La chambre des âmes

(The Sleep Room)

  1. Les âmes grises

    Fin des années 1950. Le psychiatre James Richardson accepte un poste dans un hôpital au fin fond du Suffolk, le poste étant vacant depuis le départ précipité de son prédécesseur. Son tuteur, le médecin Maitland, a conçu un projet expérimental : pour les soigner, il a plongé des patients dans une narcose prolongée, c’est-à-dire un sommeil chimique, celui-ci durant plusieurs semaines voire des mois. Richardson ne va pas tarder à se rendre compte que des phénomènes étranges surgissent dans cette mystérieuse salle.

    Franck Tallis avait déjà charmé ses fans avec sa série consacrée à Max Liebermann, et il nous revient avec cet ouvrage original. D’entrée de jeu, sa plume séduit : de manière subtile et intelligente, il fait flotter avec un talent rare un voile de terreur sur cette contrée isolée ainsi que sur ce mystérieux asile. Un stylo qui chute, un murmure dans un couloir, une alliance qui réapparaît subitement : le moindre événement anodin devient, par la magie de son écriture, un délicieux moment de suspense voire d’effroi. Le lecteur aura droit à des scènes fortes, comme la découverte de Chapman, l’un des aliénés, terrassé par un mal inconnu, ou encore ces moments passés auprès des endormis où l’ésotérique s’allie à un puissant suspense. Le lecteur, au même titre que Richardson, doute, frissonne, tente de se raisonner, puis ploie sous l’énigmatique chape qui trône sur ce projet médical. En auteur espiègle et maître dans l’art de la diversion, Franck Tallis désoriente, offre des pistes de résolution, fait surgir le paranormal, avant que ne tombent les ultimes pages, surprenantes et obligeant à repenser l’ensemble du roman.

    A la manière de Dennis Lehane et son fameux Shutter Island, voilà un ouvrage saisissant qui fait plonger dans les arcanes de la psychiatrie et où tout se dénoue dans un épilogue remarquable. Une réussite totale.

    /5