Jake

(Finding Jake)

4 votes

  • 9/10 Attention, comme mes camarades ayant précédemment voté, énorme coup de cœur !
    Tenant l’ensemble du roman sur un fil fragile, Bryan Reardon creuse le sillon du doute et de la culpabilité d’une manière intime, profonde, avec d’autant plus d’empathie et d’humanité que nous suivons l’histoire du point de vue de Simon, père de Jake et narrateur du drame. Les hésitations, les coups de colère, les atermoiements de Simon sont les nôtres, jusqu’à ce que la vérité soit enfin dévoilée, après plus de 300 pages d’horrible incertitude.
    Alors l’émotion explose enfin, et c’est le regard très flou que j’ai lu les vingt ou trente dernières pages de Jake, profondément bouleversé par la sincérité des sentiments qui irradie de ce final d’une force incroyable.
    Dans la lignée d’un Thomas H. Cook (on pense bien sûr aux Feuilles mortes, dont le sujet est très proche), Bryan Reardon nous offre avec Jake un roman noir extraordinairement juste, sensible et touchant, un condensé d’humanité qui laisse les larmes aux yeux et le cœur un peu plus ouvert. Une sacrée découverte.

    25/11/2018 à 19:39 Dodger (471 votes, 7.7/10 de moyenne) 6

  • 9/10 Oui, le sujet me plaisait beaucoup et me parlait, mais justement sur un pareil thème, le risque de se vautrer lamentablement était grand : il n'en est rien.

    Surtout, au-delà de l'intrigue (somme toute classique, mais tellement d'actualité), de la construction habile (une sorte de compte à rebours à l'envers) qui, en plus d'entretenir savamment le suspens donne une densité formidable à l'histoire, ce qui frappe dans ce roman (le premier ! incroyable !), c'est sa JUSTESSE. Le théâtre de cette dramaturgie, l'introspection du héros, ses doutes, ses pensées, ses élans magnifiques, ses petites lâchetés, les échanges avec sa femme Rachel (ah les petits sous-entendus perfides, les infimes déceptions, les douleurs tues), la palette de sentiments (des plus mesquins aux plus émouvants) sans compter tous les micro détails et les thèmes sous-jacents abordés (notre responsabilité parentale, notre place dans la société et dans notre couple, ce culte de la virilité ...) tout sonne impeccablement juste, crédible, profond.
    Certes, l'auteur est psy, mais le fait de rendre l'intériorité de tous les protagonistes - hommes, femmes, enfants - si tangible, si réel, si proche de nous, exposé avec autant de simplicité, de pertinence et de lucidité, est un petit tour de force.

    Enfin, ce roman a d'autres mérites qui dépassent son propre cadre.

    Il conforte ce que je savais déjà, à savoir faire du divertissement (même noir, même sombre) sans rien sacrifier à la forme et à la profondeur psychologique des personnages et qui soit ancré dans le réel et fasse cogiter, c'est possible.

    C'est rare, mais ça existe. Et ça fait rudement du bien.

    Avec un style puissant dans son dénuement, sa façon de gratter sans en avoir l'air sur nos petites plaies égoïstes, un sens rythmique et l'art de semer ses indices et brouiller les pistes (et notre esprit), le romancier enterre (mais bon, c'était pas compliqué non plus) tous les pseudos spécialistes de thrillers artificiels (français notamment) obsédés du rebondissement/twist à gogo, fournisseurs d'écriture fadasse, d'ambiance en carton-pâte et de personnages stéréotypés avec une psyché taillée à la serpe. JAKE renforce encore mon envie de faire l'effort nécessaire de chercher toujours, d'être curieux, et continuer de me méfier de ces livres surfaits en tête de gondole floqués de superlatifs surlignés au marqueur dans des fiches cartonnées, renforce ma volonté de refuser de me laisser gaver comme une oie par ces styles inodores et incolores, sans voix, sans personnalité, ces mots et formules mille fois écrits par des écrivaillons prétentieux et opportunistes qui ne connaissent que surenchère, lourdeurs, mièvreries, et autres artifices grossiers pour impressionner le lecteur crédule ou peu regardant pour lui soutirer une émotion facile (voire factice).

    JAKE est une performance doublée d'une belle leçon de vie.

    JAKE est une putain de bourrasque de fraicheur (oui, ça peut paraitre paradoxal de parler de "fraicheur" dans un roman si anxiogène) ! Ca redonne la pêche, la foi en la Littérature populaire dans le sens noble et humain du terme (inutile d'avoir un dico à portée de main comme quoi), divertissante, humble et INTELLIGENTE ! De celle qui donne envie de faire encore et encore le tri dans nos choix, nos achats compulsifs pour lire des choses aussi simples (et pas simplistes, pour ceux qui ne font pas encore la différence), fortes, profondes (tout en restant accessibles), bref universelles. On en avait besoin. J'en avais besoin.

    Le final est au niveau, pudique et déchirant.

    Un roman bien senti de bout en bout.

    Dans mon TOP 3 de l'année.
    Sans hésitation.

    Merci Bryan Reardon ! Vivement le prochain !

    29/06/2018 à 00:04 schamak (103 votes, 6.1/10 de moyenne) 6

  • 8/10 Pas un thriller, mais un drame de grande envergure psychologique. Une réflexion sur l’éducation, l'amour, les doutes, les craintes des parents envers leurs enfants. J'ai beaucoup aimé l'auteur insistant sur le fait que l'introspection n'est pas une tare, mais le plus souvent un signe de grande sagesse. Le récit est rondement bien mené alternant passé et présent avec une fin des plus émouvante.

    03/08/2019 à 11:05 LeoLabs (337 votes, 7.3/10 de moyenne) 2

  • 8/10 Jake est un roman que vous n’oublierez pas, s’il vous reste de l’amour pour votre prochain. Avec ce qui n’est que son premier roman, Bryan Reardon risque fort de vous faire ressentir des émotions marquantes.
    Jake est un roman noir sûrement, un très bon roman surtout, de ceux qu’on peut conseiller à tous les lecteurs tant les émotions ressenties y sont universelles.

    26/02/2018 à 07:37 Gruz (299 votes, 7.8/10 de moyenne) 5