Gokan

  1. Il était une fois dans Tōkyō

    Tōkyō, 2010.
    Une valise diplomatique remplie de billets de banque. Un Français, professeur à la Sorbonne et spécialiste de Zola de son état, qui se laisse convaincre par un inconnu de voler une bouteille de saké appartenant à Quentin Tarantino. Un tueur américain plus que raciste bien décidé à éliminer un maximum de Japonais. Une jolie garagiste qu'il ne faudrait pas approcher de trop près. Et quelques autres...

    Gōkan (du nom d'un type de livres japonais illustré d'estampes et s'inspirant souvent d'histoires de vendettas) est le premier roman de Diniz Galhos. Pour autant, l'auteur n'est pas un nouveau venu dans le monde littéraire puisqu'il est également traducteur, du portugais (qu'il parle depuis son enfance du fait de ses racines familiales), mais aussi de l'anglais. On lui doit notamment la traduction de la fameuse série de l'auteur anonyme publié par Sonatine et mettant en scène le Bourbon Kid. C'est d'ailleurs en traduisant Le livre sans nom (premier titre de cette série), qu'il a décidé de se lancer dans son projet, après s'être rendu compte qu'on pouvait écrire et publier des romans « pop et déjantés » (cf, l'interview de l'auteur dans le numéro Hors-Série Automne-Hiver 2014 de la revue Alibi).
    Amateurs de réalisme social ou de procédure policière fouillée, passez votre chemin. Ici l'action prime sur la vraisemblance et certains personnages ne dépareilleraient pas dans un film d'action ou un manga. L'histoire concoctée par Diniz Galhos peut d'abord sembler fouillis, voire décousue, chaque chapitre pouvant se lire indépendamment des autres, avant que les protagonistes soient finalement amenés à se croiser. L'auteur nous offre des scènes très cinématographiques, et nous assistons tantôt à une fusillade dans un onsen (établissement thermal typique du Japon) tantôt à un cours sur les trente-et-une façons de tuer un homme.

    On ne criera pas au chef-d’œuvre, et l'on aura peut-être oublié une bonne partie de ce livre dans quelques mois. Mais peu importe, car Diniz Galhos nous offre là un pur roman de divertissement, avec beaucoup d'action – l'auteur aime Tarantino et ne s'en cache pas – et pas mal d'humour, qui laissera plus d'un lecteur sans répit tout au long de ses quelque 200 pages. On retiendra tout particulièrement le final, très réussi, avec une scène d'impasse mexicaine d'anthologie (ces fameuses scènes, typiques du western, où plus de deux personnes se menacent mutuellement d'une arme létale).

    /5