Le Tueur d'écume

  1. Sur la piste du Baron Makarov

    A bord de leur voilier, Cliff et Bryan se font éperonner en pleine mer par un navire monstrueux. Peu de temps après, une jeune Indienne, Amber, est recrutée par un mystérieux commanditaire car un étrange don la rend capable de suivre le sillage des bateaux. Avec deux mercenaires, le fondé de pouvoir de cet énigmatique mécène, un capitaine acariâtre et son aide, ainsi que Cliff miraculeusement rescapé, Amber va se lancer à la recherche de ce vaisseau aussi imposant que dérangeant.

    Auteur connu et reconnu de la littérature jeunesse, Michel Honaker nous revient avec cet ouvrage dense et prenant. Avec un style efficace et une plume aguerrie, l’écrivain embarque littéralement son lecteur de bout en bout au gré de cette formidable battue au navire tueur. Il se dégage de ces pages un véritable trouble, un envoûtement. Michel Honaker aurait amplement pu prendre le parti de décrire la traque maritime, réduisant ce chimiquier au rang d’embarcation uniquement monumentale de par sa taille. Mais il a su lui conférer une aura dantesque, presque illuminée, qui apparaît dès le prologue. Par la suite, les descriptions qu’il en donne, la puissante atmosphère venimeuse voire diabolique qui accompagne chacune de ses apparitions, ainsi que le dernier chapitre où s’expose ce monstre marin, sont autant de scènes prodigieuses proches de l’hallucination. Et si certains passages sont un peu téléphonés et l’épilogue assez attendu, tout le monde s’en moque éperdument. Le jeune lecteur auquel s’adresse Michel Honaker aura amplement eu sa dose de frissons et de sueurs.

    L’auteur a eu l’intelligence de jouer avec les codes du vaisseau fantôme, sans tenter d’apporter des réponses qui ne tiendraient pas la route ou d’en dénaturer le propos. Il signe un roman d’aventures mâtiné de fantastique avec un jugement rare, habile réinterprétation du film Les Dents de la mer et du mythique Moby Dick. Un ouvrage que ne bouderait certainement pas le Serge Brussol de la grande époque de la stupeur et des tremblements littéraires. A noter un clin d’œil amusant – et amusé – à ses fans avec plusieurs références au Naitaka, monstre étant au cœur du Totem du peuple sans ombre.

    /5