La nuit de l'étrangleur

  1. Parole d’ado

    Romain a été obligé de déménager à Saint-Bajut avec sa famille, à cause de la promotion professionnelle de son père. Tout est à refaire pour lui : son entrée en cinquième, se refaire des amis, sa réputation… Un tueur en série sévit dans les parages. Sa méthode : étrangler ses victimes avec des ficelles rouges. Alors, en raison d’un geste mal interprété, Romain se croit obligé de dire qu’il connait l’identité de l’assassin. Pour se la jouer auprès de ses camarades. Pour devenir quelqu’un au sein de la bande. Mais jeter en pâture le nom d’un innocent n’est pas sans conséquences…

    Traductrice de profession, Evelyne Jouve débarque dans la littérature policière pour la jeunesse, et cette arrivée se fait de bien belle manière. Un peu plus long que les autres ouvrages de la collection « Heure noire », ce roman interpelle par l’intelligence de ses propos autant que le suspense qu’il distille. Des sentiments changeants interviennent chez le lecteur au gré des pages : l’envie de découvrir Romain, de l’empathie à son égard, de la colère et de l’indignation lorsqu’il jette l’opprobre sur un malheureux concitoyen pour dominer ses amis, etc. C’est vraiment avec pertinence et esprit qu’Evelyne Jouve a signé cet opus.

    La littérature jeunesse se particularise souvent par les messages qu’elle véhicule, à destination de son lectorat, et souvent d’ordre moral, social ou culturel. Sans que ces pensées deviennent pesantes ou scolaires, elles peuvent effectivement faire réfléchir, diriger ou susciter le débat. Ce livre est non seulement porteur d’une réflexion sur la portée de la parole donnée, mais constitue également un très agréable moment de suspense.

    /5