Coupable idéal

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  • 8/10 Au village de La Chapelle, Mathieu, Henri et leurs amis forment une bande d’inséparables. Mathieu et Henri ont beau être si opposés (physiques, succès auprès des filles, caractères), ils n’en demeurent pas moins de vrais camarades, même quand les jalousies amoureuses entrent en jeu. Mais quand l’un d’entre eux, Quentin, disparaît, l’ambiance change. Et lorsque l’on découvre les cadavres du père du disparu et d’Henri, massacrés à coups de marteau, Mathieu se fait l’effet d’être un coupable idéal. Son épilepsie le fait passer par des états de grande violence, sans compter des amnésies inquiétantes. Ne serait-il pas ce terrible tueur que l’on cherche ?

    En habitué de la littérature jeunesse, Jean Molla sait comment divertir son lectorat. Mais il serait cependant très réducteur de placer une simple étiquette « pour les jeunes » sur cet ouvrage tant la plume qui l’anime est sombre. Les ambiances sont lourdes, les corps retrouvés ne sont guère présentables et donc à ne pas dévoiler à des lecteurs facilement impressionnables, et certains moments réservent de délicieux instants de tension. Mathieu, en malheureux épileptique victime d’une maladie qu’il ne parvient que partiellement à museler à coups de médicaments, constitue un personnage à la fois attachant et préoccupant. Lorsqu’il se retrouve non loin de la maison de Quentin, sans son tee-shirt, et qu’il apprend le lendemain que monsieur Bédard a été assassiné, n’est-il pas le criminel ? Une version moderne du Horla ? D’ailleurs, n’a-t-il pas, dans le passé, étranglé un pauvre chaton entre ses mains au cours d’une crise ? Est-ce que les films sanglants, d’horreur ou policiers, qu’il dévore, ne seraient pas responsables de ses désordres mentaux ? Il lui faudra beaucoup de patience, de sang-froid, ainsi que l’aide de camarades et d’un policier particulièrement flegmatique, l’inspecteur Daniel Campin, pour que cette affaire soit tirée au clair.

    Un polar, certes pour les jeunes, mais singulièrement noir. Un véritable régal, de bout en bout, débouchant sur un retournement de situation mémorable. Une nouvelle pépite que l’on doit à Jean Molla.

    07/12/2017 à 20:17 El Marco (3180 votes, 7.2/10 de moyenne) 3