1280 âmes

  1. Wanted : 5 habitants de Pottsville

    Pierre de Gondol est libraire à Paris. S'il aime le bon vin, la bonne chère et les femmes – il est clairement de ceux qu'on appelle les bons vivants – il affectionne aussi la littérature. Il est quasiment incollable à ce sujet, et particulièrement en ce qui concerne le polar. Quand on lui demande le titre original de tel roman noir ou encore à quel titre correspond tel numéro de la Série Noire, il a souvent la réponse. Mais lorsqu'un client lui demande ou sont passés les cinq habitants de Pottsville oubliés par le traducteur de Pop 1280 (1275 âmes en français), il ne sait pas. Rester sur un échec n'est pas son genre et sa curiosité est assez titillée pour qu'il décide de mener l'enquête, dût-il se rendre au pays de Jim Thompson.

    Nombre de lecteurs de polars connaissent, au moins de nom Jean-Bernard Pouy, ainsi que son célèbre personnage du Poulpe (né dans son roman La petite écuyère a cafté, en 1995), et repris depuis par des centaines d'auteurs. Toujours chez l'éditeur Baleine, on connaît moins Pierre de Gondol. Ce sympathique libraire, qui se vante de posséder la plus petite librairie de la capitale (12m2, bureau compris), a également connu plusieurs auteurs au début des années 2000 (la série compte une dizaine de titres).
    L'humour propre à Jean-Bernard Pouy fait des ravages, notamment dans les dialogues, où les personnages ne sont pas à un jeu de mots capillotracté près. L'écriture « francisée » des mots anglais peut parfois être assez rigolote aussi. La seconde partie de ce court roman (167 pages), où notre « froggy » sillonne les routes américaines sur les traces de Nick Corey (le shérif de 1275 âmes, pas l'ami du petit-déjeuner) à la recherche de la bourgade qui a inspiré Pottsville à Jim Thompson est assez sympathique, de même que les pérégrinations théâtrales d'Iris, la compagne de Pierre. On sent néanmoins que l'enquête, qui voit le libraire se faire aider par l'association 813, les employés de la BILIPO ou encore le travail de Claude Mesplède, est plus un prétexte à rendre hommage à l'auteur du Démon dans ma peau qu'autre chose. Car si l'idée initiale, liée à ce titre étrangement traduit en français, est amusante, les explications ne sont pas des plus convaincantes.

    1280 âmes est au final un texte au point de départ original, sympathique et plutôt drôle à défaut d'être mémorable. Un bon moment de lecture mais sans doute pas le meilleur roman du prolifique Jean-Bernard Pouy.

    /5