Pike

  1. Rififi à Cincinnati

    Pike est un ancien truand qui s'est quelque peu calmé l'âge aidant. Il vit de petits boulots dans les environs de Cincinnati, accompagné de son pote Rory, un jeune gars qui rêve de percer dans la boxe. Sans nouvelles de sa famille depuis belle lurette, Pike apprend la mort de sa fille Sarah et se voit confier sa petite-fille, Wendy. Pas facile de s'occuper d'une gamine inconnue quand on n'a même pas su s'occuper de ses propres enfants. Comment Sarah en est-elle arrivée à mourir d'une overdose ? Pike va essayer d'en savoir plus sur sa fille qu'il a à peine connue.

    Il y a des romans noirs qui le sont plus ou moins. Celui-ci, on le sait dès les premières lignes, fait dans le noir foncé. Chapitres courts (à peine quelques pages parfois), phrases imagées et percutantes : Benjamin Whitmer ne compte pas traîner en route et faire dans la dentelle.
    Le roman s'ouvre sur une scène mettant en scène Derrick Krieger, l'autre personnage-clé de Pike. Flic ripou et raciste, il tue un jeune Noir du ghetto de Cincinnati sans que cela ne soit justifié. Il croise ensuite le parcours de Pike et Wendy et est amené lui aussi à enquêter sur la mort de Sarah, à sa façon.
    Prostituées, camés, tripots malfamés, combats de boxe clandestins, rues désolées et enneigées, etc. Rien ne nous est épargné par Benjamin Whitmer, pas même la violence de certaines scènes – sans qu'il n'y ait non plus surenchère en la matière. À côté de ça, quelques beaux passages sur la littérature ou sur le temps qui passe...
    De Rory à Pike en passant par la petite Wendy, on s'attache assez aux personnages, sauf à l'infâme Derrick bien sûr (bien plus atroce que son homonyme télévisuel, mais rien à voir).

    Le talent est là, c'est certain. Pourtant, sans que ce ne soit vraiment dicible, on sent qu'il manque un petit quelque chose. Précisément ce qui aurait fait de ce bon roman un grand roman. Une plume à suivre de près néanmoins.

    /5