Les Ruines

(The Ruins)

  1. Un environnement... vorace

    Une nature luxuriante, propice à la fête et aux grandes escapades. Quelques étudiants partis dans le Yucatán à la recherche d'un touriste dont on n'a plus aucune nouvelle. S'il n'y avait toutes ces mises en garde de la part des autochtones qui conseillent, à de multiples reprises, de ne pas aller plus avant. La jeunesse et l'insouciance font parfois faire des erreurs. Ces dernières peuvent même se révéler mortelles.

    Après Un plan simple, roman sobre et réaliste, Scott Smith s'attaque ici au thriller fantastique. Avec une langue simple et dépouillée, il met en scène une bande de joyeux drilles qui va vivre une terrible épopée. Les caractères de chacun des protagonistes sont crédibles, et l'auteur se joue même des clichés traditionnels du genre. Le récit plonge, par paliers successifs, dans le fantastique, rappelant le style de Stephen King, ce dernier ayant les honneurs de la quatrième de couverture pour y dire tout le bien qu'il pense du roman. L'histoire devient alors celle de la lente immersion des héros dans un univers proche du paranormal, sanglant, où le désespoir disparaît peu à peu. Scott Smith est décidément très doué pour décrire les tourments de ses personnages, alternant leurs points de vue, et offrant au lecteur une terrifiante virée dans l'enfer végétal, un peu à la manière d'Herbert Lieberman dans La huitième case. D'ailleurs, il est à noter que la violence, d'abord suggérée, devient rapidement l'un des axes forts du livre : certaines scènes sont particulièrement dures, décrites avec insistance et brutalité, ce qui risquera de déplaire à bien des âmes sensibles. A ce sujet, il est tout à fait possible de reprocher à Scott Smith d'être trop circonstancié, voire voyeur, dans cette surabondance d'hémoglobine et de spectacles cruels, mais, même si ce point demeure sujet de controverses, on ne pourra que souligner la manière si marquante qu'il a de conduire une intrigue.

    S'appuyant sur une idée de départ ingénieuse, à la manière de Serge Brussolo pour sa série La croix de sang, Scott Smith enfonce le lecteur dans un univers dément, sans pitié, où la violence du décor ainsi planté ne peut donner en légitime écho qu'une narration brutale et provocatrice.

    /5