Aztèques freaks

  1. France à freak

    Gabriel Lecouvreur lit un fait divers atypique dans le journal : un lilliputien est découvert pendu à Nantes tandis qu’un avaleur de grenouilles a disparu ! Ni une ni deux, celui que l’on surnomme « le Poulpe » file sur place et découvre un univers à part, celui du cirque, peuplé de personnages incongrus : une femme à barbe, un homme-caoutchouc, une charmeuse de serpents, etc. Ne sachant plus où donner du tentacule, Gabriel va cependant devoir se concentrer sur sa tâche, quitte à risquer de devenir la prochaine victime.

    Deux-cent-soixante-dix-septième enquête du Poulpe signée par Stéphane Pajot, cet opus adopte une intrigue très originale, remplie d’individus rendus « différents » par la nature. C’est toujours un régal de retrouver Gabriel, aussi prompt à s’envoyer des bières que d’aller chercher la vérité. Les jeux de mots pleuvent, les rencontres sont très savoureuses, et Stéphane Pajot a préservé des rebondissements intéressants, notamment sur la fin, grâce à un scénario à tiroirs. Lapidaire (environ deux-cent-dix pages), le roman est très agréable à lire, permet de passer un excellent moment, et distraie grâce aux confrontations avec ces freaks, ces phénomènes de foire exhibés comme des bêtes curieuses.
    Finalement, le seul reproche que l’on pourrait trouver à cet ouvrage est qu’il est bien moins engagé que les précédents. Ici, point de complot politique, de sévères coups de griffe contre la société de consommation, bref, ce qui constituait presque un des axes majeurs de cette série initiée par Jean-Bernard Pouy. Cette absence risque de décevoir les aficionados du Poulpe, même si, paradoxalement, on trouve ici une intrigue plus inattendue que par le passé.

    Moins empreint d’engagement politique, donc moins acide, ce roman demeure particulièrement plaisant et délicieux, prouvant, s’il en était encore besoin, que Gabriel Lecouvreur est décidément un héros à part, et capable de surprendre au gré des enquêtes que lui confient ses géniteurs littéraires successifs.

    /5