Le Mal en soi

(Il buio dentro)

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  • 9/10 31 ans. 31 ans que la peine et la haine rongent Damiano Valente. Comment faire son deuil lorsque l’infirmité vous rappelle chaque jour que vous n’échapperez pas au passé ? C’était l’été 1985, à Castellaccio, dans le sud de l’Italie. Damiano, Flavio, Stefano et Claudia ne souhaitaient rien tant que profiter de la belle saison. Comment auraient-ils pu se douter ? On n’imagine pas ces choses-là.

    Stefano, un peu roquet, le verbe haut, n’aime pas qu’on lui fasse de l’ombre. Damiano est sportif et conciliant, mais il ne faut pas trop lui marcher sur les pieds. Et Claudia, la jolie Claudia, rieuse, volontaire et intègre. Pas facile pour Flavio, l’orphelin de Turin, d’atterrir ici, chez un grand-père qu’il ne connait pas. Pourtant, des liens se nouent très vite. Claudia et Flavio s’observent à la dérobée sous le regard résigné de Damiano et la jalousie de Stefano. C’est l’âge où les amitiés partent de trois fois rien et deviennent plus fortes que tout. Le temps des premiers émois, des grandes promesses. Sa promesse, Damiano la tiendra. Il trouvera qui a tué Claudia et fait voler leurs vies en éclats.

    Lorsque le corps d’une jeune femme, la tête tranchée, est retrouvé là où tout a commencé, le Chacal s’incruste dans l’enquête. Le commissaire De Vivo n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent, c’est l’occasion pour Damiano de remonter à l’origine du mal.

    Alors oui, bien sûr, certains éléments de l’intrigue rappellent l’inoubliable Ça de Stephen King : des jeunes gens au cœur d’un drame, une narration qui alterne entre 1985 et aujourd’hui, le besoin viscéral que justice soit faite. Mais ce roman peut s’affranchir de toute comparaison pour qu’on lui reconnaisse l’excellence qui est la sienne. Antonio Lanzetta crée, dès les premiers mots, une atmosphère incroyable. Poisseuse, oppressante, emprunte d’une profonde tristesse. Puis on remonte le temps, le contraste est saisissant, et on se retrouve bercés d’insouciance sous le soleil de l’Italie profonde. Plus que des descriptions, l’auteur nous emmène en voyage à chaque ligne. J’ai l’impression d’avoir vécu cet été 85. Cet instant unique où les personnages vacillent sur la ligne de l’adolescence, pas encore prêts à renoncer à leur innocence mais poussés vers l’âge adulte par des événements qui les dépassent. Et quels personnages ! Brisés par la vie mais toujours debout. D’une force émouvante. J’ai éprouvé beaucoup d’affection pour Don Mimi, le grand-père de Flavio, dépeint avec une grande tendresse – malgré sa rudesse – et tout le respect dû à nos anciens. Poétique, atroce, fascinant, j’ai fait durer les derniers chapitres sans rien voir venir (j’ai cru que, mais non).

    Le Mal en soi n’est pas l’apanage des criminels…

    29/05/2018 à 15:10 Root (14 votes, 7.5/10 de moyenne) 2

  • 8/10 En bref, un thriller efficace quoique classique. Les questions de l'hérédité et de l'importance de la famille sont intéressantes et bien menées mais le dénouement manque un peu de développement par rapport au reste du récit : l'intrigue passe finalement au second plan pour mettre en lumière les personnages.

    13/09/2018 à 18:55 Riz-Deux-ZzZ (465 votes, 6.9/10 de moyenne) 2

  • 6/10 J'ai pris plaisir à passer quelques jours avec les personnages d'Antonio Lanzetta. Même si l'intrigue n'est franchement pas original, il met en scène une galerie d'individus aux personnalités diverses et variées.
    Je ne pense pas que l'on soit en présence d'un "Stephen King italien" sous prétexte que son intrigue prend ses racines dans la jeunesse du héros, Damiano. Il faut reconnaitre que comparer un jeune auteur à Stephen King est toujours assez casse-gueule. Dès qu'un livre rappel sa nouvelle le Corps/Stand By Me, on se retrouve avec ce genre de comparaisons. Heureusement, je n'y suis pas sensible.
    Dans le même genre, je vous invite également à lire le roman Un Souffle, Une Ombre, de Christian Carayon, qui met en scène un personnage également hanté par son passé.
    Mais l'histoire de cette bande d'ado est touchante.
    La bascule d'une époque à l'autre fonctionne relativement bien, Antonio Lanzetta allant jusqu'à proposer aux lecteurs un héros différent, donc un point de vue différent pour les deux périodes : Damiano de nos jours et Flavio pour le passé.
    Si on retrouve Damiano dans les deux narrations, j'ai été frustré que ce ne soit pas le cas pour Flavio.
    Reste qu'Antonio Lanzetta sait parfaitement poser une ambiance, accrocher l'attention de ses lecteurs sans jamais l'abandonné en cours de route.
    Le mal en soi est un roman maitrisé, même si l'auteur a fait le choix de mettre en lumière certains évènements et que d'autres restent dans l'ombre.
    Antonio Lanzetta est un auteur à suivre, ce Mal en soi en est la parfaite preuve.

    29/03/2018 à 15:21 Fredo (1150 votes, 7.9/10 de moyenne) 5