L'Espion qui m'aimait

Motel 007 (The spy who loved me)

1 vote

  • 6/10 Que serait mon été sans lire un James Bond ? Réponse : un été sans lire un James Bond.

    Voici donc mon ressenti sur ce nouvel opus - le 9e dans l'ordre de parution et le 15e dans mon ordre personnel de lecture - dont la traduction du titre en français est extrêmement précise, pointue, juste, voire parfaitement littérale car l'original imaginé par Ian Fleming est "The spy who loved me".
    Et comme tout bon franchouillard qui se respecte le sait :
    The spy who loved = Motel
    Me = 007
    I'm bilingual. French bilingual.

    Quant au fond - dont j'espère que le traducteur a eu la présence d'esprit de le faire relire à un natif car manifestement, il n'a pas eu la moyenne au TOEIC du premier coup - il est aussi éloigné du registre habituel de l'agent secret que le titre français l'est de sa VO.
    Car ici, même la narration est nouvelle : en effet, tout est écrit comme un journal intime, à la première personne du... féminin !?
    On est alors en droit de se poser la question : "Ian Fleming était-il finalement, par un éclair de lucidité quant à la trop forte mysoginie dont il a affublé son héros dans les opus précédents, un des instigateurs, un des déclencheurs très en avance du mouvement MeToo ?"

    Je ne vais pas répondre directement à cette question mais plutôt vous faire jouer à un petit jeu de piste avec 2 tout tout petits et très très discrets indices qui devraient tous nous mettre sur la voie.
    --> 1e indice : Vivienne - c'est le nom de l'héroïne de cet opus - se regarde dans une glace après s'être fait, sans consentement aucun, pincer les fesses jusqu'à en garder la trace des doigts. Elle rougit de plaisir en se disant que très certainement elle doit être amoureuse de celui qui vient de l'agresser.........
    --> 2e indice. Attention, il pourra peut-être être considéré comme un peu trop subtile aux yeux d'un lecteur non attentif. Je préfère prévenir car j'abuse peut-être dans ma compréhension de ce qui est dit à demi-mot. Il est écrit noir sur blanc, toujours sous forme de pensée de notre chère Viv' (son surnom) juste après avoir fauté avec l'ami James : "Toutes les femmes aiment être un peu violées. Elles aiment être prises. C'était sa douce brutalité à l'égard de mon corps meurtri qui avait rendu sa façon de me faire l'amour si merveilleuse, si bouleversante."

    Émouvant, hein ? Raaah punaise, avec toutes ces émotions, je reprendrai bien un bon verre de Martini, moi. Si seulement une femelle pouvait me le servir, là, maintenant, en hommage à ce temps béni où nous les Alpha, règnions sur le monde.

    Bref.

    Revenons à nos beauf' heu, je voulais dire nos moutons. Dans ce Motel 007, on ne trouvera pas trace de James Bond avant la moitié du livre et surtout, on découvre notre célèbre espion par le biais d'un intermédiaire, avec une vision d'un point de vue féminin. Même si tout est relatif comme expliqué plus haut.
    Et dans un sens, en 2022, on se dit que cette beaufitude va nettement mieux à OSS "Dujardin" 117 car lui au moins, c'est pour faire rire que le trait est aussi grossier.

    Ainsi, au final, pas le meilleur James Bond, car pas vraiment d'espionnage en tant que telle ici, ni réelles actions d'envergure, mais ça se laisse lire par cette vraie originalité narrative.

    Néanmoins, après d'excellentes autres missions (Bons baisers de Russie, pour ne citer que lui), voici un petit 6/10 dans mon échelle de goût.
    Allez, ça y est, j'ai lu mon James Bond de l'été. Je peux donc reprendre une activité normale en me disant chaque année que ce James, d'un point de vue féministe du XXIe siècle, a quand même bien mal vieillit. Heureusement, il reste ses missions toujours spectaculaires.
    Ainsi que quelques traces de doigts sur les fesses.
    Par amour.

    05/08/2022 à 19:51 athanagor (287 votes, 7.8/10 de moyenne)