La Vérité sur l'affaire Harry Quebert

  1. Mais qui a tué Nola Kellergan ?

    États-Unis, printemps 2008.
    Marcus Goldman va mal. Le jeune écrivain, devenu star du jour au lendemain après la publication de son premier roman, n'a aucune inspiration et n'avance pas d'une ligne sur son nouveau texte qu'il doit rendre bientôt.
    C'est à ce moment-là qu'Harry Quebert, son mentor, est rattrapé par son passé. La police l'accuse, preuves à l'appui, d'avoir assassiné la petite Nola Kellergan en 1975. On a retrouvé le corps de l'adolescente dans son jardin, avec dans son sac à main le manuscrit du roman que Quebert écrivait à l'époque. Marcus Goldman ne veut pas croire en la culpabilité d'Harry. Bien décidé à découvrir la vérité, et par la même occasion à satisfaire aux exigences de son éditeur, il ne sait pas encore qu'il n'est pas au bout de ses surprises.

    Touchant un peu à tout, du whodunit à l'autofiction en passant par le roman d'amour, La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert est un texte très complexe sans pour autant être une lecture ardue. Le long récit (plus de 660 pages), très habilement construit, fait s'alterner les époques et les personnages en maintenant un suspense redoutable si bien que l'on peut parier sans risque que rares seront les lecteurs à s'ennuyer en chemin. Concernant le meurtre de Nola, plus on avance dans l'enquête avec Marcus, et moins on y voit clair. Chaque réponse aux interrogations du départ pose autant de nouvelles questions. Les rebondissements, incessants, sont si nombreux que l'on arrête rapidement de compter le nombre de suspects ou de motifs différents que nous propose astucieusement Joël Dicker.
    Mais La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert va bien au-delà du simple roman à énigme et c'est sans doute pour cela qu'il a été récompensé par de nombreux prix littéraires, et non des moindres (Grand Prix du roman de l'Académie Française, Goncourt des Lycéens). Les deux personnages principaux, Marcus Goldman et Harry Quebert sont profondément décrits et très intéressants, aussi bien individuellement que dans leur relation, quasi filiale. Le travail de l'écrivain est aussi très largement abordé, avec ces histoires de romans dans le roman, sans que cela ne soit rébarbatif pour autant. Ce texte est aussi (avant tout ?) un magnifique roman d'amour(s). Tout d'abord celui d'un amour impossible entre la jeune Nola, 15 ans, et Harry Quebert, qui a alors l'âge d'être son père ou tout comme, mais aussi celui d'autres amours inabouties.
    L'humour sans être très présent, affleure parfois pour le bonheur du lecteur, avec les personnages secondaires notamment. Mentionnons par exemple l'éditeur, Roy Barnaski, prêt à tout pour que le livre de Goldman fasse un carton (« Rajoutez du sexe, ça fait vendre ! ») ou encore la mère de Goldman qui veut à tout prix marier son « petit Markie » et lui demande inlassablement s'il est sûr de ne pas être homosexuel lorsqu'il rejette ses propositions matrimoniales.

    Avec La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert, roman incroyablement riche et très intelligemment écrit, Joël Dicker place la barre très haut. Espérons qu'il ne soit pas atteint comme Goldman par la « maladie de l'écrivain » lorsqu'il s'agira d'écrire son troisième opus.

    /5