'est quasiment rien passé...).
    Ainsi, la psychologie des personnages étant mise de côté, je ne me suis pas du tout attaché aux personnages et j'en suis venu à un point que leur sort m'indiffére. A partir de là, je n'ai plus vu l'intérêt de poursuivre ma lecture et de continuer à m'infliger des descriptions interminables.
    Une grosse déceptions au regard des nombreuses critiques élogieuses de la presse et des lecteurs, et des prix obtenus.

    09/05/2022 à 00:28 ericdesh (927 votes, 7.4/10 de moyenne) 7